1- "Ça m'a fait du bien de taper sur un truc aussi gros." 2/3


Razilda avait songé à se glisser sous l'animal pour chercher les défauts de sa carapace, toutefois, maintenant que ses déplacements étaient devenus brutalement chaotiques, il n'en était plus question. Elle éprouvait déjà le plus grand mal à éviter les immenses pattes que la bête envoyait au hasard en espérant se débarrasser d'eux, tout en se maintenant à portée suffisante pour l'attaquer. Son estafilade au bras l'élançait douloureusement et il lui semblait qu'aucun de ses coups ne rencontrait de réussite. Sans cesse, sa rapière tapait dans le vide ou dérapait sur la carapace. Quoi que de très bonne facture, sa lame n'avait pas le tranchant des Armes de Loyauté de ses compagnes.

Eliz la bouscula soudain, et s'interposa devant elle pour intercepter une des mandibules qui s'abattait sur elle.

– Attention à toi ! lui lança-t-elle, les muscles bandés, alors que Griffe mordait dans l'appendice.

Elle lui jeta un bref regard soucieux par-dessus son épaule.

– Si tu n'es pas dans ton assiette, n'hésite pas à reculer, ajouta-t-elle.

Ulcérée, la Jultèque allait rétorquer vertement lorsque la voix de Yerón traversa le champ de bataille.

– À mon signal, tout le monde s'écarte !

Sa voix était tendue, et en levant le nez, Razilda en comprit aussitôt la raison. Un énorme bloc de rocher, arraché un peu plus loin, flottait au-dessus d'eux. Le jeune homme était en retrait, à quelques pas derrière elle, les bras étendus et le visage crispé sous l'effort. Lorsque le roc fut exactement à l'aplomb de la tête de la créature, il cria :

– Maintenant !

Avec un bel ensemble, tous les combattants bondirent en arrière. Le rocher chuta alors et se fracassa sur le crâne de la bête avec un bruit assourdissant. L'animal s'abattit avec un sifflement d'agonie, tandis qu'une pluie de pierres arrosa les alentours. Tous durent se protéger le visage de leur bras.

Lorsque la poussière retomba, les combattants s'approchèrent avec précaution. Dans le silence de mort qui régnait, les blocs de rochers basculèrent lentement, et des cailloux glissèrent en cascade jusqu'au sol. Une des pattes de la créature s'agita, puis une autre.

Hermeline fut la première à réagir. Avant d'en voir davantage, elle grimpa sur le monstre en s'aidant des rochers, inconsciente de la poussée appliquée par Yerón pour la soutenir. Quand le sommet de son crâne chitineux émergea lentement d'entre les gravats, elle n'hésita pas. Elle brandit Soleil Triomphant et l'enfonça de haut en bas, de toutes ses forces en travers de la tête monstrueuse. Avec un dernier soubresaut, la créature s'abattit définitivement.

Des cris de joie s'élevèrent autour d'eux, et les spectateurs se précipitèrent vers leurs sauveurs pour les abreuver de remerciements. Il y avait là des hommes, des femmes et des enfants de tout âge. Un homme aux muscles imposants se détacha de la foule. Il arborait une moustache fournie et ne possédait qu'un seul bras.

– Nous vous devons une fière chandelle ! s'écria-t-il en serrant la main d'Hermeline avec force. Votre intervention était tout à fait héroïque, épiquement héroïque !

Aucun des membres du groupe n'échappa à sa poigne enthousiaste.

– Je me nomme Tomas, se présenta-t-il en frappant sa large poitrine de sa main tout aussi large, mais tout le monde m'appelle Grand Tom. Je suis le chef de cette petite troupe de bateleurs. Nous avons été embauchés par la baronne Walderling pour le mariage de son fils. Nous nous y rendions quand nous avons été attaqués par ce monstre.

