Chapitre 17

J'observe Mme. Santos remettre de l'ordre dans la classe en redressant plusieurs chaises que j'ai fait tomber en me battant avec Dylan, bien que je ne me suis pas vraiment battue avec lui si on y pense, il n'a même pas su se défendre.

Je suis assise sur une des rares chaises que je n'ai pas renversée et regarde par la fenêtre. Le temps dehors s'assombrit, de gros nuages noirs ont fait leur apparition en l'espace de quelques minutes et on peut entendre le vent souffler. L'atmosphère est chargée d'électricité ce qui m'amène à penser qu'une tempête se prépare.

Je baisse légèrement les yeux lorsque deux petites lumières attirent mon regard non loin du bâtiment. Les poils de ma nuque se hérissent lorsque je me rends compte que ce ne sont pas des lumières mais que ce sont deux yeux qui m'observent, des yeux jaunes, un Alpha. Il ouvre la bouche et murmure quelque chose que je parviens à entendre grâce à mon ouïe surdéveloppée.

— La tempête arrive plus vite que tu ne le penses, chuchote-t-il en reculant.

Les battements de mon cœur s'accélèrent et je peux sentir la peur émaner de mon propre corps. Je suis pétrifiée et n'ose même plus respirer. Dans le brouhaha de l'orage qui est sur le point d'éclater, je parviens à distinguer un rire, un rire qui ne te rassure pas le moins du monde quand tu l'entends, un rire de fou.

Je percute enfin et comprends qui j'ai en face de moi.

— Dan... dis-je en murmurant.

Je sursaute lorsqu'un coup de tonnerre se fait entendre et observe le visage de Dan lorsqu'un éclair se dessine dans le ciel me permettant de mieux l'apercevoir. Ce moment ne dura qu'un instant mais je pu apercevoir une large cicatrice qui lui barrait le côté gauche de son visage. Une cicatrice qui n'a pu être fait que par un autre loup-garou, un loup-garou puissant.

Je sursaute à nouveau en détournant les yeux de Dan lorsque Mme Santos, dont j'avais totalement oublié la présence, s'assoie à côté de moi.

— Pas de panique, me dit-elle d'un air qui se veut rassurant, ce n'est que moi.

Je ne réponds pas et regarde à nouveau par la fenêtre à l'endroit même où Dan se tenait. Les quelques secondes pendant lesquelles j'ai détourné le regard lui ont permis de s'échapper.

Je me penche pour avoir une meilleure visibilité et regarde de tout côté pour voir si je l'aperçois mais il n'y a personne. L'endroit est désert.

— Althéa, me dit ma professeure, qu'est-ce qu'il y'a ? Qu'est-ce que tu regardes ?

Je regarde une dernière fois par la fenêtre avant de détourner le regard.

— Rien... Je... Rien, lui dis-je d'une petite voix.

Elle me regarde un instant avant de prendre mes mains.

— Tu trembles, me dit-elle l'air inquiète, et tes mains sont glacées.

Elles serrent mes mains dans les siennes tout en les frottant énergiquement pour les réchauffer. Je ne bouge pas et laisse la chaleur de ses mains me réchauffer. Mes tremblements diminuent peu à peu avant de disparaître.

Un autre coup de tonnerre se fait entendre mais je ne sursaute pas. Sa présence me rassure. C'est idiot non ? C'est moi le loup-garou, c'est moi l'Alpha et par conséquent, c'est moi la plus forte et la plus puissant de nous deux, et pourtant, c'est sa présence à elle qui me rassure. On aura tout vu.

— Tu te sens mieux ? me demande ma prof de math en me tendant une éponge pour que je puisse rincer mes mains toujours recouvertes du sang de Dylan.

Je hoche la tête sans savoir quoi lui répondre et commence à nettoyer mes mains.

Je ne comprends pas pourquoi elle se comporte comme ça avec moi. C'est vrai, après tout, je viens d'exploser à coup de poing l'un de mes camarades de classes, c'est lui qu'elle devrait rassurer, pas moi.

— Pose ta question, me dit-elle en me regardant, je sais que tu as quelque chose à me demander, alors pose ta question.

Je penche ma tête de côté en me demandant comment elle a pu deviner.

— Je te l'ai dit Althéa, me dit-elle avec un sourire amusé, je te connais.

Je soupire en réalisant que c'est vrai. Elle me connait, elle me connait un peu trop même.

Je réfléchis quelques secondes avant de prendre mon courage à deux mains.

— Pourquoi vous êtes là ? lui demandais-je, pourquoi vous m'aidez ? J'ai les mains couvertes du sang de Dylan après que je...

Je ne parviens pas à finir ma phrase à cause de la culpabilité que j'éprouve à ce moment précis.

