C H A P I T R E 7


Le reste du trajet passa vite, selon moi. La voiture se gara finalement devant l'hôtel, et je laissai les musiciens sortir avant de les rejoindre dans le hallde l'hôtel. C'était les démarches habituelles ; nous étions une équipe complète à dormir dans l'établissement, soit des dizaines de personnes, alors c'était toujours un peu impressionnant pour les hôteliers ; mais ils connaissaient leur métier et le faisaient bien.

Ce fut rapide ; quelques grooms vinrent chercher nos quelques bagages – ils devaient évidemment se charger de monter ensuite tout le dressing, mais ils verraient ça après, avec l'équipe chargée de cet aspect là de la tournée – et je fus vite à mon étage.

« Bonne nuit à tous », lancai-je.

Ils me répondirent tous, puis dans un ordre tout à fait juste, Clare entra dans sa chambre, puis ensuite Adam, et pour finir Sarah et Mitch – qui en partagaient évidemment une. Seul Jeff ne suivit pas le mouvement, et au lieu d'entrer la carte magnétique dans l'espace prévu à cet effet, il vint jusqu'à moi, qui me tenait déjà devant la porte de ma pièce.

J'avais l'impression d'être un jeune coupable de je ne sais quelle bêtise, qui s'apprêtait à se faire avoir par l'oncle bienveillant mais sévère. Cependant, une fois devant moi, Jeff dit simplement :

« Tu vas bien ? »

J'acquiesçai mollement.

« Je suis épuisé. »

Ce n'était pas un mensonge, enfin, un peu – c'était un demi-mensonge. Le spectacle m'avait épuisé, j'enchaînai des concerts qui n'avaient pas lieu dans le même pays, bien-sûr que c'était difficile physiquement. Mais il n'y avait pas que ça. Alors, demi-mensonge.

« Repose-toi, tu en as besoin. »

Il me tapota amicalement l'épaule avant de m'adresser un petit signe de tête et de reculer, puis de disparaître dans sa chambre personnelle. J'entrai dans la mienne. Directement, je m'affalai sur le lit, soupirant.

C'était assez compliqué, et le fait que j'hésitai me faisait sentir pathétique. Je m'en voulais, j'hésitai, je ne comprenais pas mes propres désirs, j'avais envie de succomber ; j'allai le faire, inévitablement. Un sacré bordel ; oui, c'est ce que c'était.

Assez rapidement, j'entendis quelques coups contre la porte de la pièce. Je me levai aussitôt, comme pressé, et une fois devant l'objet, m'arrêtai net. Je posai délicatement ma main sur la poignée, mais ne bougeai pas davantage. Mon front se posa contre le froid bois. Je ne bougeai pas ; plus.

« Harry ? Harry, je suis là, ouvre.

- Je ne peux pas », soufflai-je, la main toujours posée sur la poignée de porte.

Je laissai un petit silence planer, soupirai, et repris :

« Je ne peux pas. J'ai une copine, Louis, je... Je ne peux pas faire ça. »

Le lendemain à la même heure, j'étais dans ses bras, dans son lit ; mais ce n'était pas encore ce moment, je ne l'avais pas encore vécu, alors sur l'instant présent, j'étais raisonnable, ou du moins j'essayais de toutes mes forces de me convaincre de l'être.

Louis était un jeune homme que j'aimais pour beaucoup de choses, et surtout sa maturité – même si, je l'avoue, il pouvait être un réel enfant par moment. C'est pour cela que je ne fus pas déçu de sa réaction. Il ne s'énerva pas, n'insista pas ; n'essaya même pas de le faire.

« Je comprends. »

Nous nous étions sauvagement embrassés peu avant dans ma loge et je me ressassais ce moment en tête encore et encore, déchiré entre une envie évidente pour Louis et une culpabilité horrible envers Camille. Bien-sûr, je tentais encore de croire que je n'aimais plus Louis et que c'était simplement l'euphorie de la soirée qui avait mené à un tel moment – interrompu par Sarah.

