53 - Vide

Vide

Hello les amis ! Je m'excuse si l'attente a été longue j'ai été malade et la fatigue du travail n'aidait pas. Je vais mieux et je suis d'ailleurs officiellement en vacances depuis hier soir hihi.

J'espère que vous allez bien ! Je vous souhaite en avance un joyeux Noël et de magnifiques fêtes de fin d'année.

Si j'ai le temps, je vais poster certainement une boîte à questions sur Instagram ce samedi ( nakussa_watt ) pour vous solliciter sur un petit bonus de Noël.

Bref, j'arrête de vous embêter, merci d'être encore là malgré le rythme moins régulier de ce dernier tome. Je vous souhaite une agréable lecture !


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J'ai mal à la tête. Mon corps est si douloureux que j'ai l'impression d'être passé sous un camion. Bouger ne serait-ce qu'un seul de mes muscles, me demande un effort énorme. Cependant, j'arrive à relever un peu la tête pour ajuster l'oreiller à présent totalement déformé. Je suis resté au lit toute la journée et je pense qu'il ne veut plus porter ma tête, pleine de peurs et de fatigue.

Le verre d'eau sur la commode est presque plein. Je l'ai déjà vidé plusieurs fois, ayant constamment la gorge sèche. Puis Taehyung passe presque toutes les demi-heures pour vérifier qu'il n'est pas vide et que je ne manque de rien.

C'est ce qu'il fait en ouvrant la porte, même si en réalité, je sais qu'il surveille principalement mon état. Je n'ai pas eu de nouvelles crises depuis cette nuit, mais je sais qu'il a peur que cela se reproduise. Et pour être tout à fait honnête, moi aussi. Avoir l'impression que son cœur va s'arrêter à tout moment et ne plus pouvoir respirer est très effrayant.

Comme si l'air de mes poumons pouvait disparaître à nouveau, je me sens obligé d'inspirer excessivement à chaque respiration. Le regard fixé sur la fenêtre, j'observe la nuit tombée progressivement. Et lorsque des gouttelettes viennent soudainement heurter la vitre, je les observe se frayer un chemin jusqu'au rebord, ou elles disparaissent ensuite.

Je devrais manger quelque chose, mais rien que d'y penser me fatigue. S'il y a quelques jours, la colère bouillonnait en moi au point de m'empêcher de dormir, aujourd'hui, je ne sais pas si je suis encore capable de la porter sur mes épaules.

Si elle m'aide à atteindre mes objectifs, elle me ruine aussi la vie.

Je veux la garder près de moi pour sauver mon frère. Sans elle, j'ai peur de ne pas y arriver et faire le contraire me semble inenvisageable. Mais je sais que si je la garde longtemps, si je n'arrive pas à la canaliser, je deviendrai exactement comme ceux que je combats.

Coincé entre deux options, qui paraissent impossibles à départager. Renoncer à Jonah, c'est renoncer à la colère. À ce poids terrible qui au fil du temps, engloutit toute mon énergie.

Le faire améliorer grandement mon quotidien. J'arrêterai d'avoir la poitrine constamment comprimée, d'inquiétude et d'angoisse. Je cesserai de me préoccuper tout le temps et je pourrai me concentrer sur notre entrainement.

Je sais que cela faciliterait beaucoup de choses, mais je ne veux pas abandonner mon frère. Je ne peux pas.

Je sens encore ses caresses dans mon dos, ses douces paroles murmurées à mes oreilles, y posant un souffle léger et chaud. Je peux encore sentir son cœur battre contre ma poitrine alors qu'il court vers moi. Je sens son corps trembler contre le mien lors de notre étreinte. Je sens le doux éclat de ses larmes tombé sur mon épaule.

C'était un rêve. J'ai passé toute la journée à m'en convaincre. Pourtant, cela me paraissait réel. J'arrive encore à ressentir tous nos gestes, même si tout était dans ma tête. On ne s'est pas pris dans les bras depuis que j'ai quatorze ans, et toutefois j'ai l'impression de l'avoir fait hier soir. Comme si rien n'avait changé. Que les années passées à Threia n'avaient jamais eu lieu.

Comme si ma place devait être à ses côtés. L'espace d'une nuit, j'ai eu la sensation d'être à nouveau ce petit garçon qui avait juste besoin des bras de son grand frère pour apaiser sa douleur.

