22.2⭐1001 perversités

Je rajuste mon décolleté plongeant et ajoute une touche de couleur prune à mes lèvres en observant mon reflet dans le miroir type Renaissance que j'ai installé sur la porte d'entrée.

Bennett m'a réprimandé toute la journée pour l'imprudence dont je m'apprête à faire preuve. Je le comprends, car si la situation était inversée, je l'aurais attaché à une chaise pour ne pas qu'il ose le quart de ce que je vais faire.

C'est tellement stupide... mais j'ai vu assez de documentaire pour savoir que les meilleurs des avocats seraient capables d'innocenter un connard pareil.

Isaac...

Pourquoi je ne suis pas surprise que ce soit un détraqué ?

Pourquoi, ce qui m'intrigue le plus, c'est le fait que j'ai continué à lui adresser la parole après autant d'années et d'indices ?

En pensant à Savannah, je m'en veux terriblement.

Peut-être que j'aurais pu empêcher ça d'une façon ou d'une autre ? Est-ce qu'on est tous coupables ?

Non. C'est lui, l'enfoiré. C'est lui qui a abusé d'elle.

Il nous faut juste des preuves.

Le bruit de la sonnette résonne longuement dans tout mon appartement et me provoque un haut-le-cœur. Je sens sa présence devenue oppressante alors que la porte d'entrée me protège encore.

J'ai même l'impression de sentir son souffle, derrière le miroir.

Lorsque j'ouvre la porte, j'ai un vertige.

Je me revois, des années auparavant, devant lui. Ses cheveux en bordel, ses yeux pétillants et son envie d'être... plus qu'un ami.

Mais nous avons changé. Ses cheveux roux sont bien coiffés et son regard est sur sa montre hors de prix jusqu'à ce que ses yeux s'attardent sur mon jean, puis sur ma ceinture et s'arrête quelques infimes secondes sur ma poitrine.

Pour retrouver mes lèvres, puis mes yeux.

Un instant, je crois voir quelque chose dans les siens.

De l'inquiétude ? Du regret ? Peut-être... de l'espoir ?

Un instant fugace qui est chassé par son air trop sûr de lui.

— Salut, toi. Champagne ? Pour ton retour.

— Oui, bien sûr. Entre.

— L.A ou New York ?

J'attrape la bouteille qu'il me tend après m'être assuré qu'il a bien la sacoche de son ordinateur au bras, comme je m'en suis assurée.

— Mon but est de partir d'ici, réponds-je en sortant des coupes. Mais pas de retourner avec Tom. C'est pour ça que je t'ai appelé. J'aurais besoin de tes conseils. Tu as bien des contacts dans l'immobilier de la côte Ouest ?

— Exact. Mais... j'ai des propositions à te faire à New York. Avant que tu ne m'envoies chier, je tiens à te signaler que Tom compte déménager à Los Angeles.

C'est un pur mensonge, ça.

— Ah oui ? C'est acté ?

— Question de temps. Mais ne t'inquiète pas, je serais disponible pour t'accompagner à ton retour à la civilisation ! Et tu m'auras toujours près de toi.

Je lui fais le sourire que j'ai travaillé depuis des années pour les paparazzis avant qu'il lève sa coupe et trinque à ma « nouvelle vie ».

Il boit une longue gorgée avant de sortir son ordinateur, mais, alors que j'ai l'espoir qu'il le déverrouille, il me fixe intensément avant de frapper doucement sur le comptoir de la cuisine nous séparant.

« C'est solide. »

Il est en train de se demander s'il va pouvoir me baiser dessus. Le salaud.

— Est-ce qu'il était bien ? enchaine-t-il.

— Qui ?

— Le journaliste. Est-ce qu'il baisait bien ?

— On peut changer de sujet ?

— Oh allez, Lix... Tu me diras, tu n'as que deux points de référence dans ta vie donc ça ne doit pas aider. Que des déceptions, hein ? Je pourrais te d-

La sonnerie de son téléphone l'interrompt juste à temps et je remercie mentalement Tom d'avoir agi pile au bon moment.

Le visage d'Isaac se tend de plus en plus, mais il garde son sourire charmeur avant de s'excuser et de se diriger en direction de mes toilettes pour terminer sa conversation.

