🐺25🐺
Le réveil est douloureux. Mes mains me font souffrir atrocement et j'ai l'impression que ma peau brûle. J'ai du mal à respirer lentement et profondément. Mes yeux sont clos, mes paupières sont collées entre elles si bien que je ne peux les détacher.
Un gémissement m'échappe lorsque je tente de me lever. Ne voyant rien, je me heurte à une résistance qui tire mes poignets en arrière.
Je suis attachée au mur par des bracelets de métal. Stupéfaite, je force mes yeux à s'ouvrir et, après un effort considérable et surtout douloureux, je peux observer le noir d'encre qui m'entoure. Je papillonne dans l'espoir de distinguer quelque chose, et finis par apercevoir des formes indistinctes devant moi, comme disposées en arc de cercle.
- Il y a quelqu'un ? je chuchote d'une voix rauque.
- Lyka ? me répond une voix masculine éraillée.
- Oui, je souffle avec un peu de soulagement.
Je ne suis pas seule, au moins. Mais où suis-je ?
Les souvenirs des événements précédents me reviennent et je revois la bataille acharnée se dérouler sous mes yeux. Mordre, griffer, grogner, puis, soudain, notre défaite - prévisible.
Je revois les loups nous emmener vers leur village, puis nous enfermer dans un chalet à double tour, dans une geôle immense fermée de barreaux larges de métal. La porte claque, ma tête dodeline et je sombre.
- Kelian, c'est toi ? je demande.
- Oui, Jaïna est là aussi. On est tous attachés par du fer de sorcière. Impossible de s'échapper par la force, j'ai essayé... Et crois-moi, l'état de mes poignets n'est pas enviable.
Je frissonne. La brûlure de ma peau au contact du métal enchanté se fait sentir avec plus d'insistance.
- Qu'est-ce qu'ils veulent faire de nous ?
- Nous garder en vie, répond-il simplement.
Le silence qui suit me permet de formuler ma phrase mentalement avant de la lâcher, de peur de faire une fausse manœuvre.
- Je pense que c'est ma faute. Ils vous ont capturés pour moi.
- Le monde ne tourne pas autour de toi, crache Kelian. On est tous importants, sinon ils nous auraient tués aussi.
- Comment expliques-tu notre situation, alors ? je réplique, vexée.
- Ils nous ont attirés tous les deux grâce à Jaïna, lâche le loup sombrement.
Je ne peux pas voir son visage, mais je jurerais qu'il a le regard tourné au sol, pensif. Ou alors il me fusille du regard. En tout cas, je pense que nous sommes dans de beaux draps. Comment sortir ? Nous ne pouvons pas rester ici à ne rien faire. Attendre qu'ils viennent nous chercher pour accomplir leurs desseins mystérieux n'est pas une option.
- Tu as une idée pour s'évader ? je demande d'une voix encore faible.
- Je pense qu'ils vont venir nous donner à manger. Alors, à ce moment-là, on pourra tenter quelque chose. Mais c'est quitte ou double, nous sommes blessés et faibles. Il faut que nous reprenions des forces, le plus possible, déclare Kelian avec un aplomb féroce malgré son timbre rauque.
- Je veux en être. Que devrais-je faire ? intervient la voix de sa sœur.
Elle me semble à ma gauche. Kelian doit être de l'autre côté de la louve, mais la pièce me semble étrangement exiguë. Tous les sons sont reproduits comme en écho. À moins que les murs ne soient tapissés de fer de sorcière, je ne vois pas comment ça pourrait se faire.
Je tente de reculer péniblement vers la paroi que je devine derrière moi. Ramper au sol me fait mal, ma peau me semble en feu et mes mains ne me sont d'aucune aide tant elles me font souffrir. Je pense que j'ai deux ou trois doigts cassés.
C'est en me poussant moitié avec les paumes, moitié avec les talons que j'atteins mon objectif. J'ai l'impression d'avoir parcouru des mètres et des mètres, pourtant je dois en avoir franchi deux, maximum.
