Chapitre 5 : Le vrai premier cours

La rentrée était le mercredi, et pendant toute cette semaine, les professeurs ne faisaient que faire les présentations et parlaient de leurs matières en général.
J'avais remarqué qu'avec le temps, de moins en moins de personnes assistaient aux cours.

Lundi arriva finalement. On m'avait dit que les cours commenceraient cette semaine. Je rangeai mon sac à dos jusqu'à ce que je me rendis compte que je n'avais toujours pas reçu de manuels. J'avais complètement oublié ce détail.

Je pris quelques cahiers avec moi, ne sachant quelles matières j'allais avoir aujourd'hui, je mis des vêtements ordinaires comme je n'avais pas encore reçu d'uniforme et sortis de la maison.

Je pouvais fièrement annoncer que je ne me perdais plus ! J'avais trouvé le chemin le plus droit vers l'école (grâce au GPS). Mais je ne pouvais autant dire à propos de ma classe.. était-elle au premier ou au deuxième étage ? Les couloirs se ressemblaient tous, et les portes aussi.

Même le garde avait remarqué combien j'étais perdue :

"Quelle est ta classe ? je lui répondis. Bien, troisième étage, la deuxième salle à ta droite. N'oublie pas."

Je le remerciai en hochant la tête et me dirigeai vers ma classe.
Je remarquai tout de suite qu'il y'avait encore moins d'élèves aujourd'hui, et quelques tables et chaises avaient étaient retirées de la classe. Les élèves étaient devenus très bavards, je m'étais presque habituée que peu de gens se parlaient entre eux. Une fille, ma camarade de classe, cria pour que tout le monde l'entende :

"C'est bon, les espions sont enfin partis, tout le monde s'assoit où il veut !"

Je fronçai un sourcil, des espions ? J'oubliai le sujet lorsque beaucoup changèrent de place. Vite, il fallait, que je prenne une bonne place moi aussi, je ne voulais être ni au fond de la classe, ni sous le nez des professeurs. La deuxième table du rang à côté du mur me parut parfaite, avant de m'y assoir, je demandai l'approbation de celle qui était assise à côté :

"Hé, salut. Est-ce que ça te dérangerais si je m'assois à côté de toi ?

- Hein, quoi ? Ah, non, ne t'inquiète pas. Je, je vais partir.. elle avait l'air mal à l'aise, on dirait qu'elle ne voulait pas être ma voisine de table, ce qui m'attristai.

- Mais, pourquoi partir ? Si, si tu es inconfortable de partager la table avec moi, je comprends, je soupirai, je suis désolée de t'avoir embêtée."

Je m'éloignai, essayant de trouver un autre endroit où m'assoir. La fille de tout à l'heure me prit par le bras et me dit d'attendre :

"Je, j'avais mal compris ta requête. Je croyais que tu voulais t'assoir à ma place et inviter un ami à la place d'à côté. Je ne savais pas que tu voulais partager la même table que moi.."

Elle rougissait un peu, on dirait qu'elle n'était pas habituée à parler avec les autres. C'était un fille de petite taille maintenant que je la voyais debout, elle m'arrivait à peine au thorax. Elle avait des cheveux blonds éblouissants qui lui arrivaient jusqu'aux épaules et ses yeux bleus étaient cachés par une paire de lunettes rondes, et sa franche cachait son front. "Mais comment font ces personnes pour voir à travers ce voile de cheveux ? Sa franche cache son visage en entier! me demandai-je"

Je fus ravie que le malentendu s'était dissipé, je lui demandai alors encore une fois avec un sourire :

"Ce n'est pas grave. Alors, je peux m'assoir à côté de toi ?

- Euh oui, oui oui, bien sûr."

Elle était nerveuse, je me sentis égoïste de n'avoir rien dit à ce moment-là, elle avait l'air d'être ce genre de personne qui ne pouvait rien refuser, mais je voulais tellement cette place, elle était à côté de la fenêtre et je voulais me nouer d'amitié avec elle.

En vérité, j'étais assez timide, mais je me forçais de sortir de ma bulle de confort car sinon, mon rêve d'avoir des aventures avec des amis qui me soutiendraient quoi qu'il arrive ne s'exaucerait pas tout seul.

