52.
Quand j'ouvre les yeux, même avec les rideaux opaques de ma chambre, le soleil semble réussir à s'attaquer à ma rétine. En me les frottant, je regrette directement mon geste en gémissant de douleur. Un gros mal de crâne sévit dans ma tête et ma bouche pâteuse ne demande qu'à boire.
J'appuie sur le bouton reliant ma chambre à celle d'Harper et n'obtient pas de réponse même après 5 minutes. J'appelle ensuite Bob, Willis et Mike mais aucun ne me répond. La suite semble vide.
Je grogne de douleur et de frustration en me levant. Chaque objet et mur deviennent ma canne pour ne pas tomber. Quand j'ouvre la porte de ma chambre, un petit chariot doré se trouve pas loin. Y sont posés des fleurs et un grand verre Starbucks, en plus de quelques cachets avec un mot.
« Si je ne suis pas encore rentrée, avale ces cachets et bois ça en entier pour ta gueule de bois. Ne rechigne pas, c'est ma boisson miracle ! Et désolée pour tes amies mais elles ont du rentrer chez elles ce matin après votre séance jacuzzi. Une urgence. Prends soin de toi le temps de mon absence. Et surtout, ne fais pas de bêtises ! De toute manière, j'ai fermé le bar et la salle TV. Repos obligatoire pour que tu récupères. Fais attention. Je serais vite de retour, Harper ».
Je relis le mot plusieurs fois et le glisse dans la poche de mon short, seul habit encore sur moi. Je prends le verre et les cachets pour les avaler. Je sirote la boisson et retourne dans ma chambre où je me couche dans mon lit et laisse lentement agir cette fameuse boisson miracle.
Quand je me réveille de nouveau, mon mal de crâne n'est plus qu'un petit bourdonnement. Je regarde l'heure : 15h. Je me lève plus sûr de moi et pars prendre une douche pour me rafraichir les idées et faire passer les derniers effets de ma soirée.
Quand je ressors, propre et habillé, j'entends des discussions dans le salon. Je m'y dirige et découvre tout le petit monde. Harper, Todd sur les genoux, secoue négativement la tête, les sourcils froncés et la bouche crispée. C'est sa tête de « je ne lâcherais pas l'affaire, quoi que tu dises ». Bob, Willis et Mike semblent à bout et épuisés mais ne capitulent pas jusqu'à qu'ils me voient.
Je remarque alors leurs tenues. Harper, les yeux cernés de noir, porte un ensemble inhabituel : une sorte de mélange pyjama, chemise et baskets. Tandis que Mike, Willis et Bob ont toujours leurs tenues d'hier soir mais froissées, sales et parfois déchirées ou tachées.
Harper se lève et dépose Todd qui vient me faire la fête. Je lui gratte entre les oreilles distraitement.
- Je vais commander le petit déjeuner. Enfin, le déjeuner. Ou l'encas.
Elle semble épuisée mais elle part d'un pas sûr et quitte la pièce.
- Quoi de beau ? je demande en les observant.
- Et vos amies ? demande durement Bob.
C'est la première fois qu'il me regarde comme cela et ce n'est pas le seul.
- Elles sont encore en train de dormir dans votre lit ?
- Il n'y a personne. Il n'y a eu personne cette nuit. Vous étiez où ?
Ils m'observent intrigués tandis que je tripote le papier dans ma poche.
- Au commissariat.
- J'ai quoi cette fois comme amende ?
- Rien, dit Willis.
- Alors pourquoi ?
- On s'est fait arrêté. On a passé la nuit en cellule. Harper est venu payer notre caution après avoir tout fait pour obtenir notre libération, m'explique Mike.
Je me gratte la gorge.
- Tu commences à comprendre maintenant ?? s'énerve finalement Bob. On a fini là bas à cause de toi, encore une fois. Harper a tout fait pour nous et aussi pour toi vu dans l'état dans lequel tu te trouves maintenant. Par rapport à l'état lamentable dans lequel tu étais hier soir, tu pètes la forme. Tu ne vois pas maintenant ? Cela ne te suffit pas encore ?
En rogne, il se lève et quitte avec colère la suite.
Harper arrive au même moment et m'observe un instant l'air sincèrement désolée.
- Le repas arrive. Monsieur, je vous conseille de ne pas manger n'importe quoi. Plutôt quelque chose de solide pour remettre votre estomac en place. Willis, Mike, mangez ce que vous souhaitez. Je reviens avec Bob.
Elle quitte la pièce sans un mot de plus. Je m'assois et prend Todd avec moi. J'observe Mike et Willis.
- D'accord... Je suppose que je vous dois des excuses...
- Justin, si vous me permettez, on en est là par votre faute mais on est tous ici grâce à Harper. On a l'habitude de ça, nous. Je pense que vous devriez plutôt dire autre chose cette fois et à quelqu'un d'autre, déclare Mike avec calme.
- Pourquoi elle a fait ça ?
- Car Harper est comme ça. Tout simplement. Vous ne l'avez pas vu car vous n'avez cessé d'essayer de l'impressionner et de la prendre de haut sans vous en rendre compte. L'avez-vous vu sous son réel jour une seule fois à part à notre rencontre à Hollywood ? questionne Willis avec un sourire avec un sourire malin.
Je me mords la lèvre.
- A la plage, la soirée avec le feu. Et les autres trucs.
- Peut-être mais on ne la connaissait pas assez.
Puis une image me revient à l'esprit. Un rire et un sourire.
- Quand je l'ai amené nager avec les dauphins au large ! J'ai cru voir une autre personne à ce moment là.
- Et après ?
- Je ne sais pas.
Ils me sourissent tristement. On est coupé par l'arrivée du repas. Comme Harper me l'a conseillé, je ne prends que des choses consistantes tandis que mes gardes du corps se servent un peu de tout.
Bob revient finalement suivit d'Harper. Il s'assoit à table et mange sans un mot. Je ne dis rien. Pour le moment.
- Harper, viens manger aussi.
- Merci, mais je n'ai pas faim Monsieur. Souhaitez-vous quelque chose de plus ?
- Merci mais non. En fait, si. J'aimerais que tu ailles te reposer mais surtout que tu arrêtes avec ce Monsieur stupide et ce vouvoiement. Et vous, je vous dis à demain car je pense qu'une soirée avec vos familles s'impose. Essayez de revenir vers 11h demain matin. Et prenez de quoi payer votre transport si vous en avez besoin.
Ils hochent tous la tête, me remercient et quittent la pièce en vitesse. Je soupire en caressant Todd. Je mange seul jusqu'à qu'Harper revienne et me tende des clés.
- Voilà les différentes clés que j'avais emportées. Au cas où... Il y a celle du bar. De la terrasse et des balcons ainsi que d'autres pièces.
- La terrasse et les balcons ? je demande étonné.
- J'ai eu peur que vous... tu fasses une bêtise comme passer par dessus bord et finir au bas de l'hôtel.
- Ah oui... dis-je surpris et amusé en même temps.
- Appelez-moi quand vous avez besoin.
- Oui. Et on arrête le vouvoiement, on a dit.
- D'accord mais je serais obligée en présence de mes supérieurs.
- Non, je leur en ferais part.
- Pardon ?
- On n'accepte pas tout ce que je veux, ici ?
- Si, dit-elle en crispant brusquement sa mâchoire. Je vais aller me reposer.
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