Interlude
Interlude
Bonjour les amis ! On se retrouve aujourd'hui pour le chapitre le plus long que j'au pu écrire de toute ma vie haha.
Il fait 46 pages et 12k de mots donc vraiment posés vous tranquillement et confortablement pendant votre lecture !
J'attends particulièrement vos retours sur ce chapitre qui je pense était très attendu ! Donc n'hésitez vraiment pas à ma laisser vos plus beau romans en commentaires!
Bonne lecture ! 🖤
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— On ne pose pas les coudes sur la table, bon sang je vais devoir le répéter combien de fois ?
En entendant le ton ferme de mon père, je me crispe entièrement. Je range alors sans protester les coudes que j'ai malencontreusement posés sur le bois.
Mes mains reviennent donc sur mes cuisses, tandis que j'observe ceux de ma mère entièrement appuyée dessus.
Je suis l'enfant, je n'ai le droit de rien faire après tout. Mais en guise de sympathie, cette dernière me lance un faible sourire et avec grâce et lenteur, elle finit par les retirer, adoptant la même position que moi.
Oubliant presque le reproche fait par père, je me surprends à sourire à mon tour. Mère suit parfois ses instructions quand cela s'avère nécessaire, mais elle ne manque jamais l'opportunité de me montrer qu'elle est présente, que je ne suis pas délaissé.
Nous formons une famille, je suis conscient que je ne suis pas vraiment seul, mais je le ressens souvent.
Aux yeux des autres, notre famille semble parfaite. J'ai des oreilles, j'entends les gens parler constamment de combien nous sommes charmants et élégants.
Ils rêvent tous d'être à notre place pour une raison que je ne comprends pas. Pourtant beaucoup d'entre eux sont loin d'être disgracieux et malheureux. Je ne sais vraiment pas pourquoi ils nous idéalisent autant.
— Pardonnez-moi père.
Je baisse une seconde la tête en guise d'excuse, et j'attrape mes couverts pour continuer à manger. Les aliments sont bien trop verts à mon goût.
Toutefois, je crains que père ne m'oblige à jardiner toute la journée demain pour semer des graines en guise de rédemption, si j'étais amené à gaspiller la nourriture de ce soir.
Il maintient son regard sombre et glacial habituel, et détourne son attention vers mère, comme si je n'existais pas, comme si je n'étais pas important.
Il a toujours été ainsi avec moi. Je ne sais pas réellement pour quelle raison.
Mais au fil du temps, j'ai fini par arrêter de me poser la question, c'est épuisant et je n'aurais sans doute jamais la réponse.
— Reina, as-tu trouvé ta tenue pour le bal de la semaine prochaine ?
Mère porte sa fourchette à sa bouche tout en acquiesçant.
— Oui, elle a besoin de quelques retouches mais je pourrai l'avoir à temps.
Il acquiesce avec satisfaction tandis que je soupire intérieurement. Les bals ne m'ont jamais intéressé et je ne comprends pas pourquoi mon père insiste autant pour que j'y participe.
Non, en vérité, je sais pourquoi. Il me le répète dix fois par semaine.
Parce que je suis un Kim et que toute la famille, en particulier son fils, doit être présent. Mais je ne parviens pas à savoir pourquoi un garçon de dix ans doit être présent à de tels événements.
Cela dit, je n'ai pas le choix, je dois obéir, même si je déteste ça.
— Taehyung, je récupérerai ton costume demain. La couturière a terminé les ajustements.
Je garde la tête baissée, jouant avec ma fourchette sur ce légume vert qui me déplaît.
— Oui, père.
Il n'ajoute rien de plus à ma réponse, je ne sais même pas s'il a entendu. Le repas continue donc dans un silence complet et étouffant.
C'est dans ces moments-là que je regrette d'avoir une maison aussi spacieuse. Je veux dire, nous ne sommes que trois, donc je ne vois pas l'intérêt d'avoir une si grande maison.
Un simple appartement dans le centre-ville aurait été suffisant pour moi. Les conversations des passants dans la rue auraient animé l'atmosphère morose qui règne ici.
Mais non, nos espèces ne se mélangent pas. C'est pourquoi nous devons rester ici, dans les hauteurs de Sina, loin de la ville.
Non, ici nous n'entendons que le son de nos couverts frappant la porcelaine et les bruits dérangeants de nos bouches.
Je ne comprends même pas pourquoi ils gaspillent leur temps à dîner à mes côtés alors qu'ils pourraient se contenter de quelques gouttes de sang.
Nous sommes une famille et les familles dînent ensemble.
C'est ce que ma mère m'a dit un soir lorsque je lui ai expliqué à quel point cela m'agaçait. Faire semblant d'être une famille heureuse dans sa propre maison est exténuant.
Parce que nos seuls sujets de conversation sont mon comportement qui déplaît tant à mon père et son travail. Encore et encore.
Le quartier général, son capitaine Azarias, la rivalité entre les clans. Voilà de quoi père discute chaque soir avec mère. Aucune question bienveillante sur mon état d'esprit, aucune blague pour alléger l'atmosphère, aucun regard chaleureux.
Comme une poupée programmée, je débarrasse rapidement la table, ayant effectué cette tâche des milliers de fois auparavant.
Je me dirige ensuite vers ma chambre pour me changer et me laver rapidement avant de me glisser sous les draps. Je pose ma tête sur l'oreiller et contemple le plafond blanc. Vide. Triste.
C'est affligeant de voir une maison en être réduite à cela. J'aurais aimé avoir un frère ou une sœur. Je me dis que vivre cette vie aurait été peut-être plus facile à deux. Tout aurait été moins triste.
Ressentir de la solitude est une sensation terrifiante, et je prie chaque soir pour qu'elle disparaisse un jour.
J'ose espérer qu'un moment viendra ou les repas ne seront plus aussi désagréables qu'ils le sont actuellement, que pour une fois manger sera agréable et non une source d'anxiété.
Mes parents donnent plus d'importance à leur travail et leurs centres d'intérêt qu'à moi.
Et j'espère un jour trouver quelqu'un qui me choisira moi en priorité. J'espère qu'un jour je passerai en premier.
C'est ce que signifie avoir un enfant après tout.
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Pour une raison que j'ignore mais que j'adore plus que tout, je ne suis pas convié à tous les événements organisés au quartier général. Il arrive parfois que mes parents ne m'invitent pas, ce qui me donne la liberté de faire ce que je veux.
En règle générale, je saisis cette opportunité pour me rendre en centre-ville et me promener sur la plage. Je ne leur dirai jamais que je descends là-bas, il me tuerait sans aucun doute, alors c'est mon petit secret.
Mais ici à Sina, nous avons la chance de disposer de cette étendue d'eau turquoise infinie, qu'on appelle océan.
L'océan est d'une beauté indescriptible, c'est sans aucun doute la plus belle chose qui puisse exister sur cette terre. J'aime sentir mes cheveux flotter au gré du vent, respirer l'odeur agréable qu'il dégage. C'est le seul moment où je peux vraiment être heureux.
De la falaise, le panorama est encore plus impressionnant. On peut voir l'horizon tout entier ! Il semble interminable, mais je suis conscient qu'il doit y avoir une fin quelque part.
Je veux dire, l'eau ne peut pas être là éternellement, elle doit certainement heurter quelque chose tôt ou tard.
J'aurais aimé être un pirate dans une autre vie.
Pouvoir naviguer sur les vagues pour découvrir le monde aurait été sensationnel. Je sélectionnerais mes compagnons avec soin, et je deviendrais le chef. Je serais libre de faire ce que je veux ! Pas de grande demeure, pas de repas ennuyeux et désagréable. Je ne serais pas obligé de jouer un rôle ni d'être le fils parfait sous prétexte que ma famille est respectée. Je pourrais réaliser mes désirs.
Mes épaules se détendent et mes poumons expulsent tout l'air qu'ils contiennent. Un léger sourire s'échappe de mes lèvres.
Oui, j'aurais adoré être un pirate.
Commençant à̀ se faire tard, je ne tarde pas à quitter la plage à contrecœur. Je jette un dernier regard en sa direction, lui promettant de revenir dès que possible.
Je souris lorsqu'une immense vague frappe la roche à quelques mètres sous mes pieds. Promis, dis-je en chuchotant.
Remonter les rues du centre-ville est agréable en cette fin de journée. J'ai toujours apprécié venir de ce côté de Sina. Tout est tellement plus vivant et sympathique contrairement à là-haut ou l'ambiance est semblable à celle d'un cimetière.
Les commerçants commencent à fermer leurs boutiques et quelques odeurs de nourriture telles que du poisson ou des fruits flottent dans le vent.
Lorsque les jours ensoleillés arrivent, les marchés sont très convoités par les habitants, qui veulent de la nourriture fraichement récoltée. Je m'arrête devant l'un d'eux, et jette mon dévolu sur une barquette de fraises bien écarlates.
Père adore les fraises, mais il me tuerait s'il savait que je suis descendu ici tout seul. Ma main droite vient toucher la poche de mon pantalon.
J'ai un billet, je pourrais acheter une seule barquette. Peut-être que cela lui ferait plaisir, lui qui est toujours stressé et préoccupé.
Mes doigts attrapent l'argent, mais je renonce finalement. Cela ne le rendra pas heureux, il sera simplement en colère contre moi pour avoir désobéi.
— Bonne fin de journée, dis-je poliment à la vieille dame.
Elle me voit regarder les fraises avec insistance et se met à sourire.
— Elles sont merveilleuses, n'est-ce pas ?
Mes yeux quittent les fraises pour se poser sur la grand-mère.
— Elles ont l'air oui, dis-je avec un mini sourire.
Je fronce les sourcils lorsqu'elle en prend une et me la donne.
— Prends-la mon garçon, tu as l'air un peu fatigué.