Lorsqu'on fut assises côte à côte, je sentis un silence de mort s'abattre sur nous deux. Je laissai l'adrénaline et ma maladresse guider la conversation :

"En fait, je m'appelle Alicia, Alicia Wilson, et toi ?

- Ah, je m'appelle Caroline Corre. dans le but de rallonger la conversation, je lui posai La question.

- En fait, pourquoi... je fus interrompue par un garçon qui prit la parole.

- Hmm, Alicia, es-tu sûre de vouloir t'assoir à côté d'elle ? il pointa Caroline du doigt. Tu sais, y'a encore des places libres dans la classe.

- Non, je préfère cette place, rétorquai-je, j'étais un peu en colère, mais je n'en montrai rien.

- Hmm, je vois. Elle ne t'a sûrement rien expliqué, c'est pour ça que tu es encore près d'elle. Bah, je vous laisse. il se retourna et me regarda dans les yeux. La place à côté de Valène ou moi est libre si tu veux."

Il fit un au revoir de la main et s'installa à sa place. Je soupirai, ravie qu'il n'était plus à côté et m'exprimai à voix haute sans m'en rendre compte :

"Ah, mais ça se fait pas de traiter les gens comme ça, et elle a un nom..

- En fait Alicia, il a raison.."

J'écarquillai mes yeux de surprise, ce type était dépourvu de raison, il parlait d'une personne de manière assez vulgaire. Et il avait son uniforme tout comme Caroline en avait un, ce qui voulait dire qu'il la connaissait et manquait de respect exprès. Je lui demandai calmement :

"Et pourquoi avait-il raison ?

- Je, je ne t'avais même pas dit qui j'étais et je..

- Bah, moi non plus, je n'avais pas dit qui j'étais. On vient de faire connaissance y'a deux minutes. Je ne vois pas pourquoi connaître la race de quelqu'un est si important."

Je me rendis compte du silence qui régnait dans ma classe. On dirait tout le monde écoutait notre conversation. Je fixais Caroline qui était blanche comme un linge. Avais-je dit quelque chose de mal ?

La cloche sonna marquant le début du cours. Le professeur de chimie entra et fut surpris par le calme dans la classe. Il se râcla la gorge suffisamment fort pour attirer l'attention de tout le monde. On se leva et le cours enfin commença.

"Aujourd'hui, on va enfin pouvoir commencer les cours. Ouvrez votre manuel de chimie page 7."

Caroline partagea avec moi son manuel à la vitesse d'un éclair et l'ouvrit à la page voulue. Lorsque je vis le titre de la leçon, j'étais.. très surprise :

"J'assume que tout le monde a la base en chimie. On va donc commencer notre premier cours pour créer une potion de lévitation. Je répète encore une fois, ces cours sont obligatoires, du moins jusqu'à la fin du premier semestre, vous avez un examen à passer, je vous prie d'être attentifs pendant le cours si vous ne voulez pas être renvoyés."

Je ne pus m'empêcher de m'exclamer un petit "mais what?". Je ne m'attendais pas à devenir sorcière quelques jours après la rentrée. Ma voisine de table poussa un petit rire étouffé face à ma réaction. Je m'étais inconsciemment exclamée à voix haute, ah, la honte.

J'oubliai mon embarras lorsqu'une charrette métallique roula jusqu'au bureau du professeur elle-même. Il y'avait divers ingrédients et beaucoup de tubes à essai vides :

"Regardez bien, il est indispensable d'avoir la quantité exacte de la matière. Une seule goutte de plus peut provoquer des catastrophes. Cette potion est très utilisée pour transporter des objets lourds. Comme toujours, les potions ont leurs limites, il est impossible de faire voler une voiture par exemple. Il faut aussi respecter l'ordre lors de la préparation d'une potion."

Le professeur fit une démonstration en prenant un ingrédient à la fois et le mélangea dans le tube à essai. J'étais envoûtée par la scène. Il manipulais avec tellement de précision. Lorsque le produit avait été terminée, il versa une petite quantité de la potion violette sur un livre posé sur son bureau, ce dernier se mit à légèrement flotter:

"Votre but sera de faire flotter un crayon. J'espère que tout le monde en a un. Bien, lisez bien le mode d'emploi de la potion et la technique de sa préparation. Votre travail est individuel et sera noté. Si vous avez une quelconque question, ne dérangez pas vos amis et posez plutôt votre question à moi. Bien compris ? tout le monde hocha la tête. Bien, vous pouvez commencer, je distribuerais dans 5 minutes."

