38.
Installés dans un hamac qui se balance lentement, j'observe les étoiles avec un autre verre dans la main.
- Je ne savais pas que tu avais été invité. Justin n'a pas l'air de t'apprécier.
- C'est Nathan qui m'a fait entrer. Je ne sais pas ce qu'il avait derrière la tête car comme tu dis, ce n'est pas l'amour fou avec Justin.
- J'adore Nathan !
- Pourquoi ?
Je prends une gorgée et prend le temps de formuler ma réponse.
- Il ne me prend pas de haut. Je ne suis pas une star ni une personnalité. Je suis juste une personne commune comme tant d'autre. Et je me retrouve là. Parmi vous. La plupart des gens sauteraient de joie et se jetteraient sur toutes les personnes qui se trouvent ici en essayant de faire ami-ami.
- Tu ne le fais pas.
- Je crois que c'est trop tard.
- Qu'est-ce que tu as fait ?
- Pourquoi j'aurais "fait" quelque chose ?
- Et bien, c'est assez logique. Tu t'es littéralement jeté sur le bar et a avalé d'un trait le verre qu'on t'a servi. Quelque chose s'est passé et si c'est toi qui t'éloigne, on en conclu que tu en es la cause.
- Tu es bien intelligent pour une star, tu sais !
- On est pas tous stupide. On a été comme tout le monde à un moment ou à un autre et ce n'est pas pour autant qu'en devenant connu, on est atteint d'une maladie qui nous fait oublier les principes que l'on a intégrés antérieurement.
- J'ai du mal à y croire. Mais je t'ai comme preuve, donc on va dire que tu me mets le doute.
- Alors ?
- Je crois bien que j'ai laminé Justin en public. Pas physiquement hein ! Juste verbalement.
Il m'observe étonné avant de rire à gorge déployée. Un peu saoule, je ris également jusqu'aux larmes mais plus pour me décontracter de la honte que j'ai.
- Tu as osé devant toutes ces personnes ?
- Ben quoi ? C'est des humains que je sache.
- Franchement, tu m'épates. Ne sois pas si certaine d'être si commune que cela au fond. Et il n'a pas trop souffert ?
- J'ai demandé la morgue à Usher tout à l'heure.
Il rit encore en se tapant la main sur la jambe.
- Il ne t'a rien dit ?
- Tu crois vraiment que je lui ai laissé le temps d'en placer une ? Je ne suis pas Mamie-gâteau.
- Je vois ça. Mais ce n'est pas ton ami ?
- Mon ami ?? Non !
- Tu es chez lui et tu traînes beaucoup avec lui, non ?
- Ouais.
- Je ne comprends pas.
- Je ne peux pas vraiment t'expliquer.
- Alors tu peux dire sur quel sujet étaient basées tes remontrances ?
- Non plus.
- D'accord. Mais tu peux au moins me dire pourquoi tu es content que je sois là ?
- Ça, je peux ! En premier, tu n'as rien vu. C'est un bon départ. Et en second, t'es loin d'être le meilleur ami de Justin. Encore mieux. Enfin, je peux passer du temps avec quelqu'un qui ne me juge pas pour qui je suis. Parfait.
- Qui te dis que je ne juge pas ?
- Mon petit doigt.
Je lui secoue sous le nez jusqu'à qui le repousse en souriant. Je crois qu'ensuite je lui raconte des âneries et des trucs sur mes journées. Un peu pompette, je ne me souviens plus trop de ce que je dis.
- Pourquoi tu restes ?
- Je crois bien que je n'ai pas de Ferrari. Ni de Mercedes. Ni de voiture tout court pour partir. Et surtout, je ne suis pas la vaincue. Je ne suis pas celle qui doit partir.
- Mais dans un sens, il est chez lui...
- Il m'a invité et il a une obligation envers moi donc je peux rester et je vais rester. L'emmerder est un de mes objectifs premiers en ce moment même.
- Tu as besoin d'aide ? Je suis prêt à tout faire. Enfin, avec certaines limites.
- Tu serais mon acolyte alors ?
- Oui, en quelque sorte.
Je bois mon verre de vodka et réfléchit.
- Tu as une idée derrière la tête, n'est-ce pas ?
- Je n'aurais pas proposé mon aide, sinon, dit-il en souriant avec malice.
Je lui tends la main et il la serre.
- Bienvenue dans mon équipe. Pas de surnoms chez nous, ça craint trop.
- Bien chef !
- Alors, explique-moi tout maintenant.
Je m'assois sur le côté pour pouvoir l'observer de profil. Le hamac en prend pour son grade et nous secoue dans tous les sens. Je retiens mon verre avec adresse tandis que David tente de calmer les mouvements.
- Tu es prête à tout, n'est-ce pas ?
- Tout.
- Même si tu te retrouves face à tout le monde dans une situation qui peut te mettre la pression, te stresser ou te mettre mal à l'aise ?
- Je suis difficilement impressionnable. Je ne le suis pas face à eux. Ils sont comme nous. Juste avec plus d'argent et de reconnaissance. Enfin, je suppose.
- Alors, écoute.
Il m'explique rapidement mais efficacement son idée que j'approuve directement. Il me dicte ce que je dois faire et j'apprends rapidement. Je lui tape dans la main.
- Tu es vraiment doué ! On commence ça quand ?
- Je vais demander un truc à quelqu'un et tu sauras quand ce sera le moment. Tu comprendras vite.
Il s'éloigne et me laisse le hamac à moi seul. Je me balance et regarde la lune qui brille bien ce soir. Ce que je vais faire... Je suis impatiente.
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