37.
Je suis dans une chambre de la maison de Justin. Je suis censée me préparer pour sa soirée. Mais trop furieuse pour cela, je tourne en rond dans celle-ci et me retient de jeter quelque chose au sol.
Je reprends finalement le contrôle face à ma réaction stupide et fais ce que je suis censée faire, donc me préparer. J'ouvre la pochette contenant ma robe et la découvre. L'ayant pris au hasard ce matin, je ne savais pas à quoi m'attendre. Robe bustier noir, je touche sa matière délicate. Chanel sait y faire. Le prix aussi. Je la prends et me dirige dans la salle de bain où je me change. J'enfile mes sandales en cuir dorées et ouvre le paquet de Julie.
En réalité, il s'agit d'une trousse de maquillage que l'on pourrait prendre pour une valise vu sa taille. Je soupire face à la tonne de produits qui me font face. Je finis par me maquiller simplement. Une touche de doré sur les paupières, un trait de khôl au dessus des cils, un rouge à lèvre couleur cerise et un blush mettant en valeur mon bronzage.
Quant à mes cheveux bruns bouclés, je les attache en un chignon tressé. Comme d'habitude, des mèches trop courtes se font la malle et encadrent mon visage. Je rajoute une paire de boucle dorée et quelques bracelets avant de m'observer dans le miroir.
Je ne me reconnais pas. Cette fille en face de moi, ce n'est plus moi. Enfin pas réellement. Et je sais que je ne l'aime pas car cette fille s'oblige à paraitre comme eux alors que cette fille assume pourtant ses différences avec fierté. Je détourne le regard et repars dans la chambre.
Prête, je ne sais quoi faire. Il ne m'a rien dit. Du coup, je sors et descend les marches avec précaution en retenant ma robe pour ne pas l'abîmer.
- Justin ? Justin ??
Aucune réponse. Pourtant j'entends des voix. Je suis le bruit de la conversation et redécouvre le changement qu'a eu lieu lors de notre périple sur le cours d'eau. Des montagnes de petits fours et de cocktails en tout genre s'empilent sur des tables. Tout est dressé à la perfection et rien ne dépasse d'un centimètre. La musique en fond, les décorations en plus et les lumières ambiances s'ajoutent au tout.
Je m'arrête net en découvrant les interlocuteurs. Eux, ils sont connus. Très connus. D'un coup, je me demande pourquoi j'ai pu rester, ce que je fais encore ici. Je marche à reculons et bouscule quelqu'un.
- Attention ! Il en était moins une pour votre robe...
Une voix d'homme. Elle est amicale. Je découvre Martin Garrix.
- Excusez-moi.
Je m'éloigne de lui et regarde autour de moi. Les gens ne cessent d'affluer. Enfin, les personnalités. Les stars, quoi. Je zigzague parmi eux à la recherche de Justin mais me fait arrêter par un certain Usher.
- Enchanté Mademoiselle.
- Enchanté. Vous n'auriez pas vu Justin ?
Il soupire et hausse les épaules.
- Vous le recherchez tout le temps vous toutes... Mais il a une copine tu sais.
- Je ne veux pas sortir avec lui, merci bien ! J'ai juste un message à lui faire passer.
- Vu le ton que tu prends, il risque de passer un mauvais quart d'heure. On aura besoin de la police ?
- Plutôt de la morgue.
Il rigole puis boit une gorgée de sa boisson.
- Comme souvent avec lui. Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
- Beaucoup de choses notamment une qui laisse sous entendre que je lui fais honte. Qu'il me le dise en face au lieu d'utiliser des moyens abjects pour me le faire comprendre, je marmonne.
- Honte ?? Je ne t'ai jamais vu, mais je n'aurais pas honte de sortir avec toi.
Je lui souris.
- N'en soyez pas si sûr. Vous pourriez regretter vos paroles.
- Ah oui ? Que caches-tu donc ?
- Des choses qui vous amèneraient à me planter sur place et me regarder de haut.
- Comment ça ?
- C'est votre genre à vous les stars. Je reviens à une chose insignifiante quand on sait qui je suis.
- C'est une bien piètre opinion que vous avez de nous... dit-il vexé. Qui es-tu ?
- Justin est seul maître de cette information, désolée.
- Il tournait autour de la piscine tout à l'heure.
- Pardon ?
- Tu le cherches, n'est-ce pas ? Il y est peut-être encore.
- Merci !
Je me penche vers lui, puis me ravise, lui tend une main, et me ravise encore. Au final, je ressemble à un pantin stupide. La honte, quoi.
- Tu penses que je devrais te suivre ?
