1.

Enfin ! Ma journée est terminée ! Je m'essuie le front du dos de la main tout en poussant un soupir. Les clients sont partis depuis un moment, mais je nettoyais la salle pour préparer les tables de demain. Maintenant, je peux quitter ce restaurant où je travaille depuis déjà deux ans.

En fermant la porte derrière moi, je respire à grande goulée l'air frais de la nuit. Il fait légèrement froid mais cela ne me dérange pas. Bien au contraire, suante et épuisée, cela me réveille.

Ma montre indique 23h30 passé. Comme d'habitude, j'ai pris mon temps. Vu que le gérant est un adorable petit cuisinier mais âgé, je l'aide du mieux que je peux et prépare tout à l'avance tous les soirs où je travaille. Ce qui laisse sous entendre que je vais peu dormir. Cela ne me pose pas de problème car cela me permet d'avancer vers mon but.

Je retire mon tablier sur la route, le fourre dans mon sac et rentre chez moi d'un bon pas tout en profitant du calme ambiant et de l'air sur mon visage.

En arrivant, je tourne la clé sans bruit et me faufile à pas de loup dans notre petit appartement. Je retire mes chaussures avec soulagement et rejoins ma chambre.

Je laisse tomber mes affaires sur mon lit et m'assoit sur ma chaise de bureau avec un bâillement. Je retire les pourboires de mes poches et les place précieusement dans la boîte qui leurs ait destinés. Je souris en voyant que je touche presque mon rêve. Je la referme et caresse du bout des doigts l'image qui est dessinée dessus : Los Angeles.

Je finis par la ranger pour me mettre au travail. Pas le droit de lésiner sur mes études. Concentrée, je ne me rends compte de l'heure que lorsque je relève les yeux. Bon, là je dois vraiment arrêter si je veux au moins tenir debout demain matin. Enfin, ce matin. J'éteins ma lampe de bureau et me laisse tomber sur mon lit sans même me changer.

Ce n'est pas mon réveil qui me secoue comme ça, j'en suis sûre. En ouvrant finalement les yeux, je découvre ma mère en train de me parler. Je hoche la tête sans rien assimiler, trop fatiguée pour cela, et je me lève pour me glisser sous l'eau froide de la douche.

C'est bon, je suis de retour. Je sais maintenant que je dois me dépêcher car ma mère ne vient que quand je suis en retard. C'est-à-dire tous les jours.

Après la douche la plus rapide du monde, je cours jusqu'à ma chambre enroulée dans ma serviette. J'enfile un jean troué et un débardeur jaune. Un coup de peigne dans les cheveux, du déodorant et un brossage de dents express, je suis prête à partir mon sac sur le dos plein à craquer.

- Harper !!

Oups ! J'ai oublié ma mère.

- Tu as encore oublié de te lever ! Je ne suis pas un réveil ambulant, tu sais ?

- Je sais maman, je vais faire plus attention.

- Tu me dis ça tous les jours, marmonne-t-elle. Tu as déjeuné ?

- Pas le temps, je réponds en courant vers la porte.

Trop tard, elle bloque le passage avec une pomme dans une main et une barre de céréales dans l'autre. Elle est rapide quand elle le veut. Je lui arrache des mains, l'embrasse sur la joue.

- Merci ! Je t'aime ! dis-je en partant en courant dans le couloir de l'immeuble.

- Mouais, je ne sais pas hein.

Je souris tout en continuant à courir. C'est comme chaque matin. C'est notre rituel.

Maintenant, il ne me reste plus qu'à me dépêcher pour ne pas arriver en retard en cours comme la plupart du temps. Finalement, je franchis la porte juste avant qu'elle ne se referme. Je souris fière de moi et vais m'asseoir à côtés de mes amis.

- Vous avez de quoi êtes fière, c'est sûr ! Première fois de la semaine où vous n'êtes pas en retard Mademoiselle Lacrimaé, lance mon professeur en me fixant du regard.

Tout le monde me regarde et ricane. J'ai également l'habitude de cela.

- Merci Monsieur ! C'est juste que j'ai eu une sorte de révélation ce matin. Je me suis dit « Pourquoi ne pas arriver à l'heure aujourd'hui ? ». Et donc me voilà !

L'amphithéâtre rit à part moi. Le professeur semble hésiter mais finit par sourire.

- Les miracles existent donc ! s'exclame-t-il.

Il commence son cours quand le calme revient. Je prends note bien que mon esprit cherche à fuir vers le sommeil. Ce n'est pas une partie de plaisir mais j'y arrive. Je grignote ma barre de céréales et ma pomme toute la matinée.

Quand c'est terminé, je pousse un soupir monumental en m'étirant les bras en arrière.

- Sérieusement, comment tu fais ? me demande Anna.

Je la regarde, un sourcil haussé.

- De quoi ?

- Mais tout ça ! dit-elle en englobant comme un tout énorme. Tu bosses comme une folle dans ce restaurant depuis deux ans, tu suis tes cours, tu dors peut-être 4 heures par nuit et...

- Plutôt 3h30.

- Me coupe pas la parole ! Et tu réponds à tout le monde sans prendre aucune pincette et pourtant tu t'en tires toujours à merveille. Faut que tu m'expliques.

- Que tu NOUS expliques, répliquent mes autres amis.

- C'est un secret. Peut-être qu'un jour... Sait-on jamais !

Je jette mon sac sur mon épaule et monte les escaliers en rigolant tandis qu'ils me supplient de leur répondre. Sincèrement, il n'y a pas de secret. C'est juste de la volonté pour vivre comme je le fais. Quand à mon « comportement », je ne sais pas pourquoi ça passe aussi bien. Peut-être que le sarcasme est quelque chose qui plait inconsciemment.

Lors du déjeuner, nous nous installons à une table au soleil. Plus que deux jours, et c'est enfin les vacances et LE départ. Je lève les yeux au ciel et m'imagine à l'autre bout du monde.

- Harper ? Encore dans les nuages ? demande Pierre en me donnant une pichenette sur le bras.

- Malheureusement, je n'arrive toujours pas à les atteindre.

- Ah ah. Quelle rigolote tu fais.

- Mais c'est pour bientôt ! s'exclame Julie les yeux brillants d'excitation.

Oui, c'est pour bientôt. Pour la première fois de ma vie, je vais quitter mon pays et prendre l'avion. Je pars pour Los Angeles avec Julie dans sa famille.

- Arrêtez d'essayer de nous rendre jaloux ! déclare Anna en tirant la langue.

- Vous pouvez venir, je vous l'ai dit !

- On le sait Julie mais on a aussi nos plans, dit Romain en lui faisant un clin d'œil.

En effet, ils partent tous les trois pour la Chine. Je suis heureuse pour eux. Même si cela n'est pas payé de leurs propres poches mais cela n'y change rien. J'aime mes amis et je n'échangerais la vie avec ma mère, ni mon travail, ni ma motivation pour rien au monde. J'aime ma vie comme elle est, malgré les difficultés.

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