Sentant de l'eau sur ma joue, mon index l'essuie rapidement, empêchant la petite perle de suivre son chemin. Dehors, la pluie redouble d'intensité et les arbres tremblent violemment sous le vent. Le ciel grisâtre se dissout à mesure que la nuit tombe, créant rapidement une teinte complètement ébène.

L'esprit absent, les yeux rivés sur l'extérieur, je laisse le bourdonnement de la tempête s'installer dans la pièce. Je ferme les paupières pour savourer ce moment. C'est relaxant. Cela rend plus supportable le silence auparavant étouffant.

Je suis fatigué. Mentalement et physiquement. Je ne sais pas lequel gagne actuellement, mais je sais qu'ils sont aussi exténués l'un que l'autre. Beaucoup plus maintenant, parce que j'ai peur de dormir.

J'ai réussi à le faire un peu, quand Taehyung m'a ramené au lit quand la crise s'est terminée. J'étais tellement dans les vapes que je n'ai pas réussi à lutter, dès que mon corps a touché le matelas, je me suis endormi.

Malheureusement, après quelques heures à peine, je me suis réveillé. J'étais probablement encore pertubé par mon rêve et par le fait que je me suis senti partir. Cependant, je n'ai pas ressenti de panique en ouvrant les yeux, je me suis seulement senti vide.

Taehyung, qui n'avait pas réussi à se rendormir, m'a pris dans ses bras lorsqu'il a vu que je ne dormais plus. Je me suis blotti contre lui et nous n'avons échangé aucun mot.

Il n'y avait que du silence, et c'était probablement pour le mieux. Ce n'est pas que je ne voulais pas lui parler, c'est juste que je n'en avais pas la force. J'étais encore bien trop bouleversé pour le faire. J'avais toujours la gorge nouée et prononcée ne serait-ce qu'une seule phrase me semblait impossible.

Quand le soleil a commencé à se lever, et qu'il s'est retrouvé haut dans le ciel, Taehyung a quitté la chambre. J'avais besoin d'être seul et de me reposer. Et il l'a parfaitement compris. Au fil de la journée, ils vérifiaient à tour de rôle si j'allais bien. Je me contentais de brefs sourires, lorsque leur tête apparaissait dans l'embrasure de la porte.

Et c'est ainsi que j'ai passé la journée allongé, à regarder le jardin. À essayer d'oublier ce rêve. D'enlever la voix de mon frère dans ma tête et la sensation de ses caresses sur mon corps. Je suis resté dans mon lit et pourtant je n'ai pas vu le temps passer.

On dit souvent qu'on se perd dans ses pensées. En ce qui me concerne, je crois que je m'y suis noyé aujourd'hui.

J'ai essayé à plusieurs reprises d'atteindre la surface, mais pour une raison quelconque, cela semble inaccessible. C'est comme si mon frère, Azarias et la guerre s'accrochaient à mes pieds pour me maintenir vers le fond, voulant désespérément que je reste dans l'obscurité.

Je ne rêve plus, mais j'ai toujours l'impression d'être dans cette pièce sombre. Cette pièce qui s'est avérée être ma chambre. Je ne l'ai pas reconnu tout de suite, car tout avait disparu, mais quand Jonah m'a poussé, les ténèbres ont commencé à disparaître, et c'est là que j'ai compris.

La noirceur est associée à ma chambre, parce que c'est de là que viennent la plupart de mes pensées. Mes peurs, mes angoisses, mes rancœurs. Elles ont toutes été engendrées dans ce même lit, dans cette même position, durant des semaines.

Cette pièce dans laquelle nous dormons est bien plus qu'une simple pièce. Elle est une présence essentielle dans nos vies. Dans les moments intimes, entre les larmes et les rires, elle est toujours là. Silencieuse, mais réconfortante. Son odeur, sa décoration, la couleur de ces murs. Chaque partie d'elle rend sa compagnie agréable.

Mais si cela est apaisant, cela peut aussi rapidement provoquer de l'anxiété. Se perdre dans son esprit, ressasser des événements encore et encore, n'est pas une bonne chose.

Ma chambre, cet endroit que j'aime tant, commence à me dévorer petit à petit et je déteste ça. Je ne veux pas finir par la détester aussi.

