5.
Arrivée devant le restaurant, je leur lance un petit bisou avant de courir vers l'arrière du restaurant pour m'y glisser en mode incognito.
- Pas assez discrète Mademoiselle !
- Oh, excusez-moi Maître ! dis-je en me courbant devant Jean-Paul.
Je l'embrasse sur la joue et enfile mon tablier.
- Aide-moi, s'il te plait.
- Bien sûr !
Je me lave les mains et prend le couteau qu'il me tend.
- Marie n'a pas besoin d'aide ?
- Elle peut attendre, moi non.
Je souris et coupe avec précision ce qu'il me donne. Je finis par comprendre le plat qu'il prépare.
- Oh ! Génial, j'adore ça ! C'est le plat du jour ?
- T'as tout compris.
- J'en rapporterais à la maison s'il en reste.
- Mmmh mmmh.
Je l'observe du coin de l'œil. Je le trouve moins loquace qu'à mon habitude. Du coup, je l'entoure de mes bras.
- Je vais revenir. Je ne laisserais mon petit ami pour rien au monde.
Il me tapote doucement les mains et finit par sourire.
- Je sais ma puce. Tu vas tout de même me manquer.
- Oh ! Vous êtes trop mignon, dis-je en lui pinçant doucement les joues.
Il me tape les doigts.
- On ne se moque pas d'une vieille personne !
Je ris et reprend la cuisine. Quand j'ai fini de couper toutes les carottes, il m'interpelle.
- Tu peux aller en salle maintenant. Merci de ton aide.
Je lui presse doucement le bras et me rend en salle en poussant la porte de dos tout en vérifiant mes comptes sur mon carnet. Quand je me retourne, j'ouvre la bouche comme un poisson.
- Joyeux...
Oh non, ils vont dire anniversaire. Je me prépare à sourire.
- Départ ! Tu vas nous manquer !
Ouf ! Cette fois, mon sourire éclate et je les remercie chaleureusement. Mes habitués, ma mère et mes amis sont là : ma famille en fait. Je les embrasse tous avec joie et je sers ma mère contre mon cœur. Je sais que c'est grâce à elle que je n'ai pas eu d'anniversaire.
Jean-Paul arrive alors avec le plat et tout le monde explose de joie avant d'applaudir le chef. Je cours vers lui et le serre chaleureusement dans mes bras.
- Vous êtes le meilleur patron du monde.
- Tu le mérites.
Tout le monde s'assoit et je me retrouve à côté de ma mère et d'une de mes habitués. Tout le monde discute et s'amuse. Je suis aux anges. Même le gâteau ne comporte pas de bougies et me souhaite un bon voyage. C'est une alternative mais je n'y fais pas attention trop heureuse de partager ce moment avec ces gens.
Cela se termine tard mais personne ne part avant la photo finale. Je les remercie tous de nouveau et leur souhaite une bonne nuit.
Seul reste mes amis et ma mère. Celle-ci tient une boîte dans ses mains. Je vois le truc venir. Le truc que je ne veux pas. Mais je la prends. Une carte est collée et je découvre des mots de tout le monde.
- C'est un petit présent pour ton voyage. Tout le monde a donné un petit peu pour se dire qu'ils participent à ton rêve.
J'ai les larmes aux yeux. Tout le monde n'est pas si égoïste dans ce monde. Je suis fière de les connaître et de recevoir ceci de leur part.
Ma mère me sourit avec amour et mes amis me charrient gentiment du regard. Je m'essuie les yeux et tiens avec force cette boîte contre moi.
- Bon, il est temps de partir. Romain a proposé de nous ramener tandis qu'Anna ramène les autres.
Je hoche la tête et sert avec amour mes amis dans les bras. Julie me lance « A demain » avant de quitter le restaurant.
- Une minute. Attendez moi dans la voiture.
Je vais dans la cuisine où je trouve mon patron. Je le sers contre moi à lui en broyer les côtes et l'embrasse sur les deux joues.
- Vous êtes formidable. Merci encore pour tout. Et gardais moi la place pour quand je reviens !
- Tu auras toujours ta place ici, tu le sais. Surtout profites en. C'est tout ce qu'on te souhaite.
- Je vous le promets. Je ne décevrais aucun de vous. Quoi qu'il arrive, je profiterais au maximum de ce voyage. Rien ne m'arrêtera !
Sur le chemin du retour, je regarde ma ville plongée dans le noir tandis que ma mère et Romain discutent à l'avant. Ma boîte sur les genoux, je ne quitte pas l'extérieur des yeux pour noter chaque détail de cette ville où je suis née. Je soupire doucement et pose les yeux sur cette fameuse boîte. Je ne l'ai pas encore ouverte. Je n'en ai pas le courage car j'ai peur de découvrir des folies. Des folies de ma famille alors que ces personnes n'ont pas plus de moyens que nous. Pourtant, ils n'ont pas hésité... Je la caresse du bout des doigts mais ne l'ouvre pas.
Finalement arrivé, ma mère descend de la voiture en remerciant Romain et part directement vers l'appartement. Nous sortons à notre tour et nous retrouvons face à face. Je l'observe et il semble gêné. Il a les mains dans les poches et ne tient pas en place.
- Tout va bien ?
- Oui... Ne m'en veux pas.
Je le regarde alors suspicieusement. Il sort une petite boîte de sa poche et me la tend.
Je mets du temps à réagir. Je regarde cette boîte comme une bombe car l'accepter est comme accepter mon anniversaire. Mais vu son regard, je finis par la prendre.
Je l'ouvre et découvre une chaîne en argent où un pendentif en forme d'étoile pend. C'est discret et joli. Cette fois, je ne sais pas quoi dire. Je prends une grande inspiration et relève finalement les yeux vers lui.
- Tu veux me botter les fesses ? demande-t-il avec un petit sourire crispé.
- Pas ce soir, je n'ai pas les bonnes chaussures...
Il semble soulagé.
- Merci Romain en tout cas.
- Ne nous oublie pas là bas...
Je le regarde curieusement et rit.
- Jamais voyons !
Je le sers dans mes bras et il m'embrasse au coin des lèvres. Je frissonne mais ne dit rien.
- Je dois y aller, car je ne peux en aucun cas rater l'heure du vol demain. Ils ne m'attendront pas eux !
- Ils pourraient le faire pour toi. Tu n'auras qu'à les manipuler !
Je souris et le sers une dernière fois contre moi.
- Bonnes vacances à vous trois et ramenez nous de belles asiatiques !
Il semble tiquer et sourit bizarrement mais n'ajoute rien. Je lui fais un petit signe et rentre chez moi. Ma mère est déjà couchée.
Je me rends dans ma chambre et y dépose mes deux nouvelles boîtes. J'enfile le pendentif et le caresse du bout des doigts.
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