Pendant que Grand Tom discourait ainsi, tous retournaient vers la piste. Saï massait sa main malmenée en examinant les membres de la troupe. Certains avaient été blessés, et clopinaient, soutenus par leurs compagnons, mais l'intervention hardie d'Eliz avait empêché que les dégâts fussent bien plus lourds. Ils regagnèrent rapidement le chemin et, une centaine de toises plus loin que l'endroit où ils l'avaient quitté, ils découvrirent ce qu'il restait du convoi des saltimbanques. Leurs roulottes s'étaient égayées, entraînées par les chevaux terrifiés, certaines s'étaient même renversées. Un cheval et une mule gisaient dans une flaque de sang, l'abdomen ouvert.

Grand Tom laissa échapper un gémissement désolé.

– Pauvres bêtes, soupira-t-il en caressant leur crinière. Si le Ravageur ne les avait pas prises pour cible en premier, il aurait probablement eu le temps de faire un carnage parmi nous avant votre arrivée.

Il se redressa et rassembla ses troupes d'une voix de stentor.

– Allez, tout le monde au boulot, ordonna-t-il, il faut tout remettre en ordre avant que la nuit tombe !

Eliz proposa leur aide et tous œuvrèrent de concert. Les montures qu'ils avaient dû abandonner pour prendre part au combat furent retrouvées à bonne distance, broutant l'herbe rase, regroupées en troupeau avec les animaux en fuite des bateleurs.

Les blessés furent soignés, les roulottes redressées, les roues cassées réparées et les montures déharnachées, rassurées et bouchonnées. Quand toutes ces tâches essentielles furent terminées, Eliz alla trouver Razilda qui nettoyait les sabots de son cheval à l'écart. Le geste suspendu, elle pressait une main contre sa tempe, le visage douloureux.

– C'est bon ? lui lança Eliz sans préambule. On peut s'occuper de toi maintenant ?

La Jultèque sursauta comme une enfant prise en faute. Elle laissa retomber sa main et ses traits reprirent leur impassibilité coutumière.

– Comment ça ?

– Ta blessure, dit Eliz, en lui appuyant sur le bras du bout du doigt. Faudrait peut-être la soigner, non ?

La Jultèque tressaillit et esquissa un geste agacé.

– Oui, oui, je vais m'en occuper.

– J'ai amené de quoi, insista Eliz, je vais t'aider.

Les deux femmes s'installèrent sur des blocs de rochers mousseux non loin de là. Razilda ôta son manteau et sa veste déchirés et remonta avec précaution la manche de sa chemise. L'estafilade était longue, mais heureusement peu profonde grâce à l'épaisseur de vêtements qu'elle portait. Eliz commença par nettoyer la plaie.

– Comment tu te sens ? lui demanda-t-elle avec un coup d'œil incisif.

Razilda haussa les épaules avec indifférence.

– Ça pique et ça lance, mais j'y survivrai, j'ai connu pire.

– Je ne te parle pas de ta blessure, s'impatienta Eliz. Je sais bien que tu n'en es pas à ta première ! Je parle de toi, de manière générale. J'ai trouvé que tu ne te battais pas comme d'habitude. Je vois bien qu'il y'a quelque chose qui cloche.

Razilda se troubla et détourna les yeux.

L'embarras de répondre lui fut épargné lorsque des éclats de voix leur parvinrent. Elles tournèrent la tête vers la source de l'altercation et aperçurent Kaolan et Saï qui s'étaient éloignés afin de profiter des dernières lueurs du soleil pour tirer quelques flèches. Toutefois, ils semblaient avoir complètement oublié leur arc. Ils se tenaient face à face et s'invectivaient mutuellement. Avec la distance, la teneur de leur propos leur échappait complètement.

– C'est pas possible ! protesta Eliz incrédule. Ils en sont encore là ! Je croyais que ça allait mieux entre eux ces derniers temps ! Vaut mieux s'interposer avant qu'ils se sautent à la gorge.

Bien décidée à rétablir l'ordre et la sérénité à l'intérieur du groupe, elle se leva et partit à grands pas, Razilda sur les talons.

– Attends ! la retint la Jultèque après quelques pas. Écoute mieux.