Si à Sina la mer est mon refuge, cet endroit de la maison a sans aucun doute pris le relai. Parce que Taehyung et moi avons rénové ce lieu. Une maison qui a longtemps été sienne, et qui a été reconstituée de toutes pièces pour que je puisse la considérer comme telle. Pour que moi aussi, je puisse m'y sentir bien. Pour que je puisse appeler cette bâtisse, mon chez-moi.

J'ai toujours affectionné cette demeure, et je m'en voudrais affreusement, si j'étais amené à la haïr par ma faute.

Je sursaute légèrement quand quelqu'un frappe à la porte. Je n'ai pas le temps de répondre, qu'elle s'ouvre lentement, faisant apparaître la tête de mon vampire dans son encadrement. Il me lance un petit sourire affectueux, et sans attendre, il vient s'allonger à côté de moi, après avoir pris soin de fermer la porte derrière lui.

Lorsqu'il grimpe sur le matelas, ce dernier s'enfonce faiblement sous son poids, tandis que son torse se plaque rapidement contre mon dos. Sa main gauche vient ensuite saisir mon épaule qu'il embrasse quelques secondes, puis son bras glisse doucement vers mon torse, pour m'offrir un câlin affectueux.

Sans attendre, ma main attrape immédiatement son bras, que je serre probablement trop fort. Toutefois, il ne se plaint pas. J'ai été tellement éloigné de lui ces dernières semaines à cause de ce qui est arrivé à Sina, que c'est l'un des premiers moments d'intimité que nous avons depuis longtemps.

Comprenant que je ne rejette pas son étreinte, je le sens sourire derrière moi. Son menton repose sur mes cheveux, y projetant un souffle chaud à chacune de ses respirations.

Je ferme mes paupières, profitant du moment. C'est comme si à la tombée de la nuit, Taehyung avait senti que j'avais besoin de sa compagnie. Il a certainement senti que mes pensées commençaient à prendre trop de place dans ma tête, après avoir cogité toute la journée.

Je sais qu'une partie de moi est toujours en colère contre lui à propos de Jonah, mais pour le moment, je suis heureux qu'il me connaisse si bien. Qu'il sache de lui-même quand venir me voir, quand je suis prêt à le laisser entrer dans mon espace personnel.

Ce soir, plus que jamais, je suis vraiment reconnaissant.

La tempête est toujours forte dehors et maintenant, nous sommes deux à la regarder. De temps en temps, mes yeux suivent les perles qui dévalent la fenêtre, pour venir, l'instant d'après, observer les arbres déchaînés par le vent. L'automne arrive dans quelques jours et pourtant on se croirait en plein hiver.

Je me souviens du début d'année. Je vois Taehyung entrer à nouveau dans la pièce, un chocolat chaud à la main. J'étais assis devant cette même fenêtre, avec comme bonne compagnie, un livre fantastique. Passer l'hiver avec lui avait été un pur bonheur.

Même si retrouver un nouveau rythme de vie a été un peu compliqué, après avoir passé une année entière à parcourir le pays à la recherche de sécurité et d'alliés, nous avons au bout du compte trouvé notre chez-nous.

J'aimerais pouvoir remonter le temps. Revivre ce magnifique hiver avec le garçon que j'aime, tandis que les problèmes étaient encore loin.

C'est sans doute ça qui est difficile. Ils sont tous arrivés en même temps.

Si on y réfléchit, les derniers mois ont été plutôt calmes. Nous nous attendions à d'immenses représailles après avoir sauvé Taehyung. Après avoir saccagé le quartier général et tué un grand nombre de ses habitants, nous savions inévitablement que la paix serait de courte durée. Et pourtant, il ne s'est rien passé en plus d'un an. Il n'y a eu aucune attaque jusqu'à celle dans notre jardin, il y a bientôt trois mois.

Pendant un an, nous avons passé notre temps libre à la maison, à essayer de retrouver une vie un peu normale. Et maintenant, je regrette de ne pas en avoir profité au maximum.

Car une part de moi restait en état d'alerte, inquiet d'une future attaque. Si j'avais su que nous avons encore un peu de temps, que les obstacles arriveraient plus tard, j'en aurais davantage profité.

Nous passerons cette fin d'automne en pleine guerre et nous passerons cet hiver dans l'incertitude. Un avenir qui se décidera dans quatre mois. Je ne sais pas qui gagnera cette bataille, mais j'espère sincèrement que ce sera nous.