Lorsque mon dos effleure le mur, je hurle et me propulse vers l'avant. Tremblante, je bégaye :
- Je... Je confirme que... Les... Les murs sont en f-f-fer.
- Imbécile ! Tu n'avais pas besoin de te faire ainsi mal ! me lance Jaïna d'une voix peinée.
Je grimace. Mon dos est brûlé. Une odeur fétide atteint mes narines, et je décide de tenter de l'ignorer. Heureusement qu'il fait noir, sinon je pense que je me serais sentie mal à la vue de l'état de ma peau.
Les bracelets doivent être en alliage, car ils ne font pas aussi mal que le mur. Ils me procurent tout de même une sensation désagréable de brûlure et de démangeaison, mais c'est tout de même supportable.
- Bon, maintenant tout le monde cesse de se faire mal tout seul.
Si j'avais pu, j'aurais fusillé Kelian du regard. Malheureusement, j'ignore où il se trouve précisément.
C'est alors qu'un bruit de ferraille retentit dans notre cellule obscure. On ouvre une grille. Une voix crache méchamment :
- Te fais pas bouffer, louveteau. Bye bye !
Puis, un corps qui chute, et la grille qui se referme. Je tends l'oreille, à l'affût du moindre bruit. Qui est entré ? Ennemi, ami ?
Une respiration rauque perce le silence. Un petit cri de douleur. Je renifle discrètement. Un mâle. Jeune.
Quin, peut-être? Non, l'odeur est plus sauvage, plus... Multiple.
- Qui es-tu ? grogne Kelian.
Je scrute la noirceur du regard, tentant d'apercevoir quelque chose, mais décidément c'est peine perdue. Cette foutue obscurité, ce foutu fer qui m'empêche certainement d'utiliser certaines de mes capacités. Vraiment, ça m'énerve, si ça continue je vais perdre mon faible sang froid que j'ai réussi à accumuler depuis notre piètre sauvetage. La frustration d'être enfermée, d'avoir perdu, que Jaïna soit encore ici, après une semaine entière de souffrance que je ne peux imaginer... Elle menace d'éclater.
- Je... Je suis Arthur, hoquète le loup.
- D'où viens-tu ? continue Kelian.
- Je suis solitaire.
Mon compagnon se tait, ce qui laisse Arthur demander :
- Et vous ? Je sens trois loups. Vous êtes... Attachés ?
- Jaïna, ma sœur, moi-même Kelian, et Lyka. On est entravé par du fer de sorcière. Et toi ? Tu es libre ?
- Oui, on m'a juste balancé. Si j'arrive à vous détacher, vous ne me faites rien ? Je vous sens puissants, vous êtes visiblement de la même meute... Vous comprenez, explique le solitaire.
- OK, on ne fera rien, j'interviens. N'est-ce pas ?
- Oui, bien entendu. Comment tu comptes nous détacher ? demande à nouveau le frère de Jaïna.
Arthur ne répond rien, et un cliquetis retentit dans l'ombre. Il me semble qu'il se déplace vers Kelian, le premier à sa portée, le plus proche de la porte. Un autre bruit métallique, puis des chaînes qui tombent au sol.
- Merci, lâche Kelian.
Il me semble qu'il se force, mais Arthur prend ce remerciement comme il est et passe à Jaïna. Cette dernière souffle un petit "merci" qui me semble plus sincère que celui de son frère, et le solitaire émet un bref souffle qui me fait penser qu'il sourit.
Puis, j'entends ses pas approcher. Il est léger, fin et agile. Lorsqu'il poste son visage en face du mien, je crois distinguer des mèches claires autour d'yeux scintillants, noisette peut-être.
