9- "La décision d'Eliz ? Complètement incohérente" 2/2
Razilda se détendit imperceptiblement. Au moins, elle n'aurait pas fait tout ce trajet pour rien. Le brouhaha s'éleva autour d'elle alors que les résistants se mettaient à commenter la décision tous en même temps. Mus par la même idée, Eliz et Kaolan s'approchèrent des rochers qui surplombaient la route. Ils s'aplatirent derrière pour observer la colonne qui avançait sur la route, juste en dessous d'eux. Une dizaine de gardes encadrait une longue chaîne à laquelle étaient menottés seize prisonniers. À l'arrière du convoi, un chariot couvert fermait la marche. Sans les avertissements de Razilda, Eliz n'aurait peut-être pas examiné la colonne d'un œil aussi critique. Mais là, elle trouva les prisonniers un peu trop alertes. Et ce chariot en bout de file ? A quoi servait-il ? A contenir une dizaine de combattants supplémentaires, peut-être ? Elle échangea un regard avec l'homme-félin, qui semblait aussi préoccupé qu'elle-même.
– Il y a quelque chose qui cloche avec ce convoi, annonça Eliz en revenant vers le reste du groupe. Il n'est pas impossible que... que Razilda nous ait dit la vérité.
– Je te remercie de le reconnaître, dit celle-ci en recommençant à s'agiter. Est-ce que vous pourriez me lâcher maintenant ? Cette position commence à devenir franchement inconfortable.
– Un instant ! répondit Johann au regard interrogatif de ses hommes. Attendons que les Sulnites se soient éloignés.
Razilda leva les yeux au ciel mais prit son mal en patience.
Enfin au bout de cinq minutes, Johann se décida enfin à ordonner qu'on la relâchât.
— Bien, qu'allons-nous faire, maintenant ? dit Johann en levant la pointe de son épée vers la poitrine de Razilda.
— Justice ? proposa Étincelle.
Razilda bondit en arrière et porta la main à sa taille, oubliant qu'elle avait été désarmée. Eliz s'interposa aussitôt devant Johann, un bras tendu.
— T'es pas bien, ou quoi ? s'indigna-t-elle. Razilda vient de nous prévenir d'un piège et toi tu veux l'exécuter ?
— Même moi, je trouve ça un peu excessif, ajouta Griffe.
— Pourtant c'est bien elle qui a livré... tu-sais-qui aux Sulnites, n'est-ce pas ? dit Johann.
— Et qui vient également de lui sauver la vie à l'instant. Si nous avions tous ici été tués ou capturés, je ne donne pas cher de ceux restés au quartier général. C'est la guerre qui t'a changé à ce point, Johann ? Je ne te savais pas friand d'exécution expéditive.
Il abaissa Étincelle, les mâchoires crispées.
— Je suis peut-être moins prompt au pardon que toi.
— Parce que tu ne la connais pas comme je la connais.
Eliz ne surprit pas le regard sceptique que Razilda lui jeta à ses mots. Johann recula d'un pas devant la fermeté de son amie.
— Très bien, j'avoue que c'était exagéré de ma part, convint-il. À ton tour, dis-moi donc quelle est ta brillante idée.
Eliz ignora l'ironie des derniers mots et se retourna vers Razilda.
— Que feras-tu si nous te laissons partir maintenant ? demanda-t-elle.
– Je retournerai à Riven. Peut-être que si je crève mon cheval, je pourrais être demain au port avant l'aube pour embarquer pour Jultéca.
Pour Jultéca ? Eliz n'en crut pas ses oreilles en comprenant que Razilda avait mis en péril son retour dans son pays pour venir les avertir du danger. Son hostilité ne pouvait pas résister à cette réalité et s'effrita lentement. Derrière, Eliz eut l'impression de retrouver un peu de la Razilda qu'elle avait cru connaître, celle qu'elle avait à peine commencé à apprécier.
– C'est impossible, avec cet animal, vous ne serez jamais à Riven avant le lever du soleil, dit Johann en secouant la tête après avoir examiné sa monture d'un œil critique.
La mâchoire de Razilda se contracta.
– Alors j'attendrai encore un mois, pour le prochain bateau.
