XLI. 28 novembre 1942 - la guerre
-- Sélection d'articles non censurés et approuvés par le Ministère Anglais --
Juin 1941 - LA RUSSIE DÉCLARE LA GUERRE OUVERTE À SES ENNEMIS
Face à l'assassinat du Prince du Danemark, Anthonin Nielsen, l'empereur Igor Dashkov a annoncé ce matin une guerre ouverte et sans pitié à ses ennemis, les partisans de Grindelwald. Le Ministère Anglais, dirigé par Régulus Black, a fermé ses frontières, interdisant l'accès à tout étranger. La France reste sous la domination et protection des Black tandis que Emily Scott garde toujours son silence face aux conflits. La Norvège, elle, s'est retirée de l'alliance, délaissant les grandes puissances se défendre elles. Le Congrès International Magique a fait appel à des négociations, mais aucun des deux camps ne semble enclin à la paix. La position de l'Allemagne reste indéfinie, alors que leur monde moldue brûle sous l'ambition d'un dénommé Adolf Hitler. Les importations et exportations ont été bloquées, obligeant les sorciers à rationner leurs provisions. Même si certains prennent la fuite, aucun pays ne semble à l'abris d'une attaque.
Septembre 1941 - UNE BOMBE DÉTRUIT LA MOITIÉ DE PARIS
5074 morts ont été registrés depuis ce matin. L'attaque paraissait dirigée au Ministère et a touché une bonne partie de l'édifice, même si le dirigeant, Pollux Black, demeure sain et sauf. "Nous savons qu'il s'agit d'une attaque russe", s'est exprimé hier le représentant anglais, "et nous vengerons nos morts." Cependant, les avis sont partagés dans la capitale française. Les Devigne revendiquent le pouvoir gouvernemental, affirmant que voir un Black diriger leur pays est un scandale. Malheureusement, leur influence se voit réduite par les Duchesses, toujours aussi loyaux à l'ancestrale famille anglaise. La politique française menace de s'effondrer à tout moment, mais est-ce qu'une république peut vraiment survivre à une guerre aussi sanglante ? La France s'est toujours articulée autour d'une aristrocratie de trois familles, mais depuis l'exil des Rosiers, la balance ne s'équilibre pas. La nomination de David Duchesses comme président a suscité des questions chez les sorciers, surtout après l'étrange disparitions des frères Devigne, qui dirigeaient alors d'une main de fer les principaux départements du Ministère Français. Enfin, la position occupée par Pollux Black a soulevé les familles. La rage est encore contenue, mais pour combien de temps ?
Décembre 1941 - LES CAPES NOIRES, CES SORCIERS QUI SE BATTENT AU NOM DE GRINDELWALD
Ils viennent de différents pays mais se ralient sous une même cause : la liberté promise par Gellert Grindelwald. Des noms comme Perseus Lestrange, Carl Nielsen, Lev Petrova ou encore Cassiopeia Black courent dans les rues depuis des mois. Pour certains, ils sont des héros de guerre, pour d'autres, des assassins. La lutte entre ces capes noires -nommés populairement ainsi pour leur habit reconnaissable- et les Aurors Russes, Danois ou Roumains est incessante, composée par des guerrillas sanglantes. Leurs batailles se déroulent pour l'instant loin des villes, mais le nombre de victimes continue de monter. La France tente de contre-attaquer mais sa politique fragile empêche les décisions d'être prises. Les États-Unis ont envoyé plusieurs Aurors combattre les pays de l'Est, amplifiant ainsi l'armée de Grindelwald. Mais comment une poignée de sorciers arrive à maintenir les Russes éloignés ? C'est une question que se pose beaucoup de familles sang-purs, terrifiés à l'idée que la guerre puisse les menacer directement. Un système d'importation été mis en place entre les pays alliés, renforçant leur défense et unifiant le peuple contre un ennemi commun. Le symbole de Grindelwald se voit à présent sur chaque façade et accompagne le corbeau des Black. Devenu la liberté incarnée, le mage noir est devenu un héros pour les sorciers. Son influence s'étends jusqu'aux États-Unis où divers groupes de sang-purs ont déjà brisé les règles du Pacte Magique pour s'en prendre aux moldus. Plus rien ne semble arrêter la fureur du monde magique.
