40.

Todd, coincé là haut, se jette sur moi avec joie. Je le caresse doucement et le prends dans mes bras avec plaisir. Cette petite boule de poil toute chaude me réchauffe le cœur. Il en profite pour me lécher un peu partout. Je ris et me dirige vers la chambre où sont entreposés mes affaires.

En récupérant mon sac, mon téléphone vibre et je découvre un appel Skype de Romain. J'hésite avant de répondre.

- Coucou mon chou !

- Salut miss, comment vas-tu ? Waouh, tu es canon !

- Merci et ça va et toi ?

- Pareil. Je ne te dis pas ce qu'on ne cesse de faire. J'aurais bientôt marcher 3 000 kilomètres avec ces deux là !

- Tu n'exagères pas assez ! Au moins 5 000. Mais tu as la possibilité d'appeler la police pour maltraitance, tu sais !

- Ahahah. Alors pourquoi cette tenue avec ce visage décomposé et... mouillé ?

- Mouillé ? Ah ça, c'est Todd !

- Todd ? Je le connais lui ?

- Non, c'est un chien.

Il sourit comme soulagé avant de rire.

- Et pour cette tenue ?

- Soirée huppé !

- Encore ?

- Et toujours. C'est la vie que mènent les gens ici et j'ai été invité alors j'ai dû faire avec ça.

- Tu es très bien, Harp. Jolie même.

Je rougis.

- Merci.

- Par contre, pourquoi ce visage ?

- Quel visage ?

- Harper... me prévient-il d'un ton dur.

- Rien, j'ai juste eu un petit souci.

- Lequel ?? On t'a agressé ?

- Quoi ?? Mais non !

- Tu as besoin de moi ? Je peux venir !

- Romain. Tout va bien, d'accord ? C'est juste un truc que j'ai fait et je n'ai pas vraiment l'impression que j'ai bien agi. Que j'ai agi comme Harper le fait.

- Dans ce cas là, demande toi pourquoi tu l'as fait.

- J'étais énervée.

- Dans ce cas, il faut juste s'excuser.

- Et blessée.

- Alors peut-être que tu as agi trop vite mais dans ce cas là, tu dois juste te dire que tu l'as fait. La personne qui t'a rendu comme ça devrait être celle qui s'en veut.

- Ce n'est pas son genre.

- Alors, passe à autre chose. Ne te renferme pas à cause de ça. Chacun fait des erreurs.

- Merci. Tu es toujours là quand j'ai besoin de toi. Tu sais que je t'aime, hein ?

- Moi aussi Harper.

- Et moi alors ? s'exclame Anna en apparaissant à l'écran.

- Et moi ? demande Paul en prenant la place qui reste.

- Je vous aime aussi mes amours.

- Nous aussi ! disent-ils en chœur en m'envoyant des bisous.

- Par contre, je n'apprécie pas que tu sois aussi canon Harpie ! Que va devenir la petite Anna ?

- La petite Anna est déjà bien assez mignonne à mon goût, je déclare en souriant, émue aux larmes. Vous me manquez.

- Tu nous manques aussi ma belle, déclare Paul avec sincérité.

Un bruit de klaxon se fait entendre.

- On va devoir y aller, je t'aime sister. A plus tard !

Anna disparait de l'écran. Paul m'envoie un bisou et me fait un clin d'œil avant de disparaitre. Romain regarde sur le côté de l'écran et leur cri "Merci de vous incruster comme ça !" avant de me regarder à nouveau.

- Bon, je vais devoir te laisser. Bisous et profites bien !

- Merci Romain. Vous aussi. Je vous adore.

La transmission se coupe et je regarde mon téléphone un instant avec nostalgie.

Au final, je retire mes sandales avec joie et enfile mes baskets. Je me nettoie le visage rapidement puis observe autour de moi pour faire un check-up. Rien oublié. Je jette mon sac sur mon épaule et traverse le couloir vide. Je descend les marches en suppliant Todd d'arrêter de pleurer pour ne pas me faire remarquer.

Quand je passe la porte d'entrée, j'enfile ma veste à capuche et sort par une petite porte. J'enfonce ma capuche sur la tête et me met à marcher après un regard aux alentours. Il ne semble pas avoir de photographes en vu, mais on n'est jamais trop prudent.

Le bruit s'atténue peu à peu. Plus je m'éloigne, plus il me semble que c'est un bruit de fond. Finalement, je n'entends qu'un murmure.

Je marche d'un bon pas et évacue lentement l'alcool de mon corps au fil des heures. Le mal de crâne n'arrive pas longtemps après.

