Petit disclaimer : J'ai vraiment hésité à poster cette histoire. Dans le genre, vraiment beaucoup. Je ne pense pas avoir achevé ce que je voulais avec. Si je la poste, c'est vraiment parce que je n'ai rien d'autre à vous offrir avant d'avoir fini ce que je suis en train d'écrire. De fait, je vous la fais lire tout de même. J'espère que ça ne sera pas trop mauvais tout de même. N'hésitez pas à me donner vos avis au fur et à mesure parce qu'ils ne seront vraiment pas de refus.

Malgré tout, j'espère que ça vous plaira au moins un peu et je vous laisse avec le chapitre ! Je vous retrouve en bas ;)

__________________________________________________________

Selena regarda autour d'elle, enregistrant son nouvel environnement avec curiosité. Elle se trouva chanceuse d'atterrir dans un tel endroit, si boisé. Lorsque sa mère lui avait dit qu'elle avait trouvé un nouvel emploi en Alabama, elle avait redouté d'avoir à vivre dans une ville développée et polluée où la nature avait perdu sa place.

La maison de Alicia Oliveira était blottie sur une colline, bordée par un petit bois sur le flanc ouest. Les reliques d'une vieille serre en plastique pouvaient être aperçus derrière le bâtiment. Elle imaginait déjà le terrain qui se cachait derrière l'énorme bâtisse. Ainsi à l'écart, elle devait posséder un certain nombre d'hectares.

La demeure était magnifique bien que tombant quelque peu en désuétude. Elle avait deux étages et un grenier, possiblement un sous-sol. De l'extérieur, elle paraissait massive, probablement d'inspiration victorienne avec ses toits en pointe, ses porches et ses moulures. Les murs étaient d'un unique rose pâle que Selena n'avait jamais vu sur une maison auparavant. Il était relevé par les bois blancs. Elle était tout en angles et en balcons qui s'imbriquaient les uns dans les autres, formant une résidence absolument incroyable.

- Tu crois qu'il va falloir faire le ménage de tout ça ? la questionna sa mère, l'air impressionné.

- Je pense.

Elles laissèrent leurs bagages dans la voiture et s'approchèrent de la maison. Elles n'eurent pas le temps d'atteindre la porte qu'un homme dans la trentaine l'ouvrit et vint à leur rencontre. Il leur offrit un regard sérieux, l'air pressé d'en finir.

- Vous êtes madame Dowell ?

- Oui. Et voici ma fille, Selena.

- Enchantée, monsieur Oliveira, dit Selena.

- Venez, que je vous explique ce que vous aurez à faire.

Il tourna son regard vert menthe vers Selena.

- Vous pouvez visiter la maison si vous voulez, pendant que je parle avec votre mère.

Il repartit vers l'intérieur de la maison sans attendre. Sa mère sourit et lui caressa les cheveux.

- Vas-y. Va visiter. Je me charge du ronchon.

Selena lui rendit son sourire en la regardant s'éloigner. Sa mère ne ressemblait pas à l'infirmière à domicile qu'elle était censée être. Ses cheveux roux étaient remontés dans un chignon brouillon, elle portait une tunique colorée et lâche sur ses épaules, un pantalon baggy tenant à peine sur ses hanches fines, floutant toutes ses formes, la transformant en arc-en-ciel de forme humaine. La plupart des clients que l'agence fournissait à sa mère étaient surpris par son apparence très hippie. Elle était l'une des meilleures infirmières au monde mais, au premier abord, elle n'en avait pas l'air. Il fallait du temps aux familles et aux patients pour s'en rendre compte.

Moria Dowell était un esprit libre, comme sa fille. Elle avait suivi ses études d'infirmière avec rigueur mais y ajoutait sa sauce. Elle était convaincue que les médicaments ne faisaient pas tout, dans la guérison. Selena était bien d'accord avec cela. Pour elle, les médicaments n'étaient là qu'en dernier recours, lorsque rien d'autre ne pouvait agir.

Elle contourna la maison pour atteindre l'arrière, inspirant profondément les odeurs boisées. Après une journée enfermée dans une voiture, elle était bien contente d'enfin pouvoir être dehors. Elle enleva ses chaussures et marcha dans l'herbe, tenant ses tennis par les lacets, les laissant balancer contre sa cuisse.

