17.2⭐Amitié dénudée
Son dernier message date d'il y a plus d'une semaine. Une photo d'Alisa, le lendemain de notre mésaventure en boite, qui fait un cœur avec ses doigts vers l'objectif avec en commentaire « tu es devenue sa nouvelle héroïne ».
Peu importe mes doutes et les dernières paroles de Tom et Jonah...
Bennett me manque terriblement.
C'est une sensation désagréable qui me prend presque à chaque réveil. Je rêve qu'il est allongé sur mon lit et que l'on discute longtemps, de tout et de rien, jusqu'à ce qu'il se mette à me toucher et transformer ma nuit en excitation et frustration.
J'ai beau passer du temps de torture physique avec Viviane pour perdre du poids, ou d'autres moments plus fun avec Parker, c'est lorsque je suis seule à ne rien faire qu'il m'obsède.
Je veux lui envoyer un message, me nourrir d'une petite réaction, courir jusqu'au lycée et débarquer dans sa classe pour lui exiger un baiser...
Bref, je n'arrête pas de fantasmer sur lui.
Alors hier après-midi, j'ai craqué.
J'ai fait ce que j'ai toujours refusé depuis des années et que je déconseille à tout le monde depuis autant de temps.
La faute à mon désir et le nouveau sextoy que j'ai testé toute seule, mais qui m'a laissé sur ma faim.
Ah... j'ai envoyé une photo sexy de moi à Bennett et je suis en plein déni.
Prise de haut, en body de dentelle noir et rouge mettant parfaitement en valeur ma poitrine et compressant suffisamment mes rondeurs pour qu'elle ne soit pas disgracieuse.
On ne voit pas mon visage, je suis derrière un mur uni et le seul élément qui pourrait permettre de me reconnaitre serait de connaitre à la perfection la forme de mon menton et mes lèvres.
Lumière tamisé et mes doigts écartant doucement la lingerie, je me suis trouvé sexy pour la première fois depuis longtemps.
Qu'est-ce que je faisais dans cet état en plein après-midi ? Viviane, tout simplement.
Elle s'est de nouveau prise pour ma maman et m'a ramené de nouveaux sous-vêtements pile à ma taille et sensuel pour, je cite, « montrer à un certain maladroit ce qu'il rate ».
Une suggestion de Parker la veille lors d'une discussion sur les sextos m'a également influencé. Voilà, c'est ça. Ce n'est pas ma faute, ah ah...
Pur déni.
Est-ce que le plus grave c'est de ne pas avoir reçu de réponse et un simple « Vu » sur Whatsapp ? Non.
Le pire, c'est maintenant.
Parce que ce soir, c'est la « soirée de Nathan ».
Il y a quelques semaines, Nate nous a demandé dans notre conversation de groupe de l'aider. Il devait faire la visite nocturne de la brasserie où il travaille à la place de son patron et, stressé de parler devant un groupe d'inconnus, il nous a demandé de nous inscrire.
Parker a décommandé parce qu'elle devait être à l'enterrement de vie de jeune fille d'une cousine ce soir-là. Quant à Ben et moi, le mot « bière gratuite » a suffi à nous convaincre.
Mais maintenant, après avoir été accueilli par Nate en mode « pro » et les odeurs de houblon frais et de malt, j'ai envie de m'enfuir.
La brasserie est située dans une ancienne usine en pierre et dont les gigantesques cuves en acier et les tuyaux au-dessus de nos têtes me captivent.
Jusqu'à ce que les yeux cachés derrière les lunettes de Ben prennent le relais.
Dans le petit groupe de dix, nous ne pouvons nous éviter. Nate a commencé rapidement sa visite et, même si nous nous connaissons « peu », j'ai perçu sa nervosité dans ses gestes de main et dans sa voix habituellement plus calme.
J'en apprends beaucoup sur l'historique de la brasserie, la conception des différentes bières et leurs marques jusqu'à ce que la partie préférée de la visite arrive : la dégustation.
Je prends place au long bar en bois de chêne avec tous les autres visiteurs alors que Nate semble soulagé d'avoir « passé le pire » et s'attèle à nous servir des échantillons de bières artisanales.
