Lou était incroyable, elle se battait contre ses parents sans une once d'hésitation. On aurait dit qu'elle déversait sa colère. Et de la colère, elle en avait accumulé beaucoup, la jeune fille se déchaînait tel un ouragan vengeur.

Mais elle était trop faible. Je le voyais. Nous le voyions tous. Contre un seul de ses parents, elle aurait pu réussir. Seulement, être ensemble décuplait leur force et leur puissance, leur offrant des possibilités d'action que Lou ne possédait pas.

À ma droite, Call serrait les poings. Il essayait de se maîtriser pour ne pas voler à son secours. Mais ce n'était pas le bon moment. C'était le combat de Lou et celui de personne d'autre. Sa fierté d'Alpha la commandait de prendre sa revanche et de battre ses parents.

Cependant, la jeune louve était blessée : son épaule saignait abondamment et, malgré tout ses efforts pour le cacher, elle boitait de la patte avant droite. Son épaule était sûrement démise.

Je ne savais pas quoi faire et ne pouvais rien faire. Qu'est-ce qu'un Oméga comme moi avait le droit de faire de toute façon ? Seul Call avait le droit de décider, il était le Bêta factice de notre meute factice.

Lou était épuisée et, comme je le pressentais, elle se fit maîtriser. Son père déploya son aura et força la jeune fille à se retransformer, il fit de même tandis que sa mère la bloquait toujours au sol.
« Hé bien, tu vois j'avais raison, ricana-t-il, tu es faible. »
Elle grogna de rage.

« Je vous remercie Alpha Mickaël, lança une voix derrière nous. Au moins vous m'êtes encore fidèle. »
Nous nous retournâmes vivement et ce que je découvris me glaça de stupeur.
L'Ambassadrice était debout sur une branche, les ailes déployées et accoudée au tronc.
« Ce n'est pourtant pas grand chose, répliqua le père de Lou. »
L'Ange sourit :
« Allons bon, nous n'allons pas rester là à bavarder alors que nos invités attendent.
-Bien sûr, opina l'Alpha avec un sourire carnassier. »
Derrière nous, Mickaël se mit à grogner.
« Va trouver Phoenix, me murmura Call à l'oreille, on s'occupe d'eux. »
Je hochais la tête et dégainais mes épées. L'Ambassadrice se mit à rire sarcastiquement.
« Tu crois que tu peux la vaincre ? me lança-t-elle, parce qu'il faut que tu réussisses sinon, tu mourras. »
Je ne saisis le sens de sa phrase que lorsque je sentis une pointe sur ma gorge : Phoenix me tenait désormais en joug.

Mon cœur rata un battement quand je vis son état. Ses cheveux gris cendré étaient rouges de sang, ses yeux pourpres luisaient sauvagement. Elle avait dévoilé ses crocs et un rictus satisfait était plaqué sur son visage. Ses vêtements étaient sales et déchirés. Je serrais les poings autour des poignées. La voir comme ça me rendait malade. Mais qu'est-ce que l'Ambassadrice a bien pu lui faire subir ? Et plus j'enrageais plus cette dernière jubilait.
« Alors petit louveteau ? Qu'est-ce que ça fait de la voir comme ça ? me narguait-elle. Au fait, si tu veux savoir pourquoi ses yeux sont comme ça c'est à cause du sang d'Ange. Il est une sorte de drogue pour les vampires. Plus ils en boivent, plus ils en veulent et c'est très dur de se sevrer. »
Elle tapa dans ses mains joyeusement.
« Et si tu essayais de la battre là maintenant, épée contre épée ?
-Je pense que vous êtes folle. »
Cette remarque ne lui plut pas et son visage se renfrogna comme celui d'un enfant vexé.
« Carnage, donne-lui une leçon tu veux ? »
Et sans que je ne comprenne quoi que ce soit, Phoenix passa à l'attaque.

Je réussis à esquiver la première attaque et à parer la seconde. Puis, quand je crus qu'elle allait me lancer un coup d'estoc dans mon ventre laissé à découvert, elle recula. J'en profitais pour lancer les propres bottes que j'avais appris à la Maison du Sang. Elle les para avec facilité mais son endurance commençait à baisser ce qui m'étonna :
« Phoenix ? murmurais-je. »
Ses yeux s'écarquillèrent et elle se figea. Son épée s'appuyant contre la mienne.

Elle leva la tête et me regarda droit dans les yeux. Au-dessus de nous, l'Ambassadrice émit un bruit irrité et descendit de son perchoir avant de se diriger vers nous.
« L'oiseau daigne enfin descendre ? la provoquais-je.
-Fais attention, je ne suis pas un oiseau comme les autres, déclara-t-elle simplement. »
Puis, furtivement, elle sortit une épée courte de derrière son dos et m'attaqua. Surpris, je réagis lentement et elle me toucha au niveau de la clavicule droite, laissant une cicatrice rouge. Je lâchais un cri et Phoenix gémit aussitôt.
« Tu es faible louveteau, constata-t-elle, si la seule vue de ton Âme Croisée te déconcentre alors je devrais te battre facilement. »
L'Ange leva de nouveau son arme. Mais cette fois, j'étais prêt. L'épée de Phoenix bloquait toujours une des miennes et mon bras défensif commençait sérieusement à s'engourdir à cause du sang qui s'était échappé lors du combat contre les meutes. Alors je la lâchais et bloquais l'arme qui descendait vers moi avec le tranchant de l'arme de mon Âme Croisée. Les deux armes  furent bloqués puisque je maintenais la mienne vers le haut en laissant s'accumuler la pression tandis que l'Ambassadrice continuait son mouvement vers le bas. Elle voulait absolument me toucher et savait qu'elle n'aurait pas de seconde chance de s'approcher autant de moi.

Quand le point de rupture arriva, je sautais en arrière ce qui les déséquilibra toutes les deux. Me précipitant vers l'Ange, j'allais la toucher à la poitrine quand mon arme fut déviée. Le coup avait été si violent que je la lâchais et elle partit se perdre dans les fourrées. J'étais vulnérable et l'Ange s'était envolée. Phoenix me tenait de nouveau en joug.
« Décidément, tu es vraiment meilleure que moi, murmurais-je. »
Surprise, mon Âme Croisée relâcha un peu sa prise sur son épée.
« Allez Carnage, finis-le ! lui ordonna l'Ambassadrice. »

Phoenix leva son épée et au moment où elle allait continuer le trait tracé par l'Ange. Une voix l'arrêta.