Derrière la maison s'étendait le reste de la colline, totalement en friche. Un ancien jardin était encore visible autour des ruines de la serre. Des pierres délimitaient d'anciens parterres de fleurs ou de plantes aromatiques. Il n'en restait plus que des mauvaises herbes qui dévoraient tout derrière elle. Ça allait prendre du temps de nettoyer tout cela et elle avait hâte de s'y mettre.

Elle rentra dans la maison par l'arrière, effleurant la rambarde blanche du bout des doigts. Elle arriva dans une vaste cuisine peinte dans des tons froids et impersonnels. Elle ouvrait sur une salle à manger où des photos pendaient aux murs. La famille d'Alicia avait l'air très grande et très soudée. Elle offrit un sourire à l'homme et à sa mère, assis face à face autour de la massive table en chêne qui trônait au centre de la pièce.

Un couloir longeait la salle à manger, menant à la porte du sous-sol et à un vestiaire d'un côté, à la porte d'entrée de l'autre. Le salon se trouvait de l'autre côté de la salle à manger, ses proportions dépassant tout ce que Selena avait déjà vu. Ce qu'elle préféra, ce fut l'énorme cheminée en pierre bleue qui occupait une partie du mur sud. D'énormes plantes vertes étaient blotties dans les coins, adoucissant les volumes, ajoutant de la couleur au milieu de cet océan de blancs, de bordeaux et de marron brut.

L'escalier menant à l'étage était recouvert d'un tapis moelleux et doux sous ses pieds. Le premier étage possédait un large palier lumineux avec un balcon couvert. Chaque porte avait son petit panneau indiquant ce qui se cachait derrière les portes fermées. Une salle de bains, un bureau, la chambre d'Olivia et une autre chambre. Sûrement celle réservée à sa mère pour qu'elle puisse veiller sur sa patiente.

Selena se faufila à l'étage suivant, ne tenant pas à déranger Alicia tout de suite. Elle laisserait sa mère faire les présentations plus tard. Le second étage lui parut plus étroit. Le palier était restreint, plus sombre, encombré de cartons poussiéreux. Des noms étaient inscrits dessus. Selena devina qu'il s'agissait des possessions de la famille du dernier fils d'Alicia qui déménageait. D'après ce que lui avait dit sa mère, le plus jeune fils d'Alicia avait vécu dans la maison avec sa famille jusque là, s'occupant d'elle. Cependant, il avait perdu son travail dans la ville d'à côté et celui qu'il avait retrouvé était dans l'État voisin aussi avait-il eu besoin de quelqu'un pour veiller sur sa mère qui était fort malade.

Il y avait une seconde salle de bains et trois chambres à cet étage. Une seule des chambres possédait un balcon, couvert par un toit en ardoise, formé comme une petite tourelle ouverte sur l'extérieur. Le lit était fait et l'air était frais, sûrement aéré récemment. Elle se sentit attirée par cette pièce. Elle aimait beaucoup ses volumes, son exposition et adorait le balcon.

Elle alla jeter un œil au grenier mais la porte était verrouillée. Elle renonça et redescendit au rez-de-chaussée où sa mère serrait la main de l'homme qui partit, claquant violemment la portière de son pick-up.

- Comment est la maison ? lui demanda sa mère.

- Immense. Et j'ai déjà trouvé ma chambre.

- Tu me fais visiter ?

Elles se sourirent et Selena l'entraîna avec elle autour de la demeure. Moria en profita pour la présenter à Alicia. La vieille femme était allongée dans son lit, le visage fatigué et creusé, la peau noire luisante de sueur. Ses yeux était d'une couleur de nuit saisissante, avalant presque la pupille. Ses lèvres fines s'étirèrenten un sourire quand Selena et sa mère pénétrèrent dans la chambre. L'odeur de transpiration et de médicaments retourna l'estomac de la jeune fille. Elle ne s'y habituerait jamais et ignorait comment sa mère faisait pour ne pas paraître dérangée.

- Tu dois être Selena, murmura Alicia, la voix lente et rauque, les mots ayant du mal à se former dans sa gorge.

- Je suis ravie de vous rencontrer, madame Oliveira.

- Appelle-moi Alicia. Tu es une très jolie jeune fille.

- Merci.

- Andy est parti ?

- Oui, répondit Moria. Il y a quelques minutes.

- Très bien. Faites comme chez vous, d'accord ? Vous pouvez prendre cette maison pour la vôtre. Ça me ferait très plaisir que vous vous sentiez chez vous, ici.