Je veux passer un autre hiver avec Taehyung, je veux en passer des centaines de plus avec lui.

Nous avons partagé des moments merveilleux ensemble. À boire des dizaines de chocolats chauds accompagnés de guimauves roses. Des moments à espérer voir des flocons de neige tomber du ciel. Des heures passées assis sur le canapé, à rire devant des comédies absurdes et à pleurer devant des films tragiques.

Des après-midi à faire tout genre de viennoiserie. Si de nombreux gâteaux ont été réussis, je me souviens aussi du nombre de catastrophes que nous avons commis. De toute évidence, j'avais jeté la faute sur nous. C'était certain que nous nous étions trompés quelque part. Taehyung lui, avait blâmé les recettes à chaque fois, déclarant qu'elles n'étaient pas assez détaillées et bien trop compliquées. En ce qui me concerne, j'avais pointé du doigt, notre manque d'attention.

De nombreuses soirées à préparer des plats délicieux. Cela m'avait rassuré de voir que nous étions bien meilleurs dans ce domaine. J'ai eu beaucoup de plaisir à les préparer et j'ai été surpris par le nombre de plats que Taehyung connaissait. Et même si j'ai adoré les cuisiner et les déguster au coin du feu, ce que j'apprécie le plus, même encore aujourd'hui, ce sont nos douceurs sucrées.

Peut-être qu'ils n'étaient pas les meilleurs en termes de saveur, de visuel, mais finalement, je suppose que je ne me souciais pas beaucoup du résultat. Voir nos gâteaux aplatis, brûlés, trop sucrés, trop granuleux et craquelés n'était pas si mal. Parce que quand nos regards se croisaient quand le moule était au four, quand nous étions couverts de farine et de chocolat au coin de la bouche, c'était ça qui comptait le plus. Combien nous avons ri en le faisant et combien c'était amusant de le faire ensemble.

L'hiver dernier a été magique et voir la situation actuelle me brise le cœur un peu plus. Parce que tout a changé et je ne sais pas si nous pourrons un jour être aussi heureux qu'il y a huit mois.

En seulement 258 jours, tout s'est effondré. Et se souvenir de notre vie quotidienne paisible, est aussi réconfortant que déchirant.

Je sursaute à nouveau doucement lorsque je sens les lèvres du vampire sur ma tempe gauche. Je me suis tellement enfoncée dans mes pensées, que j'avais oublié que je n'étais plus seul. Il arrange une mèche de cheveux qui tombe sur mes yeux, derrière mon oreille.

— À quoi penses-tu ? Un rictus s'est dessiné sur tes lèvres tout à coup.

Voulant le regarder dans les yeux, je me tourne légèrement vers lui pour pouvoir le faire. Je ressens une contraction douloureuse dans ma poitrine alors que je remarque que ses pupilles sont plus douces et plus calmes.

Si ces dernières semaines, je me suis replié sur moi-même, du fait de ma colère et de ma souffrance, je sais sans aucun doute que je n'ai pas été le seul à souffrir.

Prendre mes distances avec Taehyung, la affecté bien plus qu'il n'osera jamais l'admettre. Et même s'il comprend mes raisons, l'inquiétude et la colère n'ont pas quitté ses yeux depuis que nous sommes rentrés à la maison.

Pas une seule fois, excepté aujourd'hui.

Ce qui s'est passé cette nuit m'a beaucoup remué, et je n'ai envie de me disputer avec personne. Je suis juste fatigué. Tous mes murs se sont effondrés en l'espace d'un instant. Je l'ai laissé entrer complètement, ce qui n'était pas arrivé depuis des semaines, et je pense que c'est aussi bon pour lui que pour moi.

— L'hiver dernier. Je crois que je n'ai jamais autant ri de toute ma vie.

Ses iris brillent immédiatement lorsqu'il se souvient de chacun de nos moments vécus.

— C'est vrai qu'on s'est bien amusé.

Un sourire apparaît également sur le visage de Taehyung. Nous sommes tous les deux nostalgiques de quelque chose qui s'est produit plus tôt cette année. Peu de temps s'est écoulé et pourtant j'ai l'impression que cela vient d'une autre vie. Cela montre clairement à quelle vitesse tout s'est écroulé.

— Comment tu te sens ?