Je suppose que c'était simplement un moyen de me déculpabiliser, car j'avais envie de laisser Louis entrer, j'en avais réellement, profondément envie, mais ce n'était pas juste. J'étais en couple – peut-être l'était-il aussi, après tout je n'en avais aucune idée – et attaché à ma copine, puis je détestais l'idée de l'adultère. J'essayais alors de me convaincre que c'était juste de l'attirance de l'ex et que je pouvais réellement surmonter ça.

Au final, c'était bien plus, oui. Mais sur le moment, même si j'avais cette grande partie de moi qui me disait de succomber, je me refusais à un tel acte. Cela semblait plus sage ; foutre en l'air ma relation du moment pour une seule nuit avec mon ex n'en valait pas la peine. Louis sembla d'accord.

« D'accord », souffla-t-il doucement.

J'avais toujours la main sur la poignée, le front contre le bois de la porte, les yeux clos. Je ne pouvais pas voir Louis, mais je l'imaginai parfaitement dans la même position. De toute manière, j'allais devoir me contenter de mon imagination – car si j'ouvrais la porte, il ne serait pas resté très longtemps sur son pâlier.

« Bonne nuit, Harry. »

Cela ne sonnait pas simplement comme un souhait de bon sommeil, cela faisait vraiment très au revoir, et je savais au fond que c'en était. Je serrai les poings, et fermai plus durement les paupières. Lors de notre séparation, c'était le premier au revoir, et après cela j'avais toujours pensé pouvoir supporter tous les malheurs du monde, pensant que j'avais vécu le pire. Qui aurait pu penser qu'il existait bien pire ; un second au revoir.

« Bonne nuit, Louis. »

Je l'entendis s'éloigner dans le couloir, jusqu'à ce que le silence le plus complet retombe.



Je m'étirai grassement avant de soupirer, toujours étalé dans le lit. J'avais tendance à être un lève-tôt, mais en me tournant vers le réveil, je remarquai qu'il était 10h passée. J'haussai les épaules ; après tout, vu ma précédente soirée, je comprenais que mon corps et mon esprit avaient eu besoin d'un tel repos.

Sans traîner, j'allai jusqu'à la salle de bain, où j'enleva mon caleçon avant de m'installer dans la douche. J'y restai quelques instants, comme chaque personne peu réveillée dans sa douche le matin, la tête pleine de pensées, qui se croisaient, s'embrouillaient, se percutaient.

C'était dingue, ce pouvoir que Louis avait sur moi, alors que nous n'étions même plus ensemble, et que cela n'avait pas que quelques semaines ; non, cela faisait deux années et demi. C'était tout de même beaucoup. Pourtant, il suffisait de sa personne un peu alcoolisée, quelques SMS, et je pensais à lui du réveil jusqu'au coucher.

C'est beau, l'amour.

Une fois sorti de ma toilette matinale, j'attrapai rapidement mon téléphone avant de quitter ma chambre et d'aller dans l'ascenceur. Une fois dedans, je consultai mon téléphone. Mes yeux devinrent ronds. J'avais quatre appels manqués de ma mère. J'avais beau être très connu et très riche, ma mère restait une mère ; je ne répondais pas à un appel et elle paniquait. Je n'attendis pas une seconde de plus et l'appelai.

« Harry ! Dit-elle, décrochant aussitôt.

- Bonjour Maman.

- Tu étais sensé m'appeler après le concert, j'ai eu peur.

- Tout va bien, je la rassurai. J'étais simplement fatigué. »

J'étais un peu occupé à avoir ma langue dans la bouche de Louis, ou inversement, l'idée restant la même. Je préfèrai que ma mère ait la version de la fatigue.

« D'accord, soupira t-elle. Alors tu as bien dormi cette nuit ? Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui ? »

Je ne contrôlai pas le petit rire qui sortit de mes lèvres tandis que je sortis de l'ascenceur, me dirigeant vers le hall de l'hôtel, où les repas avaient lieu. Ma mère était une vraie maman poule. Pour être honnête, j'adorai ça.