– Et que feras-tu en attendant ? demanda Eliz.
– Eh bien, je chercherai un nouvel emploi de garde du corps. J'imagine que mon départ impromptu a dû me valoir un renvoi immédiat de chez les Schönborn.
Eliz la considéra longuement sans mots dire. Elle savait très exactement quelle était la chose à faire. Cela lui semblait plus évident que n'importe quelle autre décision qu'elle avait eu à prendre. Pourtant, elle hésitait. Elle imaginait parfaitement les réactions qu'elle allait provoquer.
Avec appréhension, Eliz avança vers Razilda et leva la tête pour la regarder droit dans les yeux. Elle prit une inspiration et se jeta à l'eau.
– Et si tu restais plutôt avec nous ?
Les yeux de Razilda s'écarquillèrent.
– Eliz, tu plaisantes, j'espère ? s'insurgea Kaolan.
– Quoi ? Comment peux-tu suggérer ça ? protesta Johann.
– Tu n'es quand même pas sérieuse ? demanda Razilda, elle-même incrédule. Il n'y a vraiment que toi pour proposer une telle solution après tout ce qui s'est passé.
Avec l'unanimité contre elle, Eliz se redressa de toute sa taille.
– Pourquoi pas ? s'obstina-t-elle. Vous avez entendu aussi bien que moi, elle vient de renoncer à rentrer chez elle pour venir nous trouver. Si ça n'est pas la marque d'une alliée, je ne sais pas ce qui peut l'être.
— D'une alliée ? objecta Johann. C'est un peu fort comme terme, vu les dégâts qu'elle a causés.
— J'y vois plutôt la marque du remords, grogna Kaolan.
— Eh bien, c'est une première étape ! reprit Eliz avant de pointer un doigt accusateur vers Razilda. Et toi, c'est vraiment ce que tu veux, retourner te faire embaucher par un bourgeois quelconque ? Tu n'aspires à rien d'autre ? Quel est l'intérêt pour toi de te précipiter à Jultéca ? On veut ta mort là-bas ! Aide-nous à régler notre problème de Sulnites et quand toute cette histoire sera terminée, tu pourras retourner chez toi et exiger des explications.
Razilda soupira, exaspérée. La Rivenz était tellement persuadée que son raisonnement était indiscutable...
– Enfin, Eliz, ce n'est pas si simple ! commença-t-elle en se frictionnant les tempes avec irritation.
– Ah vraiment ? Et pourquoi ça ne le serait pas ?
– Enfin voyons, c'est évident ! Parce que...
Razilda se tut soudain, troublée. Eliz la fixait intensément, attendant sa réponse, une étincelle narquoise couvant dans ses yeux verts. Et la Jultèque en oublia tous ses arguments.
C'était difficile à admettre, mais la Rivenz n'avait pas tort. Il ne tiendrait qu'à elle de choisir la simplicité. Ne pouvait-elle pas considérer cela comme... une aventure ? Tout bien considéré, malgré ce qu'elle avait pu dire, elle n'avait pas détesté la vie de groupe et les péripéties qu'elle avait partagées avec ses anciens compagnons. Si elle mettait tout cela en balance avec la vie qu'elle avait mené à Riven depuis leur séparation... le choix était vite fait. Cependant, sa préférence devait-elle vraiment entrer en ligne de compte ? Elle, un agent de la couronne jultèque avait-elle le droit de faire un choix si personnel ?
— ... parce que mon allégeance reste à Jultéca'th, finit-elle par dire d'une voix qui manquait de conviction, même à ses propres oreilles. Je dois savoir ce qu'il se trame là-bas.
Eliz dut se retenir pour ne pas lui rire au nez.
— La seule chose qui s'y trame, c'est ton assassinat. Libre à toi de choisir cette option.
Comme Razilda ne répondait pas, elle insista, les poings sur les hanches.
— Ils n'ont visiblement plus besoin de toi. Alors que moi, si. Tu penses vraiment que je vais arriver à garder tout ce petit monde en vie, toute seule ?
Razilda esquissa un rictus. Voilà qu'Eliz tentait de l'avoir par les sentiments. Le coup était bas, et le pire fut qu'il porta.
