Chapitre 48 : Lune et loup-garou

Lou regardait le corps de Raiden à travers la fenêtre de la chambre de l'infirmerie quand Call apparut et lui tendit un verre de soda. La jeune fille le prit et le regarda, sans le boire.
-Ne t'inquiètes pas, il va s'en sortir, la rassura-t-il.
-Je sais, mais le voir comme ça m'énerve au plus haut point. Si... Si on avait été plus vigilant... Samson n'aurait jamais pu nous surprendre de la sorte.
-Il nous a attaqué dans le dos Lou, tu le sais bien. On n'a rien pu faire.
-Justement, c'est ça qui m'énerve.
Soufflé, Call s'asseya sur le banc à côté d'elle et posa une main sur son épaule.

Nora et Aris sortirent à ce moment et se dirigèrent vers eux.

-Est-ce que ça va ? demanda la succube inquiète en voyant la triste mine de ses amis.

Lou, plongée dans ses pensées, ne répondit pas et Call secoua les épaules. Ils s'assirent alors avec eux et chacun prit la main de son voisin comme des enfants en quête de réconfort.

* * *

La ville est vide. Vide ? Oui, il n'y a plus personne. Les quelques maisons qui abritaient des familles sont tâchées de rouge et des corps gisent sur le sol trempé de sang.

Je voudrais rester encore. M'amuser un peu plus avec ces oiseaux. Mais ils ne sont plus là. Leur âme a quitté leur corps et leur yeux sont vides.

Des plumes blanches volettent autour de moi et se posent délicatement avant de se teindre de quelques gouttes de carmin. De ce liquide vermeille que j'aime tant.

Je regarde la lune pleine. Elle me procure un sentiment étrange de manque. Me rappelle des yeux bleus. Comme ceux que j'ai vu près de cette ligne blanche. Exaspérée, je secoue la tête et me met à courir hors de la ville.

* * *

Quelque chose me fait mal. Une douleur intense que j'ai l'impression d'avoir déjà vécue auparavant. Une brûlure sur mon ventre.

Mais je n'ai pas le temps de faire que ce soit que déjà, on m'amène devant elle. Elle, au visage de glace et aux yeux si froid. Mais quand elle me voit entrer, elle sourit.
« Je ne t'attendais plus Carnage. Comment ça s'est passé ? demande-t-elle. »
Mais je ne réponds pas. Elle sait très bien ce qu'il s'est passé et elle en est fière.

L'homme qui m'a conduit ici s'incline et nous laisse seule. En face de moi, elle se met à luire d'une lueur blanche puis, une fois ses ailes déployées, m'en entoure.
« Nous allons voir, Carnage, si tu as bien remplie ta mission ! »
Elle se penche vers moi et dans un feulement affamé, plante ses crocs dans mon cou. 

* * *

Je me réveillais en sursaut, le cœur battant la chamade. Reconnaissant l'infirmerie de l'orphelinat, j'essayais de me calmer.
« Tout va bien Raiden... Tu n'es pas mort... Ce n'était qu'un rêve... »
Un rêve qui m'avait paru si réel. La sensation de ces crocs dans ma gorge était toujours présente.

En soupirant, je me levais et m'habillais rapidement avant de me diriger vers le bureau de Mélusia.
« Bonjour Raiden, comment vas-tu ? me demanda-t-elle en me voyant entrer.
-Comme hier et avant-hier...
-Vas-tu me dire ce que tu as vu hier ? »
Je n'avais pas envie. Rien que de me souvenir  de cette vision horrible de Phoenix, j'avais envie de pleurer.
« Je... Je l'ai vu...
-C'est bien ce qu'il me semblait... As-tu réussi à toucher son âme ?
-...Non.
-Une sorte de vitre ? »
Je hochais la tête.
« Sais-tu ce que ça signifie ? questionna la Directrice.
-Que mon lien avec elle va se dissoudre ?
-Non Raiden, cette "vitre" est une séparation, comme un bouclier, qui vise à protéger l'un ou l'autre des Âmes Croisées. Si elle l'a érigé, sûrement par instinct, c'est qu'elle se savait en danger et qu'elle voulait te protéger. »
Je fermais les yeux.
« Phoenix... murmurais-je. »

Soudain, elle se tourna vers son ordinateur et pianota quelque chose à toute vitesse.
« Je te tiens... persiffla-t-elle, tu ne pourras plus m'échapper ! »
Je la regardais interdit :
« Lève-toi Raiden, il est l'heure de partir, je sais où elle est passée, il suffira de remonter la piste !
-Où ça ?! m'écriais-je plein d'espoir.
-Dans le premier monde, rassemble la meute dans le hall nous partons immédiatement ! »

Pourtant, au moment où j'allais quitter la pièce, elle me rappela :
« Au fait, je crois que tu t'es bien amélioré à l'épée non ?
-Et alors... »
Deux fourreaux apparurent sur le bureau.
« Tiens, elles sont pour toi. Porte-les dans ton dos, me dit-elle avec un sourire. »
Je les pris, incrédule :
« Mais...
-Chut, prends-les, elles sont en Ferétoile. »
J'acquiesçais et les accrochais dans mon dos. Puis je partis en courant rejoindre mes amis.

* * *

« Je te remercie, tu as bien travaillé, me félicite-t-elle. »
Je ne fais rien, mon ventre me brûle encore un peu et, par réflexe, je masse doucement l'endroit douloureux. Mais elle le remarque :
« Que t'es-tu fais ? Tu as mal ? »
Je hoche la tête, je n'ai pas le droit de lui mentir.
« Laisse-moi voir tu veux ? »
Elle me le demande sur le ton d'une question mais c'est en réalité un ordre. Elle prend mon t-shirt et l'arrache. Ce qu'elle voit la paralyse d'effroi.
« Impossible, murmure-t-elle. »
Stoïque, je baisse les yeux et réalise que ce qui provoque la brûlure est en fait un tatouage. Un loup est assis, la tête levée vers mon torse et la gueule entrouverte comme si il hurlait. Une larme semble perler au coin de son œil fermé et il est entouré de flamme.
« Quand est-ce que tu as eu ça ? siffle-t-elle visiblement en colère. »
Je baisse les yeux. Comprenant que j'y étais pour rien, elle soupire. Avant de me prendre dans ses bras.
« Laisse-moi encore dévorer ton sang ! gémit-elle avec souffrance. Cette brûlure dans ma gorge est insupportable ! »
Je ne bouge pas, alors elle plonge ses canines dans ma gorge.

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