5- "Tout le monde était aussi pressé que moi de quitter l'arène." 1/2


" Je ne pensais pas que tout le monde était
aussi pressé que moi de quitter l'arène."
Saï Kaneda, alliée secrète du peuple de la forêt


Il était évident qu'elle avait besoin d'une selle. Saï avait suffisamment eu le loisir d'observer les Cavaliers Célestes pour en être consciente. S'il y avait une activité à laquelle les jeunes filles derujins bien élevées avaient le droit de s'employer, c'était bien l'émerveillement naïf devant leurs forces de défense. Elle était donc en mesure de savoir que ce ne pouvait pas être n'importe quelle selle. Elle devait être large et posséder de vastes replis pour y fixer ses jambes. Comme Tempête n'avait pas encore atteint sa taille adulte, peut-être serait-il possible d'adapter l'une de celles des chevaux ? Elle trouva une alliée inattendue en la personne d'Eliz, alors qu'elle venait de harceler Emil sur l'éventualité de se procurer du cuir, ou de réutiliser des chutes.

– Qu'est-ce que tu fais avec cette vieille armure déchirée ? s'étonna celle-ci en croisant la jeune fille à la sortie de l'entrepôt. Tu veux que je l'adapte à ta taille ?

Saï rit avec incrédulité en soulevant le seul butin qu'elle était parvenue à récupérer.

– Toi ? Tu saurais faire ça ?

Vexée, Eliz se renfrogna.

– Évidemment ! Tout bon guerrier doit être capable de réparer son armure.

Elle tendit la main et Saï lui donna la vieille veste. Eliz l'observa avec un œil critique.

– Que tu le croies ou non, j'ai fini par prendre goût au travail du cuir. Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu veux faire avec ça ?

Saï s'empressa de lui expliquer en détail son problème de selle. Eliz fit la moue.

– Je ne suis pas sûre que tu puisses tirer grand-chose de cette guenille, à part peut-être y tailler des sangles.

Mais la Rivenz appréciait d'occuper son esprit avec un semblable projet et elle entraîna Saï avec elle alors qu'elle se mit à retourner l'arène et ses environs à la recherche d'outils et de cuir utilisable.

Aussi, quelques jours plus tard, Saï se retrouva-t-elle sur l'esplanade, appelant Tempête pour lui présenter sa nouvelle selle. Étonnamment, Eliz avait fait du bon travail pour tailler et assembler les divers morceaux de cuir. Et ce, en dépit des informations fragmentaires qu'elle lui avait fournies et des multiples intrusions de Razilda, très intéressée par l'opération. Le résultat était plus qu'honorable, pour une première tentative. Même si la selle ne s'avérait pas aussi pratique qu'elle l'espérait, la vision d'Eliz, une aiguille en main, valait largement tout le mal qu'elles s'étaient donné.

Tempête flaira l'objet avec méfiance tandis que Saï lui expliquait son utilité. Quand il comprit que ce dispositif allait permettre à la jeune fille de l'accompagner en plein vol, il fut extatique. Saï dut déployer des trésors de diplomatie pour qu'il daignât se calmer et qu'elle pût enfin attacher la selle à son dos. Pendant qu'elle s'activait autour de lui, Tempête pépiait d'un ton interrogatif, se tordant le cou de tous côtés pour voir où et comment elle plaçait les sangles. Lorsqu'il fut harnaché, Saï vérifia encore une fois que la selle était bien fixée, puis se tourna vers Eliz. La guerrière se tenait en retrait, les bras croisés. Elle lui fit un signe de tête encourageant, tentant de museler son inquiétude.

Saï n'avait pas voulu faire de ce « premier » vol un évènement, au contraire. Elle n'avait aucune envie de se donner en spectacle alors qu'elle était à peine sûre de pouvoir rester en selle plus de quelques secondes. Aussi, quand elle vit que certains résistants commençaient à ralentir le pas et à s'intéresser à ce qu'elle faisait, elle décida de se lancer sans plus attendre. La jeune fille réprima un frisson d'excitation, tandis que les sensations de leur premier vol revenaient à son esprit. Elle posa timidement les mains sur l'encolure de Tempête qui lui arrivait désormais au niveau de la poitrine. Son cœur tambourinant contre ses côtes, elle se hissa sur son dos. Elle fixa les sangles autour de ses jambes, puis caressa le cou du griffon. Ses plumes étaient douces et chaudes des rayons de soleil qu'elles avaient emmagasinés. Leur chaleur lui fournit le courage dont elle avait besoin et enfin, elle donna le signal. Ailes déployées, Tempête courut quelques foulées puis d'un bond puissant, il prit son envol.

