41.
Mortifiée par le froid, je ne bouge pas et observe le ciel s'éclaircir peu à peu. C'est très lent. Et en même temps, tellement rapide. La ville semble sortir de sa torpeur et de son état comateux quand le peu de lumière du jour éclaire les bâtiments.
Les yeux fermés, j'attends que le temps passe. Que le soleil continue sa route. Que la ville et ses habitants s'éveillent. Mais il est encore trop tôt pour la plupart d'entre eux. Seules quelques voitures sont en état de marche.
Un frein brusque se fait entendre. Sûrement quelqu'un qui a failli écraser un piéton. C'est assez courant ici. Les conducteurs ont du mal à accepter qu'ils doivent parfois s'arrêter et pas seulement lorsqu'ils sont arrivés à destination.
Je crois entendre mon nom. Enfin mon prénom. Mais avec ce mal de tête et l'engourdissement de tout mon corps, je me dis que je dois rêver étant donné que je dors à moitié.
- Harper ! Tu vas bien ?
Bon, je ne rêve pas. Car quelqu'un m'entoure de son bras et frictionne mes membres pour les réchauffer.
- J'ai tout foiré, c'est ça ?
- On peut le dire.
- Je m'excuse de ne pas être venu te parler de la robe. C'était un cadeau pour que tu te sentes à l'aise parmi les autres. Même si au final, je me rends compte que tu t'en fiches. Que tu n'en as pas besoin. Mais je n'ai pas honte de toi.
- Tu en es vraiment sûr ?
- Non...
- Au moins, tu ne mens pas.
- Il faut que tu rentres maintenant où Ravier va vraiment me tuer cette fois.
- Il a fait ça ? je demande, touchée.
- Oui. Il n'a pas lésiné sur les menaces.
- Je l'aime cet homme. Il est intelligent.
- Et il t'aime aussi. Il tient beaucoup à toi. Comme si tu étais sa fille.
Je souris tristement.
- Tu te sens prête à rentrer ?
- Pas tout de suite, je veux regarder le lever de soleil.
- Mais tu es gelée !
- Ce n'est pas bien grave.
- Je suppose que je n'ai pas le choix.
- Non.
Alors là, il me surprend. Il m'entoure de ses bras et réchauffe petit à petit mon corps.
- Ce n'était pas super sympa ce que tu m'as fait.
- Peut-être. Mais c'était cool. Tes amis ont apprécié te voir dans cette situation. C'est bizarre.
- Pourquoi ?
- Mes amis ont tout de suite voulu me rejoindre quand ils ont su. Les tiens, ils riaient et prenaient plaisir à te voir rabaissé.
Il ne me répond pas.
- Je suis allée trop loin. La chanson, c'était peut-être trop.
Il marmonne je ne sais quoi. Je souris et m'enfonce un peu plus dans son étreinte.
Aucun de nous ne reprend la parole tandis que le soleil décide enfin de montrer le bout de son nez et d'éclairer petit à petit nos visages. Je ferme les yeux et laisse ses rayons me réchauffer les joues.
- Tu as déjà vu quelque chose d'aussi beau ?
- C'est un simple levé de soleil.
- Ce n'est pas "un simple levé de soleil". C'est le début d'une nouvelle journée qui s'offre à nous. C'est le début d'une autre chance. C'est le début de tout. Tu ne comprends vraiment rien, Justin.
- J'apprends. De toi.
- Heureusement. Tu imagines sinon ?
Il rit avec bon cœur.
- Il n'y a vraiment que toi qui se permets de me parler de la sorte.
- Je ne pense pas. Je le dis juste en face alors que les autres n'assument pas et parlent dans le dos des gens.
- Sûrement que tu as raison. Mais tu dois vraiment rentrer Harper.
- Tu as peur de Ravier ? Moi, je te conseille de faire plutôt gaffe à Andrew. Ou Alexio.
- Tu me dis de m'inquiéter des trois en gros. Et non, je n'ai pas peur mais il parait juste que tu as un rendez-vous.
Je me lève brusquement et le fait basculer dans le sable.
- Oh merde !
Je récupère mon sac et me met à courir.
- Je te dépose ? me crie-t-il en secouant ses habits couverts de sable.
Je m'arrête.
- Dépêche toi ! On doit passer chez Jo avant.
- C'est qui ?
- Le Starbucks ! Vite.
Trente minutes après, je suis devant l'hôtel en train de siroter la boisson miracle.
- Merci de m'avoir ramené.
- Je devais le faire après... Tout ça. Je pense que tu en as fini avec tout ça, pas vrai ?
Je n'ose pas le regarder.
- Oui. Peut-être à un de ces jours si par malheur on se croise.
- Je pars.
Je lève les yeux vers lui.
- Ah oui ? Quand ? Où ? Pourquoi ?
- Tu es bien curieuse pour une personne qui ne veut plus me voir.
- Dis le juste qu'on en finisse.
- A la fin de la semaine. Dès que Bob, Willis et Mike reviennent. Je rejoins Sofia à New York puis j'ai des dates de tournée à boucler.
- J'espère que tu vas t'amuser. Je suis contente en tout cas que tu revois ta copine.
Je descends de la voiture mais je retiens la portière.
- Bon courage. En espérant que tes amis ne te charrient pas trop.
- Il fallait que tu rajoutes ça, sérieusement ?
- C'est mal me connaître sinon.
- Bye, Harper.
Je le regarde s'éloigner et rentre dans l'hôtel en effusion. Trois hommes se jettent sur moi pour m'entourer de leurs bras avant de vérifier que je ne suis ni blessée, ni mourante ou ni traumatisée.
- Vous êtes adorables, vous le savez ?
- Et toi, tu es une petite fille bien fatigante !
- Qui serais-je si je ne l'étais pas ?
Ils haussent les épaules en souriant, soulagés de me revoir.
- Je vais me préparer. Souhaitez moi bonne chance !
- Bonne chance !
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