C'était la deuxième fois qu'elle envisageait de réintégrer le groupe. Peut-être était-ce une sensation à laquelle elle aurait dû prêter une plus grande attention. Rien que de l'envisager apaisait son sixième sens de façon très réconfortante. La tête lui tourna des nouvelles possibilités qu'elle venait d'entrevoir, pourtant, ce choix était impossible.
— J'ai bien peur que tu doives te débrouiller toute seule, dit-elle finalement. Ça ne peut pas marcher. Personne dans ton camp ne voudra m'accepter.
Un mince sourire étira les lèvres d'Eliz. La Jultèque ne disait plus non.
Cependant, Johann n'appréciait pas le tour que prenait la conversation. Il attrapa Eliz par le bras pour la tourner vers lui.
— Tu as perdu la tête ! Jamais je n'ai entendu pareille absurdité. Comment voudrais-tu que quiconque lui fasse encore confiance ?
— Il n'a pas tort, dit Razilda. Le...
Elle marqua une pause en dévisageant pensivement Johann.
— ... le capitaine Feuerbach, je suppose, a plus de bons sens que toi.
– Vous commencez à m'échauffer les oreilles, tous les deux ! s'emporta Eliz, son visage virant à l'écarlate. Vous ne voulez pas ouvrir les yeux et comprendre qu'avec cette solution, tout le monde est gagnant ?
Ce fut au tour de Johann de s'énerver.
— Gagnants ? En quoi serons-nous gagnants en introduisant le loup dans la bergerie ?
— Si tu te prends pour un mouton, ce n'est pas mon cas, rétorqua Eliz en montrant les dents.
— Réfléchis ! Est-ce que tu serais capable de te battre à nouveau à ses côtés ? De confier ta vie entre ses mains ?
Eliz ne répondit pas tout de suite. Elle prit le temps de considérer Razilda qui, bras croisés, attendait patiemment qu'ils eussent fini de statuer sur son sort.
— Oui, je crois que oui, dit-elle en hochant la tête. J'en serais tout à fait capable.
Razilda haussa les sourcils.
— J'ai compris les motivations qui guident ses actes, continua Eliz. Ça me suffit à lui faire à nouveau confiance.
Johann regardait alternativement les deux femmes, et même Kaolan qui, bras croisés, arborait un air réprobateur. Il était ébranlé par l'argumentation assurée d'Eliz tout autant que par la détermination de Razilda à ne pas essayer de les convaincre.
— C'est l'empereur jultèque qui est notre véritable ennemi, insista Eliz. Elle n'était qu'un outil entre ses mains.
— Ah ça, non ! protesta Kaolan. Tu ne peux pas la dépouiller de toute responsabilité de cette façon, c'est trop facile !
— Et assez vexant, ajouta froidement Razilda.
Eliz ne supporta soudain plus cette discussion sans fin. Elle explosa.
— Si je te vexe, prends ton cheval et retourne à Riven ! Comme ça tout le monde est content. Toi, tu continues à faire la larbine et nous... eh bien, visiblement la Résistance n'a aucun besoin de combattants compétents, c'est bien ça, Johann ?
— Du calme, je n'ai jamais dit ça, s'agaça celui-ci.
Un instant, son regard jaugea Razilda de la même façon qu'il avait évalué son cheval un peu plus tôt. Il soupira, les mains sur les hanches.
— Est-elle si efficace que ça ? demanda-t-il.
— Je te garantis que j'ai toujours été impressionnée en la voyant à l'œuvre.
Johann s'ébouriffa les cheveux avec embarras. Il connaissait Eliz depuis longtemps. Même si elle se montrait facilement passionnée, il fallait des prouesses d'un niveau élevé pour susciter son admiration. Et sur son échelle de valeur, elle ne plaçait pas grand chose plus haut que la loyauté et la fidélité.
Aussi était-il de plus en plus troublé par sa détermination. Il n'était pas borné et voyait parfaitement l'intérêt d'avoir à leur côté une combattante expérimentée de plus. Et puis, il s'en serait défendu, mais il avait trouvé sa façon de prononcer son nom, avec ce léger accent jultèque, vraiment charmante.