Taehyung s'appuie sur son coude droit, maintenant une certaine proximité avec mon visage. Je me mords nerveusement la lèvre et regarde derrière lui, le mur blanc.

Mais doucement, son index se pose immédiatement sur ma joue pour attirer mon attention sur lui. Et ça marche, car ce petit geste de sa part redirige aussitôt mes pupilles dans les siennes.

— Tu veux une réponse courte ou longue ?

— Je veux une réponse honnête.

Ma poitrine s'abaisse lentement quand que je soupire. Je ne sais pas vraiment comment je me sens. Mais je sais que liste est longue et n'a rien de très positif.

— Je me sens vide et épuisé.

Il hoche lentement la tête et sans que je puisse réagir, ses mains saisissent mes cuisses pour me soulever. Une seconde plus tard, nous atterrissons dans la cuisine. Sa paume reste sur ma taille lorsqu'il me repose pour m'empêcher de perdre l'équilibre, tandis que la mienne s'appuie sur le plan de travail.

Respirant rapidement face à ce geste inattendu, je regarde autour de moi et constate qu'il n'y a personne. Soit, ils ont quitté la maison pour se vider l'esprit, soit ils sont déjà tous montés dans leur chambre. En me voyant réfléchir, un doux rire atteint mes oreilles tandis que ma tête se tourne vers le vampire.

— Ils sont allés manger un bout en ville.

— Oh, dis-je en hochant la tête. Tu aurais dû y aller toi aussi.

Taehyung lève les sourcils avec un sourire, s'appuyant contre le marbre blanc derrière lui.

— Et te laisser seul ici ? Hors de question.

— Pourquoi ? Tu as peur que je parte ?

Comprenant le sens de ma question, il perd rapidement son sourire, tandis que sa pomme d'Adam se soulève lentement lorsqu'il déglutit. Il plonge par la suite, ses iris marrons dans les miennes.

— Ce rêve t'a chamboulé. Je ne veux pas te laisser seul. Pas avant d'être sûr que tu vas bien.

Mon cœur bat soudainement plus vite quand j'entends ces mots.

— Tu n'es pas obligé de te priver pour moi, tu sais ?

Ses pupilles accélèrent leurs mouvements lorsqu'il me dévisage. Et quand il aperçoit mon embarras, il me saisit immédiatement la joue.

— Regarde-moi.

Je soupire et le laisse faire.

— Je ne me prive pas, mon amour.

— Ne me mens pas.

— Je ne te mens pas.

Son pouce se déplace doucement sur ma peau pour m'apaiser.

— Cela fait des semaines que nous n'avons pas passé une soirée rien que nous deux. Tu penses vraiment que je raterais cette opportunité ?

Il prend une mine amusée et excitée qui remplit mon cœur de chaleur et d'excitation.

— Je n'ai pas non plus rendu les choses faciles. Je te demande pardon.

Il secoue la tête et ses lèvres viennent brusquement se poser sur les miennes.

— Non, tais-toi. Je ne veux entendre aucune excuse sortir de ta bouche.

— Mm, dis-je en faisant la moue.

— Même si tu t'étais excusé, ça ne changerait rien à la situation. Nous aurions pas eu la maison pour nous. Les vieux et les autres, ne veulent plus partir. Ils sont inquiets après ce qui est arrivé et ils veulent rester à nos côtés.

Je ris faiblement à la façon dont il parle de Zach et d'oncle Darren. Taehyung adore les appeler ainsi et je dois admettre que ce petit surnom est plutôt mignon. Cependant, je peux les comprendre. Les révélations d'Azarias nous ont beaucoup affecté, mon oncle et moi, et inévitablement, je pense que le groupe a également été touché d'une manière ou d'une autre.

Ils sont chez nous depuis notre retour de Sina et resteront certainement ici jusqu'à ce que la guerre éclate. Et même si je suis toujours en colère contre eux, à cause de nos diverses opinions sur mon frère, je suis content qu'ils soient là.

Ils m'empêchent d'aller libérer Jonah. Je suis furieux à cause de ça. Mais l'amour que j'ai pour eux est si fort que je serai toujours reconnaissant qu'ils soient près de nous.

La contradiction de mes pensées démontre clairement la complexité de mon esprit ces derniers temps.

