Je les fis s'arrêter à la lisière de la forêt et laissais Raiden prendre la tête. Il renifla l'air et après m'avoir regardé pour avoir mon approbation, il s'engagea dans un sentier.

Nous le suivîmes sans un mot, quinze vampires derrière moi tandis que les autres suivaient Alphonse, un Garde que j'avais choisi pour cette mission. Les deux groupes étaient séparés de quatre mètres environ.

Au bout de quelques minutes, Raiden finit par nous mener à une maison en bois, camouflée dans la forêt. Je fis un signe et on l'encercla. J'envoya cinq vampires entrer et inspecter les lieux, mais je ne sentais aucune aura. Les loups étaient probablement déjà partis ou alors, ils savaient cacher leurs auras, c'était probable, mais l'odeur de loup était faible. Ma théorie se confirma quand les cinq vampires réapparurent et murmura un petit : <<RAS>> (rien à signaler). Raiden renifla le sol et partit dans une autre direction. Nous le suivîmes silencieusement.

***

"Parfait tout se déroule comme prévu, Alpha, murmura un homme
-Oui, et maintenant, hâtons-nous de rejoindre le reste de la meute, si j'ai bien estimé, ils étaient entre vingt-cinq et trente.
-D'accord Alpha"
Doucement, ils se transformèrent en deux loups puissant, l'un brun clair et l'autre gris et ils sortirent des fourrés, galopant dans le sens inverse des Gardes Royaux afin de rejoindre le reste de la meute.

Une fois arrivé au point de rendez-vous, l'Alpha grogna tout doucement et alla se cacher dans les fourrés. Il y eut un peu de bruit, mais au bout de quelques secondes, tout redevint calme. Si un humain passait par là, jamais il n'aurait deviné qu'une meute de vingt-sept loups se cachait là.

***

Nous étions dans la forêt depuis maintenant un quart d'heure tournant en rond comme de pauvres humains perdus quand Raiden s'immobilisa.
"Que se passe-t-il ? demandais-je inquiète
-Leurs traces s'arrêtent là, répondit-il anxieux, leur odeur est faible, mais constante. C'est comme si ils étaient là, dans les fourrés."
Je scrutais les alentours, il n'y avait rien. Pas un souffle qui aurait pu les trahir, pas une trace de pas, seul un léger vent apportant les effluves de la forêt troublait le calme.

Raiden s'approcha des arbres et les renifla pendant quelques secondes avant de s'immobiliser.
"'Nix...
-Quoi ?
-Cours !"
Il glapit et j'ordonnais à tout les Gardes de courir quand on sentit qu'un loup approchait. Un grand loup noir de jais était au milieu du chemin et personne ne l'avait vu ou senti arriver. Je dégainais une épée. Des bruits de feuilles nous firent lever la tête. Une vingtaine de loups sous forme humaine sautèrent des arbres avant d'atterrir sous leur forme lupine, ils nous encerclèrent.
"Bon, je crois que notre plan n'est plus d'actualité, murmurais-je à mes gardes du corps
-En effet Princesse, me répondit Raji"
Le loup noir s'approcha un peu plus avant de se transformer.
"Tu es l'Alpha ? demandais-je
-En effet, je suis Samson, se présenta t-il, humble serviteur de l'Ambassadrice et tu es la jeune Phœnix, je suppose ?
-Tu supposes bien Lycanthrope"
Pendant une minutes, on se regarda en chien de faïence, puis je rompis le silence pesant :
"Que viens-tu faire ici ?"
L'Alpha eut un petit sourire :
"Hé bien, tu ne sais pas que tu es recherchée ? Et tu la connais je crois"
Rageuse, je grondais, dévoilant mes crocs :
"Elle ne m'aura pas ! Alors tu peux t'en aller, tu n'as rien à faire ici !
-Tss, tu sais bien que L'Ambassadrice obtient toujours ce qu'elle veut
-Pas cette fois, répliquais-je
-Tu devrais me croire, tu retrouveras bientôt ta cellule et ton cher "supplice du sang" que tu aimes tant"
Je feulais férocement et il eut un rictus :
"Allons, laisse-nous te capturer sans faire d'histoire"
À mes côtés, Raiden grogna et se ramassa sur lui-même :
"Toi Samson, le menaçais-je, tu vas goûter à mon venin !"
Son regard se durcit en une expression de colère, il claqua des doigts. Ses loups se ramassèrent sur eux-mêmes et bondirent sur nous, griffes en avant.

Je levais mon épée et reculais en un instant. Une louve brune semblait avoir jeté son dévolu sur moi. Je la toisais tandis qu'elle s'avançait doucement. Elle lança sa patte droite vers mon ventre et je fis un moulinet avec mon épée en reculant.

