26.


- Je ne suis pas dupe. C'est mon métier. Et Andrew est presque aussi mauvais menteur que toi.

- Alors crois que je suis absente. J'ai envie de l'être un long moment, je dis en repoussant ma porte. Pour ainsi dire, toujours.

Il la retient facilement.

- Tu veux que je mente à mon employeur ?

- Et bien... Oui.

- Je ne te pensais pas comme ça.

- Moi non plus, je réplique en haussant les épaules avec une certaine honte.

- Moi non plus, répète une autre voix.

Et le voilà. Je soupire avec lassitude. Et pousse ma porte avec un peu plus de force.

- Je ne veux plus avoir à faire à vous.

- Alors tu abandonnes ?

- Je n'abandonne jamais.

- C'est ce que tu fais là. Je gagne donc le pari.

- Pourquoi tu es venu cette fois-ci ? Pour encore me planter en plein milieu de la nuit comme le gosse pourri gâté que tu es ? Ou juste pour me prendre pour une moins que rien ?

Il sourit mais de mécontentement.

- Tu dois passer une journée avec moi, je te rappelle.

- Je n'ai pas le temps aujourd'hui.

- Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre de tes nombreux compères en bas, mais ça ne marche pas avec moi.

- Et bien alors, sache que je n'en ai pas envie. Je suis épuisée.

- Par ta propre faute. J'ai décidé que c'était aujourd'hui. Si tu ne viens pas, tu perds ta seule chance et donc le pari.

Mon regard devient meurtrier. Non mais quel conn*** !

Je leur claque la porte au nez et respire un grand coup. Bon, il est tant que je m'habille. Il n'y a aucun moyen que j'échoue.

J'enfile un maillot, ne trouvant pas mes sous-vêtements dans le fouillis puis passe un short en jean troué et un débardeur où est écrit « Je vais te botter les fesses » en anglais (« I'm gonna kick your ass »). J'enfile mes lunettes de soleil et écrase ma casquette rouge de Los Angeles sur ma tête. J'attrape mon sac et rouvre la porte.

Ils sont tous là. Des poignées de mains se font. Avec de l'argent au milieu

- Pathétique de parier sur ma venue les gars, je dis en les poussant et en descendant les escaliers.

Quand Andrew me voit, il laisse ses clients en plan et court vers moi, le regard désolé.

- Harper !

- Ne t'inquiète pas, tu as fait face à des professionnels. On se voit ce soir.

Je l'embrasse sur la joue pour le rassurer et continue ma route. Je m'engouffre dans la voiture et pose ma tête contre la vitre froide. Cela calme quelque peu les tambourinements qui se battent dans mon crâne.

Quand les portes claquent, je sursaute et me bouche les oreilles en geignant. Fichus alcools. Ils ne peuvent pas être comme les autres boissons ? Sans effet secondaire ?

- On s'arrête au Starbuck, je dis.

- Ce n'est pas prévu.

- Je m'en fou. On s'y arrête. Point.

- Pourquoi ? dit-il les dents serrées.

- J'ai besoin d'un remontant.

Bob s'arrête devant le premier qu'il voit et je me précipite dehors suivi de Mike. Heureusement, c'est mon habituel.

Quand j'entre dans le café, je serre les dents pour ne pas m'enfuir face aux vacarmes.

- Harper !

Je fais coucou de la main au serveur qui vient de m'appeler.

- Salut Jo.

- Je suppose que tu as besoin de ce que je sais faire ?

- Oh oui. Un grand s'il te plait. Il faut que je tienne la journée avec une personne que je n'encadre pas.

- N'y va pas, me dit-il tandis qu'il me prépare ma boisson en ne faisant pas attention aux protestations des clients de la file d'attente.

- Pas le choix. Pari.

- Ah mince. Tu es vraiment têtue, tu le sais ?

- Oui.

- Et c'est qui lui ? me demande-t-il en pointant de la tête Mike qui se trouve à mes côtés.

- Mon garde du corps personnel.

- Sérieusement ?

- Et un ami, je l'espère, dis-je en soupirant et en acceptant avec gratitude la boisson qu'il me tend. Garde la monnaie, Jo.

- A plus Harper.

- Merci encore !

- Ce sera toujours le cas pour toi, ma belle.

- On se voit bientôt.

- Comme toujours !

Je prends une paille et une serviette avant de boire une gorgée. Je me sens presque immédiatement mieux. Mike me fixe.

- Quoi ? Tu voulais quelque chose ? Je peux encore demander, si tu veux. Je te l'offre.

- Non, merci. C'est juste que...

- T'inquiète. Je ne t'en veux pas si c'est ce qui te rend tout mou comme ça.

Je lui souris.

- Et je vais gagner. Pour vous.

- Tu es vraiment spéciale Harper. Merci.

- Oh pas de quoi ! dis-je en secouant négligemment la main. Ça me fait plaisir de faire plaisir et de le faire chier par la même occasion.

Il sourit enfin.

- Allons-y.

- Harper ! crie-t-on avant que je ne quitte le lieu.

Jo. Il arrive avec une poche et me la tend.

- Courage.

Je ris et lui fait une accolade.

- Pas de soucis, je vais gérer ça.

- Je n'en doute pas. Je disais courage à ton adversaire.

- Pas besoin. Il aura ce qu'il mérite.

Mike me suit à l'extérieur et on remonte dans la voiture.

- Qu'est-ce qui vous a pris tant de temps ? demande Justin avec impatience.

- Se moquer de toi, je réplique.

- Très drôle.

- Tu vois ? Même toi, tu en ris, je déclare.

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