Je suis incapable de refuser quand elle me la pose directement dans la paume de ma main.
Pour lui faire plaisir, je la savoure sous son regard attentif, et je ne peux m'empêcher de sourire face à sa saveur exquise.
Ne manquant pas un seul détail de ma réaction, elle sort un sachet en plastique et y glisse quelques-unes à l'intérieur.
Je suis surpris, mais une fois de plus elle ne se laisse pas décourager et me le donne de force.
— J'ai vendu tout ce que j'avais aujourd'hui. Offrir les dernières fraises que je possède ne me tuera pas, mon garçon.
Je mords mes lèvres et me penche en avant pour la remercier correctement.
— Merci beaucoup, Madame.
Son sourire est si grand qu'il ferme ses yeux pendant un instant.
— Avec plaisir ! Dépêches-toi de rentrer, avant que la nuit tombe.
Je fais un signe de tête en guise de remerciement, avant de poursuivre mon chemin, tenant fermement les fraises. Je dois les manger avant d'arriver chez moi, sinon je risque de me faire gronder.
Heureusement, le soleil brille encore et je me rappelle que mes parents rentrent tard aujourd'hui.
Ils ont demandé à Sébastien, notre domestique, de préparer le dîner de ce soir.
Je lui fais confiance, c'est un homme plutôt gentil, mais il pourrait rapporter ma petite escapade à père s'il venait à l'apprendre.
Je ne prendrai aucun risque, et c'est pour cette raison que je dois les manger avant d'arriver à la maison.
Je me promène paisiblement sous les doux rayons du soleil. J'aurais apprécié vivre dans ce quartier animé et convivial.
La différence avec les hauteurs de Sina est encore plus évidente lorsque je me promène dans ces quartiers.
À mesure que l'on s'éloigne du centre-ville, les quartiers animés se font rares, faisant place à de vastes demeures blanches et mélancoliques.
Les éclats de rire se taisent, les animaux se font discrets. Alors, je ralentis le pas, souhaitant profiter encore un peu de l'atmosphère citadine avant de rentrer chez moi.
J'ai quatre fraises dans mon sac, et il me reste une demi-heure de marche pour rentrer. Je prévois d'en déguster une autre dans cinq minutes. Je ferme soigneusement ma poche pour éviter de les perdre.
Soudain, des bruits étranges attirent mon attention alors que je traverse une ruelle.
Mon père m'a souvent répété une phrase qui me revient en mémoire, elle est devenue presque aussi banale qu'un simple bonjour.
Taehyung ne te mêle jamais des affaires des autres, encore plus si cela menace ta propre vie.
Les bruits étouffés proviennent probablement de ce garçon au sol. Trois autres le grondent et l'un d'entre eux le frappe. Je vois un morceau de pain écrasé et sale traîné par terre.
En observant de plus près les vêtements des garçons, notamment ceux du garçon maltraité, je comprends la situation. Ils n'appartiennent pas à la même classe sociale et cela semble amuser les trois jeunes hommes.
Il est probable qu'il ait dérobé du pain, et ils ont jugé nécessaire de le sanctionner. Quelle bande d'imbéciles. Est-ce que je risque ma vie si j'interviens ?
Probablement. Je ne suis pas sûr de mes compétences face à trois garçons alors que je suis seul.
Cependant, je ne peux pas ignorer ce jeune garçon qui ne demande rien de plus que le droit de se nourrir comme tout être humain.
Je ne suis pas le genre de personne à chercher la bagarre, et je n'aime pas les conflits. Mais je ne peux pas m'empêcher d'agir lorsque je sais que c'est juste, et la situation qui se déroule devant moi est un exemple parfait.
Alors, je profite de l'adrénaline qui coule encore dans mes veines pour courir aussi vite que possible, et je plaque violemment l'un des agresseurs du garçon contre le mur. Celui-ci y est projeté avec force et tombe immédiatement au sol en gémissant.
Les deux autres font les gros yeux, surpris par mon intervention. Je me tiens debout devant le garçon blessé qui me regarde avec étonnement.
Bien que mon souffle soit court et que ma cage thoracique soit enflammée, je reste calme. J'ai choisi d'intervenir moi-même, donc je dois rester maître de la situation.
— C'est absurde de maltraiter quelqu'un pour un simple morceau de pain, vous ne trouvez pas ?
Je ris faussement pour essayer de détendre l'atmosphère, mais cela semble être une erreur car ils me regardent tous les trois avec colère.
Soudainement, un poing s'abat sur mon visage. Le garçon que j'ai bousculé s'est déjà relevé et si j'en crois la douleur atroce que je ressens dans ma mâchoire, il n'a pas apprécié mon geste.
Je crois percevoir la saveur du sang dans ma bouche. Génial, je ne sais pas comment je vais expliquer ça à mes géniteurs. Au moins, cette fois-ci, père aura une bonne raison pour me réprimander.
— On ne t'a jamais dit de ne pas te mêler des affaires d'autrui ?
— Oh tu sais, on me le répète souvent.
Ils froncent tous les sourcils comme si j'étais devenu fou. Je suis prêt à répondre, me sentant encore capable de le faire. Cependant, le jeune garçon à terre se relève péniblement en s'appuyant sur le mur et contre toute attente, il ose riposter.
— Je suis peut-être un paria, mais moi au moins, je ne maltraite pas les autres.
Je jette furtivement un coup d'œil en arrière pour l'observer, et je constate qu'il se tient encore derrière moi.
Il a certainement le courage de répondre à ces idiots, mais la peur dans ses yeux prouve néanmoins qu'il ne souhaite pas les affronter seul. Alors, s'il en a besoin, si c'est ce qu'il souhaite, je serai son protecteur.
Je redresse le torse et corrige ma position, ce qui me permet de gagner quelques millimètres précieux.
Je sens le souffle saccadé du garçon dans mon dos, et si je ne calme pas rapidement la situation, je risque fort de recevoir un deuxième coup.
Je tousse légèrement et prends un ton plus flexible. Ils nous considèrent tous deux comme des moins que rien. Alors si jouer le rôle de mendiants peut nous aider à nous débarrasser d'eux pacifiquement, soit.
Grâce au statut de père nous disposons de domestiques. Notre logement est suffisamment spacieux pour héberger au moins trois familles et nous ne manquons de rien.
Bien que je reconnaisse la chance que j'ai d'avoir tout cela, l'argent n'a jamais été primordial à mes yeux.
Les valeurs sont ce qui importe le plus pour moi.
— La nuit tombe, et je suppose que vous avez des obligations plus importantes que de vous quereller avec des personnes aussi insignifiantes que nous, n'est-ce pas ?
Ils s'observent l'un après l'autre, et comme je le prévoyais, ils éclatent immédiatement de rire. Celui qui m'a frappé jette un regard sombre au garçon derrière moi avant de m'en envoyer un autre encore plus noir.
Je me fiche de ses yeux obscurs et de son visage plein de malice, comme s'il était supérieur à tout le monde. Les gens comme lui m'importent peu, mais quelque chose me dit que ce n'est pas le cas de tous.
— Tu as raison. Ça sent la pauvreté ici.
Un nouveau rire retentit dans la ruelle, et je ne manque pas de les dévisager lorsqu'ils quittent enfin l'avenue. Je soupire, et le haut de mon corps tombe légèrement en avant de soulagement.
Je n'imaginais pas vraiment que mon après-midi se terminerait ainsi. Mais au moins cela me change du calme ennuyeux qui règne à la maison.
— Merci.
Je me retourne dès que j'entends une petite voix timide derrière moi. Je prends alors le temps d'examiner le garçon.
Ses cheveux sont assez courts, de couleur noire et un peu en désordre, probablement à cause de ce qu'il a enduré pendant plusieurs minutes.
Il saigne légèrement au niveau de la lèvre et il aura probablement un œil au beurre noir. Si je ne craignais pas les reproches de père et si j'avais suffisamment de courage, j'aurais assurément frappé ces trois crétins.
Un faible sourire se forme sur mes lèvres, même si je doute que cela puisse soulager la douleur qu'il doit ressentir en ce moment.
— Ne me remercie pas, tout le monde aurait fait...
Je m'arrête instantanément quand il me coupe au milieu de ma phrase.
— Non, tu te trompes. Personne n'intervient jamais, pas pour les gens comme moi.
Ces mots me font mal au cœur.
— Je ne sais même pas pourquoi tu l'as fait d'ailleurs. Tu n'as rien à faire dans ces quartiers, je suis bien conscient d'où tu viens.
Mon corps tout entier se fige. Je ne lui en veux pas de penser ainsi, puisqu'il a raison. Je ne viens pas d'ici. Et pour retourner chez moi, je dois traverser des quartiers défavorisés et démunis, mais je n'en ai pas honte. Il n'y a aucune honte à habiter ici, c'est la société qui nous oblige à l'éprouver.
— Tu as raison. Hmm, j'ai grandi dans les hauteurs de Sina, les zones habitées par les...
Il me coupe une nouvelle fois.
— La zone des vampires, je suis au courant.
Je fronce les sourcils, il n'a pas l'air très surpris.
— Cela ne te fait pas peur ?
Je suis née dans ce monde, j'en fais partie depuis toujours. Mon père Kim Yuri est Lieutenant au sein du quartier général. Le tout premier construit il y a plusieurs siècles pour instaurer un cadre structuré parmi les vampires et ma famille sert le QG depuis extrêmement longtemps.
Je fais partie de cet univers depuis ma naissance, et je suis plus qu'étonné de l'insouciance de cet humain qui n'a rien à voir avec le mien.
N'importe qui aurait déjà fui en découvrant que je ne suis pas d'ici, et pourtant lui a l'air entièrement serein.
— Non. Tout le monde sait qui fréquente l'autre partie de la ville, ce n'est un secret pour personne.