Je fixai encore le manuel qui flottait, impressionnée par ce liquide qui défiait la gravité. En observant attentivement, je voyais une petite brume violette entourer le livre, et cette dernière s'estompait avec le temps, causant le livre à descendre petit à petit.

Je plongeai enfin ma tête dans le livre, déterminée à en connaître plus.

Cette potion a été découverte par Lewis Brandton en 1845, son pouvoir est la télékynésie. Il a été un grand scientifique et a essayé de comprendre la nature de son pouvoir, il a examiné ses propriétés et a inventé la potion de lévitation, aussi nommée la potion de légèreté. La potion peut être utilisée pour "alléger" les objets et les transporter plus facilement, l'effet de la potion se déculpent lorsqu'on l'imprègne du pouvoir de télékynésie. Il est important à noter qu'une seule goutte suffit pour faire léviter un objet de masse de 100 grammes. Si on ajoute plus, l'altitude de l'objet augmentera. Dans certains cas, l'objet peut devenir incontrôlable jusqu'à ce que les effets de la potion s'estompent.

Après avoir lu les deux pages qui parlaient de la potion, je vis une main déposer un support qui contenait deux tubes à essai ainsi que deux flacons avec des matières méconnaibles et une boîte avec de la poudre bleue. Le professeur distribua le reste aux autres élèves puis nous fit signe de travailler.

Ma voisine de table fut la première qui finit l'expérience et fit la potion. Elle la testa sur son crayon, ce dernier lévita un peu au-dessus de nos têtes. Le professeur la félicita et nota ses prouesses dans son agenda.

Je n'avais pas encore commencé de concocter la potion, j'étais un peu nerveuse, et.. un peu dégoûtée par le contenu verdâtre de la fiole, c'était de la bave de crapaud, de la bave d'un vrai crapaud.

Pour succéder dans cette mission, j'oubliai toutes mes émotions négatives, ne laissant que la curiosité et la détermination. Tout ce que j'avais à faire était d'ajouter 3 gouttes du liquide marron, 2 gouttes du liquide verdâtre, mélanger, puis ajouter petit à petit de la poudre bleue et mélanger jusqu'à obtenir une belle couleur violette. Je me concentrai au maximum et fit tout ce qu'il fallait faire. J'observai comment le liquide dans le tube à essai changeait de couleur de l'orange jusqu'au violet graduellement. Je mélangeai le produit, j'avais réussi ! Tout ce qu'il me restait était de verser une quantité de la potion sur le crayon.
"Une goutte devrait suffire, un crayon, ça pèse combien ?"

Je ne posai pas la question au professeur et versai une goutelette sur mon crayon.
"Youpi, j'y suis arrivée!"

Je poussai un cri de victoire, Caroline me félicita. Le crayon flottait à quelques centimètres au-dessus de notre table. Puis je sentis quelque chose de bizarre, comme si mon pull essayait de s'échapper.

Je posai le tube à essai sur le support fixai ma manche droite qui flottait un peu. J'avais dû verser un peu sur mon pull lorsque je tenais le crayon entre mes mains. Pourquoi avais-je tenu le crayon entre les mains alors que je pouvais le laisser sur la table ? J'espèrais que ce n'était pas trop visible au moins. Je cachai ma main droite sous la table et fis semblant que tout allait bien.

Pour le moment, seulement 7 crayons flottaient. Le mien flottait le plus bas.
"Ah, je suis une génie, me félicitai-je."

J'entendis un boum venant de la table d'à côté. Un crayon s'était cogné avec le plafond. J'entendis une voix s'excuser :

"Je suis désolée professeur.

- Dugrain... J'avais oublié de vous avertir, n'utilisez PAS vos pouvoirs sur la potion ni sur le crayon. Le but n'est pas de montrer votre affinité avec la magie ou bien qui va faire effondrer le plafond le premier. Le but est de créer soi-même la potion et faire légèrement flotter l'objet au-dessus de votre table. Voici une démonstration parfaite de mademoiselle..? le professeur me regarda, parlait-il de Caroline? C'est à vous que je parle, la nouvelle assise au premier rang deuxième table à côté de la fenêtre.