Mars 1942 - LA COLÈRE DU PEUPLE MAGIQUE CONDUIT AU CHAOS
Des débordements se reproduisent sans cesse dans les pays de l'Alliance - Angleterre, France, États-Unis - où les attaques sur les moldus ne cessent pas, malgré les avertissements de la Confédération Magique Internationale. L'idéologie de Grindelwald se répands comme une traînée de poudre, poussant les sorciers à revendiquer leurs droits pour faire basculer la guerre en leur faveur. Les agressions Russes touchent de plus en plus les villes, difficilement retenues par les capes noires. La panique règne à Paris où la population ne s'est toujours pas remise de la précédente bombe. L'Angleterre ne tremble pas grâce à la poigne ferme de Régulus Black, mais certains faits sont passés sous silence. Dans certains pays comme la Bulgarie ou l'Autriche, les actions interdites par le Pacte Magique ne sont plus punissables. En Allemagne, cela a eu comme effet enflammer la guerre moldue, appelée Seconde Guerre Mondiale, démontrant encore une fois la faiblesse des Non-Magiques et donnant une raison de plus à Grindelwald d'affirmer son pouvoir sur le monde.
Août 1942 - MOSCOU EN FLAMMES
Les Américains s'en sont pris à la capitale Russe, provoquant la mort de milleurs de victimes. Igor Dashkov a envoyé des Aurors à Washington pour une contre-attaque, mais ils ont été interceptés et détenus par l'Angleterre. Leurs corps ont été retrouvés quelques jours plus tard en lambeaux, amoncelés sur des bateaux en chemin vers la capitale Russe. Face à cet affront, l'Empereur a prononcé des menaces de mort, citant également sa vengeance pour la mort du Prince Danois deux ans auparavant qui n'a toujours pas été assouvie. Les Ministères de tous les pays font appel au calme, tentant d'apaiser les révoltes du peuple. Le Pacte Magique, quand à lui, ne semble être qu'un souvenir lointain dans la mémoire des sorciers.
Septembre 1942 - L'ATTAQUE SUR WASHINGTON D.C, LA PLUS MEURTRIÈRE DEPUIS LE DÉBUT DU CONFLIT
La bombe Danoise a arraché un gros tiers de la capitale américaine, réduisant les habitations, allées et établissements en flammes. Des hôpitaux de fortune ont été crées pour prendre soin des survivants, peu en nombre. Emily Scott, Présidente du Congrès Américain, a fait appel à des aides anglaises et françaises pour se battre contre l'armée Russe qui semble vouloir envahir la capitale. Personne n'a connu une lutte aussi sanglante et l'opinion publique se forme petit à petit, s'accordant sur un même point : si le monde moldu apprenait à connaître leur existence, cette guerre n'aurait plus aucune raison d'être.
Washington D.C, États-Unis d'Amérique.
L'odeur du sang ne s'en allait jamais vraiment. C'était un parfum qui collait à la peau, une ombre qui suivait les sorciers dans chacun de leur pas. Cassiopeia en était recouverte. Les ennemis jaillissaient de tous les côtés et son esprit n'avait pas le temps de tous les briser. Il fallait planter le couteau, le retirer, contempler la vie prendre les jambes à son cou et ignorer les yeux vides qui la dévisageaient. Elle ne comptait plus le nombre de Russes, Danois ou Roumains qu'elle avait égorgé.
Elle était juste fatiguée.