Tiens, il me semble que de la lumière commence à percer dans notre prison. Je cherche sa source alors qu'Arthur farfouille avec mes chaînes dans mon dos. Là, une sorte de soupirail. De faibles rayons orangés percent le grillage et éclairent peu à peu notre cellule, illuminant légèrement des fuseaux de poussière en suspension dans l'air. Nous serions dans une cave, à nouveau ?
Je peux à présent distinguer Jaïna et Kelian, qui me semblent fatigués et blessés mais plutôt en forme. Ils ont donc déjà pu se rétablir après la bataille ? Mais combien de temps avons-nous dormi ?
C'est vraisemblablement déjà le lendemain de la bataille. C'était le matin que nous étions arrivés. Nous avons passé la nuit ici, donc. Pas étonnant que nous soyons mieux que lors de notre arrivée.
- Merci Arthur, je fais lorsque mes chaînes tombent.
Je ramène douloureusement mes bras ankylosés vers l'avant, en évitant de les regarder. Mes yeux se posent plutôt sur le visage du solitaire qui commence à s'éclairer.
Ses mèches blondes tombent devant des iris noisette. Sa peau est un peu sale, égratignée et couverte de poussière, mais il semble en forme. Il me fait un sourire gentil, auquel je me surprends à répondre. Il me fait vraiment bonne impression - après tout, il vient de nous libérer de nos chaînes.
- Arthur, es-tu des nôtres pour tenter de sortir ? interroge Kelian.
Je tourne les yeux vers ce dernier. Ses pupilles scintillent, comme s'il tentait de deviner les pensées profondes du solitaire. Je me retiens de froncer les sourcils, curieuse. Jaïna s'approche de moi doucement et lentement, pour le chuchoter à l'oreille :
- Il n'aime pas les solitaires, l'année dernière il y en a un qui l'a attaqué dans la forêt.
Je ne dis rien et écoute parler Arthur.
- Oui, mais je partirai après.
- Bien, alors qui a une idée ? lance Kelian.
Je plonge dans mes réflexions, tandis que les autres font de même. Nous ne pouvons espérer lancer une offensive pure, non, nous devrons nous faire discrets et, surtout, malins. Soudain, Arthur lâche :
- Et si nous l'assomions, afin de pouvoir sortir et s'encourir dans la forêt ?
- C'est une idée stupide.
Je me tourne vers Kelian, étonnée. Il perçoit mon regard et précise :
- On n'est pas en état de faire la course.
- Moi, si, reprend Arthur. Et je pense savoir comment tous arriver à partir...
***
Quelques minutes plus tard, tout est en place. Le plan imaginé par Arthur a plu tout de suite, à croire qu'il a eu à en élaborer plusieurs auparavant. Jaïna et moi-même nous plaçons de chaque côté de la porte, hors de vue d'un potentiel arrivant. Kelian reste au centre, à côté d'Arthur. Tous deux se métamorphosent aussitôt. Un loup noir énorme côtoie ainsi une bête beige, plus petite mais vive et agile. Ses pupilles noisette joyeuses, pour une fois étrangement graves, se fixent sur nous, et il hoche la tête.
Aussitôt, nous prenons notre inspiration, et, dans un même souffle, crions le plus fort possible. Ma voix manque de casser mais je hurle comme si ma vie en dépendait - d'ailleurs, c'est peut-être le cas.
Les deux loups se mettent à grogner puissamment, ils jappent, hurlent, aboient. Il règne à présent un vrai capharnaüm dans la cave, nous produisons un véritable orchestre dissonant, strident, grave et aigü à la fois, tellement perturbant que je cesse de l'écouter pour uniquement me concentrer sur mes cris faussement apeurés.
Des pas retentissent de l'autre côté de la grille. Des bottes frappent le sol rapidement. Un souffle à peine saccadé parvient à mes oreilles, et un sourire rusé s'étire sur mes lèvres.
- Mais qu'est-ce qui vous prend, les deux abrutis ? crie un loup.
