🐺7🐺
— Mais puisque je te dis que, après le quatrième cours d'eau, c'est à droite !
— Je suis persuadé, tête de pioche, que c'est à gauche vers la crête !
Je me détourne avec un cri de rage. C'est pas possible ! J'en suis sûre ! C'est à droite ! Ma patte droite frappe la terre avec force.
— Les gars, c'est pas le...
— Jaïna, ferme-la ! s'écrie Kelian.
— Alors là ! hurle sa sœur. Ça ne se passera pas comme ça, Kelian ! Ce n'est pas le moment de se disputer ! On doit avancer, on n'est pas arrivés et si on continue de tergiverser ainsi, on va se faire repérer !
— Et par où on va, alors ?! réplique son frère. Miss Je-sais-tout là-bas dit à droite, je dis à gauche !
— NE M'APPELLE PAS MISS JE-SAIS-TOUT, ABRUTI ! hurlé-je à mon tour.
Je fais volte-face avec une fureur que j'ai de la peine à contrôler, mes griffes tracent de profonds sillons dans le sol meuble. Mes yeux bleu glace foudroient l'Alpha. J'ai raison, alors pourquoi attendre ?!
— Taisez-vous ! intervient Nora.
Elle intercale sa silhouette aux poils fauve entre le frère et la sœur. Le museau légèrement froncé, les yeux verts étincelants, elle les repousse avec des coups de pattes fermes. Kelian gronde, vexé, et Jaïna détourne le regard avec frustration. Ses oreilles se sont couchées sur son crâne, signe évident de son énervement.
Une fois qu'ils sont éloignés les uns des autres, Nora bombe son poitrail et déclame :
— On va tout droit. La crête que l'on doit atteindre est par là.
Elle se lève aussitôt et se met à trottiner, traversant le ruisseau avec quelques éclaboussures étincelantes, tandis que nous nous regardons, un peu perdus. Ma colère est retombée comme un soufflé.
— Bon, lâché-je avant de la suivre.
Si Nora est si sûre d'elle, après tout...
Je traverse le cours d'eau lestement et rejoins la louve fauve. J'entends Jaïna m'emboîter la foulée, mais par contre, Kelian n'a pas bougé d'un poil. Je manque de soupirer devant son entêtement. Si même moi j'ai reconnu qu'il fallait écouter Nora, c'est que rien n'est impossible !
Toutes les trois, nous le regardons, de l'autre côté de la rive. Ses yeux gris dévoilent sans peine la rage qui l'habite. Il hait avoir tort. Sur ce point, je le comprends tout à fait, mais je suis trop impatiente de rencontrer le Loup Supérieur dans les Montagnes pour m'entêter plus que ce qui est raisonnable.
— T'avais raison, on doit atteindre une crête, aboyé-je. Bon, tu viens ?
Je n'arrive pas à croire qu'on joue les pacifistes... soupire Morrigan.
Moi non plus, mais il faut bien qu'on avance.
Kelian fronce le museau. Il sait bien que non, il n'avait pas vraiment raison, mais décide sûrement de passer l'éponge et de nous rejoindre. En deux bonds, il est à nos côtés et nous reprenons la route, silencieux.
***
La nuit est tombée. L'obscurité nous enveloppe dans son manteau noir piqueté d'étoiles scintillantes. La lune est haute, et presque pleine. Les arbres se confondent avec le ciel, leur écorce paraît d'un noir d'encre et les feuilles oscillent doucement, reflétant de temps à autre la lueur de l'astre nocturne qui les fait ressembler à des étoiles éphémères.
Ma tête est posée sur mes pattes croisées et je mordille à contrecœur un bout de viande séchée beaucoup trop salée à mon goût. C'est du bœuf, mais il est si sec que j'aurais pu le prendre pour du porc aussi vieux que le chêne à ma droite. Autant dire que je ne profite pas beaucoup de ce repas.
Nora et Jaïna sont appuyées l'un contre l'autre, dos à dos, et mâchonnent de concert. Quant à Kelian, silhouette encore plus sombre que les arbres, il s'est exilé à trois mètres et semble méditer devant son bout de viande à peine entamé.
Il fait si calme que mes paupières menacent de se fermer. La nuit n'est pas fraîche sous mon épais manteau de fourrure gris perle et je me sens bien, au milieu de la forêt. Nous sommes un peu plus bas que le sommet de la crête que nous visions, dans un creux boisé discret. Le vent souffle à peine entre les troncs.