Sans doute, je ne me suis jamais réellement posé la question pour être franc.
— Je devine que tu appartiens à un clan réputé, il y en a quelques-uns là-haut. Je ne sais pas si tu essaies de le cacher, mais c'est plutôt évident.
Je baisse la tête avec un faible rire.
— Je n'essaie pas de le cacher. Mais je t'avoue que je ne dis pas non pour venir vivre ici.
— Si tu le souhaites, on peut échanger nos vies. Avoir une famille de vampires ne doit pas être si terrible que ça.
Je ris à nouveau et ses yeux brillent d'incompréhension face à ma réaction. Si seulement il savait.
— Oh tu voudrais vite revenir à ta vie, crois-moi.
Nous nous fixons du regard pendant de longues secondes et nous éclatons tous les deux de rire.
— Hmm. Certainement.
Je suis heureux qu'il aille mieux. Soudainement, mes doigts touchent ma poche et mes yeux se posent à nouveau sur ce petit morceau de pain.
Sans hésitation, j'ouvre la fermeture éclair, saisis le sachet et le donne au garçon. La vieille dame me les a donnés, mais il semble en avoir plus besoin que moi.
— Ce n'est pas du pain, mais je n'ai plus faim. Prends-les.
Ses yeux s'élargissent en les regardant et je ne peux m'empêcher de sourire face à son expression adorable.
Mais quand son sourire disparaît subitement, je réalise qu'il est sur le point de refuser. Alors, avant qu'il ne puisse le faire, je prends sa main et lui donne le sachet avec force, ne lui laissant pas le choix.
— Ce ne sont que des fraises, accepte-les.
Il fixe les fruits comme s'ils étaient des objets précieux et après ce qui semble être une éternité, il finit par incliner la tête.
— Merci, dit-il de nouveau.
— Je t'en prie.
Je remarque tout à coup que la ruelle est maintenant complètement ombragée et je réalise que j'ai perdu du temps. Ce n'est pas très grave car j'ai aidé quelqu'un dans le besoin, mais je n'ai pas vraiment envie de rentrer chez moi sous le ciel étoilé.
Je mords mes lèvres, mes pieds glissent de gauche à droite sur le sol, balayant les cailloux sur leur passage, et je quitte lentement la rue.
Mais je m'arrête aussitôt quand il m'appelle. Et j'ai à peine le temps de me retourner que des bras me sautent au cou et un corps se colle contre moi.
Un son rauque de surprise sort de ma bouche et mes bras restent immobiles un moment, étonnés par cette étreinte.
— Merci encore de m'avoir défendu, et pour les fraises. Personne n'a jamais eu un geste aussi gentil envers moi.
La chaleur qui envahit soudainement mon cœur est surprenante.
Personne ne me remercie jamais pour quoi que ce soit. J'entends seulement des critiques et des reproches toute la journée.
Alors, l'entendre me remercier deux fois pour quelque chose qui devrait être ordinaire me brise le cœur autant qu'il le soigne.
Est-ce cela, avoir un ami ? Quelqu'un qui nous exprime sa gratitude et semble apprécier chacune de nos actions ? Ma vie là-haut est si triste et désagréable que je n'en ai jamais eu.
Je passe mon temps à converser avec des gens bien plus âgés que moi simplement par courtoisie, et quand je ne participe pas à ces soirées ennuyantes, je m'entraîne.
C'est donc avec maladresse que mes bras se referment autour de lui.
— Hmm. Inutile de me remercier, rentre chez toi avant qu'il ne fasse nuit.
Il doit ressentir le besoin de me serrer encore plus fort car il m'empêche totalement de bouger. Au bout de quelques minutes, il finit par se défaire de moi.
Nous quittons la ruelle sombre pour retourner sur celle principale, et nous prenons des directions opposées. Mais avant que je ne parte pour de bon, une question lui vient à l'esprit.
— Comment t'appelles-tu ? Je ne sais pas si tu as le droit de me...
— Taehyung.
En l'entendant, il se fige et ses yeux brillent à nouveau. Son sourire me touche profondément. Il est si beau qu'il devrait le montrer au monde entier.
— Mon nom est Kim Taehyung.
Il acquiesce et serre fermement le sachet de fraises, comme s'il contenait des joyaux.
— Merci encore, Taehyung. Prends soin de toi.
Il s'incline poliment et commence à partir.
— Et toi, comment t'appelles-tu ?
Il se tourne si rapidement vers moi, que ses cheveux volent en tous sens.
— Pardon ?
— Je peux savoir le nom de la personne que je viens d'aider, non ?
Il paraît vraiment étonné par ma demande. Comme moi, qui n'ai pas l'habitude de me lier d'amitié, il doit également ne pas être habitué à donner son nom.
Je suis à nouveau dévastée lorsque je constate qu'il est réellement ému par ma question, qui est pourtant si banale. Après tout, c'est la première chose que nous demandons à quelqu'un que nous rencontrons pour la première fois.
Ses yeux brillent d'un coup de bonheur, incapable de maîtriser son émotion. Il m'offre un faible sourire, tandis que j'attends sa réponse avec impatience.
— Je m'appelle Jimin. Park Jimin.
◼️◼️◼️
Je cogne de manière répétée sur ce malheureux tronc d'arbre. L'homme aux yeux rouges me scrute attentivement, ne perdant pas une miette de mes mouvements.
Mon souffle est saccadé, mes mains saignent depuis un moment déjà, mais le capitaine n'a pas l'air de s'en préoccuper. Le rythme de mes coups est chaotique, ils sont à présent aléatoires, puisque je suis plus capable de fermer mes poings.
— Taehyung, contrôle ta cadence.
La voix rauque du vampire me fait sursauter, car il n'a pas parlé depuis au moins une demi-heure. Il est adossé à un tronc sur ma droite, les bras croisés sur sa poitrine, et il observe silencieusement le ciel.
Il semble peut-être regarder le ciel plus attentivement que moi, mais c'est juste une impression. Azarias ne rate jamais rien.
— Ça fait déjà deux heures. Je vais perdre mes mains si ça continue, dis-je epuisé.
Je l'entends soupirer. Il conserve la même position, mais ses yeux se posent sur moi.
— Tu es un Kim. Tu sais très bien que tôt ou tard tu devras....
— Remplacer mon père en tant que Lieutenant, je sais. Mais à quoi bon frapper un arbre pendant des heures ? Est-ce que cela fera une différence ?
Il n'est pas surpris de ma question et un léger sourire s'étire sur ses lèvres. Il quitte son arbre pour s'approcher du mien et il s'appuie dessus pour être face à moi. Mes yeux s'écarquillent lorsqu'il touche mon front du bout de son doigt.
— Tout est dans ta tête, Taehyung.
Son doigt index suffit à faire pencher légèrement ma tête en arrière.
— Bien sûr, la force physique est importante, je te l'accorde. Mais si un homme n'a rien à l'intérieur, cela ne signifie rien.
— Voulez-vous parler de bravoure ou de ténacité ?
— Un peu des deux.
Mes bras retombent le long de mon corps, et ce simple geste les fait trembler tant ils sont engourdis. Le vampire ne commente pas mon arrêt, alors j'en profite pour poursuivre notre conversation.
C'est la première fois que j'arrête l'entrainement, mais je suis incapable de continuer. Pas avec les mains en sang.
— Il faut faire preuve d'un grand courage pour affronter les défis de la vie, tout comme il faut savoir également s'en protéger et tenir le coup.
Je suis content de constater que ma respiration commence à se normaliser.
— Savoir quand dire stop, savoir quel genre de chose accepter ou refuser. Savoir quand il faut se battre et à quel moment lâcher prise.
Je cligne doucement des yeux, captivé par ses paroles. Au début, mon père me faisait des exercices basiques et très simples dans le jardin. Puis un jour, le capitaine a insisté pour prendre le relais.
Je ne suis pas sûr de la raison pour laquelle il a pris cette décision. Mais il est probablement estimé que mes séances avec père n'étaient pas très productives.
J'ai d'abord été effrayé à l'idée de m'entraîner avec lui, mais j'ai fini par m'y habituer. Puis cela signifiait passer moins de temps avec père, alors je ne pouvais refuser.
Ça s'est produit quelques semaines après ma rencontre avec Jimin. Évidemment, j'avais déjà rencontré le capitaine bien avant mes dix ans. D'ailleurs si je ne me trompe pas, je l'ai même rencontré lors de ma naissance.
Et cela fait déjà trois ans que nous faisons ça. Quatre fois par semaine, sans exception. Je crois que c'est la première fois qu'il me parle autant pendant une séance.
— Tes mains te font mal, donc tu as arrêté de frapper cet arbre de ton plein gré.
Mes yeux se plissent, ne sachant pas vraiment où il veut en venir.
— Aujourd'hui, tu as choisi de passer en priorité en désobéissant à mes instructions. C'est pour cette raison précise que je t'entraîne depuis trois ans.
— Pour que je désobéisse ?
Un sourire plus large que le précédent se dessine sur son visage, et je perçois même un léger rire.
C'est drôle de le voir ainsi. Lui qui est toujours impassible et mystérieux avec tout le monde. Il me rappelle père.
En raison de leur rang, ils doivent être impeccables. Ils ont une réputation à maintenir et je le comprends. Bien que cela me dépasse complètement, avec le temps je comprends mieux pourquoi ils agissent ainsi.
Mais à la maison, père reste dans son rôle, dans ce personnage qu'il incarne aux yeux de tous. Il est ainsi même avec moi, pour une raison que j'ignore.
Au moins, le capitaine semble faire la distinction. Il a l'air de savoir quand être le capitaine Azarias et quand être simplement Azarias.
— Pas seulement pour que tu désobéisse, mais pour que tu t'écoutes Taehyung. L'entraînement t'aide à savoir quand établir tes propres limites.