Il apparaît dans l'espace juste derrière la grille. Son visage est dur, sans la moindre trace de pitié, uniquement traversé de dégoût, de dédain, de mépris, si forts que je manque de lui sauter au visage. Mais je me contiens et reste immobile hors de vue.
Il fixe les deux loups fous qui tournent au centre de la pièce. Il ne semble voir qu'eux. C'est excellent.
- La ferme, vous ! Et comment ça se fait que vous êtes libres ? reprend l'autre. Je m'en vais vous rattacher, vous allez voir... Estian !
Il appelle un autre loup avec force de grognements et d'insultes sur sa lenteur. L'homme, haut de deux mètres au moins, apparaît à son tour. Ses cheveux disparates, mèches grises sur son crâne quasi chauve, me font penser qu'il est assez âgé. Mais je ne me laisse pas avoir : La puissance et l'expérience viennent avec l'âge.
- Albert, imbécile, tu les as détachés ? fait le dénommé Estian d'une voix extrêmement grave.
- Mais non ! Ils l'ont fait seuls, je...
- Ils ne devaient être quatre, là-dedans ? l'interrompt le dégarni.
Je retiens mon souffle et fixe Arthur et Kelian, qui semblent se battre en grognant. Ils se griffent peu, seulement en apparence. Tout cela n'est que du cinéma. Un coup-monté. Un leurre.
- Bon, tiens-moi la porte, Albert. Ils ont dû bouffer les deux filles. Ils sont fous, sans doute. Je vais les rattacher.
- Bien, et fais-leur mal pour moi.
Estian ne répond rien, et s'avance dans la cellule. La grille se referme un peu derrière lui, et Albert passe une tête sadique entre deux barreaux, pour ne rien rater du spectacle. Ça, pour du spectacle, il allait y en avoir...
Dès qu'Estian s'approche d'Arthur dans l'intention de le ceinturer, ce dernier fait un saut sur le côté, lui faisant manquer sa cible. Kelian bondit alors brusquement et retombe sur le dos de l'homme, le déséquilibrant vers l'avant, ce dont profite le loup beige en attrapant le t-shirt entre ses crocs pour tirer.
Le colosse s'abat au sol. Il grogne de surprise. Tout cela ne s'est passé qu'en quelques instants... Aussitôt, Jaïna et moi sortons de notre cachette et, alors qu'elle maintient la grille ouverte, je sors et frappe un grand coup dans le visage d'Albert. Je grogne puissamment, puis lui envoie un coup de pied dans l'abdomen, et il s'écroule. Je souffle un grand coup, et retourne dans la cellule.
Le corps d'Estian est au sol, et il semble assomé. Kelian bondit dehors, renifle quelques coups, et nous sortons tous.
Le couloir est sombre, court et sans danger. Nous courons. La porte de bois est ouverte aussi nous la poussons pour jeter un œil en dehors du chalet. L'étendue d'herbe est déserte, rien ne trouble le silence relatif de la forêt qui nous entoure. Les arbres sont verts, éclairés par le soleil, et je n'ai jamais été aussi heureuse de les revoir.
Pas un loup, et nous sortons prudemment. Où sont-ils passés ?
- Allons-y, lance Jaïna. Tant qu'on peut.
Nous nous précipitons vers l'orée des bois. Les deux loups nous dépassent, et je décide de les imiter en me métamorphosant. Mes pattes effleurent à peine le sol alors que je redécouvre le plaisir de courir. Le vent s'emmêle dans ma fourrure gris perle, et j'accélère. Mais mes blessures se rappellent à mon bon souvenir et je suis forcée de ralentir et de me porter à la hauteur des garçons. Arthur me jette un coup d'œil, et hoche la tête.
- Tu es puissante.
Je ne réponds pas, mais souris. Nous courons assez vite, maintenant que Jaïna nous a rejoins. Nous sommes quatre loups et notre progression en est plus rapide. Nous nous faufilons sous les taillis avec la même allure. Bien entendu, si nous étions au meilleur de notre forme, notre vitesse serait démultipliée. Mais ici, nous n'avons pas le choix.