La première veille sera pour Kelian, le moins fatigué d'entre nous. Ensuite, je prendrai le relais, et enfin les deux filles veilleront ensemble jusqu'à l'aube. Nous nous remettrons en route à ce moment-là. D'après nos estimations, nous ne devons plus être très loin de la Vallée de la Lune.
Bientôt, je rencontrerai ce Loup Supérieur...
Mes paupières se ferment sur cette pensée.
***
— Aïe !
Je ralentis et jette un regard en arrière. Nora boitille vers nous avec le museau froncé de douleur. Sa patte avant droite est levée alors que l'odeur du sang me pique les narines.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? interroge Kelian.
Elle s'arrête sur trois pattes et répond.
— J'ai dû marcher sur une pierre coupante. Mon coussinet saigne.
Je m'approche doucement et le renifle. Le sang occulte presque toutes les autres odeurs, mais je parviens à sentir de la terre et je vois quelques gravillons.
— Il faudrait que l'on trouve un cours d'eau pour que tu rinces ta patte, dis-je.
— J'en entends un par là, fait Jaïna, une oreille dressée vers la vallée qui s'étend en contrebas. Enfin, il me semble.
— Si on fait un détour, on risque de nous perdre... On a déjà quitté les terres connues, fait remarquer Kelian.
— On repère le chemin, et on le fera en sens inverse après que Nora ait lavé sa patte, décidé-je. Jaïna, tu nous montres le chemin ?
Elle hoche la tête et part en trottinant. Nora lui emboîte le pas en courant sur trois pattes, je la suis avec inquiétude et Kelian ferme la marche. Nous n'allons vraiment pas vite et mes oreilles guettent le moindre bruit suspect. Je sens que cette vallée est trop silencieuse. Ce n'est qu'une impression, mais je crains qu'elle ne se révèle fondée. De toute évidence, Kelian est du même avis, car ses foulées se font soudain silencieuses à mesure que nous descendons. Jaïna garde ses oreilles dressées dans la même direction, droit devant nous, et bientôt nous arrivons à destination.
Il s'agit d'une rivière plutôt abondante qui rebondit sur des rochers mousseux. Les rives sont parsemées de roseaux et d'herbes hautes. Plus en amont, j'entends une cascade, mais comme un méandre m'empêche de la voir, je m'en désintéresse.
— On repart dans quelques minutes, nous assure Nora avant de faire quelques pas dans l'eau fraîche.
Elle commence à rincer sa blessure et nous restons sur la rive, vigilants. Aucun oiseau ne pépie dans les arbres, aucun galop de cerf ne parvient à mes oreilles, rien. C'est décidément très étrange.
— C'est moi ou... commence Jaïna.
— Non.
Kelian et moi avons répondu de concert, tendus. Je fixe l'orée des fourrés, les muscles contractés. Il y a quelque chose.
Mon sac à dos me gêne et je le bouge légèrement pour mieux dégager mes épaules. Kelian fait un pas.
— Non, chuchoté-je. Il y a quelque chose.
— Je sais. Il faut aller voir.
Je secoue la tête mais trop tard. Le loup noir s'avance vers la forêt à pas de loup. Résignée, je le suis, tandis que Nora revient vers nous, la patte levée, et que Jaïna ferme la marche.
Le silence qui pèse dans cette vallée provoque des fourmillements sous ma peau. Je sens qu'on nous observe. Serait-ce le Loup Supérieur ?
Non. C'est malveillant, ce regard. Il ou elle scrute le moindre de nos mouvements. Fais attention.
Un brindille craque. Une course nous parvient depuis la forêt et Kelian s'élance. D'un bond puissant, je le suis. Nous louvoyons agilement entre les troncs, furtifs, l'oreille dressée vers notre ennemi qui fuit. Une fourrure brune semble voler au-dessus du sol, rapide, et je ne la perds pas de vue. Je pousse sur mes pattes si fort que la terre est labourée sous mes griffes pour prendre plus d'élan.
Derrière, j'entends Jaïna et Nora qui galopent le plus vite qu'elles peuvent. Jusqu'ici, elles peuvent nous suivre, mais j'ai l'impression que les deux plus lentes du groupe seront distancées si la poursuite ne s'achève pas rapidement, surtout que Nora est blessée. Je ne peux pas risquer d'utiliser ma vitesse Supérieure, sinon mon aura pourrait légèrement se déployer. Je serais comme une cible lumineuse.
