20.1⭐Grimpe, poupée !

Je dors mal, vraiment mal. Viviane parle de frustration sexuelle. Parker, de dépression. Moi, je pense que c'est un mélange des deux, mais qui ont la même cause : le manque de Bennett Hawking.

Je regarde mon portable toutes les cinq minutes et j'en viens même à imaginer la sonnerie whatsapp de notre conversation. Tout ce qu'il reste, c'est cette photo de lui soulevant notre petit-déjeuner et mes souvenirs de son sourire. De ses soupirs, de ses bras autour de moi et de sa façon langoureuse de murmurer mon prénom lorsqu'il me fait du bien.

Je suis mordue de lui et ça ne m'aide pas du tout à réfléchir.

« C'est une très mauvaise idée » déclaré-je pour la dixième fois alors que Parker est sur le point de démarrer sa moto.

Habillée tout en noir, mon amie joue les agents secrets alors qu'elle a pour objectif de se rendre chez mon amant. De forcer sa serrure ou d'entrer par une fenêtre et d'y ramasser tout ce qui pourrait nous être utile pour notre enquête.

Parce que oui, après lui avoir raconté tout ce que j'ai dit et découvert avec Nathan, Parker s'est mis en mode « roman noir ». Ce qui explique son trench-coat, ses lunettes de soleil alors qu'il fait gris et son bâtonnet de sucette entre les lèvres pour simuler une cigarette.

Elle refuse de croire que Bennett pourrait être un fan hardcore de Tom, qu'il m'ait approché dans cet unique but et surtout, qu'il ne ressente rien pour moi. Elle a plus confiance en nos sentiments que nous-mêmes.

— Tu ne comprends pas Lix, dit-elle avec un grand sourire, ça m'excite !

— Argh, ne dis pas ça.

— L'adrénaline ! Le mystère ! Il y a un truc pas net là-dedans, sinon Benny n'aurait pas enquêté. Tout ce dont on a besoin se trouve chez lui !

— Je n'aime pas l'idée d'entrer chez lui comme ça.

Déjà qu'il a eu beaucoup de mal à m'accueillir, alors pénétrer dans sa maison sans y avoir été invité...

La sévérité de mon regard suffit à la calmer et reposer son casque de moto, une petite moue déçue, jusqu'à ce qu'elle sorte son portable en marmonnant des mots incompréhensibles en rapport avec Nate, un câlin et un bubble tea.

Je souffle un peu, soulagée qu'elle ait aussi rapidement abandonné son idée de cambriolage, même si j'étais curieuse d'en découvrir plus.

Même si j'avais pu avoir accès à toutes ces preuves, je ne veux pas risque de perdre sa confiance.

— On fait quoi du coup ? Tu vas retrouver Nathan ?

— Non, je ne t'abandonne pas. Il faut qu'on trouve une piste de notre côté.

Je hoche la tête, reconnaissante de pouvoir compter sur elle pour m'aider à résoudre ce mystère...

Mais au fond de moi, j'ai toujours cette peur persistante que tout cela ne soit qu'une illusion, que Bennett ne soit pas celui que je croyais et que je me retrouve seule avec mes sentiments confus et mes souvenirs douloureux.

Je prends une profonde inspiration avant de regarder l'heure et de compter le temps qu'il me reste avant la réouverture de l'après-midi du sexshop. Même si Viviane est présente pour moi, je dois me ressaisir et me concentrer sur mes tâches.

Mon esprit vagabonde toujours vers Ben, notre relation et ce mystère, mais le boulot, c'est le boul-

« LIX ! » s'exclame Parker en me collant son portable sur le visage. « REGARDE ! SA STORY INSTAGRAM ! »

Je recule sa main et examine la photo éphémère : un café sur une table en bois et un bout de verdure collé à une fenêtre.

— Ben n'utilise pas Instagram, affirmé-je, il n'y va que lorsque tu le tag pour des jeux concours.

— Ce n'est pas la story de Ben ! Regarde !

C'est... Tom ?

Il m'a fallu quelques instants pour reconnaitre sa photo de profil miniature, mais c'est bien lui et sa gueule de beau gosse.

— Et donc ? Tom boit un café à Charlotte ?

— Non ! Tu ne reconnais pas cette vaisselle ? Les bordures sur le bord ? Le sticker collé sur la fenêtre ?

— Où veux-tu en venir ?

— C'est le café où l'on est allée et où j'ai chanté pour toi ! Près des souffleurs de verre, au River Arts District !

— Donc Tom est ici... Mais qu'est-ce qu-

Soudain, une révélation commune.

« L'INTERVIEW AVEC BEN ! » s'écrit-on en cœur.

Ce fameux rendez-vous interdit par Isaac, déconseillé par Jonah, mais bel et bien gagné par Ben. Tom honore toujours ses paris donc c'était certain qu'il reviendrait pour lui donner ce qu'il désire...