- hmm, je me râclai la gorge, Alicia Wilson.

- Voilà, une démonstration parfaite de mademoiselle Wilson. Félicitations Wilson, vous avez du talent en dosage. Je noterai ça."

Je me sentis un peu honteuse, la personne qui avait fait une parfaite démonstration a le manche de son pull qui voulait s'envoler.

Le temps passa, je n'avais rien à faire alors je ne fis qu'observer les crayons flottants. Un crayon tomba à cause de la fin de l'effet de la potion, d'autres s'envolèrent. Tout le monde réussi l'expérience à part une personne qui avait obtenue un liquide suspect d'une couleur noire avec des étincelles bleues luminescentes. Après un moment, les crayons commencèrent à tomber un à un, seul le mien flottait encore (ainsi que la manche de mon pull).

La cloche retentit, le cours avait fini, mais personne ne bougeait. Personne ne voulait interrompre le professeur qui s'intéressait au crayon qui flottait après tout ce temps.

Il s'approcha de la table que je partageais avec Caroline et murmurait quelque chose dans sa barbe. J'espérais qu'il ne verra pas ma main droite qui flottait encore et qu'il ne changerait pas la note qu'il m'avait posé :

"Hmm, excellente potion, sa couleur est d'un violet pur comme il le fallait, les ingrédients sont bien mélangés. Le crayon flotte encore, c'est un miracle considérant que de la néphrite n'avait pas été utilisée ni le stabilisateur. Les proportions ont dû être respectées avec un peu trop de la solution de fluolatexium et juste assez de la poudre. Bien, très bien."

Il s'éloigna enfin de la table, je pus enfin respirer, on dirait qu'il n'avait rien remarqué.
D'un claquement de doigts, les ingrédients et les supports avec les potions lévitèrent et se placèrent sur la charrette. Ma potion quant à elle se trouva dans les mains du professeur :

"Vous pouvez disposer."

Ravis, mes camarades de classe se précipitèrent de sortir. Caroline rangea tranquillement ses affaires, je fis de même. J'emprisonnai le crayon flottant dans la trousse et mis dans mon petit sac à dos. Heureusement que cette semaine, on n'allait avoir qu'un seul cours par jour, histoire de s'habituer aux changements. Je pouvais directement aller à la maison.

Je quittai la classe en compagnie de Caroline, elle était bien plus joyeuse, je me demandais si c'était à car elle était plus à l'aise maintenant, ou parce que ma main flottait bizarrement, comme si je tenais une tasse dans ma main :

"Qu'en penses-tu de ce cours ? me demanda-t'elle.

- La chimie est devenue ma matière préférée durant ce cours ! Je n'aurais jamais imaginé que je deviendrais sorcière en l'espace de deux heures. Et toi ? Comment as-tu trouvé le cours ?

- Moi non plus, je ne m'attendais pas à ce qu'on commence à étudier la potiologie dès le départ. Je croyais que le professeur XX allait nous donner des exercices et nous demander les définitions ou équilibrer les équations, mais non, on a créé nous-même une potion et l'avons utilisée. Je me demande quelle sera la prochaine potion qu'on va faire.

- Mais, n'as-tu pas le manuel ? Tu peux voir tout le programme scolaire. lui fis-je remarquer.

- Les livres sont enchantés, la prochaine page ne s'ouvrira que le jour du cours, il faut soit une potion, soit un mot de passe pour débloquer la totalité des manuels. Regarde par toi-même si tu ne me crois pas."

Elle prit un manuel de son sac à dos et me le tendis. La première page, la deuxième, la troisième s'ouvraient normalement, mais lorsque j'essayais de feuilleter encore plus, le livre refusait, comme si les feuilles avaient été collées entre elles. Je m'émerveillai.
"Lorsque j'aurais mon manuel, je le débloquerais en entier coûte que coûte."

"Et à quoi sert ce mécanisme ? lui demandai-je.

- Pour que les élèves se concentrent sur les leçons qu'ils ont, je crois. Mais si tu veux voir une leçon avant d'arriver à l'école, tu peux attendre minuit et voir la leçon du jour. J'utilise cette méthode pour connaître les cours de la journée comme on n'a toujours pas d'emploi du temps."

On parla de tout et de rien jusqu'à la sortie de l'école, puis chacune d'entre nous alla dans de directions opposées.

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