— C'est pour cela que vous restiez si froid et muet tout ce temps ? Je pensais que vous ne m'appréciez pas, dis-je nerveusement.
Il affiche une mine mignonne et secoue la tête.
— Cela devait venir de toi. Si je t'avais demandé d'arrêter, tu n'aurais jamais eu le déclic de le faire toi-même. Et je t'apprécie plus que tu ne l'imagines Taehyung.
Mes yeux s'arrondissent de stupéfaction, et je sens mes joues se colorer.
— Alors j'ai mis trois ans à comprendre que je devais prendre mes propres décisions ? Je suis vraiment bête.
Il secoue la tête en signe de désapprobation et sa mâchoire se crispe. Néanmoins, il ne se prive pas de me jeter un regard sérieux.
— Non, il t'a fallu trois ans pour te libérer de l'influence de ton père. Ce n'est pas de la faiblesse, mais de la bravoure.
En cessant de frapper sur ce tronc d'arbre, j'ai réussi à me dégager de l'emprise de père ?
— Tu ne t'es pas arrêté avant, non pas parce que tu me trouvais effrayant, bien que cela ait sans doute été le cas au début, je sais que tu ne me crains pas réellement.
Je suis surpris d'entendre mon propre rire. Je n'oserais jamais l'avouer, mais il ne m'effraie pas autant que je le pense. C'est surtout son charisme qui le rend si intimidant, sinon Azarias est plutôt un homme honorable et sympathique.
— Ce n'est pas à cause de moi que tu ne l'as pas fait avant, mais à cause de ton père.
— Mon père, je dis en fronçant les sourcils.
— Oui, ton père Taehyung. Tu avais peur de ce qu'il pourrait faire ou dire s'il découvrait que tu m'avais désobéi.
Je sens mon cœur battre de plus en plus fort, jusqu'à mes tempes.
— Tu ne l'as pas fait avant parce que tu ne voulais pas le décevoir.
Ma tête tombe en avant et ma respiration devient difficile, bouleversé par ces mots.
— Tu as compris qu'il ne faut pas se soucier des autres avant de s'occuper de soi. Et c'est exactement ce que j'attendais de toi.
Je ne parviens pas à regarder directement dans ses yeux, alors sa main qui attrape mon menton m'aide à le faire.
— Tu es destiné à prendre la place de ton père, mais je ne veux pas d'un autre Kim Yuri ou d'un Kim Yuki à mes côtés. Je veux Kim Taehyung. Et pour cela, tu dois arrêter d'avoir peur de ton père et avoir confiance en toi.
Ces mots sont tout aussi fatigants que la douleur dans mes mains, alors je m'appuie sur le tronc d'arbre pour me reposer.
Azarias m'imite, s'asseyant à mes côtés, et je suis de nouveau étonné quand il sort des bandages de sa poche.
Je crois que j'y suis allé un peu trop fort aujourd'hui. Il attrape ma main droite, qu'il entoure délicatement du tissu blanc.
— Il est toujours distant et si impassible que j'ai l'impression de tout faire de travers. Je ne sais tout simplement pas comment le rendre fier de moi, comment le satisfaire.
— Si cela peut te rassurer, sache qu'il est pareil avec nous.
Je plisse les paupières en observant le soleil, le crépuscule ne va pas tarder. Je n'avais pas réalisé que nous étions ici depuis si longtemps.
— Ne lui en veux pas trop, Taehyung.
— Hmm, dis-je en ramenant mes jambes contre ma poitrine.
— Ton père porte un lourd fardeau sur ses épaules tu sais ? Et la pression qu'il exerce indirectement sur toi, sache que lui aussi a subi la même chose, voire pire, dans le passé.
Mon père a été transformé en vampire à l'âge de vingt ans par mon grand-père. C'est une tradition dans notre famille. Le père doit tuer son fils adulte pour effectuer la transformation et ce dernier deviendra alors Lieutenant après son décès.
Et si cette ancienne coutume doit être perpétuée, mon père l'adoptera également dans quelques années. J'ai encore l'espoir qu'il ne le fasse pas, que mes parents prennent enfin conscience de l'absurdité de cette tradition.
Si je dois suivre le chemin de père, de mon grand-père et de ceux qui nous ont précédés, je veux le faire volontairement. Je veux le faire par choix, et non pas sous la contrainte, par obligations.
— Et si je refuse de me transformer ? Et si je ne veux pas de cette vie-là ? La tradition de ma famille est absurde.
Je suis rassuré qu'il ne m'interrompe pas et ne me réprimande pas. Il me prête une oreille attentive, comme si mes pensées étaient importantes pour lui.
— Je dois écouter ma voix intérieure et briser l'emprise de mon père sur moi, mais je suis malgré tout contraint de suivre cette coutume démodée et insensée. Je suis désolé mais je trouve ça ridicule.
— Je comprends.
Il a fini de soigner mes blessures, mais éprouvant soudainement de la colère, je serre les poings, tachant davantage le tissu blanc.
— Non, ce n'est pas vrai. Vous et père, vous êtes très similaires.
Je soupire de frustration. Je suis seulement un enfant de treize ans, donc évidemment mes pensées et mes désirs ne sont pas pris en compte.
— Vous m'imaginez déjà transformer et diriger à vos côtés en tant que lieutenant, parce que c'est ainsi depuis toujours.
Je soupire.
— Notre famille est fidèle au quartier général depuis des générations. Alors oui, je comprends que je ne fais pas exception à la règle.
Je souffle à nouveau.
— Je comprends parfaitement tout ça. Mais à mes yeux, le temps s'écoule afin de s'améliorer et de devenir des personnes meilleures. Mais certainement pas pour réitérer les mêmes erreurs sans aucune réflexion.
— Taehyung, dit-t-il en murmurant.
— Je veux avoir le choix, Azarias !
Si j'étais au quartier général, les autres m'auraient déjà probablement enfermé dans les cellules à cause du ton que j'emploie, mais je suis content qu'il ne me réprimande pas, et qu'au contraire, il m'écoute.
Il est le seul adulte à le faire.
— Je considère que j'ai le droit de choisir ce que je serai pour l'éternité. C'est une décision qui ne devrait être prise que par moi-même.
Azarias soupire longuement, et je crois même qu'il se perd dans ses pensées quelques minutes.
— Tu as raison. C'est une décision importante et elle devrait t'appartenir.
— Je ne dis pas que je refuse mon destin, mais je pense que j'ai le droit de décider moi-même quand le moment sera venu.
Il acquiesce en silence et tapote amicalement mon genou. Je respire profondément quand une rafale nous frappe de plein fouet.
— Beaucoup de personnes souhaitent travailler à vos côtés, je pense que vous vous en sortirez très bien sans moi.
Pour la deuxième fois aujourd'hui, il se met à rire. Cette fois-ci, il résonne plus fort à mes oreilles, et sa mélodie est étrangement apaisante.
— Tu ferais un excellent lieutenant tu sais ?
— Peut-être.
— Je suis désolé, dit-il tout à coup.
Mon regard se tourne brusquement vers lui à l'écoute de ses propos.
— À quel sujet ?
— Pour avoir été si exigeant envers toi toutes ces années. Nous aurions dû avoir cette conversation depuis longtemps.
Un faible sourire s'échappe de mes lèvres et je suis surpris de ressentir une grande émotion.
— Je vais discuter avec ton père. Je ne peux rien te promettre, mais je vais essayer de le convaincre.
— Vraiment ?
Il ricane une troisième fois alors que je me lève soudainement à cause de l'excitation.
— Oui, je vais aller le voir. Mais cela ne signifie pas que nous devons suspendre les séances d'entraînement entendu ?
— Aucun souci, je réponds en souriant.
— Bien. Tu peux disposer. Et n'oublie pas de soigner convenablement tes mains.
J'acquiesce, et je m'incline avant de partir. C'est le sourire aux lèvres que je rentre à la maison.
Pour la première fois, j'ai l'espoir que ma vie ne se termine pas de manière tragique.
Pour la première fois, j'aperçois un futur qui pourrait m'appartenir.
Nous souhaiterions étudier ensemble Jimin et moi. Nous aimerions également explorer de nouveaux horizons. Et qui sait, peut-être pourrions-nous avoir notre propre navire ?
J'ai sans cesse acquiescé avec un faux sourire en lui disant combien ça me plairait beaucoup. Cependant, je suis honnête. Si Azarias réussit à convaincre père, j'adorerais vivre ma vie aux côtés de Jimin.
Je désire avoir la possibilité de mener ma vie comme je le souhaite, avant d'y être enfermé pour toujours. Par la suite, lorsque je serai prêt, je pourrai travailler avec père et Azarias s'ils veulent toujours de moi.
Je n'ai pas l'intention de rompre totalement mes liens avec cette vie. Je souhaite simplement avoir la liberté de choisir et de prendre mes propres décisions, sans être influencé par ma famille et la société.
Je veux d'abord vivre pleinement ma vie. Travailler, parcourir le monde, tomber amoureux, avant d'être emprisonné au QG pour une durée infinie.
Je ne demande rien de plus, qu'avoir le choix.
◼️◼️◼️
Je m'assieds sur ma serviette et remercie Jimin qui me tend un cornet de glace. Le soleil tape si fort que je commence déjà à sécher. L'été, nous passons nos journées entières à la plage.
C'est une tradition que nous avons adoptée la première année de notre rencontre, car nous partageons tous les deux une passion pour la mer.
Je peine même à concevoir que cette habitude n'existait pas avant. Jimin est tellement important pour moi qu'il est maintenant difficile d'imaginer une existence sans lui.
Après notre rencontre dans cette ruelle, j'ai commencé à aller en ville plus souvent dans l'espoir de le revoir. J'en avais terriblement envie, et je voulais m'assurer qu'il allait bien.
