13.
Je déambule dans le couloir sans vraiment trop savoir où se situe le bureau. C'est quand j'entends une conversation que je m'arrête devant la porte. C'est eux. Je prend une grande inspiration et lève la main prête à toquer. Mais je m'arrête à quelques centimètres en entendant mon prénom.
- Je te promets que c'est une fille plus que respectable ! Elle a le cœur sur la main pour n'importe qui en cas de besoin et...
- C'est elle qui a besoin d'aide, tranche son oncle. L'as-tu bien regardé ?
- Darling, cette petite est vraisemblablement... spéciale... mais elle n'est pas méchante. Et c'est l'amie de notre petite Juju, roucoule sa tante.
- Je ne te demande pas ton avis. De toute manière, je sais très bien que tu passes tes journées à faire du shopping et à aller au spa. Julie, tes fréquentations me déçoivent. Peter a atténué les défauts et les mauvaises manières de cette fille.
Je voie flou. Comment une personne peut-elle se permettre de dire de telles paroles sans base réelle ?
- Tu as engagé Peter pour nous espionner ? Darling... Ne me fais-tu pas confiance ?
- Harper est très bien élevée et tout le monde l'apprécie ici ! Tu n'as pas le droit de dire ça d'elle, réplique Julie qui semble aux bords des larmes.
- C'est ce que je dis. Elle fait trop parler de nous. Elle se croit chez elle parmi nous et elle se permet de sympathiser avec notre personnel ! Alors que son style ne convient pas au rang de notre caste. Nos voisins sont choqués et s'inquiètent. J'ai eu de nombreux commentaires sur ce sujet.
- Et alors ? Le fait d'être une personne sympa et ne pas s'habiller comme tout le monde la relègue à un niveau inférieur ??
- C'est vrai qu'elle a peu de goût. Même avec les cadeaux que je lui ai offerts, dit sa tante comme une remarque anodine.
- Elle n'est pas de ce milieu. Cela est visible à des kilomètres. Elle doit sûrement vivre dans un de ces trous à rat que sont les cités de ton pays. Et vu son poids, elle ne doit pas beaucoup manger de la salade. Comment supporte-t-elle de se montrer devant des gens ? N'a-t-elle pas honte d'elle-même parfois ? Elle ne correspond à rien de normal !
Pardon ? Je recule et bouscule un bureau où sont posées des fleurs. Je les retiens de tomber par réflexe.
- Tu n'as pas le droit de dire ça ! hurle Julie, cette fois en pleurs.
- Je suis ta famille Julie. J'ai ce droit. Tu me déçois énormément.
Julie pleure de plus belle mais ne répond plus.
- Darling, tu n'es là que pour deux jours, laisse notre petite Julie avec son amie. Quand tu reviendras, elles ne seront plus là.
- Ne me donne pas des ordres. Je fais comme bon il me semble. Que je sache, tout ce que tu as est ma propriété en premier lieu, non ?
- Darling !
- Oncle Georges, je t'en supplie...
- Que je la vois le moins possible et qu'elle apprenne à vivre en société ! Nous ne sommes plus à la Préhistoire.
- Promis, dit Julie d'une petite voix enfantine.
Je crois que je rêve. Je ne peux pas réellement avoir entendu ça ? C'est une blague que l'on me fait ? Mais quand, je vois Parish à deux mètres de moi un plateau dans les mains, je sais que je n'ai pas rêvé. Son regard de pitié posé sur moi me fait comprendre que l'oncle de Julie pense réellement que je fais tâche dans leur décor. Il s'approche de moi, me sers amicalement le bras d'une main et murmure tout bas pour que je sois la seule à entendre :
- Ne croyez pas un mot de cela, Harper. Vous êtes une des personnes les plus merveilleuses que j'ai pu rencontrer dans ma vie. Monsieur est très dur et peut sembler convainquant mais sur ce point, je peux dire qu'il a tort.
Il me relâche et frappe deux fois avant d'entrer. Tandis que moi, je disparais dans le couloir en courant. Ce n'est que sur le sable maintenant froid que je m'arrête. Je regarde l'océan et fixe l'horizon. Je ne pleure pas. Pas question. Je me demande juste ce que je dois faire. Dois-je rester dans cette maison où je ne suis pas la bienvenue ?
C'est l'oiseau qui chante à tue-tête depuis que nous sommes arrivées bien que l'on ai tout fait pour le faire taire, qui me donne ma réponse. Je sais ce que je vais faire.
Une demi-heure après, je suis toujours là. A la même place. Mais je ne m'empêche plus de pleurer. Je réfléchis intensément, un léger et tout petit sourire aux lèvres.
Des bras fins et doux m'enlacent par derrière. Je repose ma tête sur l'épaule de Julie. Elle prend une grande inspiration mais je la coupe.
- Je sais, Julie. J'ai tout entendu.
- Je suis...
- Ne t'inquiète pas, ça va maintenant. Je sais ce que je dois faire.
J'enlace ces bras de mes mains et on regarde l'océan ensemble, au calme et en paix et c'est tout ce qui compte pour le moment.
Pour la suite, je suis désolée Julie. Tu m'en voudras sûrement quand tu auras compris.
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