49.

Lorsque je reviens, Justin est absent. J'en profite pour ranger et nettoyer l'endroit ainsi que d'aérer les pièces. J'observe quelques instants la vue en soupirant d'aise avant de me remettre au travail.

Quand tout est terminé, presque trois heures ont passé. Harassée, je me sers un verre d'eau que je bois distraitement en regardant l'horloge analogique du four. Les minutes défilent sans que je m'en rende compte.

Mon téléphone coupe court à mes rêveries. Je décroche.

- Oui ?

- Harp, tu es libre ce soir ? J'aurais voulu te montrer quelque chose.

- Adriano !

- Oui, c'est moi. Tout va bien ?

- Oui, oui.

- Et ce soir ?

- Mon directeur m'a attribué une nouvelle fonction pour la semaine. Du coup, je suis indisponible pendant tout ce temps, je déclare en soupirant et en m'accoudant au comptoir de la cuisine.

- Tu fais quoi ?

- Je m'occupe de LA suite.

- Ah ouais ? Mais tu n'étais pas dernière de la liste pouvant acquérir ce job à ce que je sache ?

- On a su voir au delà de ça et reconnaître l'immensité de mes capacités grandioses !

- Je n'en doute pas, dit-il en riant. Alors, c'est qui cette fois ? Et me sors pas un nom de célébrité écorché s'il te plait.

- J'y peux rien si je ne les connais pas ! Et je n'ai pas le droit de le divulguer.

- On se croirait à la CIA dans ton hôtel !

- Ne m'en parle pas. Mais je suis sûre que les conditions sont bien pires ici. Surtout avec la mission qu'on m'a filé. Pire qu'un enfant à garder. J'ai l'impression d'être dans « Mission Impossible ».

- Bon, je te soutiens par SMS dès que je peux ma belle. Courage !

- Merci, tu es un amour.

- Bisous.

Je le laisse raccrocher et tourne de nouveau mon regard vers l'horloge du four. Cette fois, un reflet y apparaît. Je me retourne lentement pour découvrir Justin.

- On prend ses aises ?

Je me remets droite.

- Souhaitez-vous quelque chose ?

- J'ai un caprice qui me vient à l'idée et tu vas devoir t'y résoudre.

- Bien.

- Habille-toi, on sort.

- Je suis habillée.

- Je ne veux pas d'une souillon.

- Désolée, Ô Prince de ne pas être à votre hauteur si éblouissante.

Vexée et humiliée, je me rends dans ma chambre pour enfiler une robe légère à fleurs ainsi qu'une paire de ballerine argentée. J'attache mes cheveux en un chignon lâche et passe un coup de crayon sur mes yeux.

J'en ressors rapidement et attends dans le vestibule.

- Tu es très jolie Harper, déclare Willis.

- Merci, je lui réponds avec un sourire.

- Allons-y, nous coupe Justin en nous bousculant et en sortant de la suite.

Tandis que je tiens Todd en laisse, je me dirige vers les escaliers et les descend rapidement. En sortant, je vois Mathilde. Je lui fais signe et elle s'approche de moi pour qu'on puisse se serrer dans les bras.

- Ca va ma puce ?

- Il y a eu mieux.

- Oh ! Tu bosses pour moi, là. Dépêche toi. On n'a pas de temps à perdre avec des bisous ou tout autre chose bizarre auxquelles tu sembles t'attacher.

Je lance un regard désolé à Mathilde qui me sourit avec chaleur. Je rattrape le groupe et monte dans la voiture, Todd sur les genoux.

Je ne dis pas un mot du voyage et fixe comme fasciné les poils du petit chien. J'ai envie de tout abandonner. Juste de me laisser aller à ce que je souhaite et arrêter cette mascarade. Je n'arriverais jamais à le faire changer et ne pas pouvoir être moi-même en sa présence m'horripile au plus haut point car je ne peux rien répliquer. Mais je ne suis pas cette personne, je n'ai pas encore tout essayé.

Je ne me rends même pas compte quand la voiture s'arrête. C'est Mike qui me tapote l'épaule pour me faire réagir. Je sors du véhicule et dépose Todd au sol. On se trouve dans le quartier chic (et bien sûr cher) de L.A. Des enseignes se battent entre elles et chacune des marques semblent vouloir s'exposer au maximum pour attirer l'attention.

Je me retrouve à la place de l'homme dans les différentes boutiques. Celle où on attend, assis sur un banc, que la personne faisant ses achats terminent ses essais. Ainsi que le moment où on se retrouve à tout porter. Du coup, en plus de Todd, je me retrouve avec une dizaine de sacs dans les mains. Justin a en effet interdit à Mike et Willis de m'aider.

En attendant une énième fois que Monsieur se décide, je me retrouve assise dehors, Todd couché entre mes pieds et me les léchant au passage.

- Ce n'est pas bizarre l'obsession qu'il semble porter à vos pieds ?

Je lève les yeux vers un jeune homme. C'est le premier que je rencontre qui semble habillé simplement. Un simple T-shirt blanc à manche courte et un bermuda en jean accompagné de tongs. Ses cheveux blonds partent dans tous les sens, et ses yeux marron pétillent de joie derrière les verres de ses lunettes.

- Qui vous dit que mes pieds ne sont pas délicieux ?

- Je n'en doute pas. Vous semblez délicieuse. Enfin, dans le sens adorable ou plutôt gentille ! dit-il en commençant à rougir.

Il se passe une main dans les cheveux pour tenter de cacher sa gêne. Je ris.

- Merci.

- Pas de quoi. Et désolée de vous avoir importunée.

- Vous ne l'avez pas fait. J'attends mon employeur pour pouvoir récupérer ses nouveaux achats.

Je lui montre la pile que j'ai déjà à mes côtés.

- Je vous croyais de ce monde.

- Moi ? Oh non. Merci bien ! Au moins quelque chose de positif.

Il hausse un sourcil et me sourit.

- Vous devez être une des seules à sortir ce genre de choses.

- Je suis en voie de disparition.

- Tenez, vous devriez apprécier ça alors. Bonne chance.

Il me tend le livre qu'il tient dans sa main gauche et s'en va. Je le regarde s'éloigner un moment et observe le bouquin. Il semble avoir bien servi et avoir été lu de nombreuses fois. Je le range rapidement en voyant Justin revenir et me tendre ses nouveaux paquets. Je soupire de frustration.

- Un problème ?

- Je crois bien. Et il s'appelle TOI.

- Tant mieux alors, dit-il en souriant avec fierté.

- 3-2 pour Harper, déclare Willis.

Justin sourit un peu plus et j'observe Willis interrogativement. Il hausse les épaules. Apparemment, un nouveau concours s'est instauré entre nous. Celui qui craquera en premier. Et Justin vient de gagner un point.

- On peut rentrer maintenant, déclare Justin.

Ok, il a fait exprès. Je suis presque certaine qu'il n'avait besoin de rien de tout ce qu'il vient d'acheter. Lorsque Bob nous rejoint, je jette les paquets dans le coffre sans ménagement et monte dans le véhicule avec Todd.

Arrivée à l'hôtel, je récupère le tout une nouvelle fois et me retrouve à les porter dans les escaliers car Todd est toujours effrayé de l'ascenseur. Suante, je rentre dans la suite.

- Range moi le tout. Et j'aimerais du japonais pour ce midi.

- Il est 15 h ! je m'exclame à bout de souffle.

- Et alors ?

- Rien.

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