— Ton oncle et Zach ont surveillé les escaliers toute la journée dans l'espoir de te voir descendre. Jimin et Yoongi, ont commencé à les taquiner en leur disant que tu descendrais quand tu en aurais envie.

Taehyung penche ma tête en avant pour m'embrasser le front.

— Après cela, Hoseok a suggéré d'aller manger au restaurant. Et avec un peu d'insistance pour emmener les deux vieux, tout le monde a finalement quitté la maison, il y a peu.

Un second éclat quitte ma bouche. Il est léger et assez court, mais c'est agréable de rire. Ça fait longtemps que je ne l'avais pas fait.

— Ça leur fera du bien.

Il hoche la tête et repousse mes cheveux en arrière. Je me sens lamentable aujourd'hui. J'ai passé la journée au lit et mes cheveux doivent être ignobles, tout comme mon visage cerné par la fatigue. Cependant, il ne dit rien à ce sujet, me dévisageant même avec admiration et amour.

— Je suis d'accord, dit-il la voix calme.

Je souris une nouvelle fois. Je suis vraiment content que les garçons aient insisté pour sortir. J'espère qu'ils vont rire à en pleurer de bonheur et qu'ils mangeront toutes les choses qu'ils désirent.

Si je souffre à cause de Jonah, cela ne veut pas dire que d'autres doivent également en payer le prix.

— Au fait, pourquoi m'as-tu emmené ici ?

Quand je lui demande pourquoi nous sommes là, ses yeux brillent d'excitation. Curieux, je fronce les sourcils, alors qu'il ouvre l'un des placards pour en sortir un saladier. Et quand il allume le four, pour le préchauffer, je comprends immédiatement. Mes yeux scintillent à leur tour à cause de l'émotion.

— Tu veux faire un gâteau maintenant ? Mais il est vingt heures passées.

— Il n'y a pas d'heure pour faire ce qui nous rend heureux.

Je le regarde avec des yeux larmoyants et remplis d'amour. Il répond à mon silence, par un nouveau baiser que je prends cette fois le temps de prolonger.

Ses lèvres m'ont terriblement manqué. Il m'a atrocement manqué.

Taehyung sort la farine, les œufs et le sucre, pendant que j'attrape la levure chimique et une tablette de chocolat. Nous optons quasiment toujours pour des muffins marbrés. Ça doit certainement être l'une des seules recettes que nous ne ratons pas.

Taehyung casse quelques œufs, tandis que je m'occupe des deux derniers. Normalement, nous en mettons moins, mais il y a plus de bouches à nourrir désormais. Puis j'en connais qui nous tueront, si on ne garde rien.

Je verse ensuite le sucre en faisant attention à ne pas renverser la moitié dedans, et je me mords la lèvre pour ne pas rire quand Taehyung mélange le tout avec exagération.

Je lève les yeux au ciel et ajoute à présent la farine. Mais mon geste est si brusque et précipité que la moitié du contenu du pot en verre se vide dans le récipient, alors qu'un nuage blanc éclate près de nos visages.

Sans étonnement, Taehyung éclate de rire, secouant la tête avec exaspération. Ses cheveux tombent en avant quand il la baisse une seconde, alors qu'il relève ses prunelles ténébreuses sur moi.

— Tu en mets à chaque fois partout, tu es vraiment incorrigible.

Les joues écarlates de gêne, je fais la moue et referme brusquement le pot en ayant bien suffisamment.

— Il m'a échappé, dis-je pour ma défense.

— Il t'échappe souvent.

Je lui jette un regard noir qui le fait sourire instantanément. Mais j'aime tellement le voir heureux que je ne m'en plains pas.

On finit de mélanger la pâte, puis on fait fondre plusieurs carrés de chocolat noirs, que Taehyung remue vigoureusement pour qu'il se mélange correctement.

Une fois fondu, je ne peux m'empêcher d'y tremper mon doigt, pour léger le chocolat encore un peu tiède. Le vampire fait les yeux ronds quand mes lèvres lèchent mon index, et il n'hésite pas à tirer le saladier vers lui pour m'en priver l'accès. Je fais à nouveau la moue. Je dois avouer que c'est mon péché mignon, j'adore goûter le chocolat sous toutes ses formes.

— Stop, me gronde Taehyung avec ses yeux sévères.

— Quoi ? Je n'en ai pris qu'une seule fois.

— Mm. Just, tu n'arrives jamais à te contenter d'une seule fois.