« Je suis bien reposé, oui. Je vais passer la journée avec les musiciens, on va visiter Amsterdam. »

Je les aperçus au loin ; ils étaient tous les six – Helene était là – assis à une table ronde pour huit personnes, ce qui faisait qu'il restait de la place pour moi. Je m'installai à une place vide et les saluai de la main.

« Je vais te laisser maman, je repris. On va manger tous ensemble là.

- D'accord, d'accord. On se voit demain de toute façon ! Avait-elle rétorqué, toute contente.

- Oui, on se voit demain. Je t'aime.

- Je t'aime aussi. »

Elle raccrocha, et je posai mon téléphone sur la table, déjà dressée. Ils avaient déjà commencés à manger, mais je les comprenais totalement ; je n'avais aucune idée du temps qu'ils avaient passés ici, à attendre que je descende.

« Bien dormi ? Me demanda Helene.

- Très bien. J'en avais réellement besoin. »

Je cherchai sur la table la théière, constatant que tous les autres avaient une tasse remplie, sauf moi. Cependant, je remarquai qu'une autre était à l'autre place vide, alors je me levai et me penchai afin de l'atteindre, mais Jeff me coupa dans mon action, disant :

« Ne fais pas ça, tu sais à quel point il aime son thé. Il a été t'en chercher, attends. »

Je me tournai vers lui, les sourcils froncés, le coeur mal accroché, parce que je savais parfaitement où il voulait en venir. Je ne connaissais qu'une seule personne qui tenait au thé plus que tout. Avant que je ne puisse rétorquer afin d'exprimer mon incompréhension, une voix familière envahit mes oreilles.

« On a cru que tu te réveillerais jamais. Je me souviens à quel point tu te levais tôt quand on était dans les bus de tournée, c'est assez fou que tu te sois réveillé si tard aujourd'hui. »

Je tournai la tête vers Louis, qui me tendit la tasse – je la pris, sans réellement comprendre ce que je faisais et ce qu'il se passait – avant de s'asseoir à la fameuse place vide. Doucement, je fis de même sur mon siège. Je regardai tous les membres du groupe avec une incomprehénsion totale, et je crois qu'ils trouvaient ça amusant.

« On l'a croisé ce matin, expliqua Adam. Alors on lui a proposé devenir avec nous. Ça fait une heure qu'il est assis avec nous, on a discuté.

- Il est sympa, reprit Helene.

- Merci, rit Louis.

- On n'a pas pensé que ça te dérangerait, reprit Clare à mon intention.

- C'est le cas ? » S'inquièta Jeff.

Mon regard était maintenant concentré sur Louis.

« Non, ce n'est pas un problème, dis-je finalement. Ce n'est pas... Ouais. Non. D'accord. »

Mitch me regarda, un sourcil haussé, lui qui avait l'habitude de me voir souriant, toujours à tenter de le faire sourire lui. Là, j'étais perplexe, et surtout surpris.

« Tu repars aujourd'hui ? Demanda Clare à Louis.

- Demain, dit-il en me regardant dans les yeux, avant de revenir aux siens. J'adore Amsterdam, j'aime bien y rester quelques jours.

- Tu connais bien ?

- Plutôt.

- Si tu n'as rien de prévu aujourd'hui, continua Sarah, tu pourrais venir avec nous ? On comptait visiter Amsterdam, mais on ne connaît pas vraiment. Alors, si tu veux... »

Clare était une jeune femme que j'adorais, elle était si talentueuse, sigentille, si drôle, si jolie. Elle avait réellement tout. Mais pour le coup, j'avais envie de la maudir. Une journée entière avec Louis ? Comment étais-je sensé survivre à ça ?

« Et bien... Commença Louis, avant de me regarder. Je ne veux pas réellement déranger... J'ai conscience qu'hier c'était déjà un peu beaucoup de ma part, je ne veux pas m'imposer.