— Après ce qu'il s'est passé, continuais-je, et pourtant, vous êtes là. Pourquoi ?

Elle semble réfléchir afin de me donner une réponse convenable.

— Parce que je te connais, me dit-elle, je te connais et je sais que tu n'es pas quelqu'un de violent.

Je baisse la tête, si elle savait ce que je suis vraiment, elle ne dirait pas ça.

— La personne que j'ai vu aujourd'hui, me dit-elle, et la personne que j'ai vu aujourd'hui et que je vois à l'instant devant moi, c'est une personne qui a l'air de porter le poids du monde sur les épaules et qui, l'espace d'un instant, n'a pas su continuer à le faire. Tu ne dois pas t'en vouloir, ça arrive à tout le monde. Et puis, entre nous, il l'avait mérité.

Je ne réponds toujours pas et garde les yeux baissés en esquissant un petit sourire.

— Regarde moi s'il te plaît, me demande-t-elle d'une voix si douce que j'en ai des frissons.

Voyant que je ne bouge pas, elle passe deux doigts sous menton afin de relever ma tête et plonge sons regard dans le mien.

— Tu mérites qu'on t'accorde une seconde chance, me dit-elle, voilà pourquoi je suis là.

Une larme coule le long de ma joue tant ses paroles me touchent en plein cœur. Elle me sourit et je sens mon cœur fondre. Elle passe sa main sur ma joue et essuie la larme à l'aide de son pouce. Je ferme les yeux pour mieux apprécier ce contact et pose ma main sur la sienne. J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine tant il bat fort. Lorsque je rouvre les yeux, elle se tient toujours immobile en me regardant avec une infime tendresse.

Je me permets d'observer l'ensemble de son visage pour essayer de retenir le plus de détails de son visage lorsque mes yeux s'attardent sur ses lèvres. Je sais que je ne devrais pas, mais je dois bien me rendre à l'évidence que j'en meurs d'envie.

Sa main qui était toujours posée sur ma joue glisse lentement, me procurant ne nombreux frissons, pour venir se loger dans ma nuque. Elle exerce alors une certaine pression avec sa main et m'attire vers elle. Je m'avance lentement en posant une main sur sa cuisse pour prendre appui et plonge mon regard dans le siens. Mon visage est si proche du siens que je peux enfin sentir son souffle sur mes lèvres. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres, je peux entendre mon cœur et le siens battre de plus en plus vite, je n'ai plus qu'un pas à faire pour sceller nos lèvres. Je ferme les yeux et effleure ses lèvres lorsque quelqu'un toque à la porte nous faisant sursauter toutes les deux. Nous nous écartons immédiatement en comprenant ce qu'on était sur le point de faire. Elle passe une main sur son visage, chose qu'elle fait lorsqu'elle est particulièrement gênée, et n'ose plus me regarder dans les yeux.

Je soupire en me disant que c'est surement mieux ainsi.

— Amélia, dit une voix que je reconnais comme étant celle de mon éducateur, je peux entrer ?

Ma professeure s'éloigne un peu plus de moi et pose les yeux sur moi. Je la regarde également mais ne parviens pas à deviner à quoi elle pense. Elle tourne alors son regard vers la porte et je me laisse tomber contre le dossier de ma chaise en soupirant.

— Tu peux rentrer Julien, lui dit-elle.

La porte s'ouvre et Mr Duval, mon éducateur, rentre dans la classe. Son regard se pose d'abord sur ma professeur de math.

— Elle va mieux ? lui demande-t-il.

Elle hoche la tête en me regardant.

— Très bien, me dit Mr Duval, tu vas devoir me suivre dans mon bureau Al. J'ai besoin d'explications sur ce qu'il s'est passé avec Dylan.

Je soupire et me lève de ma chaise sans rien dire.

— Je te remercie Amélia, dit mon éducateur, d'être resté avec elle.

— Pas de problème, lui répond-elle.

Il fait demi-tour et sort de la pièce. Je le suis et sort à mon tour de la salle après avoir jeté un dernier regard à Mme Santos.

Je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il se serait passé si mon éducateur ne nous avait pas interrompues. On aurait surement fait une énorme erreur qu'on aurait regretté, elle plus que moi. Moi, je n'ai rien a perdre après tout, sauf elle peut-être.

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— Tu as fait quoi ? Me demande Alex abasourdi.

— Ne prend pas cet air avec moi Alex, lui répondis-je, je viens déjà de passer un sal quart d'heure, je n'ai vraiment pas envie que tu en rajoutes.

Je dépose mon sac à terre et me laisse tomber dans mon canapé après avoir retiré mes baskets et ma veste trempés à cause de l'orage qui fait rage à l'extérieur.