Mes yeux cherchent Ben du regard, ce dernier étant le seul en retard, lorsqu'il vient s'assoir à l'autre bout du bar après notre première gorgée. On commence un voyage gustatif allant de la douceur d'une blonde à d'autres saveurs plus soutenues...
Et je comprends pourquoi Parker ne boit jamais les bières venant du boulot de Nate. Elles ne sont pas très bonnes et je suis sûre qu'il le sait. Celles qu'il fait lui-même sont largement mieux.
Malgré tout, ça semble plaire aux autres visiteurs qui veulent en apprendre davantage sur le processus de brassage.
Je bois une nouvelle gorgée lorsque je reçois un message whatsapp de...
Ben ?
« Ça va Alix ?! » s'exclame Nathan en me voyant recracher le contenu de mon verre sur le bar.
Le rouge aux joues, je m'excuse devant tout le monde et essuie le résultat de ma surprise.
Le contenu de son message est, sans surprise, une photo. Par contre...
Je ne m'attendais pas à recevoir une photo de lui, une main sur son érection cachée par son boxer dangereusement baissé.
Sa peau est éclairée par l'une des chaudes lumières blanches qu'on retrouve aux toilettes et je ne pense pas me tromper en supposant qu'il l'a pris à l'instant.
À deux doigts de mourir de gêne, je penche la tête vers Ben à l'autre bout du bar qui est... en train de s'étouffer de rire.
« Mec, tout va bien ?! » demande Nate à son ami qui me surpasse dans la honte alors que ses yeux pleurent et que du liquide que je devine alcoolisé coule de ses narines.
C'est dégueulasse, mais c'est tout Bennett Hawking. Maladroit aux pires moments.
Notre ami fait une blague sur la puissance de certaines de leur bière et arrive à faire rire les autres visiteurs alors que je sors plus discrètement mon portable pour regarder en détail la photo.
Combien est-ce que ça pourrait me coûter d'en faire plusieurs posters ?
Les échantillons s'enchainent et la visite se termine en direction de la boutique souvenir, mais, soucieux de notre état, Nate nous demande de patienter au bar le temps qu'il finisse.
Il y a plusieurs sièges entre nous, mais, malgré la distance, j'ai l'impression de sentir son parfum iodé depuis là où je suis.
Ou alors c'est les vapeurs d'alcool qui me montent déjà à la tête.
Ben reste silencieux, caressant le bord de son verre de ses deux doigts que j'aimerais bien voir ailleurs, sur moi, en moi et-
— Désolé, interrompt-il soudain mes pensées.
— De même.
— Tu as raison de t'excuser parce qu'à cause d'une certaine photo hier, alors que j'étais en salle des professeurs, je me suis tapé la honte.
— Vraiment ?
— J'ai laissé tomber la carafe de café sur mes sneakers. Elle s'est explosée à mes pieds.
— Merde ! Vraiment désolée... Sauf si c'était ta paire kaki. Là, oui, tu peux même me remercier.
— Très drôle. Mais ça été. On s'est juste foutu de ma gueule et je me suis tapé une méchante érection dans les toilettes après ça. Je pense que tu n'es pas désolée pour ça non plus ?
Je détourne le regard et réprime un petit rire alors qu'il me fait une fausse mine sévère.
« À quoi est-ce que l'on joue, Lix ? »
Je n'ai pas le temps de répondre que Nate revient nous voir. Il nous demande nos retours sur la visite puis, comprenant que ce qu'il vient de nous servir n'est vraiment pas terrible, il sort de derrière le comptoir, caché dans une caisse en bois, quatre bières sans étiquette qu'il a brassées lui-même.
« Attention, elles tabassent donc prenez un taxi pour rentrer tout à l'heure. » dit-il avant d'être appelé à la caisse par l'un des clients.
Bennett ne perd pas de temps et saisit une des bières avant de la décapsuler avec ses clés. Il fait de même avec la mienne avant de trinquer.
— En toute amitié ?
— À l'amitié dénudée.
Nos bouteilles s'entrechoquent et je pousse un soupir d'aise lorsque l'agréable mélange coule dans ma gorge, nettoyant au passage les échantillons de tout à l'heure.
— Alisa a commencé à écrire une ode à ta gloire, tu veux la lire ?
— Sérieux ?
