6.1⭐Œuf à queue

« C'est la première fois que je te vois maquiller. Ce rouge à lèvres prune te va bien. »

Lorsque je laisse Ben rentrer dans mon appartement en ce vendredi, je ne peux m'empêcher de rougir. J'ai passé la fin de journée avec Parker et son esthéticienne a rendu ma peau toute douce et belle.

Elle a arrangé mes sourcils, appliqué plusieurs soins et j'ai même pu m'épiler les jambes à moitié prix.

« C'est pire que ce que j'imaginais. » déclare Bennett alors qu'il pose la bouteille de vin rouge qu'il m'a apporté sur le comptoir.

Nous parcourons ensemble l'état de mon appartement ainsi que les plans qui trainent au sol à côté d'un cadavre de lit à moitié monté.

— Il faut être deux pour le faire, murmuré-je en détournant le regard.

— On va voir ça. Donne-moi un verre pendant que j'étudie le plan.

— Eurk, tu m'as rapporté un vin californien ! N'as-tu donc aucun respect pour la culture de mon pays ?

— La prochaine fois, je te ramène une bière. Ça te va ?

J'esquisse un sourire et nous sers deux verres, puis je vais l'aider dans le montage de mon lit double. À mesure que l'alcool coule raisonnablement, nous avons plus de facilité à communiquer.

C'est comme ça que j'apprends que Bennett donne des cours de soutien d'anglais à temps partiel au lycée d'Asheville. Il s'occupe de chapeauter l'équipe de rédaction de l'école et également de certaines permanences, alors qu'il n'a pas de diplôme lié à l'éducation.

Il m'explique qu'il y a une pénurie d'enseignants dans la région et que, son travail de journaliste free-lance ne payant pas suffisamment, il a un autre boulot.

Les pizzas que j'ai commandées arrivent et nous entrons alors dans une grande discussion philosophique sur la notion de bonheur. Ce qu'elle représente pour les gens, mais aussi ce qui est acceptable pour la société ou non.

Je n'avais pas eu de conversation autant profonde depuis longtemps.

Légèrement ivre, et après avoir contemplé notre œuvre à la tête de lit vert pomme, Ben déambule dans mon appartement avant de s'arrêter sur une boite pourpre trainant à côté de mon armoire.

Il s'accroupit et tapote ses doigts dessus avant de me l'a montré d'un air dubitatif.

— C'est quoi ce truc ?

— Ah, c'est un produit que je dois essayer... Un œuf vibrant.

— Ça ne ressemble pas à ça. Il a une longue queue.

— Et pourtant, ça l'est. Parker pense que je devrais mieux connaitre ce que je dois vendre.

— D'accord, mais ça se met dans quel sens ? Je suis un peu perdu.

— Il y a un dessin dans le manuel, attends.

Pendant qu'il observe l'objet connecté, je tourne les pages de la notice pour arriver à la partie en français et comprendre son fonctionnement...

Lorsqu'il fronce les sourcils, visiblement contrarié.

— Il n'a pas de batterie.

— C'est normal, il est neuf. Il faut le charger.

— Dommage. Tu sais, j'ai repensé à notre discussion de l'autre soir. De comment est-ce qu'on pourrait plus facilement amener... la question du sexe entre nous.

Je déglutis et caresse délicatement mon verre vide, lorsqu'il me tend l'œuf et me vole la notice des mains pour la consulter.

Est-ce qu'il envisage sérieusement de... ?

— Tu veux m'aider à tester des sextoys ?

— Ça pourrait être une introduction.

— Une « introduction ».

Bennett répète le mot d'une voix suave avant de prendre un air à la fois charmeur et très inquiétant avec son visage. Il tente un sourire, mais je l'arrête, pour ne pas accentuer le malaise, en posant mon doigt sur ses lèvres.

Ce soir, j'ai étrangement confiance en moi... et la façon dont il me regarde me donne l'impression d'être désirable.

« Est-ce que tu faisais ça aussi, avec Tom ? »

Ben a-t-il conscience de gâcher un moment particulièrement agréable avec sa question ?

Je retire mon doigt, comme si je m'étais brûlé, mais il retient mon poignet tout en fermant les paupières et en murmurant un « désolé » sincère.

— Tu es vraiment fan de lui ?

— C'est... Hm. Disons que j'aimerais beaucoup en savoir plus que ce que la presse à scandale peut en dire.

— Tu veux faire un article sur Tom ? Autant lui demander directement une interview au lieu de passer par son ex.

— Tu crois que ça serait possible ?

Je fronce les sourcils et me reconcentre sur le manuel du sextoy alors que je sens qu'il me fixe de nouveau.

Nous restons silencieux pendant quelques minutes, l'œuf étant en train de charger sur ma table basse pendant que Ben pianote sur son portable pour télécharger l'application servant à contrôler les vibrations du jouet.

Je suis à deux doigts d'abandonner tout projet d'aller plus loin avec lui, surtout parce qu'il a tendance à trop me rappeler mon ex, lorsqu'il déboutonne sa chemise.

Il fait glisser son pouce le long de sa tempe, ses yeux fixant l'écran, lorsqu'un sourire fier nait sur son visage.

« J'ai réussi à le configurer. »

Le premier sourire que je vois chez lui... et qui le rend craquant.

— Quoi ? dit-il en croisant mon regard. J'ai un truc sur le nez ?

— Non... Pas du tout. Je commence à avoir faim.

— On a déjà mangé. Mais si tu as deux-trois choses dans ton frigo, je peux faire quelque chose.

— Oh, Bennett, la ferme.

— Pardon ?

— Arrête d'être adorable.

Il semble sincèrement surpris, ne comprenant surement pas mon changement d'attitude, avant de poser son portable et de m'attirer vers lui.

Je viens au-dessus de lui, mes genoux collés au sien alors que je me retiens de m'assoir sur ses cuisses que je pourrais briser sous mon poids.

J'ai une bonne tête de plus que lui dans cette position et, s'il le souhaitait, il pourrait enfouir sa tête dans ma poitrine et y mourir étouffé.

Nos effluves alcoolisés se mélangent à nos parfums, dont le sien a une senteur iodé.

— Est-ce que l'on doit s'embrasser ? me demande-t-il sérieusement.

— Si on veut totalement prendre notre pied, ça peut être pas mal.

— OK, alors je te préviens, je ne suis pas certains de mes talents.

— On est deux.

Je commence par lui embrasser les joues puis je glisse délicatement sur les quelques poils rebelles de sa peau que j'ai toujours vu impeccablement rasé de près.

Ses lèvres s'accaparent la peau de mon cou et la sensation est tellement bonne sur la boule de frustration que je suis, que s'échappe de ma bouche un petit couinement.

Le son redresse sa tête et écarquille ses yeux alors que sa réaction me fait rougir bien plus que son geste. Il sourit de nouveau, cette fois à pleines dents, et a vraiment l'air amusé.

— Arrête de me regarder. Et laisse-moi me relever.

— Non, ne t'en va pas.

— Ben, je-

Il me fait de nouveau couiner et j'en rage tellement que je lui donne de petits coups de poing inoffensifs sur le torse.

Je l'entends rire contre ma peau lorsqu'il en vient même jusqu'à lécher le lobe de mon oreille, un des nombreux endroits très sensibles de mon corps.

— Laisse-moi me lever, insisté-je en me mordillant la lèvre.

— Désolé, mais je m'amuse trop.

— Aaaaah !

Comme je m'y attendais, le haut de mon corps tombe sur lui et je dois puiser dans les dernières forces de mes jambes pour me relever sans lui briser un membre.



⭐⭐⭐


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