❝ pour ne pas rester en arrière. ❞
nda - oui encore du fukumori parce que j'aime ces deux-là à un point phénoménal-
(et que huum tant de angst possible)
encore une fois, ce jour est un appel au angst- regardez les thèmes, c'était mille fois trop tentant- et j'aime beaucoup la façon dont il a tourné :) c'est une suite indirecte du premier jour, il est fait mention de la soirée de Francis et de leur baiser !
eeet oui c'est angst. très angst peut-être. mais jamais trop angst !
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« but it [is] harder for those traveling in pairs. No two people run at the same speed, so one [will] always fall behind. »
canon.
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« Patron ? » La voix de Yosano résonna dans le bureau plongé dans le silence depuis plusieurs heures. L'interpellé s'arracha à la contemplation d'une vieille photo pour dévisager sa subordonnée qui venait d'entrer dans le bureau de l'Agence des Détectives Armés. Il pensait que tous ses « enfants » étaient déjà rentrés chez eux, le laissant seul avec ses pensées.
« Yosano, quelque chose ne va pas ?
– Je venais juste chercher le paquet de bonbons de Ranpo. » Ses traits fins se tordirent en une moue blasée. « Il refuse de laisser son paquet ici parce qu'il est persuadé que vous allez les lui manger. » Ils observèrent un silence empli d'un jugement affectueux envers le meilleur détective auto-proclamé qui agissait comme un véritable enfant de trois ans.
« Tu peux le rassurer, je n'y ai pas touché.
– Je m'en doute. Je le soupçonne d'ailleurs de m'avoir envoyée ici pour une toute autre raison que pour que je vous empêche de piocher dans ses friandises. »
La jeune médecin de l'Agence plissa ses yeux magenta et observa avec attention son supérieur. Le président de l'Agence soutint son regard, tandis qu'un petit sourire naissait sur ses lèvres. Yosano était perspicace, pas autant que Ranpo forcément, mais elle se défendait bien dans ce domaine. C'était sans doute pour cela, d'ailleurs, qu'elle parvenait à tolérer suffisamment le détective au gavroche pour sortir avec lui depuis plusieurs mois sans qu'ils n'aient eu de réelles disputes – et tout le monde trouvait cela impressionnant compte tenu de l'habitude du détective de créer des tempêtes dans des verres d'eau.
« Alors, j'ai raison ? s'enquit la brunette au bout de quelques instants de silence.
– Ranpo aime se mêler de ce qui ne le regarde pas, n'est-ce pas..., souffla l'ancien membre du gouvernement en se levant du bureau sur lequel il était assis. Regarde. » ajouta-t-il en lui montrant une photographie usée par le temps, celle qu'il tenait dans ses mains depuis le début. Elle la détailla pendant quelques secondes avant de hausser un sourcil intrigué.
« C'est Mori et vous ? » Son ton s'était fait un peu plus tranchant sur le nom du parrain mais sa question était sincèrement curieuse.
« Oui. C'est une vieille photographie. Prise bien avant que tout ne change entre nous.
– Vous êtes d'anciens amis ? » L'homme aux cheveux argentés sourit tristement.
« D'anciens amants. »
L'aveu laissa la jeune médecin sans voix. Fukuzawa n'avait jamais dit à qui que soit la relation qu'il avait eue avec le parrain, mais il estimait que sa subordonnée méritait une réponse honnête de sa part. Il savait aussi que Ranpo avait parfaitement deviné les soucis qui l'assaillaient ces derniers temps, et qu'il avait envoyé Yosano le voir pour une bonne raison.
« D'anciens amants ? Vous et Mori ? répéta-t-elle, sous le choc.
– C'était il y a plus de dix ans, soupira Fukuzawa. C'est du passé. » La brunette fit la moue en fronçant les sourcils.
« À voir votre tête, on ne dirait pas.
– Je te remercie pour ce compliment. » Elle laissa échapper un rire moqueur.
« Je dis ça pour votre bien. Vous ne convaincrez jamais personne avec un mensonge aussi peu réaliste.
– D'accord, d'accord. Ce n'est pas du passé. J'aimerais que ce le soit, soupira-t-il ensuite.
– Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore ~ » lâcha la jeune femme avec un sourire grandement amusé.
Elle passa une main dans ses cheveux pour effleurer la barrette papillon qui les ornaient en permanence depuis que Ranpo la lui avait offerte, et finit par déclarer d'un ton plus sérieux :
« Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ?
– Tu n'as pas mieux à faire que d'écouter de vieilles histoires ?
– D'après mes messages, observa la jeune femme en consultant son téléphone, Ranpo ne veut pas me voir rentrer trop vite. Je crois qu'il tient à ce que je vous écoute. » Fukuzawa secoua la tête avec consternation en se promettant d'aller voir son protégé pour le sermonner et lui rappeler de s'occuper de ses affaires.
