4.
- Maman... je grommelle en me sentant secouer. C'est samedi...
- Bon anniversaire ma chérie. A tout à l'heure.
Elle m'embrasse sur le front et referme la porte derrière elle en quittant ma chambre.
Ah oui ! C'est mon anniversaire aujourd'hui. J'avais complètement oublié cette partie. Mais il reste trop tôt pour moi. On est quand même Samedi ! Le premier jour des vacances. Du coup, je me rendors comme une masse sans même sourciller.
Ah là, je vais mieux ! Il est un peu plus de 11h. Voilà, une heure à laquelle on est censé se lever. Je m'étire comme un chat et traine les pieds jusque dans la cuisine. Bien que ma mère travaille, elle a pris le temps de me préparer mon petit déjeuner préféré : des pancakes à la myrtille. Miam ! Je les dévore tout en observant le temps par la fenêtre en face de moi. Pas mal. Il risque de faire chaud.
Ah. C'est mon anniversaire. Je l'avais encore zappé lui. Rien de prévu au programme. Ah si, je sors avec mes amis. Et je travaille ce soir. Journée d'anniversaire parfaite ! Car rien à l'horizon.
Je déteste ce jour. Comment on est censé réagir ? Surtout face aux cadeaux. C'est hyper gênant. Tout le monde te regarde et toi, t'es là assis au milieu de tout un troupeau de chantant une chanson ringarde. Heureusement, ma mère l'a compris. Je l'ai beaucoup aidé à comprendre en même temps. Avec du sarcasme.
Les autres ont plutôt mal réagi. C'est bizarre pour tout dire. Au moins, ils ont plus besoin de dépenser de l'argent et pas besoin de voir la fille qui répond tout le temps avec ironie. Incompréhensible, n'est-ce pas ?
Sous la douche, je profite de ma playlist mouvementée pour chanter à plein poumon et me détendre. Les coups du voisin contre le mur n'y change rien. Je crois même que j'augmente le volume. Non. En fait, j'en suis certaine. Chieuse un jour, chieuse toujours ! Voilà ma philosophie. Et il ne l'aime pas du tout vu les coups qui continuent.
Je sors finalement de la douche après un temps respectable de détente : 45 minutes. C'est très respectable, j'en suis sûre. Peut-être pas pour l'environnement (Je suis contre toute pollution, gaspillage et profit au dépens des autres). Mais pour faire chier, je dirais que c'est parfait.
Dans ma chambre, j'enfile un short en jean et un T-shirt blanc à manches courtes où est marqué « I'm an Unicorn ».
Au final, je prends un livre et m'installe confortablement pour le lire dans notre vieux futon. Mon téléphone sonne. Encore et encore. Je ne réponds pas. Je sais ce qu'on veut me dire, du coup j'ignore. Ce n'est que lorsqu'on tambourine violemment à ma porte que je réagis. Je lève les yeux de mon livre et me dirige vers l'entrée.
- Bien le bonjour à vous aussi chers amis ! dis-je en ouvrant, sachant tout à fait qui se trouve derrière la porte.
- On t'a appelé !
- Et je n'ai pas répondu.
Ils soupirent en même temps et rentrent sans ménagement dans le petit appartement. Ils s'installent sur les canapés et m'observent.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Tu es prête ?
- Hein ?
- Pour notre sortie !
Anna commence à prendre la mouche. C'est la plus sanguine d'entre nous. Romain secoue juste la tête, comme résolue que je sois un cas désespéré.
- Bien sûr !
- Arrête de mentir !
- C'est un demi-mensonge car je suis habillée cette fois !
Je récupère un sac au hasard et y fourre de quoi manger tout en ajoutant un gilet et ma capeline.
- Prête !
- C'est pas si on t'attendait depuis une heure, alors 10 minutes en plus, on doit considérer que ça passe, dit Julie en se moquant de moi.
Je fais la moue et les pousse en dehors de l'appartement.
- Allez, on va finir par ne rien faire !
- Et c'est elle qui ose dire ça ! s'esclaffe Peter.
Nous rigolons ensemble et rejoignons la voiture de Romain. Je m'installe au milieu à l'arrière avec les filles et je repose ma tête sur Anna.
- Comme d'habitude ? Je demande.
- Comme d'habitude ! répondent-ils en chœur.