Des cris jaillissaient dans des rues voisines. Les sortilèges produisaient un bruit électrique assourdissant. Deux semaines qu'ils se battaient. Et plus ils tuaient, plus leurs ennemis se multipliaient. À croire que leurs ennemis avaient gardé toute cette armée secrète en attendant le moment parfait pour les prendre par surprise. Leur technique s'était adaptée à sa capacité à tuer sur volonté : ils se dispersaient. Cachés dans les recoins, ils bondissaient sur leur proie. Quatre dans une avenue, trois dans un immeuble, cinq plusieurs kilomètres plus loin. Cassiopeia avait mal à la tête à force de vigilence. Son nez coulait du sang en abondance, réclamant repos. Elle avait beau être dotée du talent de la Mort elle-même, elle restait humaine. Mais cela, Emily Scott ne semblait pas comprendre.
Un martèlement affreux cognait contre son crâne. Sans même tourner la tête, elle brisa en un clignement de paupière un Danois l'ayant pris pour cible. Son geste provoqua une vague de douleur dans son corps. Elle avait besoin d'une pause, ou bien elle allait finir par s'effondrer raide morte. Son regard balaya la rue déserté d'un air triste. Des cristaux luisants jonchaient le sol, quelques vitrine brûlaient sous un feu tranquille. Un peu plus loin, un gros "boum" résonna dans le ciel gris. Encore un. Quand cela s'arrêterait-il ?
Quand elle passa devant un mur en brique, le symbole peint des Reliques de la Mort l'arrêta dans sa marche. Elle toucha du doigt le collier qu'elle portait. Était-ce pour cela qu'elle donnait sa vie ? Une promesse jetée en l'air, nourrissant les âmes désespérées par les issues de cette guerre ? Grindelwald se servait du deuil pour mieux manipuler. Si, au début, elle avait cru en ses belles paroles, les deux années passées à ses côtés lui avaient permis de comprendre son fonctionnement. Plus rien ne lui échappait, pas même la psychologie du plus grand Mage de toute l'Histoire. Au fond, il n'était que le Diable déguisé en héros. Cassiopeia n'était pas devin, mais de par les contes qu'on lui lisait petite, elle savait déjà qu'il allait échouer.
Parce que tous les méchants mouraient à la fin.
Et on avait beau dire, les contes ne faisaient que transformer la réalité en une histoire facile à comprendre pour des enfants sans expérience.
-Cassiopeia !
Elle fit volte-face, sur la défense. La cape noire survoltant autour de Perseus la rassura immédiatement. Elle n'avait pas à se battre, cette fois-ci. Respirer. Enfin.
Quand il l'a prit dans ses bras, elle se fit violence pour ne pas s'y laisser tomber tragiquement. Elle se contenta de reposer sa tête contre son épaule, maudissant son mal de crâne.
-As-tu réussi à avoir une vue d'ensemble ? marmonna-t-elle, la bouche pâteuse.
-Oui. Ce n'est pas beau à voir.
Elle n'eut pas besoin de plus de précisions. Leur chance de vaincre se réduisait jour après jour. Les Russes avaient frappé fort avant de faire durer l'attaque pour l'épuiser. Et elle se détesta pour permettre leur technique de fonctionner. Elle aurait voulu se montrer plus résistante, intouchable. Elle avait pensé l'être, auparavant. Mais en vérité, elle était aussi faible que n'importe quel sorcier. Son pouvoir ne changeait rien à cela.
-Je suis fatiguée, souffla-t-elle. Je veux retourner chez moi. Chez nous.
Il déposa un baiser sur le sommet de son crâne.
-Si nous ne gagnons pas cette guerre, notre chez nous ne sera plus jamais comme avant.
Piètre consolation. Elle se redressa, passant une main sous son nez pour essuyer le sang. Perseus fronça les sourcils.
-Tu saignes encore ?
Elle haussa les épaules, comme pour répondre qu'elle ne pouvait rien y faire. Elle balaya brièvement le paysage désolé des yeux, inspirant de grandes gorgées d'air. Parfois, elle avait l'impression d'étouffer.
-Je dois parler à Scott. Lui demander de nous retirer. Nous devons convaincre l'Allemagne de nous apporter de l'aide et ainsi, revenir en force.
-Je t'accompagne.
-Non. Rejoins Hyades et Doliona, dis-leur d'arrêter, le temps que je me rende au Congrès. Je ne tarderai pas longtemps.