En y réfléchissant, l'idée qu'elle essayât à nouveau de les tromper lui parut grotesque. À moins qu'elle n'eût qu'une bien piètre idée de leur intelligence. Sans compter qu'il avait trouvé sa façon de prononcer son nom, avec ce léger accent jultèque, vraiment charmante.
Il frotta sa joue rugueuse.
— Bon, si tu penses que c'est une bonne idée, je vais me fier à toi, dit-il enfin, avec réticence. Si elle le souhaite, elle peut rejoindre nos rangs.
Convaincre Johann était une première victoire. Eliz se tourna alors vers Kaolan dont l'avis comptait tout autant à ses yeux. L'homme-félin secoua la tête, comme sidéré.
– Je ne te comprends pas. Vous avez passé près d'une lune à vous sauter à la gorge à la moindre occasion. Et maintenant, tu veux qu'elle revienne. Ça n'a pas de sens. Mais si c'est ce que tu souhaites... Tu décides, mais tu devras assumer les conséquences.
Et il recula en levant les mains, comme pour se désolidariser de la décision qui était en train d'être prise.
Satisfaite d'avoir eu gain de cause, Eliz se tourna vers Razilda, le regard incertain.
– Alors, qu'en penses-tu ? demanda-t-elle. Dois-je encore te convaincre ?
– Ce ne sera pas nécessaire. Je ne peux que m'incliner devant une telle démonstration d'éloquence, railla Razilda pour masquer son inconfort.
Et voilà, ça va recommencer ! songea Kaolan avec accablement.
Alors que les résistants l'entouraient en réclamant des explications à grands cris, Johann coupa court à l'agitation en ordonnant à tous de se préparer au départ. Des explications détaillées pouvaient attendre la sécurité de la carrière. Tous s'exécutèrent, non sans échanger bruyamment leurs points de vue sur la situation.
La chevauchée de retour fut riche en introspection.
Johann était mal à l'aise. Ne s'était-il pas laissé convaincre trop facilement et n'était-il pas en train d'amener un loup dans la bergerie ? Il faisait certes confiance à Eliz, mais son jugement ne s'était pas toujours révélé fiable. D'un signe de main nerveux, il fit augmenter l'allure de son détachement.
Razilda était mal à l'aise. Pourquoi s'était-elle laissée convaincre ? Retourner végéter à Riven n'était évidemment guère attrayant, mais là où elle se dirigeait, personne ne l'accueillerait à bras ouverts. Ce serait même tout l'inverse. Elle aurait des comptes à rendre et pourtant, elle ne se voyait pas faire des excuses. Elle ne craignait pas la confrontation, mais arriverait-elle à accomplir quelque chose dans ces conditions ? Inconsciemment, elle fit ralentir le pas de sa monture.
Eliz était mal à l'aise. La satisfaction d'avoir convaincu tout le monde n'avait pas duré. Elle venait de se mettre une sacrée responsabilité sur les bras. Désormais, quoi qu'elle fasse, elle serait considérée comme la garante du comportement de Razilda. Elle s'était si violemment projetée dans la situation de la Jultèque, trahie et abandonnée par son propre camp malgré sa loyauté, qu'elle n'avait pu s'empêcher de lui tendre la main. Mais son retour dans le groupe ne ferait pas que des heureux. Aucun, même. Elle se pencha pour claquer la croupe du cheval de Razilda qui menaçait de se laisser distancer.
Kaolan n'était pas mal à l'aise. Il était furieux. Comment Eliz avait-elle pu leur imposer une telle décision ? Razilda n'avait jamais été dans leur camp, pourquoi le serait-elle désormais ? La véritable loyauté ne fluctue pas au gré des épreuves. Lui faire confiance et combattre à nouveau à ses côtés lui semblait impossible. Il décida de garder la Jultèque sous étroite surveillance. Qu'aucun comportement étrange qu'elle pourrait avoir ne lui échappât...