— Un article dans le journal du lycée parlant de ton nouveau sexshop et de la « Wonder Woman » qui le gère.
Nous nous levons tous les deux en même temps de nos places avant de nous sourire et de s'assoir côte à côte pour qu'il me fasse lire l'ébauche de l'article de ma nouvelle fan.
Le plus naturellement possible, nous discutons comme avant. Comme si nous n'avions jamais rompu contact ou ressenti la moindre gêne.
Il me parle du dernier livre qu'il a lu, moi de ma dernière série. On dérive de sujet en sujet en oubliant même la présence de Nate qui, au bout d'un moment, est obligé de nous faire quitter la brasserie fermant ses portes.
— Merci d'être venu, nous remercie-t-il. Sans vous, j'aurais bafouillé tout le long.
— Pas de soucis. Tu veux qu'on termine la soirée au centre-ville ?
— J'ai encore du boulot ici et je suis crevé. Peut-être un autre soir. Benny ? Pas de voiture, hein ?
— Je suis venu en taxi, en prévention. Merci à toi, mec.
Soudain, Nate attire Ben contre lui et lui tapote l'épaule tout en lui murmurant quelque chose qui, visiblement, lui provoque un bégaiement. Ils me regardent tous les deux en même temps avant que notre ami nous laisse seuls.
Nous marchons en silence en direction d'une avenue plus fréquentée et, lorsque je m'attends à ce qu'il me demande de partager une course Uber ensemble, Ben toussote légèrement :
— Tu as fait des rencontres intéressantes ?
— Quand ?
— Le soir où tu es allé en boite. Je me suis dit que... enfin... tu étais très belle ce soir-là donc j'ai pensé que tu avais peut-être pu rencontrer quelqu'un pour...
— Essayer des sextoys ? Non, malheureusement. Et toi ?
— Lix.
— Je demande au cas où tu aies décidé de te lancer dans une autre relation « amicalement sexuelle » avec quelqu'un d'autre.
— Moi ? Sérieusement ? Il n'y a qu'une femme actuellement qui peut me faire craquer.
— Viviane ?
Ben me donne un coup d'épaule alors que je pouffe de rire de cette situation.
« Non, c'est toi. Toujours toi. » répond-il en me fixant avec une intensité à me faire défaillir, moi et mon équilibre défaillant à cause de la bière.
Je suis à la fois stupéfaite et rassurée parce que, même si je ne m'y attendais pas ce soir, j'ai toujours voulu l'entendre de sa bouche. Et je ne sais pas comment réagir.
Nous continuons à marcher dans un silence pesant pendant quelques minutes, chacun perdu dans nos pensées.
Finalement, lorsque nous arrivons devant le chauffeur qu'il nous a commandé, je prends une profonde inspiration et brise le malaise :
« Il faut qu'on en reparle, Ben, parce que je ne te comprends pas. Je n'ai pas envie qu'on s'inscrive dans les clichés qu'on a tenté d'éviter depuis le début.
Pas d'incompréhension, de mauvaise communication et de supposition sans fondement. Je veux te faire confiance à 100%, que ce soit réciproque et qu'on se dire clairement les choses parce que, pour moi aussi, il n'y a qu'un homme qui me fait craquer.
C'est toi, toujours toi. »
Ben me regarde avec étonnement, puis un rare sourire se dessine sur son visage. Sa réaction fait battre mon cœur plus fort et il manque d'exploser à l'instant où il me prend la main et m'embrasse délicatement la joue.
Nous montons dans la voiture et, avant que le chauffeur ne démarre, Ben l'interpelle et lui dit : « Oubliez la première adresse. On va directement à la deuxième. Merci. »
— Où est-ce que tu m'emmènes ?
— Là où je pourrais être sincère avec toi.
C'est lorsque je vois le nom du quartier apparaitre sur le tableau de bord du chauffeur que je comprends pourquoi il a soudain la main moite.
Parker m'avait donné son adresse et c'est bien là où nous nous rendons.
Chez Bennett Hawking, l'endroit où personne n'est allé depuis son dernier drame familial et où il passe tout son temps libre à faire je ne sais quoi.
Il a décidé de me laisser pénétrer dans son intimité...
Parce qu'il me fait confiance.
⭐⭐⭐
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