Bras croisés, moustache frémissante, Kaolan exprimait son désaccord avec un emportement dont elles n'avaient jamais étaient témoins.

– Ce n'est pas une raison ! s'exclama-t-il. C'était dangereux et irréfléchi. Eliz a failli avoir une attaque !

Saï n'entendait visiblement pas se laisser sermonner comme une enfant. Offensée des doutes de Kaolan à son égard, ses yeux luisaient de colère.

– C'est pas de ma faute si elle me fait pas confiance ! s'énerva-t-elle. Je t'ai dit que je savais parfaitement ce que je faisais ! Tempête était là, j'avais foi en lui !

– Vous n'aviez jamais fait ça avant ! N'importe quoi aurait pu mal tourner !

– Je m'excuse de n'avoir pas eu le temps de m'entraîner à tomber d'une falaise plus tôt ! Tu aurais préféré que je me laisse transpercer par le Ravageur, peut-être ?

Razilda entraîna Eliz en arrière pour laisser un peu d'intimité aux deux jeunes gens.

– Tu vois, dit-elle. Ils ne sont pas en train de se jeter à la tête leur origine respective ou les griefs de leur peuple. Ce sont juste deux amis qui ont des divergences de points de vue et qui s'inquiètent l'un pour l'autre. Un peu comme nous, en somme. Laissons-les régler ça tous seuls, comme des grands.

Eliz hésita, mais comprit le bien-fondé de ses paroles. Elle finit par acquiescer et se rassit pour terminer de bander le bras de la Jultèque.

Lorsqu'elles revinrent vers le campement, les derniers rayons du soleil disparaissaient derrière les collines.

– Vous resterez bien avec nous pour la nuit ! leur proposa Grand Tom. Nous pensions organiser une petite fête pour vous remercier de nous avoir tirés d'affaire !

Eliz accepta de bonne grâce et personne ne trouva à y redire.

***

Ils s'étaient installés près d'un bosquet à quelques toises du chemin. Les saltimbanques avaient disposé leurs roulottes en cercle, et avaient allumé un grand feu en son centre. Une appétissante odeur de ragoût commençait à se répandre. Comme ils y avaient été invités, les compagnons se mêlèrent aux artistes. Ceux-ci parlèrent volontiers des numéros qu'ils exécutaient et des villes qu'ils avaient traversées. Eliz tâta le terrain de quelques questions prudentes, tentant d'apprendre où allait leur allégeance et ce qu'ils pensaient de la situation actuelle. Grand Tom lui expliqua que les bateleurs étaient assez indifférents à la présence des Sulnites. Les soldats les laissaient en paix, et c'était bien là tout ce qui leur importait. En tant que nomades, ils avaient l'habitude d'être regardés de travers et accusés de tous les maux qui frappaient les villages à leur passage. Aussi gardaient-ils une prudente neutralité et refusaient-ils de s'investir dans toutes affaires qui ne les concernaient pas. Eliz n'insista pas et abandonna vite l'idée de les recruter pour la Résistance. Avec regret, car leur capacité à rassembler des informations aurait sûrement été sans prix.

Lorsque les écuelles furent vides et les ventres bien remplis, une jeune fille, frêle et blonde se mit à chanter d'une voix ensorcelante. Le brouhaha des conversations s'effaça pour faire place à un silence attentif. Un adolescent dégingandé à la peau sombre se leva alors, et commença à jongler avec deux pommes. Il commença à déambuler autour du feu, choisissant de temps à autre un nouvel objet parmi les spectateurs. L'un après l'autre, une fourchette, un couteau, un gobelet allèrent rejoindre les pommes qui voltigeaient au-dessus de sa tête.

Ravi à l'idée de cette représentation improvisée, un couple d'une trentaine d'années se leva en se tenant par la main. L'homme mit un genou en terre. Sans le lâcher, sa compagne prit appui sur sa cuisse et bondit légèrement jusqu'à se trouver en équilibre sur ses mains, la tête en bas. Elle enchaîna alors les acrobaties gracieuses, se tenant à la force des poignets.