Quelques jours plus tard, j'ai finalement réussi à le voir dans la même ruelle. Bien qu'il ait nié m'attendre, j'avais deviné qu'il attendait depuis un moment. Par la suite, c'est devenu notre lieu de rendez-vous.
Je descendais une fois par semaine en essayant d'être le plus discret possible. J'ai fini par trouver des avantages à ce que mes parents soient si occupés.
C'est ainsi que notre amitié a commencé, et je suis heureux que nous soyons toujours ensemble. Il est devenu mon premier et unique ami, et cela me suffit amplement.
— Ton père n'a toujours rien dit ?
Je savoure ma glace lentement, plongé dans mes réflexions, mais je tourne la tête à l'entente de sa question.
— Non, rien de nouveau.
— Penses-tu que Azarias lui ait véritablement parlé ?
Je fixe la mer un instant, inspirant profondément, m'imprégnant de l'air pur.
— Il semblait sincère lorsqu'il m'a assuré qu'il lui en parlerait. Mais père est têtu, je me doutais qu'il ne céderait jamais.
Jimin grimace tristement.
— Ça fait déjà deux ans. S'il était d'accord, cette affaire serait probablement déjà résolue Tae.
— Je sais, répondis-je en soupirant.
Après notre conversation avec Azarias, j'ai gardé un œil sur père les jours qui ont suivi. Je cherchais des indices qui montreraient qu'il avait parlé au capitaine.
Cependant, il est tellement doué pour dissimuler ses sentiments que je n'ai jamais rien remarqué de suspect.
Il n'y avait absolument rien d'inhabituel en lui, donc j'ai fini par réaliser que leur conversation a dû être courte et que mon père l'a rapidement oublié.
C'était stupide de ma part de penser qu'envoyer Azarias était une bonne idée. Après avoir fini nos glaces, Jimin se lève immédiatement et me tire par le bras.
— Je suis désolé d'avoir parlé de ça, n'en parlons plus. Viens !
Il me force à me lever, et nous retournons dans l'eau. Je soupire de soulagement en sentant sa fraîcheur envelopper ma peau, et le bruit des vagues apaise rapidement mes inquiétudes.
Jimin se met à flotter sur le dos et je m'amuse à le couler. Comme prévu, il remonte à la surface en colère, et une bataille commence. Un affrontement épuisant, difficile, qui se termine rapidement sous des éclats de rire.
— On pourrait partir tous les deux.
Je cesse de bouger mais agite mes bras pour rester sur place.
— Pour aller où ?
Il hausse les épaules.
— Je ne sais pas, n'importe où.
— Tu n'aurais pas peur de tout abandonner ?
— Si tu es à mes côtés, je n'ai aucune crainte. Puis est-ce que quelque chose pourrait être pire qu'ici ?
Je ris, et je penche ma tête dans l'eau pour arranger mes cheveux.
— Ça c'est sûr.
Nous rions tous les deux, un rire paisible et discret qui s'atténue vite, pour laisser place à nos réflexions. Pour laisser place aux interrogations.
Ce serait malhonnête de dire que je n'ai jamais songé à partir, cela s'est en réalité produit tellement de fois que je ne les compte plus.
Mais est-ce que quitter une vie que l'on refuse d'endurer signifierait être lâche ?
Le faire prouverait simplement à père que je ne suis pas digne de confiance. Que j'ai préféré trahir ma famille plutôt que d'affronter ma destinée.
Je pourrais partir. Mais si je le fais sans son accord, je sais qu'il me traquera, et qu'il me ramènera de force à Sina. Et je n'ai pas envie de passer mon temps à me battre contre lui.
— Réfléchis-y, d'accord ? Je suis sérieux Tae.
Je lève les yeux vers Jimin qui a délaissé son air insouciant et enjoué pour afficher une expression sérieuse.
— Tu n'es pas heureux ici, et je ne supporte pas de te voir dans cet état.
— C'est mon problème, pas le tien. Tu n'as pas à...
Je suis surpris quand il saisit brusquement mon visage entre ses mains.
— Ton problème est devenu le mien dès que tu es apparu dans cette ruelle pour me sauver.
Je suis ému en l'entendant parler avec tant d'émotion, alors je reste silencieux.
— Dès que tu m'as donné ce sachet de fraise, tes problèmes sont devenus les miens. J'ai su que je te suivrais n'importe où quand tu as couru à toute vitesse pour m'aider.
— Jimin, soupirai-je, au bord des larmes.
— Ton père est un égoïste Taehyung. Et je ne pense pas qu'il abandonnera ses responsabilités pour toi. C'est dur à entendre, et je m'en excuse, mais c'est la vérité.
Nous nous regardons dans les yeux pendant de longues minutes, jusqu'à ce que mon soupir brise le silence.
— Azarias m'a assuré qu'il pourrait le convaincre.
— Et tu crois en lui ?
Le coin de ses yeux se plisse et il semble véritablement préoccupé par sa question. Ma poitrine devient plus lourde, et c'est le cœur rempli d'émotions que je lui réponds.
— Si je ne crois pas en lui, en qui devrais-je croire ?
◼️◼️◼️
Je dois me maîtriser pour ne pas frapper la table en bois de mon poing. C'est toujours la même chose avec lui. J'obéis à toutes ses demandes, je fais tout ce qu'il désire, mais je ne reçois jamais rien en retour.
Il a insisté pour discuter de mes missions accomplies au quartier général avec Azarias. Il m'a posé des questions ridicules autour d'un verre de vin, prétextant que je suis un adulte maintenant. C'est devenu sa nouvelle passion ces derniers mois.
Au moins maintenant, il a une excuse. Boire ensemble tout en me sermonnant sur ce que je ne fais pas assez bien. Maintenant, il peut le faire de manière plus subtile.
En colère, je me sers moi-même un autre verre, c'est probablement la seule chose qui me console pour le moment.
— Qu'est-ce qui se passe ?
Il arque les sourcils et semble vraiment surpris de me voir si furieux. Ma mâchoire se serre et je manque de briser le verre que je tiens.
— Vous savez très bien quel est le problème, père. Vous êtes au courant depuis longtemps, Azarias vous en a parlé plusieurs fois. Je suis même étonné que vous n'ayez pas été sanctionné pour désobéissance.
Ses yeux deviennent rouges dès que j'ai fini de parler et il s'approche de moi.
— Les problèmes de cette famille ne le concernent pas, c'est à moi de les régler et il le sait très bien.
Mon silence semble l'agacer car il soupire bruyamment et sa main vient glisser dans sa nuque.
— Tu te confies beaucoup à lui d'après ce que j'entends.
— Vous êtes surpris ? Vous voulez que je me confie à qui exactement, vous ? Vous ne m'écoutez jamais, père. Cela a toujours été ainsi.
— Taehyung, souffle-t-il soudainement fatigué.
C'est la première fois qu'il prononce mon nom avec une telle émotion. Je suis troublé et énervé, mais si le moment est enfin venu de lui ouvrir les yeux, je dois tout essayer.
Je n'ai jamais oublié les paroles d'Azarias. Je me doute bien que les choses ont été difficiles pour lui à son époque, il y a plus d'un siècle.
Quand je vois la lenteur avec laquelle notre société évolue et peine à changer aujourd'hui, j'imagine parfaitement l'enfance terrible qu'il a dû vivre.
Je suis capable de me représenter avec précision la mort horrible dont père a été victime, causé par un géniteur qui avait probablement connu le même sort.
Toutefois, je sais que nous ne sommes pas obligés de suivre cette voie.
Père pourrait devenir un homme vaillant en évitant de commettre les mêmes actes abominables que nos ancêtres.
— Vous pouvez devenir meilleur. Je sais que c'est une tradition dans notre famille et j'en suis conscient depuis mon enfance. Je sais également combien cela est important pour vous. Mais c'est cruel.
Ses yeux rouges s'atténuent, je prends cela comme un signe alors je continue en reposant mon verre sur la table.
— Grand-père n'aurait jamais dû vous infliger tout cela et vous n'êtes pas obligé de me faire subir la même chose.
Il se mordille les lèvres et je comprends que quelque chose le touche profondément. Il semble qu'il n'ait jamais eu l'occasion de réfléchir à cela auparavant.
Il n'a jamais réalisé qu'il pouvait faire ses propres choix et que ce qu'il avait vécu n'était pas normal. Il avait besoin d'entendre cela de son fils, et non de son capitaine.
Grand-père lui a inculqué des idées absurdes toute sa vie, lui répétant sans cesse ce qu'il devait faire lorsqu'il serait père. Peut-être qu'il lui a dit qu'il ne devait pas ternir la réputation de la famille et qu'il était l'avenir des Kim.
Les mots des parents sont plus forts que tout. Ils peuvent être ceux qui vous font réaliser vos rêves les plus fous, ou bien ceux qui vous enfoncent à terre, sans que vous puissiez jamais vous relever.
— La métamorphose devrait être mon choix, tout comme cela aurait dû être le vôtre. Et je suis profondément désolé que grand-père n'ait pas permis cela.
Je m'arrête pour respirer, ayant presque cessé de le faire.
— Je ne dis pas que je ne veux pas le faire, ce n'est pas un refus catégorique. Je dis simplement que j'aimerais avoir mon mot à dire et être en mesure de le faire quand je me sentirai prêt.
Il reste étonnamment calme.
— Je n'ai jamais voulu vous décevoir, père. Je sais qui nous sommes et ce que nous représentons pour tout le monde. Et pendant toutes ces années, j'ai seulement essayé de faire de mon mieux.
Je me rends compte que je pourrais craquer à tout moment, alors je me précipite vers la porte, voulant sortir de la maison.
Il a fallu plus de vingt ans pour avoir une conversation sérieuse et sincère avec lui.
