30.
Mon oreiller dans les bras, je dors comme un bébé (avec la bave qui va avec). D'un sommeil profond et paisible. Cela ne m'est pas arrivé depuis des jours. La bouche entrouverte, les cheveux en batailles et la couette à moitié par terre définissent l'état dans lequel je me trouve jusqu'à qu'on frappe trois fois à ma porte.
- Puis-je avoir une journée de liberté pour une fois ? je m'exclame encore groggie.
- Tu as 20 minutes chrono pour te préparer. Prends de quoi t'habiller pour ce soir. J'entends par là une tenue de soirée. Et de quoi aller à la plage.
- Oh non, pas toi !
Je laisse tomber ma tête sur mon oreiller et tente de m'étouffer avec.
- Moi aussi, je suis heureux de passer la journée avec toi. Il te reste 19 minutes.
- Tu ne peux pas embêter quelqu'un d'autre ? Comme ta copine ou un de tes potes ultra célèbre ?
- Les secondes défilent.
- Raaaaah, pourquoi je dois subir ce calvaire ??
- Parce-que tu es têtue.
Je grogne, contre moi-même, en tapant du poing sur le matelas. Je me lève avec difficulté et avale un verre d'eau.
La découverte dans le miroir est catastrophique. Je soupire et brosse mes cheveux avant d'en faire une natte. Je me brosse les dents puis me lave le visage en me jetant de l'eau à la figure.
Réveillée, je prends le premier habit qui me tombe sous la main et me retrouve avec un T-shirt blanc puis une jupe courte couleur bordeaux. J'enfile mes baskets Adidas presque aussi vieille que moi puis sélectionne un sac. Je prends de quoi me changer en tenue "chic", glisse la trousse surprise de Julie et mon maillot de bain sans oublier ma serviette.
Quand je sors, je m'attends à ce que Justin soit devant la porte mais non.
J'enfile mes lunettes de soleil, met ma casquette et referme derrière moi. Je descends les marches deux à deux et arrive en bas pour le découvrir assis dans un des fauteuils, observés par Ravier, Andrew et Alexio.
- Bonjour, les gars !
Je m'avance vers eux et les embrasse sur la joue chacun leur tour.
- Bonjour Harper, content de te voir, déclare Alexio.
Je leur souris avant de me faire attraper par le bras.
- Eh ! Je ne suis pas ton chien !
- On est en retard. Tu es en retard.
- Le monde ne va pas s'arrêter de tourner pour autant, je soupire. Et j'ai faim.
- Je te prépare quelque chose ? me propose Andrew avec un sourire.
- Pas le temps les gars, elle mangera plus tard.
- Vous avez entendu Monsieur ? Je mange plus tard. J'espère que vous serez là pour mon enterrement et avec de quoi me nourrir.
Justin me tire par le bras un peu plus fort et me conduit vers la sortie. Je me dégage d'un geste brusque et finit par le suivre.
Quand je découvre la voiture, je m'arrête et la fixe les yeux ronds derrière mes lunettes. Justin monte à l'avant et se met derrière le volant. Il me fixe alors.
- T'attends quoi ?
- Tu ne pouvais pas prendre une voiture plus voyante ? Genre rose Barbie ?
- Je ne l'avais pas en stock, désolé.
J'ouvre la portière avec précaution et me laisse tomber sur le fauteuil en cuir. Je ne bouge plus et ne touche à rien, ne voulant en aucun cas abîmer cette chose qui coûte plus cher que mon propre appartement. Ou presque.
Il allume le moteur et la voiture ronronne. Déjà qu'on était observé, maintenant nous sommes carrément relookés avec des jumelles. Un bip se fait entendre et il fixe ma poitrine. Il se penche vers moi et j'ai un mouvement de recul. J'en profite pour cogner contre la portière. Pendant ce temps, à moitié sur moi, il attrape la ceinture et m'attache. Me le dire aurait été trop compliqué apparemment.
Je me frotte le haut du crâne et regarde l'extérieur pour ne pas montrer mon visage cramoisi de honte.
