45.

Je tapote les oreillers, laisse glisser mes mains sur le draps pour qu'il n'y aucun plis, passe le chiffon sur les différents meubles et tableaux de la chambre luxueuse, secoue les coussins, change les fleurs et ajoute quelques petites friandises. La chambre enfin terminée, je range avec vitesse mon matériel et referme doucement derrière moi.

Je suis coupée en cours de route par mon bipper du travail. Cela signifie que je suis appelée dans la salle d'informations des employés. J'espère que c'est une annonce générale et non pas quelque chose de personnel. Car les réunions en tête à tête avec mes supérieurs pour me rabrouer, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé.

En rejoignant le rez-de-chaussée, je comprends que c'est une annonce d'une grande importance vu l'effervescence que cela provoque parmi mes collègues. Notamment chez les femmes.

Noah m'attrape par le bras et me regarde avec un sourire jusqu'aux oreilles.

- Je n'y crois pas ! C'est la première fois qu'il vient ! Il nous a choisi ! J'adore ce job.

Il s'en va rêveur sans que je puisse lui poser une seule question par rapport à son speech incompréhensible.

C'est Mathilde qui m'attrape cette fois.

- Dépêche-toi, il ne faut pas être en retard !

- Tu sais aussi bien que moi que je ne vais pas être sélectionnée. Je te rappelle que je suis la dernière de la liste.

Je la suis tout de même au pas de course et on se faufile dans la salle pour se placer tout au fond derrière les autres filles debout et excitées. Je soupire. Pourquoi je dois me déplacer pour ce genre de chose quand on sait que je n'ai pas la moindre chance d'être choisie pour être au service de la star qui nous arrive ?

Tandis que le silence se fait à l'arrivée du Directeur, je sens vibrer ma poche. J'en sors discrètement mon téléphone et voit un message de ma mère.

- Je vous ai fait appeler en catastrophe car un invité de marque vient de nous arriver sans prévenir. Bien que pris au dépourvu, nous nous sommes prêt pour l'accueillir avec la prestance qu'il se doit.

Mathilde l'imite avec ironie et je pouffe dans mes mains en tentant, tant bien que mal, de ne pas me faire entendre ni voir.

- Comme vous le savez, cet invité doit pouvoir disposer de tout ce qu'il souhaite à tout moment, à toute heure et à tout lieu. C'est pourquoi, seule la meilleure d'entre vous pourra être à son service pendant son temps ici. Alison, la liste, je vous prie.

Alison lui tend précipitamment la liste et se remet à ses côtés sans bouger d'un poil. Il la parcourt des yeux mais est interrompu par l'entrée en trombe d'un employé. Stuart, je crois. Il lui murmure rapidement quelque chose à l'oreille. Le directeur écarquille les yeux mais hoche la tête.

- Un petit changement nous arrive. Le choix ne me revient plus.

Je ne sais pas de quoi il parle ni de qui car je suis collée à mon écran pour être certaine de ce que je lis. Je me mords la lèvre pour ne pas laisser mes émotions l'emporter.

Tandis que des échanges silencieux se font entre le directeur et d'autres personnes, je vois mon téléphone s'allumer sur une photo de ma mère. Elle est en train de m'appeler. M'appeler ! Mathilde me regarde d'un œil interrogateur et inquiet, et je lui fais signe que je dois répondre. Elle fait un mouvement de la tête pour me signifier qu'elle me couvre.

Avec toute la discrétion possible, je me dirige vers la porte de sortie arrière et appuie sur le bouton vert alors que derrière moi, j'entends mon nom être appelé avec des instructions implicites.

- Mademoiselle Lacrimaé. Vous avez été choisie. Veuillez vous avancez.

Je colle mon téléphone contre mon oreille et prend une grande inspiration.

- Maman ? je demande d'une toute petite voix.

- Ah tiens ! Ma chère fille. Qui me ment depuis le début.

Son ton sec me fait baisser les épaules de honte.

- Pas depuis le début...

- Harper ! Ne me reprends pas. Tu m'as menti alors que tu te trouvais dans une situation précaire dans un pays inconnu. Tu n'as même pas pris la peine de m'en informer pour que je t'aide ! Dans tout ce que tu m'as dit, n'y-a-t-il que des mensonges ??

- Maman... Non ! Je voulais juste ne pas t'inquiéter. Et je me suis bien débrouillée et on m'a aidé.