Lorsqu'il s'est éloigné, j'en profite pour sauter sur son ordinateur portable et taper le mot de passe donné par mon ex. Quelques secondes d'incertitudes, et me voilà sur son bureau.

« Pense comme Isaac. Il est malin, mais il peut également avoir tellement confiance en lui qu'il ne prendrait pas de précaution. » m'avait dit Ben en élaborant notre plan.

Isaac serait du genre à... organiser ses dossiers, mais les nommer étrangement. Lorsque j'arrive dans ses documents, il y a une infinité de dossiers concernant plusieurs clients et investissements personnels.

Je fixe la barre de recherche avant de taper le prénom de Savannah, sans succès. Puis la date précise, mais rien. Je fais plusieurs propositions farfelues lorsque je l'entends envoyer chier Tom et ouvrir la porte des toilettes.

Ma place rapidement retrouvée et toutes les fenêtres fermées, je prie mentalement pour qu'il soit trop déconcentré par mon ex ou ma façon d'agir pour se douter de quelque chose.

— Excuse-moi. Les délires de Tom, tu connais... Bref, on en était où ? Ah oui, on parlait de tes désirs.

— Pas du tout, mais je serais curieuse de connaitre les tiens. Qu'est-ce qu'Isaac Eaton pourrait souhaiter ?

— Oh, si tu savais... Mais en premier lieu...

Il passe lentement son doigt sur le bord de son verre avant de plisser les paupières et de me faire un sourire... mauvais.

« Qu'on ne fouille pas dans mes affaires. »

Le bruit de l'écran se claquant d'un coup me fait sursauter et un frisson me parcourt quand il arrive jusqu'à moi, me forçant à reculer jusqu'au frigo.

Il n'y a rien d'autre dans ses yeux qu'une envie perverse et de la méfiance.

— Qu'est-ce que tu cherchais, Lix ? me murmure-t-il en caressant ma joue. Et ne me prends pas pour un con, je ne me souviens pas avoir déverrouillé mon ordinateur. Alors ?

— Je ne vois pas de qu-

— Ne joue pas à la conne avec moi.

— Ton porno ? tenté-je pour rattraper la situation.

Il me sonde l'espace d'interminables secondes avant de s'éloigner de moi et de retourner devant l'ordinateur. J'accepte son invitation à le rejoindre alors que mon cœur bat fort dans ma poitrine tant son coup de pression m'a fait peur.

— Regarde, il est dans un fichier caché.

— « 1001 recettes de cuisine facile » ?

— On ne sait jamais.

Est-ce qu'il va vraiment me montrer ce que je pense ? Si facilement ? C'est trop beau et glauque à la fois pour être vrai.

Je retiens mon souffle en le regardant déverrouiller l'un des sous-fichiers nommé « Riz frit »... Lorsque je comprends.

Mon corps recule instinctivement, mais son bras vient bloquer ma taille pour me forcer à rester avec lui et regarder.

« Riz frit », c'est « mon » dossier. C'est le plat que je lui avais fait, le jour où il m'a volé un baiser.

Il y a une centaine de photos dont la miniature est si petite que je ne les distingue pas, et ce n'est pas plus mal.

Ce qui me fait trembler, c'est sa main remontant jusqu'à ma nuque et la serrant légèrement pour me forcer à ne pas détourner le regard de la vidéo qu'il ouvre.

« Ne ferme pas les yeux. » m'ordonne-t-il alors que j'ai envie de vomir sur l'écran.

« Tu es si belle comme ça. C'est ma vidéo préférée en ce moment, quand je rentre seul à l'hôtel et que Tom a passé la journée à me parler de toi.

S'il savait, le con... Toutes ces caméras que j'ai pu installer chez vous. Si facilement...

Pourtant, il m'a déçu. En une année entière, vous n'avez baisé que trois fois dans votre appartement et c'était d'une tristesse...

Mais qu'est-ce que tu t'es touché, ma belle. Tu as gâté mes meilleures sessions de branlette. »

J'ai envie de crever tant il me dégoûte.

Voilà comment il devait faire chanter Tom. Peut-être que mon ex n'était pas au courant du dispositif, mais un simple « j'ai les moyens de faire tomber Alix très profondément » a pu suffire.