Un cri d'exaltation coincé dans la gorge, Saï vit le visage soucieux d'Eliz s'éloigner sous elle jusqu'à ce qu'elle ne pût plus discerner son expression. Quelques exclamations admiratives parvinrent à ses oreilles. Elle espéra vaguement que Yerón et Hermeline ne lui feraient pas d'histoires sous prétexte qu'elle ne les avait pas prévenus. Cependant, ces considérations terre à terre ne la retinrent pas bien longtemps.

Elle volait ! Les sensations qui traversaient chaque fibre de son corps étaient incroyables. Voilà que le rêve secret de tous les petits Derujins n'en était désormais plus un pour elle. Le vent frais fouettait son visage et emmêlait ses cheveux. Elle songea à quel point elle aurait adoré emmener Tensuke ou Ryuji avec elle, ne serait-ce que pour voir leur expression.

Son excitation résonnait avec celle de Tempête, tout fier de lui montrer ce qu'il considérait comme son domaine. Devant elle, la mer scintillait à perte de vue. Elle plissa les yeux, se demandant si elle pouvait apercevoir Derusto'th de cette altitude. Le griffon effectua une douce boucle et ce fut la campagne rivenz qui s'étendit alors sous eux, avec au loin, les collines et même les hauts pics de la Grande Barrière. Saï n'en revenait pas de n'être pas plus effrayée que ça. Mais, bien installée sur sa selle, entre les deux ailes immaculées de Tempête qui s'élevaient à intervalle régulier, elle se sentait curieusement en sécurité. Elle s'arracha soudain à sa fascination pour s'enquérir de l'état de son compagnon. Elle craignait d'être trop lourde ou que la sangle qui passait sous son ventre fût trop serrée. Tempête balaya ses inquiétudes d'une aile insouciante, en lui assurant qu'il pourrait voler ainsi la journée entière. Il lui fit tout de même comprendre que pour l'instant, emmener deux cavaliers auraient été légèrement prématuré. Il entreprit de redescendre vers l'arène, d'un vol calme et tranquille pour ménager sa passagère.

– On s'entraînera à faire des acrobaties, lui assura-t-elle en imaginant déjà les vrilles et les piqués dont ils pourraient orner le ciel.

Alors que les colonnes de roches grises se rapprochaient d'eux, Saï crut y distinguer une silhouette familière. Elle se pencha dangereusement par-dessus l'encolure de Tempête en plissant les yeux. Pour éviter qu'elle ne prît davantage de risques, le griffon lui en confirma l'identité.

Saï fixa la petite forme qui se déplaçait en contrebas avec incertitude. Elle secoua brusquement la tête et se décida. C'était l'occasion, elle ne devait pas hésiter.

À sa demande, Tempête infléchit aussitôt sa trajectoire pour rejoindre la silhouette. Les aiguilles rocheuses se rapprochaient de plus en plus, telles des serres prêtes à les attraper. Le griffon manœuvra habilement pour éviter leurs rugueuses caresses. Il battit lentement des ailes pour freiner sa descente et atterrit en douceur devant Kaolan.

Plongé dans de sinistres pensées, l'homme-félin ne les avait pas entendus arriver. Il bondit en arrière de saisissement. Comprenant vite que la fuite n'était plus une option, il se résigna à l'inévitable confrontation. Ses yeux dorés décochèrent néanmoins à Tempête un regard lourd de reproches. Le jeune griffon l'ignora superbement et laissa Saï glisser de son dos. Ce qui fut fait dès que celle-ci eut fini de batailler avec les sangles qui maintenaient ses jambes. Elle le remercia d'une rapide caresse sur les flancs. Puis Tempête prit à nouveau son essor, lui signifiant qu'elle n'aurait qu'à l'appeler quand elle voudrait rentrer. Saï acquiesça avec reconnaissance et tourna toute son attention vers son ami.

