XXIII. 13 août 1940 - la confédération
La Confédération Internationale avait demandé à prendre place en Allemagne, à mi chemin entre tous les pays de l'Europe. Un siège spécial avait été emménagé dans le Ministère Allemand, en plein centre de Berlin. Cette réunion avait soulevé le peuple à plaider leur cause. Face au bâtiment, des pancartes s'agitaient, hurlant la paix, réclamant la tête de Grindelwald. Des sorciers se hissaient sur la fontaine des Trois Statues pour se faire entendre. Mais aucun sang-pur ne sortit pour prêter l'oreille.
Le futur de leur monde ne dépendait plus de leur volonté, à présent.
Les Aurors encerclaient la place. La baguette en main, ils repoussaient toute personne tentant de s'attaquer aux murs du Ministère. Le long de l'allée principale, une vingtaine se tenaient raides dans leur long menteau, patientant en attendant l'arrivée des Ministères de tous les pays du Monde. La moitié était déjà arrivés, buvant une coupe de champagne dans la salle des invités. Le Ministre allemand lui-même présidait l'assemblée.
Quand un carosse bleu et argent transperça les airs, tirés par deux chevaux ailés, la foule s'agita. La manière dont le Président Français avait été choisi n'avait échappé à personne. Le complot y était évident. Quand le carosse se posa au sol, les destriers reçurent des pierres aiguisés. Leurs hennissements se répéta dans l'immensité de la place. Deux sorciers furent arrêtés. Les autres, voyant leurs compagnons être stupéfixié et traînés au sol, se rétractèrent.
David Duchesses posa un pied sur terre, et à lui, personne ne jeta des pierres.
Sa figure même était la représentation de la France. Son visage était illuminé, son costume resplandissant, respectant les règles de la haute couture. Quatre Aurors l'encadrèrent. Il dédia un sourire à la foule, ignorant les injures poussées à son encontre. David avait décidé de jouer l'innocent.
Il n'en paraissait que plus dangereux encore.
Le carosse bleu et argent laissa rapidement place à un autre plus sobre, noir et or, lourd de pierres précieuses. Le drapeau américain avait sa place dans la décoration. Quand la voiture se déposa sur terre, il y eut plus de révolte. Les États-Unis était le pays de la liberté, et voilà qu'il était devenu celui de la tyrannie. Le dernier allié des sorciers non pur s'était évanoui. Emily Scott resplandissait sous les lumières du Ministère. Sa grande robe traîna sur l'allée poussiéreuse. Un collier de perles ornait son cou, sa chevelure était jointe en un large chignon. Elle adressa un énorme sourire à la foule et celle ci lui répondit pas des regards assassins.
La jeune femme ne se vexa pas et prit le chemin le menton relevé.
Le Prince du Danemark fut le suivant. Ses joyaux et sa richesse apparente imposèrent le respect. Ses gardes du corps personnels intimidaient assez pour que personne n'ose lui faire du mal. Cependant, les protestations restaient présentes, tel le grondement du peuple face à l'aristocratie mondiale. Ce fut au tour de l'Empereur de Russie d'apparaître, puis du Ministre de Roumanie. La proximité de leur arrivée n'échappa à personne.
Enfin, l'apparition du dernier invité fut une surprise pour tous. Un craquement incita la foule à reculer. Des cris de frayeur parcourut la populace. Le regard noir de Régulus Black les sonda un par un, attendant de voir si quelqu'un osait élever un mot contre lui. Deux Aurors l'encadraient, la même expression sur le visage.
Un silence de pierre écrasa les sorciers et sorcières. Berlin n'eut jamais connu un calme plus complet.
Son gant en cuir grinça quand il resserra sa prise autour de sa canne. Il fit signe aux deux Aurors d'avancer. Son ascension vers le Ministère fut le souffle que le monde retint. Chaque pas qu'il réalisait était un coup de plus dans le coeur du peuple.
Aucune voix ne s'éleva contre lui. Il y aurait certainement eu des morts dans le cas contraire.
À son arrivée dans le Ministère, les invités s'immobilisèrent. La frayeur ne fut pas la même, mais il restait une trace de grand respect. Son regard même semblait trancher tout ce qui passait sous son nez. Le seul à l'accueillir sans avoir peur de recevoir un sortilège de la mort fut le Président Français. David, avec une coupe de champagne déjà dans la main, arriva à sa hauteur et contempla les Ministres, Princes et Empereurs de tous les pays. Seuls les grandes puissantes avaient été convoquées, mais cela restait impressionant.
-Tu leur fais peur, commenta-t-il avec un demi-sourire.
-Tant mieux.
Et voir David Duchesses se tenir aux côtés de Régulus Black leur faisait plus peur encore. La cerise sur le gâteau fut Emily Scott. Aînée de la famille sang-pur qui s'était emparé du Congrès Américain, son contrôle absolu sur un si grand territoire affirmait son pouvoir. Et il était dans son intérêt de s'allier avec ceux qui partageaient sa même idéologie.