J'ai envie de lui dire que c'est faux, mais je mentirai, parce qu'il a totalement raison. Mais je n'y peux rien. Voir le chocolat aussi lisse, brillant et somptueux m'oblige fatalement à le goûter à chaque fois.

— Goute-le, tu verras. Il est délicieux.

— Si nous continuons, nous en aurons plus pour les gâteaux.

— Arrête tes bêtises, le saladier est plein.

Je plonge à nouveau mon doigt dedans, sous son regard qui s'assombrit encore plus. Cependant, lorsque je le dirige non pas vers mes lèvres, mais vers les siennes, ses yeux s'écarquillent. Mon cœur s'emballe lorsque je sens son corps trembler de plaisir, et sans surprise, il ne peut refuser.

Il ouvre la bouche pour me permettre d'insérer mon doigt et la referme aussitôt pour le sucer. Je gémis presque quand je sens sa langue mouillée sur mon index. Il le lèche une dernière fois avant que je l'enlève. Quand je veux parler, je suis obligé de me racler la gorge, la sentant complètement sèche, après ce moment dès plus érotique.

— Tu n'avais besoin d'y aller si fort, dis-je, le visage en feu.

Je le déteste. Il sait toujours comment me déstabiliser et user de son charme.

— Tu m'as tendu la perche. Je n'ai fait que la saisir, mon amour.

Le souffle court, je soupire longuement pour retrouver mon calme. Il rit, amusé de me voir continuellement réagir de la même façon. Il met ensuite les caissettes en papier dans les moules ronds, et j'attrape hâtivement la pâte nature pour en verser quelques cuillères.

— Ne dis rien.

Concentré sur ce que je suis en train de faire, j'arrive tout de même à apercevoir ses yeux séduisants sur moi après mes mots.

— Je n'ai rien dit, se défend-il.

Quand j'ai vidé toute la pâte du saladier, Taehyung vient ajouter le chocolat fondu par-dessus.

— Oui, mais tu le penses.

Je ne peux pas m'empêcher de fixer sa chair rose qui glisse soudainement sur ses lèvres charnues.

— Tes réactions m'amusent toujours, c'est vrai. Mais c'est parce qu'elles me plaisent atrocement que j'agis ainsi.

Toujours incapable de dessécher ma gorge et mes lèvres, je suis à mon tour obligé de les humidifier. Je ne peux retenir mon rictus quand je remarque que Taehyung la contemple aussi.

Quand on a fini, il met le moule au four pendant une vingtaine de minutes. Nous décidons donc de nous asseoir sur le canapé pendant que nous attendons, et je dois admettre qu'être dans les bras de Taehyung, comme nous l'avons été tant de fois, est vraiment agréable.

J'en viens presque à oublier la journée que je viens de vivre. Seul dans la chambre, observant la fenêtre, les yeux ternes et les pensées fracassantes.

J'oublie doucement le rêve de la nuit dernière. Les câlins et la chaleur de mon frère commencent finalement à être remplacés par ceux de mon futur mari.

Je ne sens quasiment plus sa présence près de moi. Sa voix, qui me paraissait encore si claire ce matin, commence à être remplacée par celle de Taehyung.

C'était un rêve, rien de tout cela n'était réel. Et pourtant, j'ai l'impression de le perdre à nouveau. J'ai le sentiment que l'écart entre nous se creuse, et que je ne pourrais plus jamais le retrouver.

Me voyant à nouveau pensif, avec une expression sérieuse et inquiète, Taehyung resserre son étreinte contre moi et m'embrasse le haut du crâne pendant un long moment.

En devinant à qui je pense, je vois qu'il hésite quelques secondes avant de parler. De peur de se précipiter ou de dire quelque chose qu'il ne faut pas, il se retient. Mais après plusieurs minutes de silence, il finit par se lancer.

— Tu sais, ce que je pense de la situation de Jonah, n'est en rien contre lui. Et si je ne supporte pas son sauvetage imminent, ce n'est pas non plus contre toi.

L'ambiance dans la pièce change complètement. On n'y trouve plus l'atmosphère amusante et sensuelle de la cuisine, arrivée il y a quelques minutes à peine. À présent, elle devient plus lourde, comme le sujet évoqué, qui pèse tant sur mes épaules et les siennes.