Finalement, nous débouchons sur une petite clairière, en réalité une rive de la rivière de tout à l'heure. A droite, j'aperçois la cascade, qui projette une fine bruime qui se dépose sur mon pelage. Je m'ébroue en m'arrêtant d'un dérapage.
Kelian s'est immobilisé juste devant moi. Ses yeux sont rivés sur une silhouette lupine d'une douce couleur brune, qui s'est arrêtée juste avant le ruisseau. La louve - car c'en est une, j'en suis certaine - nous lance un regard railleur.
Avant que nous n'ayons pu faire un mouvement, un deuxième canidé bondit depuis les fourrés et se poste derrière moi, m'empêchant de retourner dans la forêt.
C'était un piège... soupire Morrigan. On va devoir se battre. Où sont les filles ?
Je porte un regard inquiet autour de moi, mais aucune trace des deux louves. Nous avons dû les distancer, quelle imbécile !...
— Eh bien, on dirait qu'on avait vu juste. Des loups très intéressants se baladaient dans les environs, chère amie, lance le mâle.
— Heureusement que je suis rapide, ils m'auraient eue depuis longtemps si je devais attendre que tu m'aides, rétorque l'autre en battant l'air de la queue. Bon, où sont les autres ?
— Ils ont repéré deux autres loups plus lents, ils vont nous rejoindre.
Oh non... Jaïna et Nora...
Je me mets à gronder.
— Oh, mais c'est qu'elle est agressive ! rit le mâle à la fourrure fauve. Eh bien ma mignonne, qu'est-ce qu'une aussi belle pièce que toi fait dans cette vallée reculée ?
Je ne réponds rien et m'avance d'un pas, grondante, vexée et énervée par cet abruti qui se croit au-dessus de tout le monde. Il se prend pour qui ?!
— L'énerve pas, et faisons le job, tu veux ? lui lance la louve en faisant un pas souple vers Kelian.
Et elle bondit sur le loup noir qui lui envoie un coup de patte dans la tête. La louve s'écrase au sol et se relève, attentive et sûrement vexée.
Je retiens mon rire et fais face au mâle. Ses yeux détaillent ma silhouette pour tenter de prédire mon attaque et je souris intérieurement.
Une feinte, et voilà : il est le nez au tapis. Cet abruti n'a même pas vu que je faisais mine de sauter pour lui frapper le ventre quand il se serait levé sur ses pattes arrières.
Il se met à grogner furieusement, sûrement surpris par ma technique de combat. Il devait s'attendre à une nulle perdue et pleurnicharde. Dommage pour lui !
Je lui saute dessus et laboure sa fourrure de griffures. Il hurle de douleur et rue, me faisant atterrir à deux mètres sur mes pattes après une pirouette dans les airs. Je ne lui laisse aucun répit et repars à l'assaut.
Mais alors que je lui enfonce le museau dans le sol, j'entends des bruits qui se rapprochent depuis la forêt. Après un puissant coup de patte qui laisse mon adversaire sonné, je me tourne vers les nouveaux arrivants.
Cinq loups déboulent dans la clairière et marquent un arrêt en voyant leurs deux combattants au sol. La femelle a fini par succomber aux coups entraînés de Kelian.
Au milieu de cet attroupement, deux fourrures attirent notre attention.
— Jaïna, Nora ! s'écrie Kelian en faisant un pas dans leur direction, se retrouvant côte à côte avec moi dans le même temps.
— Elles sont immobilisées, raille l'un des nouveaux en désignant les cordes solides qui ferment leurs gueules et qui entravent leurs pattes.
Les deux louves sont portées par trois grand mâles et lorsqu'elles nous voient, elles poussent des gémissements inquiets. Elles nous demandent de nous enfuir. Mais il n'en est pas question.
On ne fuit jamais devant l'ennemi s'il existe une autre solution, appuie Morrigan.
Je grogne sourdement. Mon aura effleure celles des deux combattants qui ne portent pas nos amies. Ce sont des Bêtas impressionnants, mais sans doute gérables. Pas de quoi effrayer deux Alphas, dont une Louve Supérieure.
Kelian amorce un saut et se ramasse.
— Hep là-bas, si vous faites un seul mouvement, vos amies y passent.
— Vous n'oseriez pas, gronde Kelian sans bouger pour autant.
Oh si, il osera. J'en suis sûre.
D'ailleurs, ce dernier s'approche de Jaïna et passe ses crocs le long de sa gorge avec sadisme. La louve enrage mais ne peut pas bouger. Cette vision me révolte, mais c'est sans compter sur le sentiment qui enfle dans le cœur de son frère. Il tremble de fureur contenue.