-Monsieur Black, salua-t-elle. Duchesses.
-Miss Scott, vous êtes ravissante, complimenta David avec un sourire extensible.
-Et vous, impressionant.
Aucun des deux hommes ne sut si elle se référait à lui ou à Régulus. Emily se tourna vers les convives, prenant sa place définitive aux côtés du Ministre et du Président.
-J'espère que nous sommes du même côté, messieurs. Je serais déçue du cas contraire.
-Vous pouvez compter sur notre appui, Madame la Gouvernante, répondit Régulus d'un air grave. Plus nous serons nombreux dans le camp de Grindelwald, et plus nous aurons la possibilité de nous dévoiler au monde. Et je suis heureux d'avoir les États-Unis comme alliés.
-Tout comme je suis heureuse d'avoir l'Angleterre et la France avec moi. Ce sont les deux puissances que j'estime le plus, sachez le.
-Dans ce cas, notre alliance est déjà ficelée.
Emily Scott inclina la tête vers l'avant puis repartit en direction du Ministre Italien avec qui elle semblait entretenir une bonne relation. Leur toile s'étendait petit à petit. Elle ne tarderait pas à tout envahir.
L'heure pour la réunion sonna. Les Aurors Allemands les menèrent derrière de lourdes portes, empruntant des galleries décorées de tableaux barroques aux airs dramatiques. Des portraits les observèrent passer, tous aussi graves que les représentants eux-même.
La Salle de la Confédération Internationale était deux fois plus grande que la place principale de Berlin. L'espace avait été agrandi par un sortilège et une série de siège de pierres étaient disposés en cercle, tous aussi imposants les uns que les autres. Sur chacun d'eux, le symbole de la famille régnante ou du Ministère correspondant était gravé. Les hautes fenêtres laissaient apercevoir la foule hurlante du dehors.
Régulus eut le plaisir d'être assis aux côtés de David et Emily Scott. Visiblement, leur entente n'avait pas échappé au Ministre Allemand.
Quand les agitations furent enfin calmés, Mathis Muller, Représentant de l'Allemage et de la famille Muller, s'avança jusqu'au milieu du cercle, tournant sur lui-même pour mieux apprécier sa contemplation. Ce ne fut qu'à ce moment que Régulus remarqua avoir l'Empereur Russe face à lui. Sa barbe blanche ne cachait pas sa mâchoire contractée. Il scrutaient ses alentours comme si toutes les personnes présentes étaient ses ennemis. Le Prince Danois, lui, n'était pas mieux. Son arrogance émanait de son être, gâchant sa jeunesse et sa beauté. Régulus esquissa une grimace de dégoût et reporta son attention sur Muller.
-Ministres, Présidents, Empereurs, Rois, Princes, Gouverneurs, nous sommes tous ici dans un intérêt général. Celui de décider du futur de notre monde. Ce soir, nous définirons de quel côté nos appartenons. Nous défendrons nos idées. Ce soir, mes amis, sera la date à laquelle la Première Guerre des Sorciers sera déclarée.
Aucun applaudissement accueillit ses mots. Il y avait déjà des ennemis dans cette salle. Tout était défini. Si la Confédération s'était réunie, c'était uniquement pour officialiser la guerre.
-Je pense que nous sommes tous ici, intervint l'Empereur Russe, afin de comprendre les agissements de notre rival principal, qui ne se trouve malheureusement pas ici, mais dont les intentions se font connaître à travers une seule personne.
Ses yeux se rivèrent sur Régulus. Ce dernier fulmina. Il osait l'accuser en pleine assemblée. Il dirigeait des accusations infondés. David se leva sous impulsion, affrontant Igor Dachkov sans aucune impunité.
-Gellert Grindelwald n'est pas notre ennemi. Et à ce que je sache, Régulus Black n'a aucunement été désigné comme son représentant.
-Il n'a pas besoin d'être désigné pour comprendre que tous ses agissements sont à l'oeuvre de Grindelwald.
-Grindelwald agit à travers nous tous, intervint à son tour Emily. Il aspire à la liberté des sorciers.
-Votre pouvoir, surtout, rétorqua Anthonin Nielsen, le Prince Danois.
Régulus laissa échapper un petit rire. Offusqué, le jeune aristocrate le fusilla du regard.
-Vous êtes contre lui parce que vous avez peur de perdre votre couronne. Pas parce que vous vous opposez à son idéologie.
-Et vous êtes pour lui parce que grâce à son influence, vous gardez le contrôle sur le Ministère Anglais.
-Mais moi au moins, je ne le cache pas.
Un sourire resplandissant vint clore leur débat. David lui renvoya un regard curieux, surpris qu'il admette avec autant de facilité ses intentions. Mais Régulus connaissait ces hommes. Il savait que tout ce qu'ils cherchaient était entendre ce qu'ils pensaient. Alors autant leur donner ce qu'ils désiraient.
