10.
Cela fait à peine 30 minutes que nous sommes arrivées et j'en ai déjà marre. Julie a disparu en quelques secondes et je me suis retrouvée malmenée dans tous les sens dans cette villa immense. Enfin gigantesque. Juste 6 salles de bain, 10 toilettes, 8 chambres et je ne sais plus combien d'autres pièces. Ils doivent héberger toutes les générations d'une famille ici !
Je me décide à me bouger de mon fauteuil bien trop confortable à mon goût et fait attention à ne pas renverser mon cocktail sur quelqu'un. Vu le genre de personne, ça serait LA catastrophe du siècle. Parfois, quand je les entends parler, je me demande sincèrement si ce n'est pas des extraterrestres. Si on vient vraiment de la même planète. Sérieusement ! Pour les filles, ça se résume à parler de la dernière collection de Tic et Tac et pour les mecs, ... Il n'y a pas de mot. Ah si ! Crétin. C'est tout à fait le genre de gars qu'on voit dans les films américains mais là, je le vois en direct. Et je me montre mes muscles, je fais le beau, je bois de la bière, je parle fort et je drague lourdement.
Du coup, j'ai ma tactique. M'éloigner aussi vite que possible dès que je vois un garçon un peu trop bourré s'approcher de ma zone vitale (qui est d'une quinzaine de mètre, car on est jamais trop prudent !). Au final, je me retrouve sur une terrasse verdoyante avec vue sur l'océan. Le calme est presque irréel quand on vient de passer une heure dans un brouhaha immense.
Je soupire et m'appuie sur la balustrade en sirotant mon cocktail. Je crois bien que ma soirée va se passer entre moi et ses plantes. J'espère qu'elles sont pas trop difficiles question popularité... Je souris et tripote les feuilles d'un arbuste. Le pire, c'est que je dois attendre Julie. Elle a jeté son dévolue sur Matthew et ne le lâche plus. J'ai essayé de comprendre mais même après notre discussion dans la voiture, je ne vois pas ce qui lui passe par la tête.
«
- On est vraiment obliger de sortir ce soir ? On fait ça depuis le début de la semaine !
- Harper ! Il faut voir plus loin. Notre futur se joue maintenant. On ne peut pas le laisser passer. Et Matthew est parfait. Il est beau, drôle, intelligent et riche. Je crois que je tombe amoureuse. Ça m'est tombé dessus comme ça !
Je n'étais pas sûre pour le "intelligent" mais je n'ai rien dit.
- Notre futur ? Tu es sérieuse ? On a la vie devant nous Ju' ! Tu me parles depuis toujours du prince charmant et tu me dis l'avoir trouvé en ce Matt quelque chose ?
Elle m'a lancé un regard glacial.
- Tu ne peux pas comprendre. Tu es trop restreinte dans tes idées. Tu cloisonnes ton esprit et ne te permet pas de voir à plus de 90 degrés.
- Peut-être bien mais tu es certaine que c'est lui ?
- Il a tous les critères. Tu comprendras quand tu le trouveras.
Je fixais l'extérieur un peu étonnée. Les critères ? Quels critères ? Julie était méconnaissable.
- Je l'ai trouvé, je te rappelle.
- Arrête avec ce lit, Harper ! Tu n'est plus une gamine ! Grandis un peu !
Je haussais les épaules comme indifférente alors qu'ébranlée intérieurement. Elle n'avait pas suivi mon mouvement de réconciliation post-"micro dispute".
Puis on était arrivée dans cette cour immense où il y a même un rond point pour les voitures (toujours plus). Avec la demeure éclairée de tous les côtés resplendissant à l'arrière.
- Nan mais regarde moi cette maison !
- Oui...
- Il faut que je trouve Matthew!
Et elle m'avait planté là. Vino, le chauffeur, m'avait regardé dans le rétroviseur comme désolé pour moi. Je lui ai souris.
- Tout va bien et merci encore.
J'étais descendue à mon tour du véhicule et j'avais rejoint la maison à reculons ».
Je fixe mon verre en me remémorant les paroles de Julie. Peut-être que je ne m'ouvre réellement pas assez aux gens. Que je me cantonne à mon quotidien et mes petites habitudes. Pour autant, le truc du mariage... Je n'en reviens pas qu'elle ait pu penser à cela ! Et Matthew est tellement stupide. Qui croit sérieusement que la Lune est le satellite qui nous permet de télécommuniquer entre nous via SMS ou internet, à part lui et ses sbires lobotomisés ? Quand j'ai entendu ça un soir, j'ai cru m'étouffer avec mon petit four quand j'ai compris qu'il était sérieux.
- Hm Hm... ?
Je sors de mes pensées en sursautant et lâche mon verre. J'entends le bruit du verre brisé quelques secondes plus tard quand il atteint le sol un peu plus bas.
- Merde !
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