Je ne sais pas ce qu'il pense maintenant ni s'il changera d'avis, mais il est temps de mettre fin à cela. J'ai exprimé mes sentiments et le reste est entre ses mains.
J'arrive devant la poignée, quand il saisit brusquement mes épaules et mon corps entier se fige lorsque le sien se colle au mien. Ses bras m'entourent et son étreinte est si forte que je manque d'air. Et ses mots me font verser quelques larmes silencieuses sur mes joues.
— Je suis désolé Taehyung, pour tout.
◼️◼️◼️
Je me réveille avec difficulté. Étendu sur le sol, je suis saisi par une douleur inhabituelle à l'arrière de la tête. Par instinct, je porte ma main à l'endroit douloureux et constate la présence d'un liquide rouge.
Je me sens étourdi et dois m'appuyer sur mes mains pour me lever. Ma respiration s'accélère lorsque je prends conscience de l'endroit où je me trouve.
Je suis dans la salle du sous-sol où père se réfugie parfois lorsqu'il est en proie à une crise.
Dans des moments de stress intense, sa faim peut devenir incontrôlable et il peut devenir violent. Pour éviter de faire du mal à quiconque, il préfère s'enfermer au sous-sol.
Immédiatement, je me précipite vers la porte et agite la poignée frénétiquement, mais rien ne se passe. Je frappe alors sur la petite vitre située au-dessus de ma tête et crie de toutes mes forces, sachant qu'ils m'entendent.
Pendant que je hurle, je tente de me souvenir comment j'ai atterri ici.
Mon père et moi discutions de Jimin, il était curieux à son sujet et semblait vraiment intéressé. Ils ont découvert il y a quelques années que je me rendais là-bas.
Ils m'ont d'abord engueulé, mais avec le temps ils ont laissé tomber, sachant très bien que si je le souhaitais, je pourrais m'y rendre quand même.
Comme un imbécile, j'ai été soulagé qu'il s'intéresse enfin à autre chose qu'à lui-même. J'aurais dû me douter que ce ne soit qu'une distraction. Il se comportait bizarrement depuis notre dernière conversation il y a quelques jours.
Mais il n'oserait pas le faire maintenant n'est-ce pas ? Pas après la discussion que nous avons eue, pas après son étreinte, pas après ces excuses, je refuse de le croire !
— Yuri ! Reina !
Je frappe de toutes mes forces sur la porte, sur le carreau dans l'espoir de la briser mais rien ne se passe. Je laisse mon front se poser dessus quand je me sens subitement étourdi.
Je ne peux pas concevoir qu'il ait eu l'audace de me frapper pour m'emmener ici. Je suis en train de rêver, cela n'est pas possible, je ne peux pas y croire, c'est insensé.
— Yuri, ne soyez pas un lâche jusqu'à la fin ! Comment osez-vous vous cacher dans un moment pareil !
Ma frustration s'accentue et je suis incapable de me calmer, peu importe la douleur à l'arrière de ma tête.
Conscient que mon cœur bat trop vite, je ferme les yeux. Je ne veux pas mourir avant de l'avoir vu.
Je veux voir la satisfaction dans son regard, d'achever enfin ceux pourquoi les Kim sont vraisemblablement destinés.
Je ne devrais pas être aussi étonné, après tout c'est ce qu'il a toujours voulu faire. Mais en étant son fils j'ai espéré qu'il abandonne, j'ai encore eu cet espoir il y a moins d'une semaine.
Je suis sur le point de crier de nouveau quand deux formes se placent devant la porte. Au début, je ne vois pas leurs visages, mais Yuri semble donner un ordre à Reina qui disparaît un instant.
Et les surprises continuent quand une brume blanche pénètre par les aérations. Je me demandais pourquoi j'étais enfermé ici plutôt qu'ailleurs.
C'est la pièce la plus sécurisée de la maison. Si cette fumée doit me coûter la vie, ils ne pouvaient se permettre de prendre des risques. Au moins dans cette salle, je serais le seul affecté.
Au bout du compte, je vois son visage et je suis sur le point de rire. Il est submergé de larmes, elles coulent tellement abondamment que son cou est également trempé.
— Des larmes, Yuri ? Vraiment ?
— La lignée des Kim ne doit pas s'éteindre, tu es le suivant depuis ta naissance.
Je suis né pour prendre la relève. Je suis venu au monde car ils avaient besoin d'un fils, non pas parce qu'ils en souhaitait un.
— Pardonne-nous Taehyung. Nous savons que tu sauras comprendre. Tu as toujours été un garçon clairvoyant, chuchote Reina.
— Je comprends parfaitement Reina.
Elle soupire en m'entendant l'appeler par son nom, mais à ce stade, ils ne méritent pas d'être appelés autrement.
— Mais je ne l'accepterai jamais ! Vous m'entendez, jamais !
La fumée s'intensifie. Je commence à tousser violemment. Ma gorge et mes yeux me brûlent, la douleur se multiplie à chaque seconde.
Je réalise à présent quand tout cela s'est produit. Et je ne vois qu'une seule réponse logique, le vin.
Étant pas un grand expert, je n'ai même pas été en mesure de faire la distinction étant donné que mon verre et la boisson empestait l'alcool. Je suis un idiot jusqu'au bout à ce que je vois.
Je quitte la porte pour m'affaler sur le sol, incapable de tenir debout.
Le manque d'air est épouvantable. Ma main droite vient saisir ma gorge ainsi que ma cage thoracique comme si cela allait me permettre de respirer correctement.
Le son de ma respiration est rauque et étouffé, et je ne peux contenir mes larmes.
— L'immortalité est incroyable mon chéri, tu nous remercieras quand la colère sera descendue, je n'ai aucun doute ! Ton grand-père serait fier de toi Taehyung !
Je suis étonné de pouvoir encore parler, mais ce sont les derniers mots en tant qu'être humain que je prononce
— Qu'il aille au diable.
Mes oreilles bourdonnent. Mes respirations deviennent plus lentes, l'air qui entre dans mon nez devient plus rare alors que la douleur qui se répand dans mon corps est insoutenable.
Des gémissements faibles s'échappent de mes lèvres, je n'ai pas la force de crier.
Ensuite, rapidement, je suis frappé par des contractions musculaires, ma vue devient floue, la pièce commence à tourner autour de moi.
Je suis maintenant complètement étendu sur le dos, les pleurs de Yuri sont les seuls sons que j'entends.
Ma main se pose sur mon ventre, et dans l'espoir de respirer correctement, je garde ma bouche ouverte jusqu'à mon dernier souffle, jusqu'à ce que mes yeux se ferment.
Kim Taehyung, âgé de vingt-deux ans, vient de mourir d'asphyxie.
◼️◼️◼️
Mes habits sont mouillés, il est possible que le tissu de mon pantalon se dissout si je reste dans l'eau plus longtemps. Je suis là depuis des heures ou peut-être des jours, je ne suis pas sûr.
Je suis frigorifié et je me sens étrange depuis que je suis revenu à la vie. À mon réveil, j'ai fui la maison. Mes parents ont essayé de me rattraper, mais j'ai réussi à leur échapper.
Perdu et encore sous le choc de ce que j'ai vécu, j'ai trouvé refuge sur la plage.
C'est un endroit éloigné où nous allons souvent avec Jimin quand il y a trop de monde. Je me suis assis au bord de la mer, sans savoir quoi faire ni où aller. Je n'ai pas bougé depuis.
À présent, je n'ai plus nécessairement la nécessité de respirer, mais après avoir été emprisonné dans cette pièce durant plusieurs minutes sans pouvoir le faire, j'en ressens le besoin.
J'ai envie de ressentir le vent marin pénétrer chaque parcelle de mon corps. Mais même en prenant de grandes bouffées d'air, la douleur insupportable qui pèse sur ma poitrine ne s'évapore pas.
Peu à peu, mon visage devient humide. Je pose ma main sur ma poitrine et je me mets à pleurer. Encore.
Je pleure sans interruption, incapable de contrôler mes sanglots tant le chagrin est terrible.
Je n'arrive toujours pas à accepter que ce soit réel. Que cela s'est réellement produit.
Je continue de verser des larmes, jusqu'à ce que la brise assèche mes joues. Je ferme les yeux quand je sens mes canines émerger.
Je suis un vampire. Je le savais pourtant depuis longtemps, que cela pouvait arriver... mais le vivre aujourd'hui est différent.
Je ne désire pas cette existence, alors que la mienne ne fait que commencer. Jimin et moi avons de nombreux projets ensemble, mais savoir qu'il devra les accomplir seul me déchire le cœur.
Je sursaute tout à coup quand quelqu'un surgit de nulle part et court dans ma direction. Dès que je reconnais la personne, ma poitrine se serre et je tremble plus fort.
— Oh Taehyung, dit-il d'une voix éraillée.
Le fait qu'il tienne une couverture dans les mains fait couler à nouveau mes larmes, car il savait où je me trouvais.
Il s'agenouille à côté de moi et délicatement, en faisant attention à ce qu'elle ne touche pas l'eau, il la pose sur mes épaules, en prenant soin de me couvrir entièrement.
Ensuite, il s'assoit à mes côtés, indifférent au fait que je sois assis au milieu de l'océan, trempé jusqu'aux os. Son pantalon beige devient subitement noir dès que le liquide turquoise pénètre le tissu.
— Ça fait deux jours, tu dois te nourrir. Tu vas mourir si tu restes comme ça.
Un sourire triste apparaît sur ses lèvres en voyant mon air confus.
— C'est toi qui me l'as dit. Et oui, j'ai écouté attentivement tous tes discours sur les vampires. Je suis maintenant presque aussi calé que toi sur le sujet.
Pour la première fois depuis les événements, je souris légèrement.
— Jimin, je ne veux pas de cette vie. Ce n'est pas ce que je souhaitais.
