16- "Tous ces livres que je n'ai pas eu le temps de consulter..." 2/3

Pendant quelques secondes, rien ne se produisit. Anxieuses, les respirations se suspendirent. Soudain, les yeux des participants devinrent vitreux. Un soupir s'exhala de toutes les poitrines en même temps et leur maintien changea. Tempête hulula de détresse et se dressa sur ses pattes. Le Bibliothécaire vint poser une main rassurante sur son encolure.

Yerón fut le premier à prendre la parole. Les bras largement ouverts, il avança vers Saï.

– Mon cher Charif, salua-t-il d'une voix claire, je suis fort aise de vous voir. Je vous en prie, prenez place.

– Ah ! Kadwyn, vous êtes parvenu à éveiller ma curiosité, répondit Saï en chevrotant. Vu mon grand âge, je ne pensais pas que cela serait encore possible.

– Installez-vous. Je vais vous servir un rafraîchissement, les autres ne vont sans doute pas tarder à nous rejoindre.

Tandis que Yerón brassait l'air, s'affairant à une tâche qui n'avait de signification que pour lui, Saï secoua la tête avec fatalisme.

– Que voulez-vous, de nos jours, les jeunes gens n'ont plus guère le sens de la ponctualité, constata-t-elle.

Alors qu'elle faisait mine de déguster avec un plaisir évident la boisson que Yerón lui avait offerte, Kaolan s'avança à son tour.

– Messires, dit-il en s'inclinant respectueusement. Je suis très honoré de vous rencontrer enfin.

– Messire Nikedo ! s'écria Yerón avec ravissement. Il y a tant de sujets dont j'aimerai m'entretenir avec vous directement ! Quoique fort instructive, notre correspondance n'en reste pas moins très frustrante, quand on connaît la lenteur d'acheminement du courrier.

– Je partage cet avis, messire Kadwyn, répliqua Kaolan sur un ton clair et chaleureux, avec une nouvelle courbette. J'espère que vous serez satisfait d'apprendre que j'ai amené avec moi les herbiers que vous vouliez tant consulter.

Razilda interrompit l'échange de politesse avec une voix sonore qui n'était pas la sienne.

– Que voici une savante assemblée réunie devant moi ! s'écria-t-elle en ôtant son chapeau pour saluer les participants d'une révérence extravagante.

Tournant légèrement la tête sur le côté, elle se tut un instant, comme pour laisser quelqu'un parler. Puis elle reprit :

– Effectivement, Améthyste est tout aussi impatiente que moi d'apprendre la raison de notre présence en ces lieux.

Razilda tapota son flanc dans un geste qui n'était pas sans rappeler Eliz lorsqu'elle discutait avec Griffe. Puis elle parcourut l'assistance du regard avant d'ajouter :

– Eh bien, notre estimée comtesse n'est-elle pas encore arrivée ?

– Je suis là, Bastian, mon cher ! dit alors Eliz en minaudant.

Elle s'avança avec grâce, ne semblant plus éprouver la moindre gêne à se mouvoir au milieu du bouillonnement de froufrou qui lui tenait lieu de robe. Elle tendit une main languide. Razilda la prit et s'inclina galamment, l'effleurant de ses lèvres.

– J'avais tellement hâte de vous revoir enfin, ma dame, murmura-t-elle. Vous m'avez manqué.

– Je partageais votre impatience, lui souffla Eliz avant de s'éloigner pour recevoir les hommages des autres participants.

Finalement, lorsque tous semblèrent s'être installés autour d'une table imaginaire, Razilda s'écria :

– Nous voici au complet ! Kadwyn, je vous en prie, ne nous faites plus languir ! Quelle est cette découverte extraordinaire dont vous vouliez nous entretenir ? Toutes les théories que j'échafaude m'empêchent de trouver le sommeil.

« Ça, et le souvenir de vos yeux, bien sûr, Comtesse, ajouta-t-elle avec une courbette à l'adresse d'Eliz.

Yerón arbora un air satisfait et fit mine d'appuyer ses deux mains sur la table.