— Serait-elle ta petite amie ? demande le loup d'un air songeur. Ou alors...
— C'est ma sœur ! hurle Kelian.
Il laboure la terre sous ses pattes. Ses griffes s'enfoncent dans le sol par mouvements furieux. Alors que je sens qu'il va bondir, je m'interpose.
— Ne fais pas ça, j'ai une idée... lui murmuré-je hors de vue de nos adversaires.
Je me tourne alors vers le loup qui semble les mener. Je fais un pas avec les oreilles couchées, comme si j'avais peur de lui. Kelian semble comprendre et se met à vociférer.
— Tu vas te rendre ? Lâche !
Je plaque ma queue entre mes pattes et gémis d'un air terrifié.
— Si je ne le fais pas, ils vont tuer Jaïna et Nora. Je pourrai pas... supporter... qu'elles meurent à cause de moi.
Je me traîne lentement vers les loups avec des mouvements lourds, comme si j'étais fatiguée. Kelian commence à enrager mais ne bouge pas. Je sens qu'il comprend mon idée.
— Arrête-toi, la minette. Un pas de plus et on tue tes amies.
Je cesse aussitôt d'avancer et me mets à trembler. Le loup s'avance et commence à me renifler avec suspicion. Je prends bien garde à faire passer mon aura pour celle d'un Bêta ou d'un Oméga, laissant juste filtrer le minimum.
— Tu parais nulle mais tu as mis Ed au tapis, petite. Tu penses me berner avec tes airs ?
Bon, il l'aura voulu, cet abruti.
Je relève la tête avec un sourire de mauvaise augure, qui laisse mes canines immaculées dépasser de mes babines. Le loup recule.
— Oh, je savais que tu n'allais pas te laisser avoir si facilement. Mais tu as juste assez baissé la garde pour ça...
Et je me propulse vers les trois porteurs. Le choc les fait tomber au sol et libère les deux louves, qui se tortillent aussitôt au sol pour tenter de se libérer. Je me rétablis en un éclair et me retourne pour voir Kelian massacrer le loup arrogant de tout à l'heure avec un sadisme certain. Je souris intérieurement et fais volte-face vers le deuxième combattant, qui justement me fonçait dessus. Un bref croche-patte, une morsure, une frappe dans la tempe, et il est KO. Il n'est décidément pas très résistant.
Les trois porteurs, tous costauds et bien bâtis, se relèvent et me toisent avec animosité. Je lève la tête avec dédain. Qu'ils viennent.
***
Les porteurs sont coriaces. Ils ne me laissent aucun répit, se relaient sans cesse et je commence à faiblir. Kelian s'acharne à tenter de couper les liens des louves, sans succès, ce qui a le don de l'énerver. Je l'entends pousser des grognements de rage par-dessus ceux de mes adversaires.
Pour l'instant, je les gère. Mais je ne vais pas tarder à commettre une faute et à relâcher mon attention, juste assez pour me faire toucher. Il ne faut pas que nous soyons blessés si loin de chez nous, les conséquences pourraient se relever dangereuses. Une infection, et hop, nous sommes paralysés et ne pourrons pas atteindre la Vallée de la Lune.
— J'y arrive pas, c'est impossible de les couper ! finit par hurler Kelian.
Juste à cet instant, parmi le vacarme du combat que je mène, j'entends des bruits de course.
Oh non...
Une, deux, trois, quatre silhouettes. Des renforts ennemis qui se jettent aussitôt sur nous. Kelian et moi sommes submergés. Des griffes me déchirent la fourrure, des dents me percent la peau alors que je mords, que je balance les pattes un peu au hasard. Ils sont trop nombreux, beaucoup trop nombreux...
Je hurle. De douleur, de rage, de fureur, de désespoir. On va se faire emmener par ces loups qui, je le donnerais en mille, sont à la botte de Rorgan.
Kelian se démène comme un beau diable, mais rien à faire... Nous ne pouvons pas lutter contre autant de loups à la fois. La fatigue du voyage pèse dans nos membres.
Finalement, alors que je ne l'espérais plus, je parviens à éliminer un adversaire. Puis, un deuxième. Revigorée, je laisse Morrigan contrôler mon corps, l'esprit embrumé et épuisé.
Ces adversaires sont vraiment nombreux et mes muscles brûlent. Lyka aurait dû m'appeler plus vite, maintenant, c'est presque trop tard. Presque, parce que j'arriverai à vaincre quand même. Après tout, je suis une Louve Supérieure.