Une demi-heure avant d'arriver à la carrière, Johann demanda à Eliz de bander les yeux de Razilda. C'était un ordre qui ne souffrait aucune discussion et les deux femmes s'y soumirent de mauvaise grâce, tout en sachant que c'était la condition tacite sans laquelle Johann n'aurait jamais accepté de ramener la Jultèque. Eliz se vit donc contrainte de guider le cheval de Razilda par la bride jusqu'à leur quartier général. Ce ne fut que lorsqu'ils arrivèrent aux écuries de la carrière qu'elle lui tapa sur l'épaule pour lui signifier qu'elle pouvait retirer son bandeau. Razilda mit pied à terre, découvrant avec stupéfaction son nouvel environnement. Elle avait imaginé un campement bien moins élaboré.
Comme il était devenu habituel les jours de mission, la salle commune était bien remplie, bourdonnant des conversations des résistants dans l'attente du retour de la troupe. Aussitôt que les premiers membres de l'escouade y pénétrèrent, le silence se fit. Silence qui fut vite rompu par un cri scandalisé.
– ELLE !
Hermeline jaillit comme une furie, fendant la presse des résistants qui commençaient à s'agglutiner autour des nouveaux venus et traînant à sa remorque Yerón et Saï, qui semblaient trop médusés pour articuler un seul mot.
– Comment OSEZ-VOUS ? cria-t-elle en se jetant rageusement sur Razilda.
Eliz s'interposa. Elle saisit la princesse à bras-le-corps et la tira hors de la salle commune en lui murmurant un sévère « pas de scène ! » à l'oreille. Elle l'entraîna dans la première pièce vide qu'elle aperçut. Le reste du groupe avait suivi et ils se retrouvèrent tous au complet dans la réserve.
Lorsqu Eliz lâcha la princesse, celle-ci la dévisagea avec une stupeur incrédule. C'était la première fois que la capitaine de la Garde Céruléenne se permettait une telle familiarité avec elle.
– Que fait-elle ici ? siffla Hermeline avec hostilité à l'adresse d'Eliz.
– Elle vient probablement de tous nous sauver la vie aujourd'hui, répondit celle-ci brièvement.
– « Probablement » ? releva Yerón, indigné. Est-ce que c'est suffisant après ce qu'elle a fait ?
Et, alors que Razilda restait en retrait, silencieuse, Eliz leur expliqua les événements de la journée en détail. Cela laissa les trois jeunes gens songeurs. Appuyé contre la paroi, bras croisés, Kaolan secouait la tête, toujours aussi incrédule.
– Mais vous n'avez aucune certitude que ce soit vrai, conclut finalement Hermeline, l'hostilité couvant toujours dans ses paroles.
– Pas de certitudes, que de solides présomptions, répondit Eliz.
– Des présomptions ? Cela me paraît bien léger par rapport au danger potentiel auquel vous nous exposez ! Et vous ! continua la princesse en se tournant vers Razilda. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
La Jultèque écarta ses mains grandes ouvertes.
– Pas grand-chose, reconnut-elle tranquillement. J'en suis désolée, mais je ne peux même pas m'excuser. J'avais des ordres et ce genre d'opération est mon métier.
– Alors c'est ça, votre truc ? Suivre aveuglément les ordres, sans se poser de questions ? gronda Hermeline.
Razilda inclina la tête sur le côté et la transperça du regard.
– Me posez-vous réellement cette question ? Vous, en tant que suzerain, trouveriez-vous souhaitable que vos ordres soient sans cesse remis en cause ?
Choquée par la justesse de ses propos, Hermeline se tut net, bouche bée.
– Cela ne nous explique pas ce que vous faites là, dit alors Yerón. Quel est l'intérêt pour vous de revenir ?
Razilda soupira et jeta un bref coup d'œil à Eliz.
– Je me suis laissée convaincre de vous prêter main forte en attendant de pouvoir rentrer chez moi. Embarquer pour Jultéca'th s'avère plus difficile que prévu. Et puis... je n'ai rien de mieux à faire. L'empereur ayant ordonné mon élimination, je considère que cela annule mon ordre de mission. Vous n'avez aucune raison de vous méfier de moi ; je n'ai, pour l'instant, d'autre maître que moi-même.
Les regards hostiles braqués sur elle s'adoucirent à peine à ce discours.
Ce fut Saï, restée silencieuse depuis le début, qui brisa le silence pesant qui s'était installé.
– Ben alors, ça, c'est sacrément difficile à avaler ! laissa-t-elle échapper.
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