– Vous n'ignorez pas que j'ai visité toutes les îles du monde connu de fond en comble. L'année dernière, je ne savais plus vers quel nouvel horizon me tourner. Toute envie d'aventures m'avait déserté. Mais après avoir lu plusieurs ouvrages, une question s'est imposée à moi. Notre monde n'est-il vraiment composé que de cinq îles ? N'y aurait-il pas des continents neufs et des civilisations étrangères plus loin ? Là où nous n'osons pas nous hasarder ?

Yerón marqua un temps de pause pour recueillir l'assentiment de ses pairs.

– Charif, vous connaissez sûrement la légende de l'Île des Tourbillons, l'île où les dieux ont élu domicile ?

Saï hocha sentencieusement la tête.

– Bien sûr que je la connais, comme tous les Jezzerans. Et il s'agit exactement de ce que vous avez dit, Kadwyn, d'une légende.

– La plupart des mythes ont un fond de vérité, argumenta Yerón. J'ai voulu en savoir plus sur le sujet. J'ai épluché toutes les légendes qui en parlaient, j'ai lu des récits de voyage de navigateurs que les tempêtes avaient écartés de leurs routes. Et j'en suis arrivé à la conclusion qu'une île doit bel et bien exister entre Jezzera'th et Riven'th.

– C'est une conclusion bien précipitée, vous me surprenez, mon cher, dit Kaolan avec réprobation. Vous ne pouvez vous fier à des légendes et des racontars d'ivrognes !

– J'avais également des doutes, mais je devais absolument savoir ! Et c'est ainsi qu'il y a trois mois, après avoir monté une expédition, j'ai mis le cap vers cette soi-disant Île des Tourbillons.

– Comment ? s'étrangla presque Kaolan. C'était la destination du périple dont vous m'avez parlé dans vos lettres ? J'ai cru que vous alliez solliciter notre aide pour cette aventure, aujourd'hui même !

Yerón rit.

– Absolument pas. Pour moi, cette expédition était bien trop hasardeuse pour que j'y risquasse des vies aussi précieuses que les vôtres !

– Alors, dites-nous, s'impatienta Saï en se penchant en avant. Qu'y a-t-il là-bas ? L'avez-vous trouvée ?

– Tout à fait, dit Yerón d'un ton triomphant. Une île se cache effectivement au cœur des brumes et des tourbillons. Et croyez-moi, jamais je n'ai autant remercié les dieux de m'avoir fait don des pouvoirs que je possède. Sans eux, nous aurions certainement péri mille fois en tentant d'éviter les maelstroms, le brouillard et les récifs qui protègent cette île.

Eliz étouffa un cri de frayeur de sa main gantée.

– Mon cher Kadwyn, cela aurait été une telle perte !

– À quoi ressemble cette île ? intervint Kaolan. Dites-le-nous ! Qu'y avez-vous vu ?

– Je risque de vous décevoir, reprit Yerón. Ses habitants ne sont point des dieux, mais des humains parfaitement normaux. Enfin, normaux... Eux aussi ont leur spécificité. D'après mes constatations, ils possèdent des capacités physiques aléatoires. Leur variété de types et d'intensité me fait penser à la répartition des pouvoirs de nous autres, Pwynys. Leur architecture est également remarquable et ne ressemble en rien à ce que nous connaissons. Tenez, voici les croquis que j'y ai dessinés.

Les érudits contemplèrent longuement l'espace vide entre eux, se passant des documents imaginaires en ponctuant leurs observations d'exclamations diverses.

– Voilà un travail très impressionnant, mon ami, commenta finalement Saï. Quels sont vos plans désormais ? Allez-vous parler de votre découverte à l'Assemblée des Sages de Pwynyth' ? Vous pourriez retourner là-bas en étant mandaté par vos dirigeants et tenter d'établir des liens entre vos îles.

Yerón secoua la tête.

– Jouer les ambassadeurs ne m'intéresse aucunement. Je suis persuadé que les autochtones s'accommodent parfaitement de leur isolement et n'ont aucun désir de nous voir débarquer avec des marchandises et des promesses d'alliance dont ils n'ont que faire. Ma découverte est de taille, pourtant ce n'est pas pour cette raison que je vous ai fait venir. Sur cette île, j'ai trouvé quelque chose... au péril de ma vie. Une chose extraordinaire que j'ai moi-même du mal à identifier.

