36.

Quand on rentre chez lui, des gens sont là à l'attendre. Je me baisse de moi-même pour me cacher à la vue des paparazzis et ne me relève que lorsque le portail est fermé et sécurisé.

- C'est toujours comme ça ?

- Assez souvent. Surtout ces derniers temps où j'ai disparu de leurs radars sans qu'ils puissent mettre une photo ou un mot sur ce que je pouvais bien faire.

- Tu étais avec moi, c'est ça ?

- Oui.

Il sort du véhicule et je fais de même. Bon, pas besoin de faire un dessin. Sa maison est superbe et doit valoir son pesant d'or.

L'intérieur est assez spécial. Un mélange inexpliqué d'objet et de style y prend place. Au moins, je sais qui a fait la déco. Je touche un chien géant noir ne comprenant pas son utilité avant de me faire attaqué par un monstre en folie : Todd, le chien de Justin.

En à peine quelques secondes, je me retrouve au sol. Assise. A chouchouter l'adorable boule de poils et à recevoir nombre de léchouilles baveuses.

- Oh que tu es adorable toi ! Tu le sais hein !

Le chien, sur le dos, se laisse gratouiller le ventre avec un plaisir certain.

- Harper. Harper. Harper !!

Je lève la tête vers Justin, sortant de mon monde où Todd en est le centre. Quant à Todd, il décide d'aller faire la fête à son maitre qui le caresse d'une main.

- On y va ?

- D'accord. Todd peut venir ?

- Non, je tiens à lui.

Je le suis en laissant Todd jouer avec une balle.

On se retrouve dans le jardin où un toboggan gonflable géant prend place, ainsi qu'une piscine immense et une terrasse sans démesure. Au bout de celui-ci, se trouve un courant d'eau. Deux petits bateaux y sont attachés.

- On prend la barque ! je déclare. Et tu rames.

- Comme si je ne m'en doutais pas.

Je monte dans celle-ci, m'assoit sur les genoux à l'avant et accroche mes mains à la coque. Il me rejoint et prends les rames en main. Le bateau glisse lentement sur l'eau calme et je laisse mes mains tremper dans celle-ci.

- Pourquoi ça ?

- Comment ça ?

- Aucune réelle somme d'argent n'est dépensée. Et tu es censé me prouver que l'argent apporte le "bonheur".

- J'ai acheté cette maison pour cet endroit donc en quelque sorte si, l'argent entre en compte.

- Pas bête.

Je retire mes mains de l'eau et profite du calme ambiant. Des oiseaux pépient aux alentours et parfois passent au dessus de nos têtes. Je lève les bras et sent une légère brise me les caressait.

- Tu as de la chance, tu le sais ?

- La chance n'a rien à voir là-dedans. J'ai juste travaillé.

- Je travaille plus que n'importe qui. Pourtant, je n'ai rien de tout ça. Je n'aurais jamais rien de tout ça.

- Et tu le regrettes ?

- Pas vraiment. Au moins, je l'aurais vécu. Et ma vie me plait.

Je souris en repensant à ma « famille ».

- J'ai de merveilleuses personnes qui m'entourent et qui m'aiment. Je pense que c'est ça ma richesse.

Il ne répond pas. Du coup, je me retourne pour le regarder. Il fixe un point dans le vide. Je lui donne un coup de poing dans le bras.

- Toi aussi tu as une famille, je te rappelle. Une sœur, je crois. Et un frère. Puis tes parents. Et ta petite amie.

- C'est vrai.

- Et tu les aimes, j'en suis certaine. Tu es donc tout aussi riche que moi. Enfin niveau relationnel. Pas niveau compte bancaire.

Il sourit et se laisse aller contre la coque.

- La journée n'a pas été aussi horrible que tu le pensais alors ?

- Pas vraiment, non. C'était plutôt pas mal. Hormis certains passages qu'on omettra de préciser. Mais, tu ne sauras tout ça que dans mon compte rendu.

- Bien, madame.

Je m'assois en tailleur et lève les yeux sur les arbres environnants.

- Pourquoi tu m'amènes ici ?

- Ici ? Tu veux dire sur cette barque et sur ce cours d'eau ?

- Voilà.

- Je te montre ce que je fais tous les jours, ce que j'aime et que je peux faire grâce à l'argent.

- Tu viens ici tous les jours ?

- Si je le peux, oui. C'est mon endroit. Mon lieu de méditation. C'est ici que je me recentre sur moi-même, que je prie ou encore que mon inspiration se déclare et que j'écris mes chansons.

- C'est un bel endroit pour faire tout ça. Mais si c'est ton endroit, pourquoi m'amener ?

- Je ne suis pas aussi superficiel que tu le penses. Des trucs simples sont tout aussi plaisants que des trucs compliqués. Je veux que tu t'en rendes compte.

- Pourquoi mon avis t'importe autant ?

- Car vous nous jugez tous les jours même si vous dites nous adorez. Vous trouvez injuste ce que l'on peut avoir ou obtenir grâce à notre statut ou notre argent. Vous avez nombres de préjugés contre nous. Pour autant, vous ne connaissez que la surface de nos vies. Et vous arrivez quand même à juger. Je voudrais juste qu'on arrête de nous mettre dans des cases qui ne nous correspondent pas tous. Certains sont sûrement comme vous le pensez, mais on reste de la même espèce. On est des gens normaux avec des avantages en plus. Et j'aimerais que tu le vois. Que tu le comprennes.

- Je ne suis qu'une personne parmi tant d'autre Justin. Me faire changer d'idée, si tu y parviens, ne changera pas celles de tous les autres.

- Ce sera au moins un début.

- Et tu m'as choisi moi ? Tu vois bien que je suis aussi têtue qu'une mule, fatigante à souhait, et folle en plus. Donc pourquoi ?

- Tu n'es pas fan de moi. Tu ne me connais pas vraiment. Et j'ai eu cette idée suite à notre première discussion où tu m'as envoyé toutes sorte de jolies insultes. Vu que je t'avais sous la main, j'ai opté pour toi. Je n'avais donc pas à chercher. Et pour ta folie, ta grossièreté et tes manières peu conventionnelles, je dois faire avec. Je me suis lancé un défi alors tout ça ne m'arrêtera pas.

- Tu as failli pourtant.

- Oui, le premier soir. Mais, je suis revenu car je n'abandonne pas si vite.

- Heureusement que je suis cool, alors.

- Cool ? Toi ??

- Écoute mon coco, après ce tu as fait, aucune personne raisonnable n'aurait accepté de te revoir. Sauf les "amoureuses" de ta personne. Pourtant, je l'ai fait. Je trouve que je suis cool.

- Tu n'es pas une personne raisonnable.

- C'est vrai. Mais, je suis aussi très rancunière alors tu aurais pu faire face à l'autre personnalité qui compose mon être.

- Parfois, je me demande si tu n'es pas un peu réellement folle sur les bords.

- Pose toi toujours la question, comme ça, tu ne seras jamais surpris !

Je souris bizarrement. Un peu à la Harley Queen (la copine du Joker, trop cool je sais !).

- Tu penses que je suis un cas désespéré là, n'est-ce pas ?

- Même si c'est le cas, je ne lâcherais rien.

- Essaie. Essaie.

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