– Tu fuis, lui asséna-t-elle avec rancune.

– Je ne fuis pas, grogna-t-il.

Cependant, il crispa sa main gauche sur son bras droit et détourna le regard. Saï se mordit les lèvres. L'attitude du jeune homme, si différente de celle qui était habituellement la sienne, la bouleversait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Cela faisait maintenant bien longtemps qu'elle avait renoncé à le haïr. Sa silhouette svelte avait fini par devenir familière et rassurante, elle ne savait comment. Pourtant, à ce moment précis, elle n'avait qu'une seule envie. Celle de le secouer pour qu'il acceptât enfin de se confier.

– Vraiment ? Alors depuis quand tu n'as pas parlé à l'un de nos amis ? lui jeta-t-elle en s'approchant de lui d'un pas décidé.

Kaolan recula jusqu'à ce que son dos frottât contre la roche.

– Tu ne comprends pas, dit-il, le visage contracté.

Saï haussa les épaules, impatientée.

– Évidemment que je ne comprends pas, si tu ne m'expliques rien. Je te rappelle que je ne suis qu'une petite paysanne stupide. Alors, je t'écoute.

Kaolan regarda désespérément autour de lui, mais ne trouva aucune échappatoire.

– Je ne peux plus continuer à m'attacher à vous ! s'écria-t-il alors, la voix vibrante de détresse. C'est inutile !

Saï se figea sur place, ébranlée par sa violence.

– Bien sûr que non, ce n'est pas inutile ! balbutia-t-elle. Pourquoi tu dis ça ?

– Ça ne rendra les choses que plus difficiles ! Pourtant j'y étais préparé en quittant mon clan. C'est même ce que j'espérais ! Mais plus maintenant, à cause de vous tous, de votre insistance à vouloir...

– Kaolan, je ne comprends pas, explique-moi ! cria Saï, affolée.

L'homme-félin cessa soudain de haleter et posa sur elle des yeux infiniment tristes.

– Tu ne comprends pas ? Tu n'as pas bien écouté Yerón, alors. Suis-je le seul à avoir compris ?

Saï resta silencieuse. Son cœur cognait trop douloureusement contre ses côtes pour qu'elle pût articuler la moindre parole. Elle attendait la suite tout en redoutant chacun des mots qui allaient tomber de la bouche de Kaolan.

– Les Disparus, comme tu les appelles, que sont-ils devenus ? demanda-t-il.

– Mo... morts dans les entrailles de Riven'th, bredouilla-t-elle, sans comprendre ce qui semblait être un brutal changement de sujet.

Kaolan inclina la tête sur le côté et l'une de ses tresses vint balayer sa joue.

– Ont-ils échoué dans leur mission pour autant ? continua-t-il en la perçant du regard.

– Leur mission ? Mais on ne sait pas vraiment ce que...

– Si, on le sait. L'apparition des œufs de griffon, du métal pour les épées et du reste. Ça coïncide avec leur disparition. Ils ont accompli ce que l'on attendait d'eux.

– Mais enfin... quel est le rapport avec toi ? protesta-t-elle, refusant de comprendre.

Kaolan gémit en se prenant la tête entre les mains. Se confier était encore si difficile.

– Ce qui a été partagé entre les peuples, dit-il enfin, et dont nous n'avons pas bénéficié... Ce pouvoir que vous possédez tous... Il faut un sacrifice pour le créer.

Il se tut, ne pouvant rien ajouter de plus. Saï le dévisageait, horrifiée. Elle aurait voulu le contredire, lui expliquer qu'il se trompait. Pourtant son raisonnement était parfaitement logique. Ses yeux se remplirent de larmes. Elle cherchait encore ses mots lorsqu'un spasme contracta sa poitrine.

– Je... je... hoqueta-t-elle.

Les larmes roulèrent sur ses joues.

Affolé, Kaolan tendit une main impuissante vers elle.

– Ne pleure pas, s'il te plaît, supplia-t-il. Tu vois, c'est pour ça que je ne peux plus rester avec vous. C'est trop dur.

Sans réfléchir, Saï attrapa sa main qu'elle broya entre les siennes.

