16.3⭐Scandals Night

— Tu es certaine qu'on ne risque pas de les croiser ?

— Lix, cette boite est bien le dernier endroit où Nate et Benny pourraient se trouver !

Je passe ma langue sur ma lèvre inférieure mais le goût gloss à la cerise de Parker me provoque une grimace alors qu'elle rajuste son décolleté.

La façade du Scandals Nightclub se distingue par des lumières clignotantes et surtout, ses murs recouverts de briques rouges foncées, donnant un aspect brut au lieu. Depuis l'extérieur, on sent déjà que l'ambiance est animée, même pour un soir de semaine. La porte d'entrée gardée par un portier est flanquée de plantes vertes luxuriantes qui ajoutent une touche de verdure à l'espace urbain.

Parker fait claquer ses talons au rythme de la musique lorsque nous entrons après un rapide coup d'œil du videur. Je dois retenir son excitation d'aller se déchainer sur la piste de danse dont les lumières sont en harmonie avec la musique diffusées par le DJ.

Des canapés confortables et des tables entourent la piste de danse, offrant aux clients des espaces pour se détendre avec une belle vue sur le bar dont l'éclairage met bien en valeur la quantité astronomique de bouteilles. Les murs sont décorés de peintures abstraites et d'œuvres d'art moderne, ajoutant une touche de sophistication à l'atmosphère décontractée.

Si mon amie se sent comme un poisson dans l'eau en commandant nos boissons, je ne peux m'empêcher d'être mal à l'aise dans ma tenue.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressorti des vêtements valant presque un loyer en banlieue parisienne. Après les recommandations de Parker, j'ai choisi de porter une robe fourreau en dentelle noire qui met en valeur mes formes. Les motifs floraux lumineux ajoutent une touche de fantaisie et mon décolleté plongeant, de sensualité.

Je suis un peu nerveuse pour sortir ce soir, mais je suis déterminée à passer une bonne soirée.

— Voilà ton remède pour chasser ta déprime ! s'exclame Parker en me tendant un Blue Lagoon dont la surface est pailletée. Et demain, j'irais pisser sur la caisse de Benny pour te venger !

— On n'aurait pas dû boire avant de venir, Park. Je sens que je vais devoir prévenir Nate plus tôt que prévu.

— Oh nooon ! Allez, on s'amuse ! Aux chiottes les mecs ! J'veux dire, pourquoi on aurait besoin d'eux ? On peut être heureuses toutes seules !

Je lève mon verre en même temps qu'elle alors que la vodka me chauffe la gorge jusqu'à ce que la saveur sucrée citronnée du curaçao atténue l'ensemble.

— C'est vrai qu'en ce moment les hommes me prennent trop la tête.

— Il y a tellement de façon de s'occuper l'esprit !

— Je dois aller à des cours d'essais de plusieurs associations de danse très bientôt. C'était mon nouvel objectif depuis le Gommbay Festival.

— Danser ! Oui ! Viens, on y va !

Je rigole devant son enthousiasme, persuadée qu'elle n'a pas réussi à comprendre ce que je lui ai dit, avant de la rejoindre sur la piste.

Mes mouvements sont guidés par la musique qui pulse autour de moi, ainsi que par les corps tout aussi excités et ivres profitant de cette soirée. Je dois tout de même garder un œil sur Parker et, trente minutes après être arrivé, j'arrive déjà à lui faire passer un shot d'eau pour du « rhum ».

Elle est tellement à fond que son énergie arrive à me détendre et oublier ma gêne et ma déprime.

Au bout d'un moment, alors qu'elle danse sur la scène avec d'autres filles, je file au bar pour commander un autre cocktail lorsque la fille à quelques mètres de moi me semble familière.

Une métisse aussi petite que Parker dont les boucles brunes tombent en cascade sur ses épaules.

Je l'observe du coin de l'œil en attendant ma boisson, mais surtout, j'essaie d'entendre des bribes de sa conversation avec un mec un peu insistant.