Théâtralement, Yerón s'éloigna et revint en portant un objet entre ses mains écartées. Il le posa lourdement sur la table fictive et en tapota le dessus. Tous l'observaient avec intensité, attendant la suite.

– Étonnamment, cette île est parsemée de crevasses et de failles. Je n'avais jamais vu ça. J'ai fini par décider de descendre à l'intérieur de l'une d'entre elles, pour comprendre les raisons de leur formation.

Il marqua un temps d'arrêt pour s'assurer de l'attention de son auditoire. C'était inutile, ses confrères étaient suspendus à ses lèvres.

– Nous sommes donc descendus. Nous avions tout le matériel nécessaire. Sur les parois, au fond de la crevasse, nous avons relevé l'arrivée de plusieurs conduits, d'un diamètre d'à peu près deux paumes. Lorsque nous nous sommes approchés, nous avons commencé à nous sentir mal. Certains ressentirent des maux de tête, d'autres avaient l'impression d'entendre des voix. C'était très étrange. J'ai demandé à mon équipe de m'attendre un peu plus loin, là où ces effets s'estompaient.

« Puis je me suis avancé, seul. Je supposais qu'il y avait une substance dans l'air qui provoquait ces malaises. Aussi, je me suis entouré d'une bulle d'air sain que j'ai densifié autour de moi.

« Oui, je sais, je n'explique pas souvent mes petites astuces, mais en la circonstance, cela me paraît préférable. Bref, l'un des conduits était un peu plus large que les autres. Je m'y suis engagé, toujours en repoussant devant moi l'air que je présumais vicié. Ma méthode était visiblement efficace puisque je ne ressentais plus de gêne. J'ai rampé ainsi pendant quelques toises jusqu'à ce que le tunnel s'interrompît. Et là, mes amis, j'ai contemplé le spectacle le plus extraordinaire qui soit ! J'ignore si vous allez me croire, mais je me tenais au-dessus d'un puits étroit creusé dans la roche. Tout au fond bouillonnait une étrange matière verte. Mais elle n'était pas liquide, non. On aurait dit des rayons de lumière dont les filaments flottaient et s'enroulaient, comme de la fumée. J'ai commencé à sentir la migraine bourdonner à mes tempes, je savais que je ne pourrais pas rester beaucoup plus longtemps ici. Alors je n'ai pas hésité. Par télékinésie, j'ai envoyé ce coffret au fond du gouffre pour prélever un échantillon de ces étranges effluves. Et le voici devant vous, prêt à révéler ses secrets !

Comme hypnotisés, tous se penchèrent en avant, brûlant d'en savoir plus. Seul Kaolan bondit en arrière.

– Vous êtes fou, Kadwyn ! Vous avez subi vous-même les effets de cette chose, et vous nous proposez de la libérer ici, sans précautions ?

– Du calme voyons, mon cher Senka, le tança Yerón d'un ton réprobateur. Évidemment que je vais prendre des précautions ! Je suis, de toute façon, persuadé qu'une quantité aussi faible n'aura pas les mêmes effets que ceux que nous avons éprouvés là-bas. Pour tout vous dire, je pensais que nous pourrions fragmenter cet échantillon pour que nous puissions chacun réaliser des expérimentations de notre côté.

– Passionnant, passionnant, répétait Saï en hochant la tête. Un mystère à percer qui n'ait pas trait au cosmos, c'est exactement ce que je souhaite actuellement. Allez, ouvrez donc ce coffre et cessez de nous faire languir, Kadwyn.

Tandis que Kaolan reculait encore, Yerón leva la main.

– Je vais d'abord amasser une demi-sphère d'air dense autour du coffre pour éviter que le contenu ne s'en échappe, expliqua-t-il. Voilà, c'est fait. Attention, soyez attentifs, je vais ouvrir le coffre.

Le silence tomba. Tous, même Kaolan, qui était revenu sur ses pas, fixaient un point identique. Et soudain, avec un bel ensemble, leur visage exprima la plus sincère stupéfaction. Puis leur regard s'éleva lentement.

– Que se passe-t-il ? dit brusquement Eliz alarmée, Kadwyn, est-ce que c'est...

Elle ne termina pas sa phrase. Tous poussèrent un cri, en se protégeant la figure de leur bras.