- C'est vraiment gentil de votre part, Alicia.

- Allez donc décharger vos affaires, nous aurons tout le temps de discuter plus tard.

Selena et Moria sortirent de la chambre et rejoignirent leur voiture.

- De quoi souffre-t-elle ?

- Pneumonie. D'après son fils, même une fois qu'elle sera guérie, il faudra quelqu'un pour rester auprès d'elle car elle est très fragile et elle a un lourd traitement à prendre pour son cœur et elle l'oublie toujours. Donc, nous avons une nouvelle maison pour, je l'espère, quelques années.

- Elle a l'air très gentille.

- C'est vrai. On va être bien ici.

- Et tu as vu ce terrain ? Il est immense ! Tu crois que je pourrais m'en occuper ?

- Je ne pense pas qu'elle y verra d'objections. Tu lui demanderas.

Selena sourit en traînant les sacs à l'intérieur. Elles commencèrent à les vider, apportant un peu de leur vie dans cette maison calme et chaleureuse. Selena fut ravie de voir la nuit arriver. Elle monta dans sa chambre, mettant la musique en route pendant qu'elle déballait ses affaires et prenait possession de la chambre. Il manquait quelques meubles pour qu'elle puisse tout installer mais ce n'était pas encore indispensable. Elle irait voir dans les autres chambres s'il n'y avait rien qu'elle pourrait récupérer.

Elle changea les draps et les oreillers pour mettre les siens avant de gagner la salle de bains de son étage pour se démaquiller.

La pièce était plus petite qu'elle ne l'aurait cru, dans le tons vert d'eau et blanc. Une baignoire massive trônait dans un coin, encadrée par un petit meuble blanc dans lequel étaient rangées des serviettes moelleuses et immaculées et une étagère pleine de bouteilles de produits à moitié usagées. Elle grimaça et fut bien contente d'avoir sa trousse de toilette avec ses savons faits main par l'une de ses amies, son gant de toilette en fibres naturelles, ses crèmes. Elle ne supporterait jamais de devoir se laver avec autant de produits chimiques si destructeurs pour la nature.

Déménager ne causait pas de difficultés pour Selena. Bien sûr, elle regrettait les amis qu'elle s'était faits mais c'était l'occasion pour elle de découvrir autre chose, de rencontrer de nouvelles personnalités et de vivre de nouvelles aventures. Elle voyait ce déménagement comme une bénédiction. Cela n'avait pas rendu les adieux avec ses amis moins pénibles mais elle pouvait appréhender son avenir en Alabama avec optimisme.

Elle laissa sa pochette sur le rebord de l'évier, appuyée contre le miroir massif qui le surplombait. Elle en effleura le bois gravé et grimaça en le trouvant graisseux. Cette maison avait vraiment besoin d'un nettoyage en profondeur.

Selena avait connu de nombreuses maisons depuis son enfance. Aucune aussi grande et fastueuse que celle-ci, toutefois. Elle allait devoir aider sa mère à s'en occuper. Certes, les soins d'Alicia ne seraient probablement pas assez lourds pour prendre tout le temps de Moria comme l'avaient fait ceux de sa précédente patiente. Au demeurant, la demeure était si grande qu'elle ne pourrait jamais s'en sortir seule. Sans compter que sa mère avait ce laisser-aller qui forçait sa fille à lui rappeler que, oui, faire le ménage était important.

Elle s'allongea dans son lit et regarda le plafond, se demandant comment se passerait la fin de l'été. Le soleil brûlant du Nevada lui manquait déjà. Elle s'y était habituée. Le climat de l'Alabama était plus tempéré, plus supportable. Malgré tout, cette chaleur allait lui manquer. Ses amis aussi. Elle savait qu'ils perdraient rapidement le contact car ils ne se reverraient sûrement jamais.

Elle devrait penser à leur envoyer un message ou un mail pour tenter de maintenir le lien. Ils avaient passé deux ans ensemble et leur amitié était devenue solide. Assez pour qu'elle commence à envisager d'accepter de sortir avec Ron. La mort soudaine de Colette l'en avait empêchée et avait précipité ce déménagement dont elle avait toujours su qu'il arriverait.

