Chapitre 2
Je sursaute dans mon lit parce que je suis un peu perdue. J'essaie de regarder l'heure ; minuit. Je me sens encore plus épuisée, c'est comme si je n'avais pas dormi. Je décide de descendre à la cuisine où j'entends soudainement mes poubelles de dehors se renverser. Immédiatement, j'accuse le vent. J'arrive sur le balcon ; rien. Pas aucun brin de vent. L'air est chaud et le ciel est dégagé. Je m'approche de ma remise où je range mes poubelles. J'y trouve là, Minuit qui regarde quelque chose dans le noir. Inquiète qu'il lui arrive quelque chose, je me penche pour le prendre dans mes bras. Je reste quelques secondes stoïque. Je vois des pieds dans la pénombre. Instinctivement, je me recule en serrant Minuit contre ma poitrine et m'écris :
— Qui est là ? Montrez-vous ! Je vais appeler la police.
Un homme sort à la lumière de la lune. Il est grand, beau, mais les traits de son visage sont sérieux. Ses yeux sont remplis de haine. Malgré sa beauté indéniable, cet homme me donne des frissons dans le dos. C'est la première fois que je le vois. Il ne vient pas d'ici, j'en suis certaine, je connais tout le monde. Ce dernier s'avance et Minuit se met à cracher contre lui. Je ne comprends pas son comportement ne l'ayant jamais vu se comporter de la sorte. Je tente en vain de le calmer en demandant à l'homme :
— Qui êtes-vous ? Que faites-vous sur ma propriété ?
— ...
— Je vous ai posé une question, monsieur. Je vais appeler la police, je le menace.
— Pas la peine, finit-il, par répondre, je suis désolé. Je ne savais pas que cette maison était habitée.
— Que faites-vous ici ?
— J'ai vu un loup rôder près de ma demeure et je tentais de l'attraper.
Je m'esclaffe.
— Un loup ? Il n'y a pas de loup, ici. Il y a des années, voir des siècles que la ville n'a pas recensé de pareilles bêtes.
— Les choses changent.
— Pas en quelques heures. Et si pareille bête existait dans le coin, vous l'auriez poussé sous le porche d'une femme sans défense. Les hommes ne sont plus aussi galants.
— Votre chat vous aurait assurément défendu.
— Vous le dites, c'est un chat. Il n'aurait pas fait le poids contre un loup.
— Vous n'en savez rien.
— J'en sais assez pour l'affirmer. Je vous prie de partir sur le champ. Il est l'heure pour tout le monde de dormir.
L'homme rive son regard vers Minuit qui continue de cracher. Je fronce les sourcils, j'ai l'impression que ses yeux ont pris une lueur rougeâtre. Non, c'est impossible. Ça n'existe pas. Je me secoue la tête en lui disant de nouveau :
— Je vous prie de partir, monsieur.
Cette beauté me regarde enfin, mais avec un air sévère. Un son guttural semble provenir de sa gorge, comme s'il grognait. Je me mets alors à taper du pied d'impatience. Il finit par me tourner le dos en murmurant :
— J'aurais dû vous écraser avec mon camion.
Très vite, je le perds de vue. Ses dernières paroles tournent en boucle dans ma tête. M'écraser avec son camion. Mon cœur bat soudainement très vite, lorsque je comprends enfin. C'est cet imbécile qui a failli me tuer. Mes jambes menacent de se dérober sous mon poids. Minuit se met à ronronner en frottant son visage contre le mien. Reprenant conscience de sa présence, je le serre davantage contre en moi, disant :
— Allez, entrons!
Minuit ne me lâche pas d'une semelle, même quand je le dépose sur le parquet de ma cuisine. Il s'emmêle dans mes jambes en ronronnant davantage. Craignant que l'inconnu revienne, je verrouille toutes mes portes et fenêtres. Bien sûr, costaud comme il est, ce dernier pourrait les fracasser aisément. Sachant que tout est bien fermé, je me réfugie dans ma chambre. Au diable de prendre une douche. Je me laverai demain matin. Avec ma couverture, je me fabrique une tente de fortune pour me sentir en sécurité. Minuit me rejoint et ses ronronnements m'apaisent coller contre moi. Je me laisse bercer par ses sons.
Le lendemain
Je me réveille au petit matin apaisée, mais surtout reposée. Minuit est resté avec toute la nuit, ce qui est inhabituel. Il est couché en boule contre mon flanc et je souris. Tranquillement, je sors de mon lit et ouvre les rideaux de la chambre. Le soleil est déjà haut dans le ciel et cette journée s'annonce humide. Je me détourne des fenêtres pour me diriger vers ma salle de bain annexée, afin de prendre une douche.