– Jessera ! s'exclama Razilda en se jetant devant Eliz.

Tous furent renversés en arrière par une force invisible.

Les yeux écarquillés, Hermeline contemplait la scène avec saisissement.

– Bon, ça suffit, là j'interviens ! s'écria-t-elle en s'élançant.

Le Bibliothécaire opina lentement tandis que la princesse, accompagnée de Tempête, se précipita pour secouer ses amis les uns après les autres. Mais leur tête dodelinait sur leurs épaules, et leurs yeux restaient fixés dans une réalité qui n'existait plus. Paniquée, Hermeline referma la main d'Eliz sur la poignée de Griffe, tandis que Tempête donnait des coups de tête à Saï en gémissant son inquiétude.

Hermeline serra les poings et se tourna vers le Bibliothécaire.

– Vous ! l'apostropha-t-elle en marchant sur lui, pleine de rage. Vous allez tout de suite trouver un moyen de les faire revenir !

Immobile, les mains jointes, l'homme secoua la tête tout en désignant les voyageurs inconscients du menton.

– Ce ne sera pas nécessaire, constata-t-il. Voyez.

Hermeline se retourna. Avec un gémissement, Eliz était en train de se redresser. Ses compagnons ne tardèrent pas à l'imiter. Tous les participants clignèrent des yeux avec hébétude en échangeant des regards abasourdis.

Ce qu'ils venaient de vivre était insensé.

Hermeline se précipita de l'un à l'autre, inquiète de leur état physique et mental.

– Comment te sens-tu ? demanda-t-elle à Saï en lui tapotant les joues.

– Trop bizarre, répondit faiblement la jeune fille d'une voix éraillée. J'ai l'impression d'avoir été piétinée par un troupeau de vaches.

Aidée de son amie, elle se releva avec difficulté, après avoir enfoncé sur son crâne le turban auquel elle semblait particulièrement attachée.

– Vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé ? interrogea Hermeline, lâchant Saï pour Kaolan. Comment était-ce ?

– C'était horrible, murmura l'homme-félin, en se tenant la tête à deux mains. Comme si j'étais prisonnier de mon propre corps et que quelqu'un d'autre décide de mes gestes et parle à ma place.

Pour preuve qu'il n'était pas totalement redevenu lui-même, il accepta, sans même y penser, l'aide d'Hermeline pour se redresser.

Yerón se remit sur ses pieds en chancelant et épousseta machinalement le manteau de Kadwyn.

– Absolument fascinant, commenta-t-il. C'était comme assister à un spectacle de marionnettes. Mais une toute petite partie de mon esprit se demandait vraiment pourquoi vous agissiez tous de façon si incongrue.

Très pâle, Razilda restait assise par terre. Elle paraissait bien plus secouée que ses compagnons par l'épreuve.

– Tous ses sentiments étrangers, j'ai encore du mal à faire le tri, murmura-t-elle en se frottant le bras sur lequel elle était tombée. Bastian en bouillonnait tellement. Je me sens nauséeuse.

Debout, les yeux mi-clos, Eliz se mit à respirer avec plus d'ampleur, comme pour retrouver la maîtrise de son corps.

– Vous avez compris ce qu'il vient de se passer ? demanda-t-elle finalement en se frictionnant les tempes.

– Kadwyn a ramené de Sulnya'th un truc sacrément dangereux qui leur a éclaté à la figure, résuma Saï.

– Et qui leur a fait perdre la raison, ajouta Razilda. Ce devait être un drôle de concentré de... de magie ? d'énergie ? de pouvoir ?

Tous se tournèrent vers Yerón pour connaître son analyse de la situation, mais le regard de celui-ci vacilla et redevint flou. Il les fixa, horrifié, comme s'il était lui-même responsable de ce qu'il s'était produit.

– Je suis désolé, gémit-il, les mains tremblantes. Je fais comme Kadwyn, je vous mets tous en danger avec mes recherches. Je dois arrêter, je dois...

Une gifle envoyée sans ménagement suspendit son monologue.

– Ça suffit, dit Kaolan, ce n'est pas toi qui parles. Tu es encore là-bas.

Yerón porta sa main sur sa joue cuisante et dévisagea Kaolan avec ahurissement.

– Oui... d'accord. Merci..., murmura-t-il.