En dépit de tout cela, elle était impatiente de découvrir sa nouvelle ville et ses habitants, ses futurs camarades de lycée. S'il y avait une chose que Selena avait compris depuis longtemps, c'était que chaque ville avait sa personnalité propre. Elle modelait ses habitants, les enveloppait dans un cocon formaté pour a planir lesangles de chacun et lénifier les différences. Même dans la ville la plus cosmopolite du monde, il y avait ce voile sur ses résidents qui les poussait uniformément à se démarquer.

Dans quel genre de ville était-elle arrivée ? Quel type de personnalité avait-elle ? Comment étaient les habitants ? Étaient-ils accueillants, chaleureux ou distants et méfiants ? Elle espérait pouvoir se faire une idée au plus vite. Avec un peu de chance, elle pourrait emprunter la voiture de sa mère pour aller en ville. Elle en doutait, cependant. Il y avait beaucoup de travail à abattre. Sa mère aurait besoin d'elle, au moins pour le premier jour. Pour la suite, elle serait sûrement libre de ses mouvements.

Son plus grand soulagement était qu'Alicia semblait être vraiment gentille. Savoir sur quel genre de patient elles allaient tomber était le gros point d'interrogation du travail de sa mère. Moria n'avait pas réellement le choix de ses patients. Elle devait accepter ceux que l'agence lui proposait car rares étaient les gens à accepter que l'infirmière qu'ils engageaient débarque avec sa fille. Forcément, cela impliquait que sa mère gagnait moins que les autres infirmières puisque les coûts de gîte et couvert prenaient deux parts au lieu d'une.

Mais c'était le seul travail qui convenait à sa mère et à son esprit libre. Une fois chez son patient, elle pouvait mener sa vie sans se soucier des factures et des taxes puisque toute la maison était gérée par l'employeur. Elle avait un budget pour les courses qui n'englobait que les dépenses nécessaires et le reste, c'était à ses frais. C'était parfait pour Moria qui adorait aider le gens mais ne savait pas tenir une maison.

De plus, comme elle vivait chez le patient, elle pouvait se détourner des pratiques traditionnelles et apporte sa touche aux soins qu'elle prodiguait. Moria avait la ferme croyance que les médicaments n'étaient pas toujours nécessaires et que les soins allaient plus loin que de simplement faire prendre ses cachets au patient, lui faire sa toilette, le faire manger et répondre à ses besoins les plus basiques. Pour Moria, s'occuper d'un patient allait plus loin que cela. À ses yeux, son travail allait plus loin que la nomenclature qu'on lui avait apprise à l'école d'infirmière. C'était bien beau de donner des cachets mais si le patient n'avait pas envie de lutter, s'il était malheureux, à quoi bon ? Aussi Moria s'employait-elle à ramener la joie de vivre dans le cœur de ses patients. Elle leur parlait, faisait des choses avec eux, leur faisait partager leur vie de tous les jours plutôt que de les garder dans leur chambre. Elle les faisait sortir, les poussait à lutter pour vivre un peu mieux, pour vaincre. Et s'ils ne pouvaient pas vaincre, pour vivre au maximum leurs dernières journées.

Selena admirait sa mère. Son travail n'était pas facile tous les jours mais elle se donnait à fond sans faillir. Elle était ouverte d'esprit et aimante, généreuse et joyeuse. Elle trouvait toujours le bon côté des gens, même de ses pires clients. Elle les aimait comme s'ils étaient sa propre famille et c'était l'une des plus forces de Moria. C'était ce qui la différenciait de ses collègues et faisait d'elle la plus recommandée de l'agence.

Et, encore une fois, elle allait aider une vieille personne que sa propre famille abandonnait.

_______________________________________________________

NdlA : Alors, ce premier chapitre ?

NdlA2 : J'aimerais tenter quelque chose pour la prochaine histoire. Il se trouve que j'en écris deux simultanément et je vais vous laisser choisir celle qui apparaîtra la première grâce à un petit vote. Je vais vous proposer deux choix sans vous dire ce qu'il y a derrière. Vous le découvrirez lorsque j'aurais terminé de poster cette histoire ;)

Choix 1 : Within Temptation - Fire and Ice

https://youtu.be/ve2pS-jxXz0

Choix 2 : Xandria - Voyage of the Fallen

https://youtu.be/bqYOvBZlA1c

Pour voter, c'est simple : commentez en citant le titre de la chanson pour que je puisse voir laquelle remporte le plus de votes ! Le vote se terminera lorsque j'aurais posté le dernier chapitre de cette histoire !