— Seulement, si nous sommes vraiment les élus, je ne dois pas penser uniquement à vous deux, mais à tout le monde.

Je souffle à mon tour. Posséder par la peur et l'inquiétude.

— Il mourra probablement là-bas. Azarias ne l'a pas encore tué pour nous détruire davantage. Mais à présent, rien ne l'empêche d'agir.

— Nous ne pouvons pas risquer de perdre la vie avant le début de la guerre, Jay. Même si nous devons sauver ton frère, c'est une chose que nous ne pouvons pas nous permettre.

Je comprends ces mots et son raisonnement. Mais je ne pense pas pouvoir un jour être entièrement rationnel dans cette histoire autant que je le souhaiterais, parce que je suis le frère cadet du principal concerné.

— Sauver mon frère, c'est me sauver aussi, Tae.

Je sens son corps se figer contre le mien tandis que sa main qui caresse mon bras, s'arrête un instant. Je pense que c'est quelque chose qu'il a fini par comprendre de lui-même assez vite. Il sait à quel point Jonah compte pour moi et que je ne supporterai pas de le perdre.

— Si je suis émotionnellement et physiquement lié à toi par la marque qui nous unit, je le suis également à lui.

Je sens son regard se poser sur moi, tandis que je fixe l'écran noir du téléviseur.

— S'il meurt, une partie de moi meurt aussi, car c'est mon frère. Et rien ne peut changer l'amour que nous avons l'un pour l'autre.

— Je le sais, et je le comprends, je t'assure. Mais si nous le sauvons maintenant, c'est le monde qui mourra.

Mon rythme cardiaque s'accélère lorsque mes yeux rencontrent ses pupilles.

— Tu choisirais le monde à la place de mon frère et moi ?

Troublé par ma question, il se redresse, se détachant entièrement de moi.

— Personne ne vivra si le monde n'existe plus. Il s'agit ici seulement, d'une généralité. Parce que c'est de cela qu'il est question lorsqu'une guerre est sur le point d'éclater.

— Et cette généralité sacrifie fatalement Jonah. Car un seul être humain est insignifiant comparé à des millions.

— Jay, soupire-t-il.

— Je comprends.

Il me dévisage longuement, je crois qu'il ne trouve plus les mots juste à prononcer. Il regrette, je le sais. Parler de mon frère est aussi dangereux que marcher sur un terrain miné. C'est bien pour cette raison qu'il a autant hésité à lancer la conversation.

— On dit qu'un héros te sacrifiera pour sauver le monde, tandis que le méchant sacrifiera le monde pour toi.

Un voile sombre se pose sur les iris du vampire, puis il serre la mâchoire.

— Si sauver mon frère fait de moi le méchant de l'histoire, alors je suis prêt à le devenir.

Lorsque la minuterie du four sonne soudainement dans la cuisine, rompant instantanément le silence glacial dans lequel nous sommes plongés, aucun de nous ne bouge. Nous nous contentons de nous dévisager dans le blanc des yeux, le visage ferme et le regard plus sérieux que jamais.

Et c'est sans aucune hésitation, la voix rauque et les poings serrés, que je prononce ces mots. Une phrase sincère et lourde de sens, que je formule dans mon esprit en un instant, telle une évidence. Parce que je sais sans aucun doute qu'à ma place, il ferait exactement la même chose.
















Si cela me permet de le sauver, je brûlerai le monde moi-même.



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DRAMAS IS HERE.

Petit chapitre « calme » après la crise de Jungkook. C'était important de montrer l'impact physique et émotionnel qu'elle a eu sur lui. Mais aussi de montrer que l'amour est toujours présent entre les garçons.

Que Jungkook décide de partir ou non sauver son frère, c'est en aucun par manque d'amour ou par égoïsme qu'il agira.

Que fera-t-il à votre avis ?

Renoncer à son frère, c'est prendre le risque de le perdre, mais c'est perdre la colère qu'il possède sur ses épaules. Et ne pas y renoncer, c'est prendre le risque d'empirer la situation entre les clans et le faire également basculer totalement du côté obscur de la force. ( bonjour dark vador )

Je répète aussi que je ferais une boîte à questions sur Instagram dans la soirée pour avoir vos opinions sur un petit bonus de fin d'année !

Je vous souhaite de merveilleuses fêtes et prenez soin de vous et vos proches.

♥️

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