« Je ne comprends pas pourquoi il se sent obligé de chercher à m'aider.
– Parce qu'il vous adore. Et qu'il a deviné qu'il s'est passé quelque chose entre vous récemment non ? Vous ne ressortiriez pas cette photo sans raison. » souligna la détective en l'observant attentivement. Le quadragénaire maudit la perspicacité de ses employés – enfin, de la part de détectives, le contraire aurait été embêtant – et avoua :
« On s'est embrassés. Il y a peu de temps. »
Les yeux de Yosano s'écarquillèrent et le président de l'Agence des Détectives Armés se demanda où l'emmènerait cette conversation. Il n'avait jamais été du genre à se confier sur ses problèmes personnels, et il ignorait ce qui le poussait à le faire en cette soirée tranquille.
« À la soirée de Fitzgerald ?
– Pas directement au cours de la soirée devant tout le monde, si c'est ce que tu sous-entends, grimaça l'homme aux cheveux gris. Il avait trop bu. J'ai dû le raccompagner. Il a absolument voulu faire un détour par une plage importante. Et on a discuté. Un peu plus que discuté, rectifia-t-il.
– Et maintenant vous vous interrogez sur ce que vous devez faire.
– Exactement.
– Vous l'aimez ?
– Je n'en sais rien. Plus comme avant. »
Une part de lui avait, au fil des années, pris de plus en plus conscience de la monstruosité de cet homme dont il s'était autrefois grandement épris. Ses sentiments avaient changé, ce n'était pas un mensonge prononcé rapidement ce soir-là. Il était certain de ne plus éprouver exactement la même chose. Mais est-ce que pour autant il n'y avait plus aucune affection dans son cœur pour ce parrain de la mafia torturé ? Il l'ignorait.
« Pourquoi ne pas lui donner une chance ? finit par demander la jeune femme.
– Tu me demandes de donner une nouvelle chance à Ôgai Mori ? » Yosano haussa les épaules.
« C'est de vous qu'il s'agit, pas de moi.
– Je lui en ai déjà accordé deux. Une lorsque l'on s'est rencontrés. Une autre il y a quelques jours, pour qu'il me laisse au final tomber malgré tout.
– Peut-être que la troisième sera la bonne. »
.::.
Les mots de sa subordonnée laissèrent Yukichi songeur pendant plusieurs jours. Il repassait sans cesse les événements de ces deux soirées dans son esprit, celle où Mori et lui s'étaient embrassés et celle où il avait discuté de leur situation avec Akiko. Il ignorait quelle décision prendre.
Jamais deux sans trois, disait-on parfois. Devait-il réellement accorder le bénéfice du doute au parrain ? La première fois, douze ans plus tôt, ils avaient fini par irrémédiablement se briser le cœur. La seconde, au bord de la mer ce soir-là, ils n'avaient au final pas évolué avec. Mori avait agi comme si rien ne s'était produit ensuite, laissant leur baiser échangé s'envoler avec son taux d'alcool dans le sang et la brise marine.
Fukuzawa haïssait tergiverser, et ce depuis qu'il était jeune. Il n'hésitait pas. Il n'hésitait pas avant de dégainer son sabre pour prendre une vie autrefois. Il n'hésitait pas non plus aujourd'hui à le dégainer pour en protéger une. Mais Mori lui avait toujours fait considérer les choses six ou sept fois avant de les accomplir. Le parrain de la mafia était une énigme vivante qui ne semblait aimer qu'une chose : rendre les autres fous.
(D'amour ou de rage, c'était selon les personnes et les situations.)
Une semaine après la soirée de Fitzgerald et la mésaventure sur la plage, le président de l'Agence tomba sur son ancien amant au détour d'une ruelle sombre. Le soleil se couchait lentement, faisant irradier le ciel de somptueuses teintes orangées, et les lumières des réverbères s'allumaient progressivement pour se substituer au soleil.
Le crépuscule était la frontière entre le jour et la nuit, un moment à part selon lui. Symboliquement, l'Agence était également ce crépuscule, située entre le jour où la police régnait, et la nuit où la mafia portuaire se faufilait dans l'ombre. C'était l'équilibre des journées, l'équilibre parfait de Yokohama et de Sôseki Natsume, son maître.
Le parrain de la mafia était, chose inhabituelle, sans son pouvoir bien-aimé que Fukuzawa méprisait. Il ne parvenait pas à comprendre quelle affection pouvait-on bien éprouver pour un pouvoir aussi vil. Ce n'était pas une enfant innocente et mignonne, mais une capacité pouvant tuer un homme sans ciller. Elle n'avait pas de cœur – et son propriétaire, en avait-il seulement un ?
« Fukuzawa. » Le parrain l'avait repéré sans même se détourner du coucher de soleil qu'il observait, installé sur un banc comme un touriste normal. Il avait revêtu son accoutrement de médecin qui rappelait des souvenirs au Loup d'Argent.