– De toute façon, c'est déjà trop tard ! affirma-t-elle à travers ses larmes. On découvrira un autre moyen, tous ensemble ! On en parlera à Yerón, il va y réfléchir ! Il trouvera certainement ! Ce serait vraiment trop nul comme fin. Il y a toujours une meilleure solution que le sacrifice !

Kaolan secoua tristement la tête.

– Je ne vois pas laquelle.

– Mais enfin..., il y a encore tellement de choses que nous ne savons pas ! continua Saï, de plus en plus véhémente. Où et comment ils se sont sacrifiés, par exemple ! Ça nous laisse beaucoup de marge, et d'espoir !

La jeune fille tendit lentement une main vers le visage de Kaolan, lui laissant le temps de reculer. Pour une fois, il ne se déroba pas. Elle toucha doucement sa joue.

– Tes problèmes sont aussi les nôtres, dit-elle. Alors, ne fuis plus, s'il te plaît. Tu me le promets ?

Kaolan esquissa un sourire amer. Il effleura rapidement sa main avant d'acquiescer. L'optimisme de Saï était communicatif, et il ne demandait pas mieux que de se laisser contaminer. Pourtant, il devait regarder la réalité en face. Celle-ci ne se déformerait pas si facilement, juste parce qu'il le désirait.

– Allez viens, on va réunir un conseil d'urgence ! dit encore la jeune fille avec fermeté.

***

Ils rentrèrent à l'arène, sans mot dire, chacun plongé dans ses propres pensées. Entraînant Kaolan derrière elle, Saï sillonna le quartier général pour regrouper leurs amis. Elle les arracha sans vergogne à leurs occupations. Aucun d'eux ne prit son sérieux à la légère et tous la suivirent avec inquiétude.

Elle les rassembla au premier étage de la tour de guet, aménagée en ce qui ressemblait fort à une salle de réunion, ou de pratique intensive de jeux de cartes. Lorsque ses compagnons furent tous installés sur les tabourets, Saï tapa du plat de la main sur la table bancale.

– Il faut empêcher Kaolan de se sacrifier ! lança-t-elle sans préambule.

À côté d'elle, le jeune homme-félin se recroquevilla, comme pour s'excuser de causer un tel remue-ménage. Tous les yeux se braquèrent sur lui avec stupeur.

– Comment ça ? gronda Eliz, comme personnellement insultée que quelqu'un d'autre qu'elle-même pût songer à se sacrifier.

Sourcils froncés, Razilda attendait la suite, tandis que Yerón pâlissait à vue d'œil. Hermeline se releva avec fougue.

– Qu'est-ce que c'est que cette histoire de sacrifice ? exigea-t-elle de savoir.

Kaolan soupira. Il passa une main nerveuse sur sa nuque avant d'exposer le raisonnement qu'il avait tenu à Saï quelques instants plus tôt. Un grand silence accueillit ses paroles. Yerón fut le premier à le rompre.

– J'ai déjà pensé à cette éventualité, mais je ne t'en ai pas parlé parce que ça me paraissait loin d'être sûr, argumenta-t-il. Ce n'est pas parce que nous n'avons trouvé aucune mention des Disparus après qu'ils aient pénétré dans ce souterrain que ça signifie qu'ils soient nécessairement morts.

Ses paroles se voulaient rassurantes, toutefois son expression atterrée leur apportait peu de crédibilité. Razilda leva alors une main.

– J'ai une question, intervint-elle de sa voix calme. Pourquoi dois-tu courir après ce pouvoir dont ton peuple n'a pas bénéficié ? N'y a-t-il pas d'autres moyens de le protéger ?

Kaolan et Saï échangèrent un regard. Ils voyaient mal ce qui pouvait empêcher les Derujins d'exploiter les forêts à outrance. Même avec la reine de Riven'th de leur côté, il n'y avait aucun levier politique qu'ils pouvaient actionner.

– Moi, je me suis dit qu'on pourrait peut-être essayer d'aller parler à Améthyste le plus vite possible, finit par suggérer Saï, hésitante.

– Les Disparus n'ont aucun rapport avec Améthyste, voyons, tu commences à tout mélanger, répondit Yerón d'une voix pleine de réprobations.

Saï secoua la tête avec impatience.