- Je suis censée être celle vers qui tu te tournes quand tu as besoin d'aide. Je suis ta mère.

Cette fois, sa voix se brise et mon cœur rate un battement.

- Je suis désolée...

- Je vais les appeler. Tu pourras arrêter tout ça et rentrer.

Je secoue la tête en comprenant de qui elle parle. Ma famille. Celle du sang.

- Non ! Je ne veux rien leur devoir. Ils ne sont rien pour nous. S'il te plait maman...

- C'est ta famille. Elle te le doit.

- Maman...

- Tu comptes faire quoi ? Travailler dans cet hôtel alors que tu es censée être en vacances et profiter comme tu nous l'avais promis ? As-tu même tenu cette promesse ?

- Je la tiens chaque jour. C'est pour ça que je suis encore là, à travailler mais aussi à découvrir et partager avec les amis que je me suis fait. Je suis bien et je suis fière de faire cela si c'est pour tenir la promesse que je t'ai faite ainsi qu'à ma famille...

- Harper, tu me manques. Et te savoir dans cette situation...

- Toi aussi maman.

- Mais je t'en veux énormément.

- Je m'en veux tout autant.

- Je veux te revoir à la date prévue sans aucune minute de retard.

- Bien, capitaine.

- Et ne me mens plus. Jamais.

Une voix me coupe tandis que je m'apprête à répondre.

- Mademoiselle Lacrimaé ! On vous cherche depuis déjà un moment, c'est inacceptable de votre part.

- Une minute, s'il-vous-plait, je réponds sans faire attention au directeur. Promis Maman. Je t'aime. Et je t'enverrais des photos dans mon plus bel atout : mon uniforme informe du travail !

- J'y compte bien, ma chérie. Je t'aime aussi. Et prends soin de toi. On se rappelle.

- On se rappelle. Bisous.

Je raccroche et me retourne face à mon directeur.

- Vous disiez ?

- On vous attend. Vous avez été choisi, dit-il sèchement.

- Vous rigolez, j'espère ? Je suis dernière de votre liste. Vous avez du vous tromper de sens.

Rouge de colère, le directeur ne dit rien mais me regarde avec haine.

- Il ne s'est pas trompé. Vous avez été choisi pour servir Monsieur.

Je connais cette voix. Je regarde derrière le directeur et découvre Mike. Mon gigantesque et cher ami. Je cours vers lui et me jette à son cou comme à mon habitude.

- Mike ! Je suis si contente de te revoir. Je pensais que ça n'arriverait plus jamais.

- Harper, je te croyais plus optimiste.

- Je suis parfois réaliste... Mais au fait, qu'est-ce que tu fais ici ?

Quelqu'un se racle la gorge. Mince. J'avais oublié le directeur. Je m'éloigne un peu de Mike.

- Êtes-vous certain de votre choix ? Vous n'avez pas beaucoup regardé les autres noms de la liste avec votre collègue, demande-t-il en me regardant avec dégoût.

- Willis est là aussi ? je m'exclame excitée.

Finalement, je m'arrête spontanément. Et je comprends.

- Ne me dis pas que vous êtes là avec LUI ?? Que je vais devoir m'occuper de ce truc pendant je ne sais combien de temps !! Il a une maison ici en plus ! Il cherche quoi là ?

- Si vous ne voulez pas être virée sur le champ, j'attends de vous que vous vous taisiez et répondiez à toutes les demandes de ce monsieur ainsi que des autres, crache mon supérieur.

- La virer sera une erreur, rétorque Mike sur un ton caverneux qui fait trembler nombre de personne dont le directeur. Harper, viens avec nous.

Je passe devant le directeur et le suis pour découvrir Willis que j'embrasse avec joie.

- Oh tu m'as manqué toi ! dit-il en me pinçant la joue.

- C'est gentil, vous aussi vous m'avez manqué. Je suis contente de vous revoir. Même si c'est dans ces circonstances.

- On n'avait pas le choix, déclare Willis.

Mike secoue fortement la tête mais je le vois faire.

- C'est vous qui avez organisé cela ! J'espère que c'est pour me voir car si vos intentions sont différentes, je vous le ferais regretter.

- Tout va bien se passer.

- Prévenez la police au cas où.

- Pour quoi ?

- Meurtre volontaire sur SA personne.

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