— Tu as eu une sanction ? me demande Blair qui à l'air d'aller mieux depuis hier.

— Une semaine de renvois, lui répondis-je, j'ai de la chance de m'en sortir à si bon compte. Je pensais qu'ils allaient me renvoyer définitivement de l'école.

J'entends les jumeaux soupirés dans mon dos.

— Al, commence Alex, tu...

Je lève la main d'un coup sec pour l'interrompre, le regard noir.

— Écoute, lui dis-je, je sais très bien que je n'aurais pas dû perdre le contrôle. Mais ce qui est fait est fait, je ne peux pas revenir en arrière alors j'aimerais qu'on arrête d'en parler.

Je vois bien qu'il a envie d'en rajouter mais ne s'y risque pas en voyant le regard noir que je lui lance.

— Et Mme Santos ? me demande Jake.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, il ne peut pas être au courant.

— Quoi Mme Santos ? lui demandais-je à mon tour.

— Qu'est-ce qu'elle a dit ? me demande-t-il.

J'ai eu chaud.

— Elle était de mon côté, lui dis-je en haussant les épaules et en essayant de paraître la plus naturelle possible.

Jake hoche la tête mais n'ajoute rien, il semble réfléchir.

— Heureusement qu'elle était là, me dit Tyler, je ne sais pas si on aurait pu t'arrêter sinon.

Je repense à la façon dont elle a si facilement réussit à m'éloigner de Dylan. Il a suffit qu'elle me prenne dans ses bras pour me calmer instantanément.

— Je ne voulais pas la blesser, leur dis-je comme si c'était une évidence, vous, vous êtes entraînée à recevoir des coups, pas elle.

Les jumeaux n'ajoutent rien mais je sais qu'Alex soupçonne quelque chose. Quant à Blair elle me regarde avec un petit sourire en coin. Je l'ignore, ne voulant pas en discuter.

— Au fait, leur dis-je, si ça vous intéresse, je pense avoir aperçu Dan qui rodait autour de l'école.

Blair perd aussitôt son sourire et s'assoit à côté de moi sur le divan.

— Tu en es sûre ? me demande-t-elle apeurée.

Je hoche la tête en me remémorant cette rencontre qui n'a duré que très peu de temps. Mes poils se dressent immédiatement dans ma nuque en me rappelant son visage, sa voix, son rire et sa cicatrice... tout en lui est absolument terrifiant.

— Il t'a dit quelque chose, me demande Alex.

— Une chose, lui répondis-je, « La tempête arrive plus vite que tu ne le penses ».

Les jumeaux se regardent l'air inquiet.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? me demande Tyler.

— Ça veut dire Tyler, lui dis-je, qu'ils sont déjà là et prêt à passer à l'attaque. Je pense même qu'ils sont là depuis un moment.

—Qu'est-ce qu'ils attendent alors ? me demande Blair, pourquoi ils ne nous ont pas déjà attaqués ?

Je réfléchis une minute.

— Il y'a surement une raison mais laquelle, dis-je à voix haute, qu'est-ce qui les a empêchés de nous attaquer jusqu'à présent ?

Nous nous regardons tous en réfléchissant à toutes les possibilités.

— Un manque d'organisation ? propose Alex.

— Un manque d'informations peut-être ? Enchérit Blair.

— Une opportunité ? Ajoute Tyler.

Je continue de réfléchir en essayant de me mettre à leur place. Qu'est-ce que je ferai ?

— Une faille ? Dit Jake, une faille dans notre meute ou une faille de l'un d'entre nous.

Ça me frappe de plein fouet. Comment ai-je pu être aussi stupide. Blair semble percuter au même moment que moi et me regarde l'air inquiet.

— Une faiblesse, leur dis-je lentement, c'est ça qu'il leur manquait, une faiblesse. Et je pense savoir laquelle ils ont trouvés.

— Ne me dis pas que c'est ce que je pense ? me dit Alex en comprenant la gravité.

— De quoi tu parles Alex ? lui demande Tyler, Al de quoi il parle ?

Je n'ose plus bouger, je suis comme pétrifier de peur. Il nous a vu, Dan nous a vu, c'est évident.

— Al ! crie Jake, répond nous !

Je tourne lentement mon regard vers eux en sentant la panique me gagner.

— Mme Santos, leur dis-je en murmurant.

Tyler ne semble pas comprendre mais Jake oui.

— Mme Santos, répétais-je toujours en chuchotant, c'est elle ma faiblesse.

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Hello tout le monde ! :)

Chapitre tant attendu ! La relation entre Al et Mme. Santos progresse, dites-moi ce que vous en pensez en commentaire.

Et bien sûr, comme toujours, n'hésitez pas à voter, ça me fait vraiment plaisir. 

Encore merci de me lire ! ;)

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