Elle commença à me harceler, m'obligeant à rester en défense. Je perdais du terrain. Les Gardes aussi étaient en mauvaise posture, seul Raiden semblait avoir l'avantage. Ces loups étaient moins nombreux que nous mais coriaces, surentraînés et avaient une technique efficace.

Après un énième bond de la part de la louve, elle réussit à mordre mon bras offensif. Elle présentait enfin une ouverture, je lui fauchais les pattes arrières et lui balançais mon pied dans son ventre. Elle percuta un arbre et tomba sur le côté. La louve releva la tête faiblement et aboya d'un son grave. J'allais l'assommer quand j'entendis un bruit de pas rapide, je n'eus pas le temps de me retourner qu'un loup gris fonça sur moi et qu'il me griffa le dos d'un puissant coup de patte.

La douleur explosa entre mes omoplates et je gémis. Cette douleur était violente, brûlante. Elle coulait dans mes veines comme de la lave en fusion. Je me retrouvais à terre, sans pouvoir bouger.
"Phoenix !! cria Raiden mentalement"
Je ne pus lui répondre. Ma vision se brouilla. Je vis un mouvement au dessus de moi et un grondement sourd. Le loup était toujours là et allait m'achever si je restais immobile.

Un flash de couleur blanc apparut dans mon champ de vision puis des mouvements rapides. Quelques minutes après, un gémissement résonna et une douleur dans la poitrine me fit hurler, c'était trop dur de supporter ça, comme un million d'aiguille qui me transperçait le cœur. Un flux d'adrénaline coula dans mes veines, remplaçant la lave en fusion et une lumière blanche, éclatante et pure, inonda la forêt.

***

Une voix arrêta la douleur dans ma poitrine et je me calmais :
"Tiens bon, lança une voix masculine reconnaissable entre mille
-Rai...Raiden... bégayais-je"
Il me souleva doucement et m'emporta.

Je ne sais pas combien de temps il a couru dans cette forêt avec moi dans ses bras, tout ce dont je me souviens c'est que lorsque je me suis réveillée, j'étais dans une maison en pierre, couchée sur le ventre, une femme agenouillée à mes côtés. Je savais instinctivement que Raiden était aussi dans les parages mais je ne le voyais pas.
"Ta vue s'est remise ? demanda la femme
-O... Oui
-Bien"
Elle se leva et alla chercher une serviette.
"Tu as perdu beaucoup de sang, jeune vampire, me lança t-elle, je ne sais pas comment c'est possible ni comment te guérir, mais je peux faire passer la douleur"
Une porte s'ouvrit et la femme s'exclama :
"Te voilà enfin loup-garou, j'ai cru que tu l'avais abandonné à son sort
-Jamais madame, je vérifiais les environs, un combat s'est déroulé près d'ici
-J'ai entendu et les animaux ont, pendant un instant, disparus
-Désolé
-Ce n'est pas grave"
Il s'approcha de moi :
"Comment te sens-tu ?
-J'ai... Mal, murmurais-je
-Je comprends, tu as reçu un sacré coup de griffe"
Puis il s'adressa à la femme :
"Savez-vous comment la guérir ?
-Non, mais, je suppose, à son air pâle, qu'elle doit mourir de faim, malheureusement, je n'ai rien à donner"
Il baissa la tête :
"Je suis désolé Phœnix, j'aurais dû être près de toi
-Ce n'est... Pas de ta faute... J'aurai dû... Être plus prudente...
-Comment... Je peux t'aider ?
-Je suppose... Attendre et... Lorsque... J'aurai repris des forces... Chasser"

Il colla son front sur le lit, impuissant. Soudain, il la releva :
"Tu... As besoin de sang c'est ça ? questionna t-il
-Je... Suppose pourquoi ?
-On est des Âmes Croisées, je peux sûrement t'en donner un peu !
-Non ! Je ne... Veux pas..."
Il releva sa manche :
"On n'a pas le choix !"
À la vue de ses veines sur son poignet, mes canines se mirent à me démanger. J'avais terriblement faim. Il s'entailla un peu et du sang perla sur la blessure. Mes canines se dévoilèrent sans que je ne puisse les contrôler. Je reculais et me retrouvais dos à un mur.
"Raiden ! Recule ! ordonnais-je
-Non ! répliqua t-il"

Je me battais contre mes instincts, me refusant de boire le sang de celui que j'aimais. Je ne voulais pas lui faire de mal.

Mais... Ma raison fut vite emportée et j'attrapais son poignet. Plongeant mes canines dans sa chair, je m'abreuvais, comme si je ne m'étais pas nourrie depuis un mois.