Quelques minutes plus tard, j'y sors fraîchement laver. L'eau a permis d'enlever tout stress. Je me convaincs qu'aujourd'hui ce sera une meilleure journée. Je n'y crois pas trop, mais j'essaie tout de même d'y croire. Je mets une robe cache-cœur rose sans soutien-gorge et une culotte noire. Je me peins les cheveux en les tressant. Une fois terminée, j'inspecte ma chambre. Inutile de faire mon lit, je n'ai personne dans ma vie et ce n'est pas comme si quelqu'un allait apparaitre du jour au lendemain. En revanche, Minuit y dort encore. Je me secoue la tête en riant et je sors. Une par une, je descends les marches en regardant si rien n'a bougé et je m'engouffre dans la cuisine. Comme tous les matins, j'enfile deux verres d'eau bien froide avant de déguster une salade de fruits. C'est mon petit déjeuner quotidien depuis trois ans. Impossible d'avaler autre chose. Certains fruits proviennent de mon jardin et d'autres du marché. J'ignore comment, mais certaines espèces poussent à l'année.
Minuit se lève, je l'entends bondir au sol avant de le voir dévaler l'étage en vitesse en reniflant la cuisine. Croyait-il m'avoir perdue ? Ses miaulements sont plaintifs jusqu'à ce que ce dernier m'aperçoit. Je m'accroupis alors pour le prendre dans mes bras et je lui dis :
— Quoi ? Tu croyais que j'avais disparu ?
Pour toute réponse, ce chat répond un miaulement et une caresse. Parfois, j'ai l'impression qu'il me comprend vraiment. C'est une idée folle, je sais, mais ce félin se comporte parfois comme un humain. Bien sûr, je ne parle pas de ce dernier au Dr Frost. Déjà que je ne suis pas saine d'esprit. Je finis par le reposer au sol en disant :
— Allez. On va arroser les fleurs et le potager.
Dès que j'ouvre la porte de la cuisine, Minuit se faufile à toute vitesse au-dehors. Il fait encore plus chaud que je le pensais. La chaleur est écrasante, presque suffocante. Je m'approche du poteau de soutien droit de la galerie et actionne l'arrosage automatique du potager. Ensuite, je descends les quelques marches avant d'attraper le tuyau d'arrosage pour les fleurs. Certaines sont encore fermées, mais s'ouvriront au cours de la journée. Les tulipes poussent abondamment comme les roses. Les lys sont un peu têtus, mais écloront. Les pivoines, mes préférées, sont timides. Quand elles sont sur le point de s'épanouir, je dois leur parler... Toutes mes fleurs sont spéciales.
Une fois toutes mes plantes arrosées, je me rends dans ma serre pour transplanter de jeunes pousses. Tout se déroule bien, Minuit bondit sur la table et gratte le peu de terre restant des pots. Je finis de replanter un petit rosier lorsque ma voisine apparait comme par magie devant moi. Je ne l'ai même pas entendu. Je pose une main sur ma poitrine qui la fait sourire. Cette femme ne vient presque jamais chez moi. Pourquoi prend-elle du temps de le faire aujourd'hui ? Son regard se pose sur Minuit, en disant :
— Ah ! Tu es là, petit chenapan. Tu m'as fait une belle frayeur de ne pas revenir la nuit dernière.
Comme s'il comprend ce qu'elle lui dit, Minuit s'assoit sur ses pattes arrière en miaulant. Leur interaction est étrange. C'est comme si ma voisine et ce félin étaient en pleine discussion. Ça parait fou, mais on y croirait presque.
— Pardon, Murielle. Minuit est resté toute la nuit près de moi.
— C'est étrange.
Un miaulement.
— Ah ! Je comprends, en regardant Minuit, tu as bien fait.
Son expression tantôt bienveillante devient inquiétude. Je ne comprends pas ce soudain revirement. Sa main toute ridée se met à caresser le pelage noir de Minuit. Elle pose son front contre le sien en murmurant :
— Veille sur la jeune femme, elle ne comprend pas encore ce qui se passe.
Je fronce les sourcils. Qu'est-ce que je ne comprends pas ? Que se passe-t-il ? Il n'y a rien d'exceptionnel dans ma vie. J'ai envie de lui poser la question, mais cette dernière me tourne le dos. Avant de partir, elle m'avertit :
— Prends garde, mon enfant. Ils sont revenus.
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Voilà pour le deuxième chapitre.
Qu'en pensez-vous ?
Qui sont revenus ?
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