-Vous savez que si vous rentrez en guerre aux côtés de Grindelwald, intervint Igor Dachkov, vous lutterez pour une cause illégale. La protection de notre monde est assurée par le Pacte Magique, mis en place par cette même Confédération.
-Ce n'est pas parce qu'une chose à été décidé deux siècles auparavant, rétorqua Scott, qu'elle est juste.
-Madame la Gouvernante, avec tout le respect que je vous dois, ce Pacte nous protège. Si vous le brisez, le monde deviendra chaos.
-Ce Pacte ne nous protège pas. Il nous cache. C'est les moldus qu'il protège.
Plusieurs représentants hochèrent la tête, éclairés par les idées de la jeune femme. Encouragée par leur réaction, elle se leva et prit place au centre du cercle.
-Est-ce ce que nous voulons ? Sacrifier nos droits légitimes pour des êtres sans importance qui ne savent rien faire d'autre que la guerre ? Ils sont actuellement en train de se battre pour une idéologie bien plus misérable que la notre. En nous dévoilant, nous pourrions arrêter ces massacres. Instaurer une paix universelle, basée sur la hiérarchie naturelle.
-Les sorciers en haut et les moldus en bas, compléta Vicente Garcia, le Ministre espagnol.
-Nous avons été en bas de l'échelle sociale toute notre existence. Condamnés à nous cacher pour ne pas les mettre en danger. Mais n'oublions pas que nous protégons des ennemis ! N'oublions pas Salem et la chasse au sorcières ! N'oublions pas la manière dont ils nous ont traités alors que nous voulions la paix !
Les murmures parcoururent les sièges de pierre dans une traînée de poudre. Les hochements de tête se répétaient, les yeux se plissaient, plongeant dans une profonde réflexion. Emily savait convaincre.
-Messieurs, si nous nous battons pour Grindelwald, nous nous battons pour notre liberté.
Des applaudissement fusèrent. Muller portait un sourire malicieux alors qu'il la félicitait à son tour. Igor Dachkov, cependant, frappa le sol avec la pointe de sa canne. Le silence revint dans un souffle.
-Vous possédez de belles paroles, Madame la Gouvernante. Mais je me vois dans l'obligation de m'y opposer.
-Pourquoi cela ?
-Parce que l'Angleterre nous a déjà déclaré la guerre.
Régulus se redressa, piqué par son accusation. Jamais il n'avait déclaré quoi que ce soit à la Russie. Au contraire, les avoir comme alliés était tout ce qu'il souhaitait. Mais Igor ne parla pas. Tout ce qu'il fit fut un geste de la main en direction d'un de ses gardes du corps. Derrière lui, dans l'encadrement de la porte la plus proche, une sihouette imposante surgit de l'obscurité. La première chose qui frappa Régulus fut sa taille. Puis son oeil.
Ou plutôt, le trou qui lui servait d'oeil.
Des grimaces de dégoût frappèrent les visages. De la peau séché ressortait de son orbite. Une croûte épaisse recouvrait les imperfections de la cicatrice. Il se força à ne pas détourner le regard. Jamais il n'avait vu cet homme.
-Je vous présente un de mes Aurors, Matvei Petrova. Vous avez déclaré la guerre à la Russie au moment ou vous vous en êtes pris à lui.
L'incrédulité régnait en maître dans la salle. Régulus se glaça.
-Monsieur l'Empereur, je vous assure que je n'ai jamais touché à cet Auror.
-Pas vous. Votre soeur.
Sa soeur. Lycoris. Quand ? Pourquoi ? Comment ? Elle ne lui avait jamais révélé s'être battu contre un Auror, encore moins un Auror Russe. Si la plus grande puissance mondiale se déclarait aujourd'hui leur ennemi, c'était uniquement à cause d'elle.
Elle avait intérêt à lui fournir une bonne justification.
-Je ne connais pas les raisons de ses agissements, mais je vous assure que...
-Vous représentez la Maison Black dans son entièreté, n'est-ce pas ? Alors assumez les actes de vos proches. Dites vous que ce qui vous a condamné, c'est votre propre famille.
Il n'avait pas de mots pour décrire sa colère. Son visage se ferma. Igor Dachkov allait payer. Il voulait faire de l'Angleterre son ennemie ? Il n'allait pas être déçu. La Russie sera le premier pays visé, il s'en fit la promesse. Et il espérait sincèrent l'entendre le supplier, regretter ses mots et ses décisions.
-Procédons donc aux votes, annonça Emily qui demeurait au centre du cercle. Qui se battra pour Grindelwald, se compromettant à fournir autant d'armée qu'il sera nécessaire et jurant soutenir sa cause jusqu'à la fin ?
Les mains se levèrent, certaines avec détermination, d'autres un peu plus hésitantes.
États-Unis. France. Angleterre. Allemagne. Norvège. Bulgarie.
-Qui se dresse contre Grindelwald et tous les pays ayant jurés de se battre pour sa cause ?
Russie. Danemark. Roumanie. Hongrie. Espagne.
Les dés étaient jetés.
La guerre venait d'être déclarée.
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