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Surprise de le voir là, j'insiste dans mon observation, me tord le cou pour être sûre que c'est bien lui que j'ai vu. Il ne fait aucun doute que c'est bien lui. Il se tient appuyé contre le mur de la salle de concert et ne semble pas se préoccuper des ados qui braillent un peu fort. Non, son regard est porté sur moi. Enfin..., je crois. Je me retourne pour vérifier s'il n'y a pas une femme canon qui attendrait assise seule derrière moi. Mais il n'y a qu'un quinquagénaire moustachu qui attend sagement sur un banc un bouquet de fleurs à la main.

Certaine alors que c'est bien moi que Wilan regarde, je le cherche de nouveau du regard mais il a disparu. Mince ! Je sonde la foule de façon un peu frénétique ce qui attire l'attention d'Audrey.

— Tout va bien Elie ? Tu as besoin d'aller au petit coin ?

— Quoi ? Non ! J'ai cru voir ... quelqu'un que je connais. Pourquoi tu me demandes ça ? je m'exclame surprise de m'être fait prendre.

Moi et ma discrétion.

— Tu n'arrêtes pas de gigoter comme si tu avais besoin d'aller aux toilettes.

— Oh ! Non merci.

Audrey n'insiste pas et nous attendons de nouveau en silence. Jeff revint les mains chargées accompagné.

— Regardez qui j'ai trouvé !

Le frère d'Audrey suit Jeff avec dans sa main celle de sa femme Siliah.

— Salut les filles ! disent-ils en s'approchant de nous pour nous claquer la bise.

Leur arrivée alimente très vite une conversation que je n'avais pas forcément envie d'avoir. Trop préoccupée par la présence de Wilan à la fête alors qu'il ne doit pas y être. Je participe de temps à autres, histoire qu'on ne me pose pas trop de questions sur mon comportement un peu absent.

Siliah a acheté des chichis pour accompagner le cocktail de la Saint-Valentin et je ne me fais pas prier pour piocher dedans. Mon cocktail à base de rose et de crémant passe comme une lettre à la poste et je suis la première à avoir terminé mon verre. Je me propose alors d'aller en chercher un autre pour celui ou celle qui le voulait.

A la buvette, je fais la queue et profite pour observer encore la foule de couples autour de moi. Je sourie malgré moi de voir les visages heureux, illuminés par l'attention du partenaire sur l'autre. Je les envie tous et en même temps c'est si beau à voir, ce bonheur, cette joie autour de moi. Mon regard croise celui d'un homme. Il se décale et Wilan apparaît derrière lui. Mon cœur bondit dans ma poitrine et je retiens ma respiration malgré moi.

Il est là de nouveau. Il m'observe sans aucune expression. Que cherche-t-il ? Je sens mon visage s'échauffer et mes jambes trembler. Je baisse les yeux quelques secondes puis les relève. Il est toujours là. Je relâche l'air coincé dans mes poumons. Je ne sais pas quoi faire. Lui faire un signe ? L'appeler ?

— Et pour la demoiselle ce sera quoi ? me demande-t-on d'un ton un peu fort.

Je sursaute et pose mes yeux sur l'un des vendeurs de la buvette, un homme d'une soixantaine d'années emmitouflé dans une polaire rose.

— Pardon..., je m'excuse avant de commander mes boissons.

Le temps que l'homme prépare mes consommations, je pose mes yeux de nouveau sur l'endroit où Wilan était posté, mais il a disparu encore. Je peste intérieurement et règles ma commande quand Polaire rose me tend un plateau chargé de verres.

De retour auprès de mes amis nous continuons la soirée en accumulant les verres et les conversations, jusqu'à vingt-un heure trente où le concert annonce le début du bal des amoureux.

Nous nous levons et rejoignons la foule qui entre dans la salle de concert. Tout autour de la piste de danse des tables décorées de fleurs roses et rouges en papier crépon ont été installées là aussi pour permettre de rendre la fête des plus agréable. Des guirlandes lumineuses descendent du plafond de la salle comme un ciel de lit et rejoint les quatre murs. C'est féerique.

Le groupe de musique se présente et entame son tour de chant. Les couples viennent sur la piste de danse et déjà le ton est donné. Enlacés, ces hommes et ces femmes se regardent dans les yeux, se sourient béatement. Ils se chuchotent des mots d'amour et se donnent de chastes baisers.

Assise, seule à une table, j'observe mes amis faire de même. Jeff a cependant été me chercher un verre pour que je sirote jusqu'à ce qu'un célibataire bien aimable vienne m'inviter à danser. Mais au bout de la quatrième chanson aucun homme seul n'est venu me tendre sa main.

Avec un soupire j'attends. Je déteste la Saint-Valentin ! Peut être bien que je vais boire ce soir comme ça j'oublierai que ma vie est pathétique et que tous ces gens autour de moi sont heureux !

Plus ennuyée qu'autre chose, je finis par me lever pour assouvir un besoin naturel et traverse la salle en me faufilant parmi les danseurs. Je vois au loin Audrey et Jeff qui se tiennent amoureusement et je les envie de s'aimer autant. Il y a du monde aux sanitaires, mais j'attends mon tour tout en me plongeant dans ma contemplation du groupe qui joue sur scène. Jeff a raison son frère est vraiment bon musicien et son groupe aussi.

Adossée contre le mur je patiente encore dix minutes, puis une fois mon affaire faite je retourne à notre table ou Tom et Siliah se désaltèrent. Ils me demandent si je m'amuse bien. Comment leur répondre franchement sans les froisser, que cette soirée est beaucoup trop longue à mon goût ? Que le fait de savoir que Wilan est là et qu'il joue à cache-cache m'exaspère. D'ailleurs, dès que je m'assoie sur ma chaise, il apparaît dans mon champ de vision debout parmi la foule de danseurs.

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