– Je sais bien que le sommet de Kadwyn s'est déroulé quelque chose comme trois siècles plus tard. Mais j'ai du mal à croire que l'énergie étrange dont il a parlé ce jour-là n'ait vraiment aucun rapport avec nos... « pouvoirs ». Plus nous en apprendrons à ce sujet, et mieux nous pourrons aider Kaolan.

Elle regarda ses amis devant elle. Le menton enfoui dans la main, Eliz réfléchissait très sérieusement à ses paroles.

– Soyez certains que je serais ravi de prendre la route tout de suite pour aller trouver Améthyste, déclara Yerón. Pourtant je doute que nous puissions en tirer quoi que ce soit qui pourrait servir à Kaolan, vous devez en être conscients.

– Et pourquoi ne pas y aller, après tout ? lança Hermeline. Le complexe où les Armes de Loyauté sont gardées n'est qu'à quelques jours au sud d'ici. Nous pouvons largement nous passer de vous pendant ce temps-là. Nous attendons encore des nouvelles de nos alliés avant de concrétiser nos plans. Profitez-en.

– Tu ne viendrais pas avec nous ? s'étonna Saï.

– J'adorerais, mais ma place est ici. Je dois encore écrire des lettres, rencontrer des gens... Faire mon devoir, en somme. Par contre, j'attendrai de vous un rapport d'une précision exemplaire.

Lorsqu'ils quittèrent la tour de guet, Eliz et Hermeline se mirent aussitôt à la recherche de Johann. Elles le trouvèrent attelé à la consolidation du pigeonnier en compagnie d'Orage. La tour en bois construite à la va-vite avait en effet assez mal supporté les dernières intempéries.

– Quoi ? Vous voulez déjà nous quitter ? s'étonna Johann lorsque Eliz lui expliqua leur projet.

Il posa son marteau et se gratta la joue avec une grimace ennuyée.

– Et vous êtes vraiment obligés de tous y aller ? s'enquit-il. Si tu veux absolument partir, peut-être que Razilda pourrait rester pour continuer à entraîner les troupes ? Et on m'a rapporté que Saï pouvait désormais voler sur son griffon, j'avoue que ça ouvre pas mal de possibilités. Nous devons y réfléchir.

– Je leur ai déjà donné mon accord, intervint alors Hermeline. Ce ne sera l'affaire que de quelques jours.

Le capitaine parut assez peu goûter la nouvelle. Toutefois, la princesse héritière avait parlé et il aurait été bien malvenu de sa part de discuter une décision d'aussi faible envergure alors qu'il affichait clairement l'objectif de fédérer autour de sa figure d'autorité. Il n'eut d'autre choix que de capituler sans avoir mené bataille.

Comme s'il n'attendait que de repartir sur les routes, le petit groupe fut vite prêt au départ. L'ambiance sinistre de l'arène n'était décidément au goût de personne. Deux jours plus tard, à l'aube, les résistants les plus matinaux purent les voir s'activer autour de leur monture. La princesse Hermeline, un peu envieuse, était là pour assister au départ de ses amis.

– Je compte sur vous pour me faire un rapport complet sur les lieux et l'état des Armes, décréta-t-elle en retenant le cheval d'Eliz par sa bride.

– Et faites attention à ne pas être suivis quand vous reviendrez jusqu'ici, ajouta Johann, qui s'était lui aussi levé pour les voir partir. Soyez prudents et surveillez vos arrières !

La petite troupe se mit en marche et Hermeline trottina pour se maintenir au même niveau qu'Eliz.

– Et ne cassez rien pour pénétrer à l'intérieur ! N'est-ce pas, Capitaine ? Je peux compter sur vous ?

Eliz la rassura d'un hochement de tête. Puis elle talonna sa monture pour lui faire accélérer le pas.

– Pas de combats à l'intérieur, surtout ! cria encore Hermeline restée en arrière. N'oubliez pas de tout remettre en ordre avant de repartir ! Ce serait même encore mieux de ne toucher à rien, si vous n'êtes pas obligés de le faire !

Elle se tut finalement tandis que ses anciens compagnons de route se retournaient sur leur selle pour lui adresser des signes de main qui se voulaient réconfortants.


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