Sa dispute avec Kaolan déjà oubliée, Saï s'émerveillait de tout. Elle applaudissait avec enthousiasme, prenant garde à ne pas réveiller l'enfant qui s'était endormie entre ses pieds. Assise à côté d'elle, une petite vieille lui sourit avec bienveillance. Celle-là même qu'elle avait relevée dans sa fuite. Ses longs cheveux blancs étaient tressés de plumes et d'une multitude de perles colorées.

– Tu as l'air de bien t'amuser, jeune fille, remarqua-t-elle d'une voix grave et mélodieuse.

– Oh oui, madame, confirma la Derujin. Il y a longtemps que je n'avais assisté à un tel spectacle.

La vieille dame rit.

– C'est toujours motivant d'avoir des spectateurs passionnés ! Tu devrais voir une de nos représentations entières, avec les costumes, les effets spéciaux et tout le tralala. Sais-tu que j'effectue également un numéro ?

– Vraiment ? l'interrogea aussitôt Saï avec curiosité. Et que faites-vous ?

– Je lis l'avenir, répondit la petite vieille sur un ton mystérieux. Veux-tu essayer ?

Elle tendit sa main ridée, les yeux pétillants de malice. Avec un frisson d'excitation, Saï y posa la sienne, paume vers le haut.

La voyante l'observa longuement, suivant les lignes du bout du doigt.

– Intéressant, très intéressant, finit-elle par murmurer. Tu suis un chemin que tu es la première à parcourir. Il est ardu, mais tu ouvres la voie pour les suivants. Et pour cela, ton nom passera à la postérité.

La vieille femme releva la tête et regarda Saï bien en face.

– Persévère et suis ce que ton cœur te dicte. Tu as le pouvoir de faire changer les choses, pour le meilleur. Ta main est réellement étonnante, mon enfant, dit-elle encore à la jeune fille stupéfaite.

– C'est... c'est vrai ? balbutia Saï, les yeux exorbités.

– Évidemment, je ne vais pas vous remercier de nous avoir sauvés de ce monstre en vous racontant des sornettes ! fit mine de s'indigner la voyante.

Les compagnons s'étaient instinctivement regroupés, comblant les espaces laissés entre eux par les artistes en pleine représentation.

Assise à la droite de Saï, Hermeline n'avait pas perdu une miette de la conversation. Elle se pencha en avant, les yeux brillants à la lueur des flammes.

–S'il vous plaît, pourriez-vous lire aussi mon avenir ? demanda-t-elle en tendant la main à travers les genoux de Saï.

La voyante s'en empara sans se faire prier.

– Eh bien, qu'avons-nous là ? dit-elle après un instant de concentration. En voilà, une noble main. Je vois un grand deuil, de la douleur et de la colère. Cela va te changer. Je vois de nombreux dangers autour de toi également. Si tu parviens à les surmonter, et à y survivre, c'est un futur glorieux qui t'attend. Les gens se rappelleront ton nom.

La vieille femme se tut et releva la tête pour la dévisager d'un air étrange.

– Vous voyez tout ça dans ma paume ? interrogea Hermeline avec scepticisme.

– Dans tes yeux également, ils ne sont jamais silencieux, continua la voyante. C'est très intrigant, vos deux mains sont... uniques. Votre groupe n'est-il composé que de personnes aussi extraordinaires ?

– Voulez-vous vérifier ? intervint alors Yerón, assis à sa gauche, tendant sa main avec un sourire charmeur.

– Aha, voyons ça, jeune homme, seras-tu à la hauteur de tes amies ?

Et pour la troisième fois, elle se plongea dans l'examen de la paume tendue. Elle finit par dire avec étonnement :

– Ta main est tout aussi intéressante. Je vois de la curiosité, beaucoup de curiosité et un grand mystère. Un mystère dangereux, que tu n'es pas le seul à avoir voulu dévoiler. Pourtant, si tu y parviens, tu seras le premier et la reconnaissance que tu désires sera tienne, pour toujours.