– Je suis désolée de vous interrompre, mais je dois absolument sortir de ce truc, dit brusquement Eliz en tirant sur la robe de la comtesse avec exaspération. Ça me gratte, ça me serre, c'est insupportable.

Cette fois-ci, le sortilège fut réellement rompu et les derniers lambeaux de souvenirs des temps anciens s'effacèrent complètement.

– Après, si personne ne veut m'aider à m'extraire de ce corset, je demande à Griffe, et je vous garantis que ce sera plus vite fait, continua la Rivenz en se trémoussant de plus belle.

– Calme-toi, évite de détruire des reliques inestimables, je te prie, intervint Razilda, dont les yeux brillaient soudain d'amusement.

– Inestimables, tu parles, grommela Eliz, elles nous ont surtout rendus complètement marteau.

– Faut toujours que tu exagères, Eliz. Elle te va très bien, cette robe, fit remarquer Saï, agacée, en ôtant le turban qui lui glissait sans cesse sur le nez. Je suis sûre que quelque part tu as pris plaisir à t'habiller ainsi.

– Jamais de la vie ! s'insurgea Eliz. À aucun instant, je n'ai oublié ce carcan qui me comprimait les côtes !

– Arrête de gigoter, où je n'y arriverai jamais, soupira Razilda alors qu'elle tentait vainement de dénouer le lacet qui fermait le corset dans son dos.

– Même coincée dans l'esprit de la comtesse d'Airain, je ne pensais qu'à arracher ce chiffon de malheur ! continua Eliz avec emphase, cette fois-ci, strictement immobile.

– Alors ça, ça vient peut-être de l'effet que Bastian Hammerstein faisait à la comtesse, suggéra Razilda avec malice, se penchant sur son oreille.

Eliz laissa échapper un reniflement méprisant.

– Ne m'en parle pas, il n'était vraiment pas fin, celui-là. J'avais presque l'impression de lire dans ses pensées, tellement il était transparent.

Sentant un rude pincement dans son dos, elle sursauta brusquement.

– Aïe ! Fais doucement ! protesta-t-elle.

Razilda marmonna des excuses inintelligibles.

Au fur et à mesure que ses hôtes quittaient les précieux vêtements, le Bibliothécaire les rangeait avec soin dans le grand coffre. Libérés du poids de leur alter ego d'une autre époque, les voyageurs se rassemblèrent autour de la table basse, encore sous le choc de ce qu'ils venaient d'apprendre. Saï laissa lourdement tomber son front sur la surface de bois patiné.

– J'ai mal à la tête, se plaignit-elle.

Eliz se tourna vers le Bibliothécaire qui les avait rejoints.

– S'il vous reste encore de votre excellent thé, dit-elle, je pense que le moment serait idéal de le ressortir, j'ai un goût absolument abominable dans la bouche.

Razilda se frotta plusieurs fois les yeux avec lassitude.

– Alors, quel est votre avis ? interrogea-t-elle finalement. Que contenait ce coffret ?

– Une sorte d'énergie très concentrée, supposa Yerón, qui en se libérant a imbibé leurs vêtements et envahi leurs poumons.

– Une énergie verte, souligna Eliz, comme le reflet dans les yeux des Sulnites.

– Tu penses que ce serait la source de leur pouvoir ? demanda Razilda.

Eliz haussa les épaules.

– Ça me paraît tout à fait possible. Pourtant il nous manque encore beaucoup trop d'informations pour pouvoir l'affirmer. Nous avons joué notre rôle, comme des pantins obéissants, mais nous n'avons pas réellement vu ce qu'il s'est passé.

Un long silence suivit, dans lequel tous, plongés dans leurs pensées, revivaient la scène à laquelle ils venaient d'assister, à la recherche du moindre indice qui pourrait les éclairer.

– Vous savez qui d'autre a participé à cette réunion ? dit soudain Griffe, surprenant tout le monde.

– Qui ça ? l'interrogea Eliz avec circonspection. Qu'est-ce que tu as vu qui nous aurait échappé ?

– Améthyste, répondit Griffe. L'arme de Bastian Hammerstein. Pour moi, c'était sans équivoque, il possédait une Arme de Loyauté. Elle a été témoin de toute la scène.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top