Elle a l'air plus jeune que ce que son maquillage essaie de camoufler... C'est bizarre.

Où est-ce que j'ai pu la croiser ?

Ma pensée m'échappe lorsqu'en plein milieu d'un drop, j'entends Parker crier mon nom depuis la scène. Un grand moment de honte qui m'oblige à vite régler ma consommation et boire mon verre avant d'aller chercher mon amie.

Nous dansons encore sur quelques morceaux et, lorsque je pense qu'il est temps d'écourter la soirée pour éviter une gueule de bois fatal, mon regard est immédiatement attiré en direction du bar.

La jeune fille de tout à l'heure à la tête dans ses bras pendant que celui lui ayant offert son verre enfouit son visage dans ses cheveux.

Mon sixième sens me dit de m'en mêler. Maintenant.

— Park, appelle Nate pour qu'il vienne te chercher.

— C'est déjà fait ! Tu vois ? Je suis une graaaande fille ! Eh ! Où tu vas ?

Je me faufile entre les corps dansant à un rythme effréné et accélère lorsque l'homme commence à tirer la fille par le poignet pour l'entrainer je ne sais où.

« Ma chérie ! Je t'ai cherché partout ! Tu es fatiguée ? » m'exclamé-je en m'inspirant de Tatiana et de son sauvetage d'il y a quelques années. « Je crois qu'on va rentrer entre fille. »

Je fais de gros yeux au type ayant visiblement l'air très contrarié et qui finit par disparaitre dans la foule, sans un mot de plus.

Je pousse un long soupir avant de regarder le verre vide de cette fille à moitié endormie et d'appeler le barman. Je lui signale le comportement suspect du type afin qu'il prévienne tout de suite la sécurité mais également la police.

Ensuite, tout se passe très vite.

Parker rentre avec Nathan qui, à son arrivée, m'a aidé avec le vigile à chopper le type bizarre qui a visiblement drogué la jeune fille. À la sortie de la boite, les flics ont bien retrouvé du GHB dans ses poches et ont laissé entendre que ça faisait depuis le début de l'été qu'il traquait cet enfoiré.

Il a fait le coup à plusieurs femmes depuis son arrivée en ville, dans plusieurs boites et bars différents, sans s'être jamais fait attraper.

J'accompagne la jeune fille nommée Alisa jusqu'au poste de police où ma déposition est prise en compte.

Elle est amorphe et ça me soulage de la voir dans cet état, car ça me rassure sur la quantité de drogue qu'elle a pu ingurgiter. Ce détraqué aurait pu l'emmener dans un état bien pire pour profiter d'elle.

Lorsqu'on lui demande le numéro de ses parents, elle se met à paniquer avant de sortir avec difficulté d'une poche secrète de son collant, son portable.

Elle montre un numéro aux policiers et, parce qu'elle insiste et que je m'inquiète sincèrement pour elle, j'attends à ses côtés.

C'est une quinzaine de minutes plus tard, lorsque la personne qu'ils ont appelée débarque, que je me souviens enfin d'où j'ai pu voir Alisa.

— Vous êtes un parent proche ? lui demande un agent.

— Non. Je suis...

— MONSIEUR HAWKING !

La jeune fille saute presque au cou de son professeur surpris avant qu'il ne rehausse ses lunettes et l'écarte de lui.

— Je suis son professeur, affirme-t-il avec plus d'assurance. Bennett Hawking. Alisa fait partie de la rédaction du journal du lycée d'Asheville.

— Ah mais oui, votre nom me disait bien quelque chose ! Désolé de vous avoir dérangé mais c'est la petite qui a insisté. Elle ne voulait pas donner les coordonnées de ses parents.

— Je vais appeler son tuteur légal. Alisa ? Est-ce que tu pourrais me prêter ton portable s'il te plait ?

— Nooon ! Ne me balancez pas ! Je n'avais pas le droit d'y aller et j-

— Alisa.