- Maintenant que tout est prêt, on peut y aller. Tu as tout pris ?
Je hoche la tête pour seule réponse et m'enfonce dans le fauteuil de sa Ferrari.
Il se lance sur la route et allume la radio. Il semble connaitre toutes les chansons qui passent vu qu'il chante à chacune d'entre elles. Parfois, je l'observe et on dirait quelqu'un de normal dans sa voiture. Puis je me souviens la voiture dans laquelle on se trouve, puis qui il est et ce qu'il porte. C'est alors que cette impression disparait aussi vite qu'elle me vient.
Le trajet est assez court. Il nous conduit en centre ville. Entre temps, il a enfilé une veste, une paire de lunette de soleil et une casquette. Cela serait pour faire diversion mais j'ai déjà cru comprendre que peu de personnes s'y laissent prendre.
Quand on s'arrête, un voiturier arrive et prend la voiture en plus d'un pourboire conséquent de Justin. Je lève les yeux sur le lieu et découvre un joli petit restaurant couvert de verdures où seulement quelques personnes déjeunent dans un calme inquiétant.
- Suis moi, on est en retard et il ne va pas apprécier.
Je ne sais pas de qui il parle mais je le suis et découvre un intérieur bien plus riche que le laisse penser l'extérieur.
- Il vous attend à votre table habituelle, déclare une hôtesse en souriant à Justin.
Son sourire disparait quand elle me voit. Je lui fais un petit signe provocateur de la main et suit Justin à la trace. Je ne veux surtout pas me perdre dans cet endroit sordide. Le cadre est magnifique ainsi que tout le reste mais seules quelques personnes y sont autorisées et je sais que je n'en fais pas partie. Du coup, même si c'est Justin, je préfère rester scotchée à lui.
Il s'assoit à une table sous un petit arbre, à laquelle se trouve déjà un homme.
- Bonjour. Enchanté, je déclare avant de m'asseoir aux côtés de Justin.
- Tu es en retard.
- Scoot, on n'est pas à 5 minutes près.
- Dis ça à ton producteur et tes fans en folie.
- On a le droit de profiter parfois. Tu devrais même prendre des vacances !
L'idée même semble révulser le fameux "Scoot".
- Bon, Justin, as-tu la réponse cette fois-ci ?
Justin me regarde et je détourne le regard pour observer avec une attention toute particulière un pot de fleurs.
- Non. Je n'ai pas eu le temps d'y penser.
- Je dois le savoir avant la semaine prochaine ! Le contrat le précise !
- Tu le sauras.
- C'est cette fille qui t'empêche de bosser comme il se doit ? demande-t-il en me fixant avec suspicion. Fais-lui ce qu'elle a envie. Comme les autres, si cela te fait plaisir mais vite pour que tu te remettes au boulot.
Ma chaise racle brusquement le sol quand je me lève furieuse et choquée.
- Je ne sais pas qui vous êtes Scoot. Sûrement un de ses agents qui se croient tout permis et qui veulent contrôler la vie de leur "stars" pour rester au top. Mais écoutez moi bien, vous n'êtes qu'une pauvre petite chose qui a peur de perdre son filon d'or. En outre, rien ne vous permet de me traiter de la sorte. En gros, l'ouvrir est déconseillé. Vous feriez mieux d'apprendre à connaitre vos poules aux œufs d'or pour mieux les conseiller au lieu de lancer des conneries à tout bout de champ. Abruti !
C'est bon, j'ai fait la matinée du restaurant. Je repousse la chaise et m'éloigne d'un pas sec. Par instinct, je suis les indications menant aux toilettes et je finis enfermer dans une cabine haut de gamme. On peut même se demander si ce sont vraiment des toilettes et pas un salon.
Je prends une grande inspiration et tente de me calmer à l'aide de quelques exercices de respiration. Je retire ma casquette et passe une main dans mes cheveux. Mais qu'est-ce que je fais là ? Et avec lui ?
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