Il retient ses sanglots alors que les miens s'intensifient, et il saisit ma main pour me soutenir.
— Je sais, et je ne peux même pas imaginer ce que tu ressens. Mais je suis là pour toi.
Je secoue la tête et avale doucement ma salive pour essayer de me calmer.
— Tu vas gâcher ta vie en restant avec moi. Je ne veux pas que tu renonces à tout ce dont tu rêvais à cause de moi, Jim. Je ne pourrais pas le supporter.
Les yeux de Jimin s'élargissent de stupéfaction lorsque je me lève brusquement.
Faisant attention de ne pas faire tomber la couverture, je la pose sur ses épaules. Il porte une simple chemise, il en a plus besoin que moi.
Étant épuisé, je n'ai pas la force de courir. C'est donc d'un pas rapide que je traverse la plage déserte.
J'entends qu'il me suit.
Incapable de lui faire face, je veux accélérer, mais je suis contraint de m'arrêter lorsque sa main saisit la mienne.
— Ne me laisse pas, s'il te plaît, implore-t-il.
Je ne me retourne pas, je ne peux pas.
— Jimin, murmurai-je difficilement.
— Tu as été trahi de la manière la plus terrible qui soit et en plus par tes propres parents.
Même les tremblements de mon corps me font souffrir.
— Mais moi je te choisis Taehyung. Tu es celui que je veux à mes côtés hier, aujourd'hui et pour toujours. Je souhaite rester avec toi pour l'éternité.
Ayant compris ce qu'il essayait de dire, je me retourne finalement pour le voir aussi en larmes. Mais je ne remarque aucune hésitation, aucune crainte, aucune incertitude sur son visage.
— J'ai su dès que tu m'as expliqué ta situation.
— Tu n'es pas obligé de faire ça pour moi Jimin, tu as...
— Nous sommes une équipe, toi et moi non ?
C'est notre phrase fétiche.
Nos vies ont été constamment compliquées, alors nous avons passé les années ensemble à nous soutenir mutuellement. Je me retiens de me plaindre quand il me rend sa couverture, la posant aussi doucement qu'auparavant.
Mais je ne dis rien quand il me lance un regard noir.
— Rien ne me retient dans ce monde minable. Je ne pourrais pas survivre un seul jour sans toi, donc tu ne me feras pas changer d'avis.
Il se met à rire en me voyant soupirer.
— Alors fais-moi plaisir et nourris-toi. Puis qui sait, peut-être que l'avenir sera rayonnant ?
— Passer l'éternité tout seul ne me paraît pas très amusant, dis-je en faisant une grimace.
Je manque de tomber quand il me tape à l'épaule.
— Tu ne seras pas seul, idiot. Et on ne sait pas, peut-être que tu es un Thurisaz ?
Cette fois, je ne peux pas retenir mon rire, bien qu'il soit plus nerveux qu'autre chose.
— C'est vraiment la seule chose que tu as retenue de tout ce que je t'ai dit ?
Il hausse innocemment les épaules accompagnées d'un sourire en coin, et son bras vient se poser autour des miennes.
— Hmm. Ça semble plutôt intéressant d'être lié à quelqu'un. Peut-être qu'un jour un humain aura besoin de toi Tae. Alors tu n'as pas le droit de l'abandonner.
Pour une raison que j'ignore, ces mots me touchent. Je soupire longuement, et me laisse tomber sur le sable. Cela sera toujours mieux que d'être dans l'eau.
— Oui et bien si ça arrive je le plains, je ne vais faire que lui causer des problèmes. Puis, tu sais que les vampires détestent les Thurisaz depuis des siècles pas vrais ? Ils ne connaissent que la guerre.
Il lève les yeux au ciel, et je ne peux m'empêcher de sourire de la manière dont il s'assoit à côté de moi.
— Oh, on s'en fiche de ça, le plus important reste ton humain non ?
Je contemple l'océan, pensif.
— Probablement. Mais je suis un vampire depuis deux jours à peine. Il est possible que je n'en sois pas un, donc restons calmes.
Il ricane de nouveau et frotte mes épaules pour me réchauffer, même si la couverture est suffisante. C'est lui qui doit avoir froid, mais il pense quand même à mon bien-être. Ce garçon est un ange.
— Tu as raison.
— Comme d'habitude, dis-je en souriant légèrement.
Il me fixe un moment avant de lever soudainement son poignet devant ma bouche. Je fronce les sourcils et recule ma tête.
— Que fais-tu ?
— Je te nourris.
— Je ne vais pas le faire sur toi Jimin.
Il fronce les sourcils comme si j'étais stupide.
— Et tu comptes le faire sur qui petit génie ? Pour une première fois, le faire sur quelqu'un de confiance me semble être une bonne idée.
Je vois qu'il a eu le temps de réfléchir contrairement à moi. J'étais trop occupé à pleurer et à remettre toute ma vie en question depuis deux jours.
— C'est vrai. Mais laisse-moi profiter de ce moment paisible encore un peu, tu veux bien ?
— Évidemment, dit-il en soupirant de soulagement.
Sa voix sereine et le bruit des vagues me bercent tous deux, apaisant progressivement mes inquiétudes. Je me laisse faire quand il attire doucement ma tête près de lui, et qu'il me caresse le dos.
Je suis tellement reconnaissant d'avoir Jimin dans ma vie. C'est étrange d'être la personne qu'on choisit pour la première fois, et de ne plus être abandonné.
J'ai désobéi à père en voyant ce pauvre garçon sans défense dans cette ruelle, alors qu'il m'a toujours interdit d'intervenir pour des choses qui ne me concernent pas.
Et aujourd'hui plus que jamais, je suis fier de ne pas avoir suivi ses ordres.
◼️◼️◼️
C'est étrange d'être de retour à Sina après une si longue absence. Plus de cent ans se sont écoulés depuis que j'ai été transformé, et pourtant j'ai parfois l'impression que tout s'est passé hier.
Je respire profondément pour le plus grand plaisir de mes poumons qui se remplissent de l'air marin. Je souris légèrement.
C'est probablement la seule chose qui m'a manqué ici. La mer, son odeur apaisante et ce paysage turquoise à perte de vue.
Je suis submergé d'émotion et ma gorge se serre, tandis que je ne peux détourner mon regard de l'océan. Les cris des mouettes qui volent juste au-dessus de moi percent mes oreilles.
Sous mes pieds, les vagues s'écrasent contre les rochers et j'ai l'impression d'être de nouveau ce gamin qui cherchait refuge ici pour échapper à l'atmosphère terrible de sa maison.
Jimin et moi avons séjourné quelques jours seulement à Sina après l'événement tragique qui s'est produit.
Rester plus longtemps était insupportable, alors nous avons voyagé pendant des années, explorant le monde sans but précis, comme nous l'avions toujours souhaité.
Ces années de voyage et d'exploration ont particulièrement contribué à notre reconstruction, surtout la mienne.
Nous venions de concrétiser notre rêve, et même si j'en conserve un souvenir merveilleux, je suis conscient que les circonstances auraient pu être différentes si les événements malheureux ne s'étaient pas passés.
Nous avons mis du temps à trouver une magicienne qui acceptait de confectionner nos anneaux afin de nous préserver des rayons solaires. Sortir en plein jour était impensable pendant un certain temps.
Cela a été divertissant durant quelques jours, mais la réalité m'a vite rattrapé. Rien ne sera plus jamais pareil, et je n'ai eu d'autres choix que de l'accepter.
Nous avons tout de même été prudents toutes ces années. Nous ne devions pas attirer l'attention sur nous, sous peine de subir la colère des villageois et de semer la panique.
Ça aussi, c'est quelque chose qui a été difficile la première fois, rencontré un humain effrayé en nous voyant. Son visage s'est tordu de peur, et le choc l'a laissé muet avant de s'enfuir à toute vitesse. Je n'ai jamais vu quelqu'un courir aussi vite de ma vie.
Ici à Sina, c'est une chose normale. Bien que je ne sache pas exactement ce que les humains pensent de nous, ils sont tous conscients de notre existence, contrairement à d'autres endroits du monde où nous ne sommes que de simples légendes.
Il y a eu plusieurs moments similaires lors de nos explorations, mais dans l'ensemble, ces années ont été les plus incroyables de ma vie, et je suis reconnaissant chaque jour de les avoir partagées avec Jimin.
Nous avons sillonner le monde pendant environ cinq ans avant de prendre des chemins différents. Et même après ça, Jimin et moi nous sommes toujours retrouver.
Durant mon aventure en solo, je suis devenu le propriétaire d'une maison dans une petite ville nommée Meira.
C'est une maison isolée dans un immense terrain verdoyant. C'était la demeure de mes rêves, celle que j'ai toujours désirée depuis mon enfance et qui était parfaite à mes yeux.
Après avoir passé toutes ces années dans des bateaux et un tas d'autres transports, à découvrir tant de paysages, j'avais ressenti le besoin de me reposer dans un endroit silencieux, ou je me sentirais bien.
J'ai été heureux quand j'ai trouvé cette merveilleuse bâtisse qui a pris beaucoup de temps à réaménager, mais qui a su apaiser mes soirées sombres et angoissantes. Je suis resté là-bas jusqu'à présent. Mais il y a trois jours, nous sommes retournés à Sina.
Jimin est resté chez moi quelques semaines pour rattraper le temps perdu, avant que nous ne partions ensemble pour retrouver nos terres natales.
En parlant de Jimin, il vient juste d'arriver. Et je ne peux pas m'empêcher de rire de la façon dont il marche pour me rejoindre sur les hauteurs des falaises. Le vent souffle si fort qu'il vacille de tous les côtés.
Quand il arrive à mon niveau, je saisis sa main pour le tirer vers moi et garde cette dernière sur sa taille un instant pour qu'il ne perde pas l'équilibre.
