Épilogue

Au-dessus de l'entrée du Palais des Glaces Russes se trouvaient des piques. Plantées sur des piques, des têtes. Les mouches tournaient autour tels des rapaces en quête de viande. Les yeux étaient déjà mangés par les vers.

Régulus les observa avec un sourire aux lèvres. Igor Dashkov à droite, sa barbe blanche devenue rouge avec le sang. Carl Nielsen à gauche. Le reste de son corps avait été envoyé à sa mère la Reine en guise de cadeau.

Il s'était toujours dit que les Russes, malgré leur usage de la magie, aimaient trop le sang pour se contenter d'un simple sortilège de la mort. Afficher leur victoire du haut des remparts du Palais devait leur conférer un certain plaisir. Il devrait s'en inspirer, un jour.

Le portail s'ouvrit seul face à lui. Plusieurs gardes le saluèrent d'un hochement de tête, tous vêtus de longs menteaux noirs, se fondant dans l'architecture austère du Palais. On le conduisit à l'intérieur, lui faisant traverser plusieurs salles richement décorées. Les tapisseries qui recouvraient les murs étaient de couleur très vives. Ce n'était pas forcément à son goût, mais cela rendait les murs plus royaux encore.

Pourtant, s'il avait bien compris, il n'y avait plus d'Empereur Russe. La noblesse n'avait finalement pas eu besoin de l'idéologie de Grindelwald pour renverser Dashkov. La disparition des Andronikov les avaient sûrement incités à s'en prendre à lui, puisqu'il ne possédait plus aucune protection au sein même de sa cour. Des élections avaient précédé l'assassinat et les Dolonov, cette Maison si prospère et juste étaient ressortis vainqueurs.

On ouvrit des grandes portes dorées. Instantanément, des rires d'enfants lui parvinrent. Une petite fille et un petit garçon jouait au milieu des hautes colonnes de marbre. Leur père les regardait de loin, assis sur un fauteuil de velours rouge et or. Son costume était simple, un pantalon à pince, une veste noire, une cravate de la même couleur sur une chemise blanche. Quelques bagues ornaient ses doigts, mais ce furent les seuls ornements. Son regard croisa le sien. Des yeux gris tornades. Froids comme un orage d'automne. Il avait quelques cheveux blancs au dessus de l'oreille.

-Monsieur le Ministre, l'accueillit-il avec un sourire forcé et un accent sévère.

Régulus fut invité à s'asseoir face à lui. Un tapis persan délimitait leur espace de rencontre, avec des mets positionnés sur une table basse.

-Quel plaisir de rencontrer enfin le héros de guerre par excellence.

-Je n'ai pas combattu, rétorqua-t-il.

-Nous savons tous deux que la guerre ne se décide pas que sur un champ de bataille.

Il avança sa main vers des concombres garnis d'une sauce blanche et les fourra dans sa bouche. Les rires des enfants résonnaient dans son dos.

-Félicitations pour votre poste de Président.

-Merci, merci, fit-il la bouche pleine.

Il avala le tout en regardant sa fille et son fils jouer.

-Cette entrevue instaurera définitivement la paix entre nos deux pays, reprit-il. La Russie ne s'opposera plus à l'Angleterre. Mais veuillez tout de même à ne pas trop vous... étendre.

-C'est-à-dire ?

-La Roumanie nous appartient, ainsi que l'Estonie et la Littuanie. Mettez un pied là-bas et je ferai en sorte que votre tête complète la décoration de mon Palais.

Régulus esquissa un sourire forcé.

-Je prends en compte votre avertissement.

Appeler cela "menace" n'aurait fait que renforcer la tension. Dolonov se repositionna sur son siège, visiblement gêné par quelque chose.

-Pardonnez-moi, j'ai peut-être été trop direct.

-Aucun problème.

Il ne le regardait pas, il regardait sa fille courir le long de la salle.

-Je veux marquer cette paix par un marché. Je vous confie mes enfants, Elena et Alexis. Je souhaite les faire pupilles de la Maison Black et qu'ils soient éduqués à Poudlard.

Régulus ne s'était pas attendu à cette proposition mais l'accueillit avec un hochement de tête entendu. Elena et Alexis devaient avoir l'âge de de Cygnus. S'ils grandissaient ensemble, la Russie et l'Angleterre deviendraient une même puissance.

-S'il arrive quelque chose à l'un d'entre eux, vous briserez notre paix.

-Je m'assurerai que cela n'arrive pas. Ma famille en prendra soin, soyez-en certain.

-Bien. C'était ce que j'attendais de vous.

Une bouteille de vin survola les airs et versa son liquide pourpre dans les verres. Dolonov s'empara du sien, l'incitant à faire de même. Les cristaux se cognèrent dans un bruit cristallin.

-À la paix !

-À la paix, répéta Régulus avec un demi sourire.

Oui.
À la paix.

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