Et soudain, je comprends où il veut en venir ce soir.

— Tu vas me faire chanter ?

— Oh oui, tu vas chanter mon nom. Ça fait trop longtemps que je me retiens avec toi et que j'essaie de... ne pas gâcher notre « relation ». Mais c'est chiant, tu vois. Les vidéos ne me suffisent plus. Il me faut ta chatte.

— Lâche-moi, Isaac ! tenté-je avant de me dégager violemment. T'es un malade et quand je vais-

— Tu vas faire quoi, hein ? Le temps que tu portes plainte, tu seras déjà en top tendance sur plusieurs sites de cul !

— C'est ce que tu fais à toutes les femmes, c'est ça ? Ce que tu as fait à Savannah, la sœur de Bennett ?!

— Comment oublier son petit cul à celle-là... Elle était farouche, mais un peu de GHB l'a calmé rapidement. Son dossier s'appelle « Fraisier », parce qu'elle avait des fraises sur la petite culotte que j'ai gardée en souvenir.

— T'es qu'un putain de monstre !

Je tente de le fuir, mais il me rattrape par derrière et maintient mes poignets sur le comptoir avec force. Il me bloque de ses jambes et sentir sa queue dure contre mes fesses me provoque une montée de larmes.

Parce que maintenant, je sais que Savannah n'a pas été la seule. Elles ont toutes dû se sentir dans le même état, voire pire...

Sans que ce connard ne soit jamais inquiété.

Certaines ont dû tenter de porter plainte, j'en suis sûre... Mais Isaac ne fait pas de menace en l'air et il a dû détruire leurs vies.

Putain.

Je me déteste d'avoir ressenti un jour de l'amitié et même une pointe de désir pour cette ordure.

— Gentil par rapport aux vrais monstres. Réveille-toi Lix, les gens puissants ont tous leurs vices. Tu vas t'y faire. Tu n'auras pas le choix, sinon je réduis ta vie à néant avec ces vidéos.

— Un jour tu tomberas, tu feras une erreur et ta chute sera délicieuse.

— Pas autant que notre performance de ce soir, dit-il en baissant sa braguette avant de sortir son téléphone. J'ai déjà le titre : « pov : tu baises l'ex de Tom Lacroix, cette grosse salope »  !

« LIX ! »

Je tourne à peine la tête que celle d'Isaac finit au sol, à couvrir mon tapis de sang.

Le regard de Ben ne s'arrête pas sur moi, mais sur l'écran où tourne encore la vidéo filmée à mon insu, ce qui lui fait oublier l'une des règles de notre plan : ne pas défigurer Isaac Eaton parce qu'aussi nécessaire que ça soit, ses avocats pourraient s'en servir contre nous.

Il m'ignore quand je lui dis de se calmer et le martèle de coups alors que les officiers de police entrent accompagnés de Nathan. Ils sont au courant de la situation et sont restés à distance, à tout écouter et recueillir des preuves, mais ils ne peuvent plus ignorer ce qu'on leur a raconté plus tôt sur Isaac.

Les faits sont là.

« Ben ! Arrête ! » m'écrié-je jusqu'à ce que Nathan l'attrape par la taille et l'éloigne d'Isaac, inconscient.

Mes larmes le font changer d'attitude en une demi-seconde et je me retrouve aussi vite entre ses bras alors qu'il m'éloigne de la cuisine et m'étreint fort pour que j'oublie le contact de mon agresseur.

— Je t'avais dit que je n'approuvais pas ce plan... répète-t-il en caressant mes cheveux. Eh, mon cœur... Ça va aller...

— Ben, reniflé-je, tu pleures toi aussi ?

— Non. Oui. Peut-être parce que... putain... enfin...

— Savannah ?

Il hoche la tête avant d'essuyer les quelques larmes perlant sur ses cils, puis m'embrasse délicatement les joues comme si j'étais faite de porcelaine.

— Tu as été forte. Très courageuse... Et grâce à toi, justice pourra être faite.

— Si tu n'avais pas enquêté si longtemps, jamais on n'aurait pu découvrir tout ça. Merci, Bennett.

— Non, c'est encore toi, Alix. Merci, du fond du cœur.



⭐⭐⭐

Dernier chapitre dans deux jours !



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