Je me retourne pour découvrir qui est l'inconnu venant de me faire réaliser cette prouesse mais ne voit personne. Je suis pourtant sûre de ne pas être folle.

- Par ici, me dit-on en Anglais.

Je me tourne vers le son de la voix et découvre petit à petit un visage dans le noir ambiant que procure la végétation. J'hésite avant de me diriger vers lui. Je m'assois à ses côtés sur le banc et le fixe.

- Merci.

- De quoi ? demande-t-il en souriant.

- D'avoir gâché mon cocktail !

- Tu es responsable. C'est toi qui l'avais en main si je ne me trompe pas.

- Rien de tout ça ne se serait passer si tu n'étais pas apparu (okay, je suis de mauvaise foi).

- Tu es apparu. Pas moi. Je t'ai observé attaqué ces pauvres plantes.

- Tu vas faire quoi ? Me kidnapper et demander une rançon ? Car si c'est ton idée, je te préviens tout de suite que tu risques d'obtenir quelques euros. Et encore, si tu as de la chance !

- Je ne pensais pas à ça, non. Tu es différente des autres filles bien que tu sois habillée pareil, non ?

- Écoute, je n'ai pas eu le choix pour ces habits. Je voulais venir en short et basket.

- Très bon choix ! Dommage que tu n'as pas pu le faire. Peut-être que j'aurais fait de même et pour une fois, je me serais senti à l'aise au lieu d'être coincé dans ce costume.

- Costume de guignol qui semble quand même valoir un bon paquet, non ?

- Ahahah. Tu es bien honnête, toi.

- On me le dit souvent.

- Mais si je te regarde, tu ne sembles pas non plus porter quelque chose qui ne coute pas quelques billets.

Je regarde ma tenue et je sais qu'il a raison.

- Je n'ai pas eu le choix, je te l'ai dis. Je ne suis pas comme ça d'habitude.

- Et tu es comment "d'habitude" ?

- Différente.

- J'aimerais bien rencontrer cette version.

- Je risque de faire toutes les soirées de ce Matthew machin-chose, alors peut-être qu'on se verra. Si tu as de la chance. Ce crétin ne cesse d'en faire et je dois suivre Julie partout où Monsieur a décidé d'aller.

- Cela va arriver souvent alors car "Ce" Matthew, c'est mon frère.

Et merde. Je suis vraiment au top de ma forme ce soir niveau bêtise.

- T'inquiète pas, je ne lui dirais pas.

- Je ne suis pas inquiète pour ça. En fait, je m'en fiche. Le truc, c'est que Julie ne doit pas être au courant de ça.

- Ca quoi ?

- Ce que j'ai dit. Mes critiques.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

Je le regarde enfin et découvre son regard. Des yeux vert émeraude. Joli mais flippant en même temps. Je lui souris finalement, reconnaissante.

- Bon, je vais malheureusement devoir te quitter car les invités m'attendent bien que je ne les attende pas. J'aurais préféré continuer à parler avec toi mais...

- Ne t'inquiète pas, je vais rester ici au calme avec...

Je regarde mes mains vides.

- Moi-même et ces charmantes plantes et fleurs.

- Elles sont sympas celles là, tu risques de te lier d'amitié avec. Surtout l'arbuste là-bas, ne l'attaques pas, il est virulent le soir !

- Merci de l'info.

- A plus tard, j'espère...

Il attend mon prénom et je le laisse attendre un moment. Qui a dit que je n'étais pas chiante ?

- Harper.

- Enchanté Harper. Je suis Adriano.

- Qui a choisi ton prénom ? C'était un pari perdu ou un jeu de hasard ?

- Tu le sauras la prochaine fois. Peut-être.

Et il me plante là. Décidément, c'est la soirée où je me fais planter toutes les deux minutes !

Au moins, Julie sera "follement" (c'est peu dire) heureuse que j'ai parlé à un garçon et encore plus, quand elle saura que c'est le frère de Matthew. Je pense qu'elle va s'imaginer un délire où on finit toutes les deux en couple avec les deux frères et on vit heureuse jusqu'à la fin des temps.

Problème, je n'ai pas eu de coup de foudre. Bon, il est pas mal avec ces boucles brunes désordonnées, ces yeux verts et son visage comme taillé dans la pierre mais je n'ai rien ressenti. Elle trouvera un moyen de me faire croire que c'est le cas, qu'il faut le temps et tout et tout.

Par contre, je vais devenir ami avec lui. Je le veux. Il est trop bien pour le laisser partir. Pourquoi ? Il ne s'est aucunement vexé de mes piques et de mon sarcasme. Et je crois bien qu'il est comme moi dans un sens. A voir...