Mes crocs saisissent les gorges avec ardeur et précision. Ils tombent les uns après les autres mais quelques uns résistent, esquivent et finalement, seuls quatre loups sont encore debout en face de Kelian et moi.
Nous haletons, chacun de son côté. Kelian ruisselle de sang et ses pattes tremblent. Mon souffle est rauque, je peine à le reprendre et mes blessures semblent passer au fer blanc. Nous sommes peu glorieux mais c'est le même état d'esprit de l'autre côté. Les quatre loups sont blessés et fatigués, mais encore décidés à se battre. Je peux au moins leur accorder ça : une pathétique conviction aveugle dans leur victoire hypothétique.
Soudain, les quatre adversaires font volte-face, saisissent Jaïna et Nora qui étaient encore immobilisées non loin, et s'enfoncent dans la forêt, quittant la rive pleine de sang et de corps.
Trop stupéfaits, nous mettons un temps infini à réagir.
— Jaïna ! s'époumone Kelian en faisant un pas, les yeux écarquillés.
Je m'apprête à bondir vers les troncs à la poursuite de nos ennemis, mais une brusque force me tire en arrière. Je tombe dans l'eau avec un arc d'éclaboussures scintillantes et sanglantes. Kelian heurte la surface de la rivière à mes côtés, gigotant, paniqué. Nos pattes battent les flots de manière désordonnée et je parviens à crever la surface en crachotant. La tête sombre de Kelian apparaît à mes côtés. Je sens mon sac à dos me tirer vers le fond, encore accroché à mes épaules par de fines lanières à moitié déchiquetées, ce qui ne m'aide pas.
Alors que je reprends de grandes goulées d'air et que l'Alpha en fait autant, des crocs me saisissent fermement la peau du cou et me tirent dans l'eau avec insistance. Je me débats mais ce loup n'a pas l'intention de me lâcher. Il a également saisi Kelian à l'aide de ses pattes avant, et nos corps s'entrechoquent dans nos mouvements chaotiques pour nous échapper de l'emprise de fer de ce nouvel ennemi. Rorgan est plein de ressources, décidément. Voilà qu'il nous attire dans un beau piège parce que nous passons dans la même vallée de ses pions, puis qu'ils emmènent Jaïna et Nora on ne sait où, et enfin, qu'un colosse à la fourrure blanche nous entraîne dans les profondeurs de la rivière afin de nous noyer ou de nous tuer lentement dans son repaire secret.
Kelian semble du même avis, mais, épuisé, il finit par se laisser traîner à la surface des flots. Je l'imite. Autant préserver mes forces pour plus tard, lorsque sera venu le moment d'affronter cet ennemi autremement plus puissant. Je laisse alors Lyka revenir aux commandes.
Où nous emmène ce mastodonte, exactement ? Nous nous dirigeons vers la cascade, le vacarme de l'eau qui heurte la rivière en contrebas me perce les tympans. Les remous emmêlent ma fourrure et éloignent le sang de mes plaies. Je commence à avoir froid tandis que l'inconnu continue de nous traîner comme des sacs à patate sans valeur. Ses crocs, énormes, me tailladent la peau et les graviers sur le fond de l'eau, lorsque nous passons dans un endroit peu profond, me griffent et ravivent la douleur des plaies.
Finalement, nous nous arrêtons face à la chute d'eau. Sans un mot, sans une hésitation, notre kidnappeur s'enfonce dans la cascade, et je hurle en sentant les lames d'eau me meurtrir le dos.
Bonjour chers amis. 😅
Je suis malade. C'est sans doute une explication à l'attente que je vous ai fait vivre pour avoir ce chapitre... Je suis désolée. Heureusement, ça va un peu mieux, alors je vous ai pondu cette chose qu'on appelle fin de chapitre.
Vous en pensez quoi ? 😏 Des idées sur toute cette flambée d'ennemis qui leur tombe dessus ? Sur cette Vallée de la Lune ? Y arriveront-ils, finalement ? 🤐
Bref bref, j'espère vous servir la suite dans peu de temps mais je ne promets rien, ces derniers temps, des tonnes de trucs me tombent sur la tête à l'improviste (ou alors, parce que j'aime procrastiner. Ça doit aussi jouer je suppose...)
Hâte de lire tous vos coms, lâchez-vooouuuus ! 😍🤗
Donc voilà, j'espère que ça vous a plu et on se retrouve dans le prochain chapitre... Plein de révélations ! 😱🎊😍
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