Son ton autoritaire me provoque un frisson agréable et je me maudis de l'avoir ressenti de la sorte dans cette situation.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher de trouver Bennett vraiment beau à cet instant. Ses cheveux en bordel confirment qu'il a été réveillé à la va-vite mais les marques de stylos bleus sur ses doigts, qu'il a dû s'endormir sur son bureau en plein travail.

— D'accord, monsieur...

— Merci pour ta coopération. Et je n'en parlerais à personne.

Ben me jette à peine un regard, cachant la surprise provoquée par ma présence auprès de son élève, avant de murmurer au policier :

— Son père a foutu le camp et sa mère est alcoolique. Elle a des relations compliquées en ce moment avec son oncle, crise de l'adolescence, donc est-ce que vous pourriez être indulgents envers elle ? Surtout après ce qu'elle vient de subir.

— Monsieur Hawking. Elle est mineure et si elle a pu entrer dans cette boite, c'est qu'elle doit avoir de faux papiers qu-

— Alors vous avez un faussaire à arrêter. En plus du violeur de ce soir, ça fait beaucoup de paperasse à gérer. Laissez le tuteur de cette gamine prendre le relais pour le reste.

Visiblement convaincant, l'agent cède et finit par appeler l'oncle d'Alisa. La jeune fille me remercie tout en somnolant avant de me libérer de l'emprise de ses bras pour que je remplisse mes derniers papiers de déclaration.

Lorsque je quitte le commissariat, je retrouve Ben adossé à son pick-up, les bras croisés. Il reste silencieux quand je passe près de lui jusqu'à ce qu'il ouvre la porte passagère et m'invite à monter d'un geste de la main.

J'ai l'impression de revenir en arrière, à samedi soir quand il m'a ramené chez moi alors qu'il venait de me friendzoner... Jusqu'à ce qu'il décoiffe ses cheveux d'un geste de la main.

« J'étais fatigué donc quand on m'a appelé en m'expliquant de façon brouillonne qu'une de mes proches avait été victime du type utilisant de la drogue du violeur... J'ai paniqué.

J'ai cru que c'était toi. »

Je cligne plusieurs fois des yeux, les mots coincés dans ma gorge alors que de son côté, il semble concentré sur la route et le fil de ses pensées.

— J'ai passé mon début de soirée avec Nate et il m'a dit que Parker et toi alliez en boite ce soir. J'ai directement fait le rapprochement. Ça m'a foutu un coup de chaud alors quand j'ai vu Alisa, c'est horrible, mais j'ai été soulagé.

— Effectivement, un peu méchant.

— Parfois, je me demande si j'ai un cœur. Puis je me rappelle avoir pleuré à la fin de Coco.

— Un test infaillible.

Le petit rire qu'il laisse s'échapper détend la boule s'étant logée tout au fond de moi. Ça, et l'inquiétude qu'il a ressentie pour moi.

— Je me suis vaguement souvenu d'elle. C'était la jeune fille avec qui tu discutais au Goombay Festival, c'est ça ? J'ai eu un doute et quand j'ai vu ce type louche près d'elle, je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était.

— Merci, Lix. Tu lui as sauvé la vie.

— C'est légèrement abus-

— Non, vraiment. On ne peut pas prédire les conséquences de ce qui aurait pu arriver. Je dois en parler au lycée pour qu'il fasse encore de la prévention là-dessus. C'est dangereux.

Un nouveau silence s'installe entre nous jusqu'à ce que l'on arrive devant chez moi.

Mais lorsque je m'apprête à le remercier de m'avoir ramené, Ben pose sa main sur la mienne et me fixe avec une intensité déconcertante.

« Tu es vraiment magnifique comme ça. »

Mon cœur rate un battement et ma tête hurle « embrasse-le ! »... Mais je sais que ce n'est pas le bon moment. Pas tant que tout est réglé.

« Bonne nuit, Monsieur cul sublime. » murmuré-je avant de quitter sa voiture. Ben ouvre la fenêtre et je sens son regard m'observer jusqu'à ce que j'atteigne la porte, lorsqu'il répond :

« Bonne nuit, Madame seins divins. »



⭐⭐⭐



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