Et si nos suppositions sont exactes, ce que cherche Ben a un rapport avec sa sœur et son voyage surprise à New York.

« Grimpe, poupée ! » s'exclame Parker d'une voix rauque en me tendant un casque, alors que mon cœur bat la chamade tant l'excitation me gagne.

Lorsque nous arrivons dans le quartier des arts, je prends une grande inspiration pour me calmer en descendant de la moto, et me tourne vers mon amie.

— Il faut qu'on les approche subtilement. J'insiste sur la subtilité, Park.

— Doutes-tu de moi ? Je suis une légende ici ! J'ai des contacts partout et je peux nous faire rentrer dans le café par la porte de service. Je peux même nous avoir des tenues de serveuses et-

— On verra sur le terrain. Allons-y.

— Et la boutique ? Tu auras le temps ?

— J'ai envoyé un SMS à Viviane. Elle est d'accord, mais ça ne doit pas se reproduire, et je devrais assurer toute la journée de samedi seule. Je vais me faire sermonner en rentrant tout à l'heure.

Nous nous approchons du café, les yeux grands ouverts et les oreilles à l'affût. Parker en profite pour saluer discrètement des artistes qu'elle connait, mais je n'y prête pas attention, trop concentrée sur la recherche de Ben et Tom.

Après une faveur obtenue en moins de deux minutes auprès d'un des serveurs qu'elle connait, nous entrons dans le café par la porte de service et nous glissons discrètement jusqu'au comptoir.

Nous nous faufilons entre les serveurs en uniforme et les clients avant de chercher désespérément leur table... Lorsque je les aperçois au fond de la salle, assis sur des tabourets de bar.

Tom en mode Clark Ken avec son bonnet et ses fausses lunettes qui, miraculeusement, ne se fait pas remarquer.

Bennett vient surement d'arriver, car il vient d'être servi d'un milk-shake alors que Tom commande son deuxième café. Je l'observe agiter ce qui ressemble à un script et devine aisément qu'il doit être en train de se vanter de ses talents de mémorisation, comme d'habitude.

Je pousse discrètement Parker et lui désigne les deux hommes. Elle hoche la tête et nous nous approchons lentement en remerciant le ciel qu'ils soient installés au comptoir, donc dos à une partie de la salle.

Par chance, nous n'attirons pas leur attention et, cachées derrière la carte des boissons, nous tendons l'oreille.

Si Parker est aux aguets, je suis troublé par la vision de Ben après quelques jours de séparation : il a l'air fatigué, les yeux fixés sur son milk-shake et hochant la tête aux blagues de mon ex. Ses cernes lui donnent un air encore plus intimidant et je suis certaine qu'il pourrait faire pleurer un enfant sans rien faire de plus.

Mon amie me donne discrètement un petit coup de coude pour me rappeler à l'ordre et me concentrer sur leur conversation prenant une tournure gênante :

— Et ma chérie, Lix ? Tu ne lui parles plus. Sinon, elle serait présente, j'imagine. J'ai entendu dire que tu lui avais brisé le cœur.

— Je... c'est compliqué. Mais ce n'est pas pour ça qu-

— Ça m'arrange, en vérité. Pas qu'elle soit triste, mais que vous deux, ça ne soit rien de plus.

— Rien de plus ?

— Tout ça, cette vie à Asheville... C'est comme des grandes vacances. Ce n'est pas ce qu'elle aime. Elle s'est habituée à la vie pétillante que j'ai pu lui offrir.

— Nous ne sommes pas ici pour ça, Tom.

— Mais moi, si j'ai accepté de te faire une place dans mon emploi du temps, c'est pour elle. Parce qu'Alix est importante pour moi et que j'aimerais tout lui offrir. Tout pour son bonheur.

— Tu devrais lui redemander ce qui pourrait faire son bonheur. Tu serais surpris de la réponse, toi qui la connais si bien.

Les deux hommes ne disent plus rien et ne font que se fixer. Du peu que j'observe, je devine que leur expression faciale doit traduire un mélange de défi et de colère silencieuse l'un envers l'autre.

Dans tous les cas, il y a de l'électricité dans l'air.

Jusqu'à ce que Ben lui pose la première question de son interview. « Quand as-tu eu envie de devenir acteur ? ». L'échange houleux passe sans transition à une discussion très professionnelle, à tel point que Parker semble en mourir d'ennui et commande un café.

Il se passe bien une bonne demi-heure et un cookie pour mon amie qu'enfin, j'entends la question que j'attendais.

« Est-ce que la date du 3 janvier a une importance pour toi ? »



⭐⭐⭐

Désolée pour la régularité sur cette histoire. J'ai un syndrome de la page blanche + problème de santé en ce moment... mais j'espère que vous appréciez toujours l'histoire et que vous avez hâte de lire le dénouement (qui arrive bientôt) ! Des bisous 😊



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