Depuis des années déjà, nous avons Notre endroit. Un petit coin de paradis à la périphérie de la ville. Un petit lac s'y trouve et est entourée de toutes sortent de fleurs multicolores. Pas loin, on a découvert une clairière où l'air frais est installé et où personne ne va jamais.
Arrivée, je sors en prenant une grande bouffé d'air pur puis j'attrape les mains d'Anna et de Julie et pars en courant vers notre place.
- Et les sacs ?? cri Romain.
- Merci beaucoup ! dit-on en riant.
Essoufflées, on s'arrête lorsque nous sommes arrivées. De jolis petites fleurs des champs ont poussé et le soleil éclaire quelques endroits en passant à travers le feuillage.
- Super ! s'exclame Anna.
Elle sort son appareil photo et immortalise le moment en nous prenant toutes les trois ensemble. Cela finit en défilé de photos grimaçantes.
Quand les garçons arrivent, les sacs sur le dos, je lui prends son appareil et les prend dans leur plus grande gloire : transpirant et rouge tomate. Cela se termine par une guerre de photos où les fous rires sont à volonté.
Épuisés, nous nous décidons à manger. Assise sur le sol, je tends mon visage vers le soleil. Une pomme dans la main, je la croque à intermittence en regardant mes amis. Encore une année tous ensemble. On ne se quitte plus. C'est la première fois où cela va durer aussi longtemps. Je ne sais pas trop comment réagir. En même temps, je réalise mon rêve et de l'autre côté, je ne vais pas les voir pendant 4 mois.
- Un problème, Harp ?
- Non, non.
- Tu es une mauvaise menteuse, tu le sais depuis le temps, non ?
Je souris à Pierre et me laisse tomber dans l'herbe.
- On reste en contact, hein ? questionne Anna.
- Bien sûr ! Tu crois quoi ? Ce sera comme si on ne s'était jamais quitté et qu'on était encore tous ensemble ! s'exclame Julie en lui serrant la main.
Je suis contente d'entendre ça. Je n'ai pas peur de plus les voir. Car ce n'est pas comme si je ne les reverrais jamais. C'est juste inhabituel car ils sont ma seule famille en dehors de ma mère. Heureusement, Julie m'accompagne.
Je soupire et ferme les yeux. Tout est calme autour de nous. Les oiseaux chantent, des abeilles bourdonnent et le vent glisse entre les feuilles des arbres.
Cela dure seulement un temps. Romain finit par se jeter sur moi en me chatouillant. Je me débats et hurle en même temps que je ris. Les filles viennent à mon secours et on finit par s'attaquer aux garçons qui n'en mènent pas large. Surtout Romain qui finit avec nous trois accroché à son dos ou à son cou. C'est ensuite au tour de Pierre de finir au sol où il se roule en riant tout en nous entrainant avec lui.
Oui, j'ai 20 ans et eux aussi. Mais quoi de mieux que de rester jeune dans sa tête à certains moments ?
A bout de souffle, on finit par arrêter et une bouteille d'eau passe entre nous. Ensuite, une grande discussion s'engage. On ne parle pas de sujets précis mais un peu de tout et de rien. Ça fait du bien pour une fois de ne penser à rien et de juste se laisser aller. Cette année, particulièrement difficile, ne nous a pas permis de nous réunir autant qu'autrefois et cela s'est ressenti plusieurs fois. Mais au final, quand je me vois là, je sais que rien n'a changé. Le temps passent si vite que je ne remarque que tardivement que je dois bientôt aller au travail.
Anna remarque mon visage et sourit.
- Allez les enfants, on bouge ! Miss Harp doit aller bosser ! Car oui, il y a des gens qui bossent ici !
- Sérieusement Harper, tu ne pouvais pas prendre ta soirée pour une fois ? questionne Romain, légèrement bougon.
- Je ne peux pas quitter le pays sans dire au revoir à mon petit copain Jean-Paul, tout de même !
- Alors allons-y !
- Merci les amis, je dis chaleureusement.
Nous regagnons la voiture.
- Romain, ne nous tue pas avant le départ s'il te plait, dis-je en le suppliant en rentrant dans sa voiture car l'intérieur est devenu aussi chaud qu'un four.
Il ouvre les fenêtres et se lance sur la route. Je regarde le paysage défilé tout en souriant à Romain qui m'observe parfois dans le rétroviseur.
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