— Tu es certain d'être toujours un vampire ? Ta maladresse ne semble pas avoir disparu, plaisantais-je.
Il fait une grimace et tapote ma tête pour exprimer son mécontentement.
— C'est toi qui m'as transformé, je te rappelle. Puis, tu aimes quand même ma maladresse.
— Hmm, dis-je en riant.
Malgré son expression boudeuse, il ne peut s'empêcher de sourire aussi.
Il pose son bras sur mes épaules tandis que je garde le mien autour de sa taille. Nous ne disons rien, profitant simplement de l'étreinte de l'autre et cette vue splendide.
Nous observons l'océan en silence, le soleil commence à se coucher.
Une teinte orangée se reflète sur l'eau turquoise et l'herbe sous nos chaussures prend la même couleur. Je suis tellement émerveillé par cette vue époustouflante, que mon souffle se coupe une seconde.
Nous avons pourtant vu la mer des centaines de fois pendant notre enfance, mais mon admiration pour elle, reste intacte.
— Tu es sûr de vouloir revenir ? demande mon meilleur ami.
Je détourne les yeux de la mer pour regarder le vampire.
— Je ne sais pas, Jim. Mais j'espère que c'est vrai.
— Pour ton humain ?
— Oui. Tu as tellement insisté dessus, que je commence réellement à y croire.
Sentant probablement mon corps se tendre, Jimin exerce une légère pression sur mon bras. Et je ne peux m'empêcher de sourire quand il pose sa tête sur mon épaule.
— Je sais que j'ai dit ça en plaisantant après t'avoir retrouvé sur la plage ce jour-là. Mais ce n'est pas impossible. Puis je ne sais pas, tu as l'air toujours... triste. Comme si quelque chose te manquait, tu vois ?
Je me souviens bien. À l'époque, il m'avait dit que je pourrais peut-être être un Thurisaz, et qu'un humain pourrait avoir besoin de moi un jour.
Au cours de ma longue vie, et après toutes ces années passées dans ma maison à Meira, j'ai eu le temps de réfléchir encore et encore.
Et cette discussion que nous avons eue avec Jimin est revenue dans mon esprit, ainsi que toutes les remarques qu'il a pu me faire à ce sujet.
Je ne sais pas si c'était mon opinion qui était influencée par les pensées de Jimin ou si c'était vraiment ce que je ressentais, mais c'est comme si tout commençait à devenir concret. Tout prenait sens.
C'est pourquoi je suis revenu et j'ai demandé à Jimin s'il voulait m'accompagner.
Ressentir un manque sans en comprendre la cause est une sensation étrange.
Quand j'ai commencé à l'éprouver régulièrement, c'est à ce moment-là que j'ai compris. Je ne pouvais pas me permettre de supprimer complètement cette idée de ma tête tant que je n'étais pas certain.
Puis sans vraiment comprendre pourquoi, j'ai imaginé que mon humain attendait que je vienne à lui, que je le trouve.
Cette idée m'a fait mal au cœur pour une raison inconnue.
J'ai imaginé toutes sortes de scénarios dans ma tête, en pensant à l'enfant que j'étais autrefois et en imaginant mon humain à sa place.
Peut-être que lui aussi attendait qu'on vienne le sauver, comme j'ai sauvé Jimin ce jour-là.
Je ne suis pas sûr d'être un Thurisaz. Mais dans le doute, je ne peux pas être égoïste. Et je suis prêt à revenir ici et à tout recommencer à zéro si cela peut me donner des réponses.
— Je sais qu'au fond de toi, tu le ressens aussi.
Un flot d'émotions m'envahit et ma poitrine se gonfle. Jimin me libère de son étreinte pour me faire face.
— Tu ne devrais pas craindre leur présence. Tu es un vampire Taehyung. Un putain de vampire et garçon formidable.
— Je suis sûr qu'ils savent déjà que je suis là, dis-je avec appréhension.
— Si tu en ressens l'envie, n'hésite pas à frapper ton père, il le mérite. Mais fait ce dont tu as envie, tu en as le droit. Aujourd'hui plus que jamais.
Malgré mes inquiétudes, je ne peux m'empêcher de rire, et il vient caresser tendrement ma joue.
— Ton humain est là priorité, les autres ne comptent pas, d'accord ?
Je hoche la tête lentement et il saisit de nouveau mes épaules pour me rapprocher de lui.
Bien que j'aie été le premier à prendre soin de lui en le sauvant ce jour-là, Jimin m'a sauvé de toutes les manières possibles.
Sans lui, je n'aurais jamais pu tenir le coup, et même aujourd'hui, il est prêt à vivre cette nouvelle aventure excitante et effrayante à mes côtés.
— Et s'il ne m'aime pas?
Jimin roule des yeux face à ma question.
— S'il ne t'aime pas, je l'enlève et l'attache à un arbre jusqu'à ce qu'il réalise à quel point tu es incroyable.
— N'importe quoi, dis-je en riant.
Il grimace et me regarde avec sérieux.
— Je ne plaisante pas. J'espère juste qu'il est aussi gentil et sympathique que toi. Sinon, tu devras en trouver un autre.
Je secoue la tête et mon sourire ne disparaît pas.
— Tu sais parfaitement que cela ne fonctionne pas ainsi.
— Je sais, dit-il en riant.
Lorsque le ciel est complètement assombri et que quelques étoiles commencent à briller, nous décidons de quitter la plage.
Mais alors que nous nous apprêtons à pénétrer dans une ruelle pleine à craquer, Jimin brise le silence.
— Il va t'adorer, j'en suis convaincu. On ne peut pas détester quelqu'un comme toi Taehyung.
◼️◼️◼️
Mon souffle est léger. Cela fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi calme, aussi détendu. Adossé contre un lampadaire, je regarde silencieusement les nuages se déplacer dans le ciel.
Je souris quand l'un d'eux prend la forme d'un visage, mais lorsque d'autres s'y ajoutent, sa forme se dissipe instantanément.
Jimin a encore insisté pour que je lui parle de lui.
Depuis que nous nous sommes rencontrés, il est presque aussi enthousiaste que moi, voire plus. Je me demande qui est officiellement devenu un Thurisaz, lui ou moi ? Je me pose parfois la question.
— Il a l'air d'être quelqu'un de paumé, dit-il tout à coup.
Instantanément, je lui donne une tape légère à l'arrière de la tête en entendant ces mots.
— Il a perdu ses parents il y a seulement un an, c'est compréhensible qu'il se sente perdu.
Voyant mon sérieux et comprenant la situation, il plisse les lèvres et croise les bras sur son torse.
— C'est vrai, pardon. J'avais oublié que cette terre abritait des parents affectueux et bienveillants.
Sa remarque me fait sourire, et je jette un coup d'œil à ma montre. Il est un peu en retard, mais il m'a dit qu'il devait faire des achats avec son oncle avant de me rejoindre.
À mes côtés, Jimin commence à s'impatienter. Il adore plaisanter et faire des remarques, mais au fond je sais qu'il est anxieux de le rencontrer.
C'est en partie grâce à lui que nous sommes retournés à Sina, donc si j'ai pu rencontrer mon humain, c'est également grâce à Jimin.
Nous avons tellement discuté de cela que j'ai du mal à croire qu'il est sur le point de le rencontrer. Tout me paraît encore si irréel.
— Il est gentil, arrête de t'inquiéter.
— Je ne m'inquiète pas, dit-il en secouant la tête.
— Alors cesse de remuer ta jambe, tu vas aussi m'inquiéter si tu continues.
Il râle brièvement et je soupire de soulagement quand son pied reste immobile sur le béton. Il ne se retient toutefois pas de me jeter un regard amusé.
— Quoi ton humain te rend nerveux ?
Voyant que je rougis, il éclate de rire.
— Tais-toi, dis-je en riant nerveusement.
Il garde son sourire et tourne brusquement le visage.
— Oh ! Je crois que c'est lui !
Je tourne la tête si vite que je manque de me briser la nuque. Il est bien là. Il nous fait un grand signe de la main en nous voyant, tout en courant vers nous avec un sourire aux lèvres.
Ce putain de sourire.
Nous marchons également dans sa direction, et je manque de tomber en arrière quand il me saute au cou.
— Taehyung, dit-il d'une voix un peu essoufflée.
Je ne peux m'empêcher de sourire comme un idiot, et j'avoue être rassuré qu'il ne puisse pas me voir la tout de suite.
— Bonjour petit prince.
Je n'ai pas besoin de regarder son visage pour sentir ses joues rosir. Il est adorable.
Se rappelant que nous ne sommes pas seuls, il se détache de moi et regarde timidement le vampire qui le fixe longtemps.
Mais alors que je m'apprête à frapper son pied pour le faire réagir, Jimin attire précipitamment Jungkook dans ses bras.
— Je suis content de faire ta connaissance, Jungkook.
C'est avec une grande émotion que je regarde mon meilleur ami et mon humain se prendre dans les bras.
Jimin tire discrètement sur la manche de mon vêtement pour me rapprocher, et je suis très vite inclus dans leur étreinte chaleureuse, douce et agréable.
Parce qu'une personne peut bouleverser toute votre vie de la plus belle des façons. Toutefois, il n'est pas impossible qu'une seconde s'y ajoute sur le chemin.
Et lorsque vous trouvez ces personnes, ne les lâchez jamais.
Chérissez-les avec tout l'amour que vous possédez.
⬛️ ⬛️ ⬛️
Mon dieu j'espère vraiment que cette interlude répond à vos attentes !
En vérité il y aurais eu tellement d'autres choses à développer mais je voulais me contenter du principal !
Alors que pensez-vous de Taehyung après ce très long chapitre ?
J'attends vraiment vos retours les amis sur tout ce qu'il s'est passé !
Love u❣️
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