Il posa une main sur sa joue, essuyant les traces pourpres sur sa peau. Lui aussi semblait fatigué. Les incendies avaient noircies sa peau et ses yeux verts luisaient tels des émeraudes sur son visage cendré. Elle avança son visage et toucha ses lèvres, transmettant tout son courage dans ce geste.
-Fais attention, murmura-t-il.
Comme toujours, elle hocha la tête.
Pour illustrer la grandeur de sa famille, Emily Scott avait choisi un monument grandiose de l'art barroque pour installer son gouvernement. Les Aurors chargés de protéger les lieux la laissèrent passer quand ils la reconnurent. Elle crut même entendre des murmures circuler dans son dos. Peu importait. Elle n'avait plus de temps à consacrer pour les rumeurs. Les colonnes blanches et chargées de décorations l'accueillirent froidement. À l'intérieur, le bruit de ses pas contre le marbre résonna jusqu'au haut plafond. Toute cet espace recouvert de peintures et sculptures lui donna la nausée. Elle s'était habituée au bruit des bombes et aux cadavres putrides. Toute cette perfection la déconcertait.
Droite dans une robe lourdes de pierres précieuse, Emily Scott l'accueillit avec un sourire glacial. L'Américaine était spécialise dans la prise de poses. Elle aimait garder sa dignité, même quand son pays agonisait. De chaque côté de l'immense salle de réception, des Aurors en longs manteaux et à la baguette déjà sorties surveillaient ses moindres faits et gestes. Cassiopeia ne leur fit pas cas, habituée à leur présence.
-Vous devriez être sur le champ de bataille, lui reprocha-t-elle.
-Je suis venue vous demander la permission de nous retirer.
Un ange passa. Son sourire s'était figé. Tout à coup, ses yeux devinrent deux dagues à la lame affilée.
-Vous ne délaisserez pas cette ville. J'ai envoyé des hommes quand Grindelwald en avait besoin, à présent, c'est à lui de me rendre la pareille.
-Si nous n'obtenons pas l'aide de l'Allemagne, nous perdrons.
La présidente descendit une à une les marches de marbre noir, une grimace lui tordant le visage. Rapidement, elle lui fit face, le menton ridiculement relevé.
-Vous étiez censé être une arme redoutable, Miss Black. Vous me décevez beaucoup.
-Je ne suis pas une arme, rétorqua-t-elle d'une voix froide.
Emily agrippa son menton avec une telle force que Cassiopeia faillit perdre pied. Elle containt sa rage et ne se défendit pas. Les Aurors la surveillaient.
-Vous allez vous battre, vous et votre petite armée de capes noires. Et si vous mourez dans la tentative, je trouverai d'autres sorciers capable de mieux défendre mon pays.
Elle la lâcha enfin et Cassiopeia ne put que esquisser un mauvais rictus.
-Comme vous voudrez, Votre Majesté.
Elle s'inclina pour une courte révérence. Scott ouvrit la bouche de surprise, puis la referma aussitôt, comme glorifiée par cette toute nouvelle attention. Cassiopeia se fit violence pour ne pas éclater de rire. Son égo était si gros qu'il faisait gonfler ses yeux jusqu'à la rendre aveugle. S'en était ridicule.
Si elle sembla calme en sortant du Congrès, ça n'en était rien à l'intérieur. Elle bouillonait. Emily Scott se prenait pour une souveraine, quand, en réalité, elle n'était qu'une gamine capricieuse utilisant ses soldats comme ses jouets. Sauf que Cassiopeia n'avait jamais promis de se battre pour ses intérêts. Et elle ne comptait pas le faire, surtout pas au prix de sa vie.
Elle rejoignit Perseus, Hyades et Doliona à la frontière de la capitale. À son arrivée, il haussa un sourcil, attendant sa décision. Elle contempla de loin le monument blanc pointer en flèche vers le ciel. Une boule de haine brûlait dans sa poitrine.
-S'en est fini de Washington. On rentre à Nurmengard.
Personne ne trouva rien à redire.
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