Mes pattes me font souffrir. Mes doigts cassés n'ont décidément pas disparu. À chaque foulée, j'ai l'impression qu'on enfonce une lame dans mes coussinets. Mais je continue et serre les dents. Nous ne devons absolument pas ralentir.
Malgré mes efforts, je finis par ralentir. La douleur doit se lire dans mon regard, car Arthur, qui court à mes côtés, se détache du sillage de Jaïna et se porte à mes côtés.
- Ça va ?
- Oui, oui, bien sûr... je fais en carrant la mâchoire.
- Ne mens pas, tu as mal, fait-il.
- Alors pourquoi tu me poses la question ? je riposte.
- Par gentillesse, rétorque ce dernier avant d'accélérer pour rejoindre Kelian.
Je baisse un peu la tête. Je hais la douleur, et elle me rend stupidement irritable. J'ai envie de me frapper, mais c'est une mauvaise idée. Vivement que nous atteignions la frontière.
Mon allure clopinante nous a fait perdre une certaine avance. À présent, je redoute à chaque foulée que les loups ennemis nous tombent dessus. Le stress m'étreint de ses bras étouffants. J'ai du mal à respirer.
Finalement, Jaïna me chuchote :
- On arrive.
Je lui retourne un regard reconnaissant. Mais malheureusement c'est ce moment que choisit Kelian pour annoncer, tout en s'arrêtant en trombe :
- Cachez-vous !
Il plonge aussitôt dans un buisson sombre, disparaîssant en un instant. Je regarde partout autour de moi, paniquée, et aperçois un tronc creux tombé, probablement foudroyé longtemps auparavant. J'y plonge tête la première aussi vite que possible. Jaïna bondit vivement et grimpe péniblement dans un arbre, se cachant sur la première branche, heureusement assez haute. Elle halète sous l'effort, mais se retrouve en sûreté.
Arthur part quant à lui ventre à terre vers une combe, derrière un rideau feuillu. Il saute de l'autre côté, et et un gros "plouf" résonne un instant. Il a dû atterrir dans une rivière. L'idée qu'il y ait des rochers me traverse, mais je la repousse pour prêter l'oreille aux frémissements qui agitent les sous-bois.
Des échos de jappements, des bruits de course, des odeurs me parviennent. Nos poursuivants nous ont rattrapés. Toutes ces heures de course pénible n'ont donc servi à rien ?...
Je me tasse le plus possible dans le tronc poisseux. La moisissure le ronge, et je fronce la truffe. J'aurais dû choisir une cachette moins... Nauséabonde. Le bon côté, c'est que l'odeur des champignons masquera la mienne.
Soudain, mon cœur rate un battement. Je me fige. Un loup bondit au centre de mon champ de vision. Ses yeux furieux balayent l'endroit, et il hume l'air. Il sent nos empreintes laissées dans la boue et les feuilles, puis apostrophe ses acolytes.
- Ici, ils sont passés par ici !
Aussitôt, il reprend sa course, avant de se figer brusquement. Il tourne un regard meurtrier autour de l'endroit, puis semble fixer un point particulier. Puis, ses yeux descendent sur moi.
Hey mes gentils lecteurs !
Comment allez-vous ? Oui je suis civilisée... :)
Bon, passons aux choses sérieuses :
- Un nouveau personnage, Arthur, entre en scène. Personnellement je l'aime bien, et vous ? Quel rôle tiendra-t-il dans le récit, ses relations avec les personages ?... 😏
- Ensuite, la poursuite... Stress? Angoisse ? #OnS'enFout ou pas ? 😶 J'ai hâte de connaître vos impressions x)
- Des idées sur la suite, que va-t-il se passer ?...
Bon bon, à bientôt les amis ! (Nan vous ne regardez pas Dora, je vous rassure).
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