La vieille femme fit une pause. Ses sourcils se froncèrent et son regard se promena entre les trois jeunes gens.

– Mais qui êtes-vous au juste ? demanda-t-elle. Comment des destins aussi peu communs peuvent-ils se retrouver ainsi entrecroisés ? Je ne devrais peut-être pas en être surprise. Je vois bien que vous n'êtes pas tous rivenz, et après avoir assisté à vos prouesses, il n'est guère étonnant que vos mains reflètent vos capacités extraordinaires.

Soudain mal à l'aise, les jeunes gens échangèrent des coups d'œil d'avertissement. Même si le combat contre la créature en avait déjà beaucoup révélé sur eux, il ne faudrait pas que la vieille voyante en apprît encore davantage à leur sujet.

– Cela paraît improbable. Nous formons peut-être simplement plusieurs facettes de la même destinée, commença Yerón prudemment.

– Nos mains ne sont sûrement que le reflet de celle d'Eliz. C'est elle la plus héroïque, ici, lança alors Saï soucieuse de détourner l'attention de leur personne.

Pour la peine, elle reçut un coup de coude dans les côtes.

– Tu ne nous aides pas du tout, là ! lui souffla Hermeline.

Avec avidité, la voyante se tourna alors vers Eliz, assise de l'autre côté de Yerón. De façon très surprenante, la guerrière se troubla et enfouit ses mains entre ses cuisses.

– Non merci, vraiment, je crois que je préfère ne rien savoir de ce que le futur me réserve, dit-elle avec un vague sourire d'excuse.

À la droite d'Hermeline, Kaolan semblait aussi peu empressé qu'Eliz d'avoir un aperçu de son avenir.

– On ne sait jamais, ça peut t'aider, tu devrais tenter le coup ! lui glissa Saï dans un murmure qu'elle pensait discret.

Kaolan dut convenir qu'elle n'avait pas tort. Après tout, il en était à un point où la moindre piste avait son importance. Aussi tendit-il sa main à contrecœur. La petite voyante s'en empara. Son sourire avenant se crispa soudain.

– Je vois beaucoup de souffrances et une noble quête, annonça-t-elle finalement avec une certaine réticence. Ton sens du sacrifice sera sollicité et... tu auras un choix capital à faire. C'est... c'est tout ce que je vois, je suis désolée. Je n'ai pas l'habitude de lire dans une main telle que la tienne.

Un silence pesant s'abattit tandis que Kaolan regardait sa paume avec inquiétude. Pour y couper court, Razilda, à l'extrême gauche du groupe, se décida à son tour.

– Si cela ne vous dérange pas, j'avoue que je suis curieuse, dit-elle abruptement, ne doutant pas que ses paroles seraient trop cryptiques pour révéler quoi que ce fût à ses amis.

Elle étendit son bras par-dessus les jambes de ses compagnons. La petite voyante semblait ravie de la diversion et se mit aussitôt à scruter la paume de la Jultèque.

– C'est une main très ouverte que vous avez là, commenta-t-elle. Je vois beaucoup de possibilités, et des décisions difficiles. Oh, je vois une couronne, c'est très surprenant. Non, non, laissez-moi votre main. Mais ce n'est pas la voie que vous avez choisie. Intéressant, c'est sur la voie de l'amour que vous vous êtes engagée.

Razilda eut un bref rire incrédule.

– Voyons, c'est ridicule, dit-elle avec condescendance. Vous devez vous méprendre.

La voyante lui sourit.

– Je n'avance jamais rien dont je ne sois sûre. Vous aussi, vos yeux vous trahissent, répondit-elle avec malice. Vous verrez bien ce qu'il en est. Il ne tient qu'à vous d'obtenir ce que vous n'avez jamais osé croire possible.

Puis elle se releva, avec une vivacité inattendue pour son âge, et gratifia les voyageurs d'une légère courbette.

– Je vous remercie d'avoir partagé avec moi ces instants à venir. Il se fait tard, je vous souhaite une bonne nuit.




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