31.
Je suis à la sortie du restaurant et attends, en tapant du pied, le taxi que j'ai réussi à faire appeler après quelques paroles bien placées n'ayant pas vraiment plu à l'hôtesse.
Quand je vois le taxi, je lève la main et lui fait signe. Il me rejoint et s'arrête à mon niveau.
- C'est vous qui m'avez appelé ?
- Oui, je réponds.
- Non, dit en même temps une autre voix.
Je me retourne et fixe Justin, les yeux noirs.
- Tu vas me lâcher à la fin ! J'ai vu à quoi ressemble tes journées. J'avais raison. Ces gens, dis-je en englobant le restaurant, et toi, en le désignant du doigt, vous êtes tous les mêmes. J'ai peut-être des préjugés mais vous en avez après nous également. Sauf qu'au contraire de vous, je les assume et les exprime.
- Tout le monde le sait maintenant, ça, c'est sûr.
- Je n'ai plus l'envie de rire, ni même de tout ça. J'aime ce que j'ai, même si ce n'est rien. J'ai ma réponse et je sais que je ne voudrais jamais rien de ce que tu as, si c'est pour devenir comme ça.
- Comme ça ?
- Si tu ne le vois même pas en écoutant Scoot, je n'y peux rien mais c'est flagrant. On me regarde de haut comme si j'étais une chose bizarre qui n'avait pas lieu d'être et c'est le cas. En tout cas, dans votre monde de paillette et de pacotilles.
J'ouvre la porte arrière du taxi et me retourne une dernière fois vers Justin.
- Le pire, c'est que je pensais... Non, laisse tomber, les rêves ne se réalisent pas pour des gens comme moi.
Il m'attrape le bras et me retient.
- Tu pensais quoi ? Dis-le.
Je ne le regarde pas et baisse la tête avant de prendre une grande inspiration.
- Que tu n'étais peut-être pas tant comme eux au final. Vu que tu oses me porter un minima d'intérêt.
Il me force à le regarder et je ne flanche pas.
- Des pancakes ?
- Quoi ?? je demande incrédule.
- Tu mourrais de faim, je croyais.
- Tu rigoles j'espère ? Tu crois que ça va suffire ?
- Un milkshake maison en plus alors.
- Pardon ?
- Des oeufs brouillés et du bacon également, si tu le souhaites vraiment.
- Je veux aussi une salade de fruit.
Il me fait un clin d'œil. Il claque la portière du taxi et le prévient qu'au final la course n'aura pas lieu. Le chauffeur s'énerve et m'insulte.
- Paie le.
- Il n'a rien fait à part t'insulter.
- Et il a raison. Paie le.
Billet de 100 dollars en main, le chauffeur nous quitte le sourire aux lèvres et de gentilles excuses pour parfaire le tout.
- Allons manger, j'ai vraiment trop faim.
On nous installe à une autre table au soleil et j'en profite pour l'observer.
- Il est où "Scoot" ?
- Viré.
- Quoi ??
Je m'étouffe avec ma boisson et il me tapote le dos en rigolant tandis que les autres clients me regardent, outragés. Je digère l'information. J'ai vraiment réussi à faire ça ?
- Il m'a énervé. Alors voilà.
- Mais... Comment il va faire ?
- Maintenant tu t'inquiètes pour lui ? me demande-t-il cyniquement.
- Non... mais c'est...
- Je l'ai juste renvoyé chez lui, si tu veux tout savoir.
Je sirote ma boisson en hochant la tête. Tandis que je déguste mes pancakes (délicieux), je pense à ce que je fais encore ici. Ce n'est pas possible que mon estomac soit plus fort que ma raison. Apparemment si.
Repus, je m'affale sur ma chaise.
- Au fait...
- Oui ?
- Où sont tes gardes du corps ?
- En vacances. Tu te souviens du pari que tu as gagné ?
- Très drôle. Je te parle des remplaçants.
- Je n'en ai pas.
- Pourquoi tu n'en demandes pas à une de tes assistantes ?
- Je n'ai pas d'assistante, de un et de deux, je n'en veux pas.
- Et si on t'attaque ?
- Et bien, tu me défendras.
- Tu me prends pour ton bouclier ou quoi ?
- Et bien, tu as réussi à soumettre mes gardes du corps à ton bon vouloir au lieu du mien. Et presque à faire réfléchir Scooter, une personne qui fait preuve de peu de réflexion. Tu arriveras bien à repousser quelques autres problèmes.
- Je n'ai pas soumis Bob, Willis ou encore Mike. Je me suis liée d'amitié avec eux. Et tu penses vraiment ça ? Que je vais te défendre ?
- Non, je crois même que tu serais heureuse de me voir dans des problèmes.
- Raison. Et je ne compte pas passer une semaine avec toi non plus, faut pas rêver.
- Je rêve.
- Je n'en fais pas partie.
- Je le sais.
- Alors, pourquoi ?
- Tu me changes les idées.
- Tu as assez d'argent pour te changer les idées sans avoir besoin de quelqu'un comme moi.
- Et bien, on a qu'à dire que tu as parfois raison. Que l'argent n'est pas toujours indispensable.
- Tu te moques de moi là ? Tu es censé me prouver le contraire. Je te rappelle que c'est en quelque sorte une grosse partie de notre pari.
- C'est pour ça qu'on va bouger.
- On va où ?
- Tu verras.
Je déteste quand on me dit ça. Il me le dit sans cesse et je me retrouve toujours piégée dans un truc dont je ne peux pas sortir et où tout le monde m'observe d'un air hautain..
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