Chapitre 11

Elle se trouvait dans une drôle de pièce. Il y avait des étagères remplies de livres usés et décrépits. Au centre, trônait un bocal où nageait tranquillement un étrange poisson. Diana s'approcha. Il possédait des écailles noires brillantes, et des yeux globuleux et rouges comme le sang. Il ouvrit une gueule pleine de crocs et cracha dans son aquarium ce qui ressemblait à un bout d'os. Diana décida d'aller inspecter les bibliothèques calées contre les murs, car cette ignoble poisson la dégoûtait. Elle prit un livre au hasard et l'ouvrit vers le milieu. Une abjecte forme noire s'en échappa en poussant un cris strident. Les pages étaient blanches comme la mort.

– Diana. Appela une voix inconnue.

De surprise, elle laissa tomber le livre. Elle aurait juré qu'elle était seule ici. Les pages se plièrent sans bruit. Elle se retourna. C'était le poisson. Elle était sûre que c'était le poisson.

– Qui es-tu ? Hurla-t-elle, apeurée.

Le monstre d'écailles se mit à grandir. Ses nageoires se changèrent en jambes, et un pied palmé sortit du bocal, suivit d'un deuxième. Sa tête de poisson prit forme humaine, son buste s'allongea et des bras en sortirent, comme une cellule se divisant en deux. De l'eau tombait sur le sol, jusqu'à mouiller le livre que Diana avait lâché. Le poisson, désormais homme, avança la main, dans un geste de supplication. Non, pas de supplication. Il ordonnait qu'on lui rende ce qui lui appartenait. C'était une revendication. Un rictus horrible déformait son visage. Ses cheveux étaient mi-long, à hauteur de la nuque, et gorgés d'eau. Ses iris rouges rappelaient ceux du poisson, et les contours des yeux, normalement blancs, étaient plus sombres que la nuit. La peau de cette homme semblait glissante et parsemée de minuscules écailles noires.

– Je suis Shu le Pourpre, le démon de la Vengeance. Et tu es venue pour me libérer.

– Non !

– Non ?

Le Pourpre s'avança jusqu'à faire reculer la ninja contre une étagère pleine de livres. Certains tombèrent, et disparurent, engloutis par l'eau. Diana se rendit compte que le niveau de l'eau avait brusquement monté, et lui arrivait maintenant aux genoux. Le démon attrapa violemment la main gauche de la femme.

– Cette bague, c'est mon ticket de sortie. Elle me permet de me matérialiser dans le monde des hommes. Et toi, tu es la seule depuis mille ans à être capable d'utiliser son pouvoir. Tes cheveux en sont le signe. Tu es une Uchiwa, n'est-ce pas ? Ne t'es-tu jamais demandée pourquoi tes cheveux n'étaient pas noirs ? C'est le signe de ta supériorité, de ta puissance unique ! Tu es la seule que je ne puisse tuer, sous peine de retourner dans mon monde originel.

– Je ne te libérerais pas !

Shu éclata de rire.

– Mais si ! Tu auras besoin de moi. Je suis le démon de la Vengeance, et je lis dans ton cœur comme dans un livre ouvert. Tu souhaites la mort d'Itachi ? Alors, ouvre la Porte !

– Quelle porte ?

Soudain, l'eau submergea Diana. Elle ne vit plus rien. Elle nagea vers le haut, en quête d'air. Longtemps. Trop longtemps. Bientôt, elle suffoqua et se noya. Elle sentit son corps tomber tout au fond. Ses poumons remplis d'eau la faisait souffrir. Elle ferma les yeux.

Et les rouvrit. Elle se trouvait sur une sorte d'île de moins de cinq mètres carrés, entourée par de l'eau à perte de vue. Au-dessus d'elle, un toit de pierre, comme une grotte sous-marine. On eut dit un lac souterrain. Et sur l'île, la Porte. Elle était arrondie, faite dans un métal sombre et luisant, indéfinissable. Elle semblait flotter dans l'air, à une dizaine de centimètres du sol. Il n'y avait pas de poignée. Diana sentait une présence maléfique de l'autre côté.

– Je ne veux pas ouvrir cette Porte.

Comme en réponse, l'eau jusque-là calme se mit à tourner autour de l'îlot solitaire. Des vagues immenses et menaçantes. Diana commença à douter de la réalité de ce qu'il lui arrivait. Un poisson démoniaque qui parle et se transforme en homme amphibien, une bague qui aurait le pouvoir de libérer Shu le Pourpre, démon de la Vengeance, une porte qui flotte qu'elle seule peut ouvrir, et maintenant, de l'eau qui bouge toute seule ! Trop, c'est trop.

– Je dois être en train de rêver.

Et comme si ces mots étaient pourvus de magie, le tsunami s'arrêta d'un coup. L'eau était figée, chaque gouttelette refusait de tomber. C'était une île au milieu d'un cyclone sur pause.

Diana cligna des yeux.

Elle se réveilla dans les bras d'un ninja aux cheveux argentés, qui la regardait en souriant.

– Bien dormis ?

Le rêve étrange de Diana s'estompa, comme un dessin qu'on gomme d'un seul trait. Seule une sensation de malaise demeura, comme une peur tapie, quelque chose d'oublié qui un jour ressurgira.

– Je crois avoir fait un rêve bizarre, mais je ne m'en souviens plus.

– Surtout ne me remercie pas de t'avoir servi d'oreiller.

– Pardon Kakashi ! Excuse-moi ! Rougit-elle, gênée.

– Je plaisantais.

Kakashi s'ébouriffa les cheveux et bailla. Il sortit d'on ne sait où un bouquin et se mit à le lire. Diana se leva et regarda le ciel. Le soleil apparut à l'horizon. C'était l'aube d'un nouveau jour, peut-être même le dernier. Sa décision était prise. Il lui fallait mettre un terme à sa souffrance.

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