Le visage du jeune seigneur s'effaça devant elle, chassé par le chant d'un oiseau. Ses yeux encore lourds de sommeil s'entrouvrirent pour être éblouis par le soleil de cette belle matinée d'été.

Elle porta la main à ses lèvres, il lui semblait que le goût de ce baiser imaginaire persistait après son réveil. Avec un sourire béat, elle s'étira paresseusement sur sa couche, en soupirant d'aisance. Elle n'aurait su dire pourquoi, mais ce rêve qui d'ordinaire l'aurait plongée dans un profond désespoir, l'avait emplie d'allégresse.

Elle s'habilla pour rejoindre le patio afin de prendre son petit-déjeuner lorsque sa servante accourut jusqu'à elle. Échevelée et à bout de souffle, elle lui tendit une lettre.

- Maîtresse ! Des nouvelles du front ! Nous avons gagné la guerre !

Peinant à croire ce qu'elle venait d'entendre, elle la dévisagea pendant quelques instants avec incrédulité avant de se décider à saisir la lettre d'un geste fébrile. Elle se vit obligée de la relire plusieurs fois pour réaliser pleinement ce que cela signifiait. À mesure qu'elle parcourait à nouveau la missive, un sourire candide illumina son visage. Sa joie était telle qu'elle enlaça la porteuse de la nouvelle comme si elle avait elle-même remporté la victoire.

Devant le regard stupéfait que lui adressait sa domestique, elle tenta de reprendre contenance, mais c'est avec une joie à peine contenue qu'elle demanda :

- Faites venir mon scribe, je vous prie.