« Mori. » Ils s'étaient appelés par leurs simples noms de famille, à mi-chemin entre la formalité qu'ils ajoutaient habituellement grâce aux suffixes respectueux et entre l'affection qu'ils exprimaient autrefois avec leur prénoms.
« Vous cherchez des chats à qui vous adresser ? demanda l'homme aux cheveux foncés avec une pointe de moquerie.
– Je préfère leur parler plutôt qu'à vous, répliqua l'homme aux cheveux gris avec sévérité.
– Quelle froideur.
– Vous êtes mal placé pour parler. Vous ne donnez que l'illusion d'être attentionné envers vos hommes.
– Ils ne me servent que pour l'argent.
– Pas tous, je pense. »
La plus grande partie des mafieux n'était sans doute intéressée que par l'argent en effet, mais Mori avait autour de lui des hommes – et des femmes – fiables et loyaux qui le servaient pour d'autres raisons, moins sordides... Il l'espérait en tout cas. Malgré toute la méfiance qu'il éprouvait envers l'homme, l'imaginer être toujours enfermé dans une solitude glaciale lui était douloureux.
« Non, pas tous, l'appuya le parrain avec une mélancolie inhabituelle. Certains ont d'autres motifs. Mais je ne doute pas qu'ils finiront par ressembler aux autres. Ou alors ils partiront. » Comme toi, ce non-dit flotta un instant dans le silence.
« Vous avez encore bu ?
– Non, laissa échapper l'homme après un rire amusé. Kôyô m'a suffisamment reproché ce qu'il s'est passé il y a quelques jours.
– Vous vous faites remonter les bretelles par vos hommes. Quel piètre chef d'organisation vous faites.
– Je ne prendrais jamais le risque de défier Kôyô. Elle trancherait ma pauvre Élise aussi impitoyablement que vous. » C'était un demi-mensonge, songea Fukuzawa en son for intérieur. Il était certain que Mori craignait sa cadette pour son pouvoir et ses talents, mais il ne croyait pas un seul instant qu'il serait complètement sans défense face à elle.
« Il est bon de savoir que je n'aurais pas besoin de m'occuper une nouvelle fois de vous complètement soûl.
– Je ne vous ai rien demandé.
– Ce n'est pas ce dont je me souviens.
– Je ne vous ai rien demandé consciemment, rectifia l'ancien docteur.
– Je ne voulais pas avoir votre mort sur la conscience.
– Voilà qui me semble déplacé compte tenu du fait que vous n'avez pas hésité à dégainer contre moi lorsque Fyodor Dostoevsky nous menaçait.
– Vous en avez fait de même. Et vous m'avez lancé un scalpel dans le cou. »
Leur combat était encore vif dans son esprit, et pas uniquement parce qu'il portait encore la marque du scalpel qui s'était enfoncé dans sa gorge, laissant une blessure peu profonde et étendue, mais fatale si le saignement avait duré trop longtemps. Il se souvenait aussi que, ce jour-là, il avait été prêt à tuer Mori. Il l'aurait fait à contrecœur, avec résignation, mais il se serait acquitté de cette tâche ingrate sans ciller.
Et Mori en aurait fait de même, et il avait failli réussir. Quelle qu'eut été la puissance de leurs sentiments des années plus tôt, il était indéniable qu'aujourd'hui, elle ne faisait plus le poids face au reste. Ils ne se feraient plus passer avant le reste comme autrefois. Yukichi n'était pas prêt à laisser passer Mori avant ses « enfants ». Et Ôgai n'était sans doute pas prêt non plus à laisser passer Fukuzawa avant les intérêts de la mafia portuaire.
« Tu te souviens de ce que le professeur Natsume nous a dit un jour ? » demanda-t-il soudainement, passant du vouvoiement impersonnel au tutoiement affectueux avec une facilité qui le déconcerta. Mori lui jeta un regard intrigué.
« Il me faudra plus d'indications pour m'en rappeler.
– Sur ceux qui avancent en duo. » Il n'eut pas besoin d'en dire plus ; il lut sur le visage de son interlocuteur qu'il avait parfaitement compris de quoi il retournait.
« « Deux personnes ne peuvent courir à la même vitesse. L'une restera toujours derrière. » », cita-t-il de mémoire.
Il ne dit rien d'autre, et Fukuzawa non plus. Cette phrase, dans toute sa simplicité, disait tout ce qu'il fallait dire. Deux personnes ensemble étaient condamnées à ne pas avancer exactement à la même vitesse. Mais si aucun d'eux ne voulait être celui qui serait derrière l'autre, alors il n'y avait aucune solution heureuse pour eux.
Pour rester à égalité, pour que l'équilibre perdure à Yokohama parce qu'ils étaient égaux, il fallait qu'ils restent à distance l'un de l'autre.
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