35.

En sautant sur les vagues, je me sens libre comme jamais.

- Plus vite ! je m'exclame avec euphorie.

- Accroche toi bien ! dit-il d'un ton prétentieux.

Je me colle mon visage contre son gilet et sent l'engin accélérer. Je cris de joie et il rit en manoeuvrant avec facilité.

Je détache un bras de son buste et le laisse ressentir la vitesse et l'embrun de notre course folle.

Il me cri quelque chose mais je n'entends rien. Il essaie de me faire comprendre par des signes mais je le regarde indécise avant de m'envoler dans les airs.

J'ai l'impression que cela dure des heures alors que cela prend seulement 2 secondes avant que je ne frappe avec violence l'eau et que je m'enfonce sous l'eau. Je vois le ciel sans nuage, une vague glissant pas loin et Justin tentant de maitriser le véhicule tandis qu'il ne me quitte pas du regard.

Il fait noir sous l'eau. C'est la première idée que j'ai en ouvrant les yeux. Et il fait froid également. Deuxième idée.

Tandis que je remonte grâce à mon gilet, je laisse les bras le long de mon corps et fait un rapide check-up. Je n'ai rien de cassé ni de foulé. Bien. J'ai juste l'impression d'avoir percuté un mur. Moins bien.

Je crève enfin la surface. Cela n'a pris que 5 secondes, mais encore une fois, j'ai eu l'impression que le temps s'était arrêté.

Je m'essuie le visage de la main et crache l'eau de mer. Justin n'est pas loin. Quand il me voit, il me rejoint et s'arrête avant de me tendre son bras.

Je croise les miens et l'observe.

- Tu n'es pas censé prévenir la personne qui monte avec toi des trucs à éviter de faire si elle ne veut pas se briser tous les os du corps ?

- Je ne pensais pas que tu étais folle au point de faire cela !

Je penche la tête sur le côté et prend finalement le bras qu'il me tend.

- Dis toi que je suis toujours assez folle pour faire tous les trucs qu'il ne faut pas.

- J'avais remarqué.

- On recommence ?

- Pas question.

- Pas la chute. Juste la course. A moins que tu n'ai peur...

Il grogne et je m'accroche à lui en laissant l'engin nous emporter à une vitesse folle sur les vagues. Par contre, cette fois, je ne le lâche pas.

Bien trop vite à mon goût, on arrive au quai pour retrouver le deuxième jet ski.

- A mon tour maintenant ! je m'exclame finalement ravie.

- Cela ne t'a pas suffit ?

- Je veux faire la course avec toi.

- Tu n'es pas prête.

- Mais si.

Je descends du jet ski et m'installe au volant de l'autre. Je met le contact et prend en main le guidon. Je me dirige lentement vers lui et m'arrête avec précision à ses côtés.

- Prêt ?

- Harper, tu sais que tu es folle ?

- Bien sûr. Ceux qui ne le sont pas doivent avoir une vie bien monotone !

- Ou ils sont juste assez prudents pour ne pas tenter le diable.

- Je veux tenter le diable. Ne t'inquiète pas, te faire battre par une fille ne te retirera pas le peu de virilité que tu as.

Je souris sarcastiquement et fait vrombir mon moteur.

- Tu en es ?

- J'en suis.

- Parfait. C'est parti !

Au final, il l'emporte sans soucis et s'en vante pendant un long moment. J'ai l'impression de me voir quand c'est mon cas. Je sais maintenant pourquoi autant de soupir se font entendre. Mais moi, cela me fait plus sourire intérieurement que soupirer.

Enfin sur le sable, j'ai du mal à marcher et retrouver mon équilibre après tant de temps sur l'eau.

- J'ai quelques coups de fil à passer, tu veux profiter de la piscine pendant ce temps ?

- D'accord.

Je le suis, intriguée par le ton qu'il a pris. Il mijote quelque chose. Je ne sais pas quoi encore. Arrivée sur la terrasse, je plonge dans l'eau, cette fois sans gilet et sans t-shirt. Justin, quant à lui, disparait à l'intérieur de la maison.

Je fais plusieurs longueurs pour détendre mes muscles ankylosés par ma chute et me détend un peu avant de m'installer sur un transat en plein soleil. Je sèche rapidement et profite alors de la chaleur qui s'insère dans mon corps. Cette sensation d'extase est vraiment unique.

Justin revient au bout d'une bonne heure et pose un cocktail sur la petite table à côté de moi ainsi qu'une corbeille de fruit, avant de s'installer sur le transat à côté du mien. J'avale goulûment le cocktail et picore les fruits mûrs à souhait. C'est délicieux.

- Alors ?

- Quoi ?

- Tu vas me dire pourquoi tu as dû téléphoner ?

- Tu ne m'as pas espionné ?

- Je ne suis pas comme ça. Enfin pas tout le temps.

- C'est pour ce soir. Je voulais vérifier quelques trucs.

- On va faire quoi ?

- Tu verras.

- Un indice, s'il-te-plait.

- Tu as quoi d'autre dans ton sac ?

Je réfléchis et me souviens. Une soirée.

- Tu es sûr de toi ?

- Pourquoi ?

- Je suis moi. Et je suis loin, le mot est faible, de faire partie de tout cela.

- Je ne suis pas si sûr que toi. Tu verras, tu vas aimer.

Je mange un abricot et ne réponds pas. Qu'est-ce que je pourrais lui dire de toute manière ?

- On va aller chez moi. Il y a un dernier truc que j'aimerais que tu fasses avant ce soir.

- C'est quoi ?

- Tu sais la réponse, Harper.

- "Tu verras".

Après s'être rhabiller, on se retrouve à nouveau dans sa voiture. Le trajet est un peu plus long que les autres.

- Je peux te poser une question ?

- Tu viens de le faire. Mais tu peux en poser une autre, si tu le veux.

- Tu n'as pas une copine ?

- Si.

- Qu'est-ce que je viens faire là dedans alors ?

- Tu es loin d'être ma copine que je sache.

- Très loin, oui. À des années lumières même. Mais tu évites de répondre.

- Pour toi, je devrais passer chaque minute de ma vie avec elle ?

- Non. Mais parfois, j'ai l'impression que tu oublis que tu en as une.

- Je ne l'oublie jamais. C'est juste qu'elle travaille dans une autre ville pour encore une semaine.

- Alors tu l'aimes ?

- Oui.

- Tu as de la chance d'avoir trouver l'amour. C'est une chose qui n'arrive qu'une fois dans une vie et ce, si on a de la chance.

- Merci... me dit-il en me regardant comme si j'étais un extra-terrestre.

- Quoi ?

- Je croyais que cet Adriano ou ce gars sur la photo dans ta chambre était ton petit ami.

- Tu n'es pas sérieux ? Ce sont justes des amis !

- Tu ne vois pas comment ils te regardent ?

- Normalement ?

- Le gars sur la photo. Je peux te dire qu'il en pince pour toi depuis plusieurs années juste par la manière dont il te regarde. Et Adriano te supplie presque du regard pour que tu l'embrasses à chaque fois que tu le vois.

- N'importe quoi. C'est des amis.

- Et alors ?

- Alors ce sont des amis. Point.

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