Au final, épuisée et douloureuse, je descends la rue au lieu de continuer tout droit et je me dirige vers la plage. Le sable froid s'insère dans mes chaussures et glace mes pieds. Je finis par m'asseoir, les jambes ramenées sous mon menton et entourées de mes bras. J'écoute l'océan et la calme ambiant.

Tout à l'heure, j'ai mon rendez-vous. Pour mon job. Je me dois d'être à la hauteur. Mais ce n'est pas encore l'heure. Il me reste du temps. Le temps de profiter du lever de soleil.

Je ne vais pas dire que je ne suis pas furieux et vexé après ce qu'elle m'a fait car je le suis. Même si je fais bonne figure devant mes amis et ne montre pas ce que je ressens vraiment. Une envie de meurtre.

Après son speech, en plus de m'être fait ridiculiser en public par elle, j'ai eu le droit à de nombreuses questions auxquels je ne voulais et ne pouvais pas répondre. D'habitude, les filles ne réagissent pas comme ça quand je leur offre une robe à ce prix là avec les chaussures qui vont avec. Elles sont plutôt aux anges.

Au final, elle a raison. Je l'ai fait car je pensais qu'elle n'aurait pas de quoi assister à une telle soirée. Mais je n'avais pas honte. Enfin, pas vraiment. Quelque peu, quoi. Je m'y suis pris comme un manche apparemment. De toute manière, j'aurais du savoir qu'elle se fichait de répondre aux normes que les autres se sont imposés.

Mais ce n'est pas tout. Car avec "David", elle a repris ma chanson "Love Yourself". Le message était clair. Il m'était adressé sans équivoque ni doute. Morose, je suis devenue consterné et me suis senti lamentable. Moi, JUSTIN BIEBER.

Purée. Cette fille m'agace plus que tout. Pourtant, c'est moi qui suis allé la chercher. Je me pose des questions sur ma motivation maintenant.

Je comptais lui parler. Mais introuvable, j'ai finalement découvert qu'elle avait quitté les lieux lorsque j'ai vu la chambre vidée de ses affaires. J'ai regardé par dessus la rambarde de mon escalier et j'ai vu David discuter avec le barman. Ce gars sait quelque chose.

Après avoir obtenu ma réponse, j'enfile ma veste en jean et une casquette. Je prends une paire de clé et sort de chez moi dans mon 4x4 noir aux vitres teintés. J'accélère et rejoint rapidement le centre. Je me gare au bout du compte devant l'hôtel. Je ne coupe pas le moteur et observe l'entrée avec hésitation.

Je sursaute quand quelqu'un frappe à ma vitre. Dans la nuit, j'ai dû mal à reconnaitre l'ami d'Harper : Ravier, je crois. J'ouvre ma fenêtre.

- Oui ?

- Harper doit monter maintenant. Elle doit dormir. Elle a un rendez-vous important aujourd'hui. Il faut qu'elle soit en forme.

- Excusez-moi ?

- Vous êtes sourd mon petit ?

- Non et ne m'appelles pas mon petit. Harper n'est pas avec vous ?

- Comment pourrait-elle être avec nous vu que tu l'as enlevé ce matin ?

- Alors elle est où ?

- Tu ne l'as pas avec toi ?? Tu l'as planté encore une fois ?

Ravier se jette sur moi et me tient par le col de ma veste.

- Qu'est-ce que tu lui as fait mon gars ? Où l'as tu laissé ?

- Elle est partie sans me prévenir, j'y peux rien si elle ne réfléchit pas avant d'agir !

- Écoute moi bien, cette fille, c'est de l'or à l'état pur. On en trouve plus de nos jours. Alors s'il arrive ce genre de chose, ce ne sera jamais de sa faute. Et je ne sais pas pourquoi ni comment mais elle t'a accepté. Alors que tu te permets de la laisser seule en pleine nuit dans L.A. avec tout ces malades qui trainent partout ?

Je me dégage de sa poigne et remet en place ma veste.

- Il ne peut rien lui arriver.

- Tu ne la connais pas.

Je l'avais compris à travers ma propre chanson quand elle me l'a chanté.

- Elle n'est pas aussi forte qu'elle n'y parait. Elle a des points faibles comme tout le monde. Et la nuit, ce n'est pas son terrain. Elle n'est plus une joueuse quand il est trop tard et qu'elle est bourrée. Car elle doit l'être là, non ? Va-t-en maintenant. Tu en as assez fait.

Il me montre son téléphone comme preuve de ses paroles et me regarde dégouté.

- Je vais la retrouver.

- Elle n'a pas besoin de quelqu'un comme toi. Tu es nocif.

Je démarre en trombe, consterné. 

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