- Et bien... à toi de juger, je déclare avec un sourire.
Je sors de la maison sans faire attention aux peoples qui m'entourent et cherche des yeux ma proie. Je la voie. Elle est là à discuter avec je ne sais qui et à boire un verre. Je bouscule les gens sans ménagement en ne le quittant pas des yeux.
Arrivée à sa hauteur, je lui tape sur l'épaule pour qu'il se retourne. Quant il me fait face, il hésite une seconde avant de sourire.
- Harper ! Alors ?
- Je crois qu'on a un truc à régler.
- Ah oui ? Quoi donc ?
- Tu ne sais pas ? Même pas une petite idée ?
Il secoue la tête pour me signifier que non.
- Alors ouvre grand tes oreilles, Mon-sieur. Je ne suis pas comme "vous" et je le sais. Tu es au courant depuis le début toi aussi, non ? Malgré cela, tu m'invites à cette soirée avec ces gens qui sont mon total opposé et tu le sais encore car tu es au courant de ce que je pense car je te l'ai dit. On est toujours d'accord ? Bien. Donc, tu sais tout ça. Tu sais qui je suis et comment je suis. Pourtant, tu oses m'insulter à cause de cela ! Juste parce-que je n'ai pas le même statut que l'un d'entre vous ? Tu te prends pour qui encore ? Ton statut de star international ne te donne pas le droit d'agir comme tu le souhaites !
- Harper, calme-toi. Je ne sais pas de quoi tu parles.
- Évidemment, comme d'habitude. Mais écoute, je ne vais pas expliciter car tu me l'as demandé et que je tiens parole mais ce que tu as mis dans cette chambre est sans équivoque pour moi. Tu as honte. Honte de moi et de ce que pourrait penser les autres en sachant que tu me connais. Tu n'as même pas le courage de l'assumer et de me le dire en face. Il faut que cela passe implicitement par un paquet. Mais je ne m'y trompe pas. Ce n'est pas un cadeau qui vient du cœur mais un cadeau empoisonné pour que ton statut reste sans bavure. Et comme tu le vois, je ne le porte pas car j'avais déjà de quoi me préparer à ce genre de festivité. Mais tu ne le voyais pas comme ça et tu as eu peur pour ta petite réputation. Je n'ai encore rien fait malgré que l'idée m'est traversé l'esprit.
- Harper... C'était au cas où. Faut pas le prendre comme ça. Tu extrapoles quelque chose d'insignifiant.
- Au cas où quoi ? Hein ? De quoi tu te mêles ? Je suis qui je suis et je l'assume. Je ne dirais rien ce soir car je ne suis pas ce genre de personne qui passe par des moyens différés pour exprimer sa pensée. Je l'exprime juste haut et fort. Mais franchement, tu as raison d'avoir honte. Sauf que tu te trompes de personne. Tu devrais avoir honte de toi. Tu vois quoi quand tu te regardes dans un miroir ? Moi, quand je te regarde, je vois juste une personne dont on doit avoir pitié car elle n'est rien. Un corps vide et sans âme. Sans compassion. J'ai vraiment pitié de toi. Et en même temps, je m'en fiche car tu m'as manipulé et insulté sans prendre en compte que les gens peuvent avoir des sentiments et que tu peux les blesser. Honte à toi. J'ai honte pour toi et de toi.
Je le laisse sans un regard et traverse la foule qui s'est petit à petit formée. Je sais qu'ils n'ont rien entendu, juste assisté à la scène. C'est ce qui me rassure en quelque sorte.
Je refoule mes larmes et lève haut la tête sans me laisser abattre. Je ne serais plus LA Harper sinon. Certains m'observent intrigués et d'autres me tapent amicalement dans le dos comme pour me féliciter. Je n'y réponds pas et continue jusqu'à rejoindre le bar.
- Un martini s'il-vous-plait.
Puis je repense à ce soir là.
- Plutôt, une vodka tonic, je vous prie.
- Je vous fait ça mademoiselle.
Je m'accoude au comptoir et grignote des cacahouètes. Une main me tapote l'épaule.
- Harper ? demande une voix hésitante.
Je me retourne et souris.
- Ah mon sauveur !
Le serveur me tend ma boisson et je le remercie chaleureusement.
- Mon deuxième sauveur, je déclare en levant mon verre.
J'avale d'un coup la boisson et le repose sur le comptoir.
- Quoi de beau depuis ce matin ?
- Je crois bien que j'ai mis Justin dans une situation compliquée.
- Et ?
- Je ne m'en veux pas du tout.
On rit et on part s'installer dans le jardin.
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