- Harry ? Demanda Adam. Toi, qu'est-ce que t'en penses ? »

Je restai silencieux de bonnes secondes, secondes qui parurent longues pour l'ensemble de la table. Je regardai chaque personne, demeurant silencieux. C'était assez pesant, pour tout le monde.

« Je, hum... »

Je fis tomber ma tête entre mes mains.

« Je n'y vois pas de problème, dis-je finalement avant de nouveau regarder Louis. Une personne ou de moins... Qu'est-ce que ça changerait. »

Sarah et Clare semblèrent ravies, ce qui ne m'étonna pas réellement ; je savais à quel point elles avaient rêvés de rencontrer les autres membres de mon ancien groupe, alors évidemment c'était super que Louis soit là. Et sa présence me plaisait aussi. C'était justement ça, le problème.

« On finit les thés, on passe récupérer nos affaires le temps que la voiture arrive et on se rejoint tous ici ? » Proposa Jeff.

On acquiesça tous. D'une traite, je finis mon thé brûlant.



« Tu ne m'as pas envoyé de message avant le concert ! Ni même après... »

Mon téléphone calé entre mon oreille et mon épaule car j'étais occupé à faire mon sac, je me pinçai les lèvres. Je m'étais réveillé avec quatre appels manqués de ma mère, mais le double de messages de Camille. Alors, tout en préparant quelques petites affaires pour la journée comme par exemple une bouteille d'eau, ou l'appareil photo afin qu'Helene immortalise les moments, j'avais appelé Camille.

« Je sais, excuse-moi. Louis et moi ne nous étions pas vus depuis longtemps, on a beaucoup discuté. »

C'était un énorme mensonge, et je m'en voulais de lui dire cela, d'autant plus qu'elle me crut simplement.

« Oh, d'accord... Je comprends. Revoir un ami nous met toujours dans une petite bulle.

- Oui... Une petite bulle, c'est ça.

- Et comment s'est passé le concert hier soir ?

- Bien. J'étais en forme. Il y a eu des petites complications au moment où j'ai traversé le couloir entre les deux scènes, les fans étaient trop proches et un peu trop euphoriques, donc la sécurité a dû me faire baisser et dorénavant le passage sera un peu plus large.

- Oh... Oui, c'est mieux dans ce cas. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit de mal. »

J'appréciai l'inquiétude qu'elle me portait, je savais qu'elle tenait à moi, qu'elle m'aimait, mais je n'arrivais pas à lui rendre la pareil. Je pouvais être quelqu'un de très collant, de très mielleux et niais ; je pouvais carrément l'être, jusqu'à en être insupportable. Mais je ne l'étais pas avec tout le monde, je n'arrivais pas à l'être avec chaque personne. Je ne l'étais pas avec Camille. Je l'avais pourtant énormément été avec Louis.

« Tu as prévu de faire quoi aujourd'hui ? Relança t-elle.

- On va aller se promener un peu dans Amsterdam, visiter. On part demain pour Anvers.

- Où on va se voir !

- Oui, exactement. »

En effet, ma mère venait me voir au concert en Belgique le lendemain, mais Camille aussi.

« J'ai tellement hâte, souffla t-elle.

- On s'est vus hier et on se revoit demain, ça va.

- Je ne te manque pas ? »

Je me pinçai de nouveau les lèvres. La vérité était que j'aimais la présence de Camille, mais son absence ne me dérangeait pas non plus. Puis, avec toute cette histoire autour de Louis et son retour dans ma vie – même si ce n'était que pour une journée, enfin, c'est ce que je pensais – avait fait que je n'avais pas réellement pensé à ma petite-amie, à part lorsque je me sentais coupable vis à vis d'elle. Autrement, elle n'occupait pas mes pensées, elle ne m'obsèdait pas.

Je savais, au fond, que ce n'était pas réellement normal qu'il y ait une telle différence entre ma relation avec Louis et celle avec Camille. Mais à l'époque où je me voilais la face, je partais simplement du principe que chaque relation est différente.

« Si, bien-sûr.

- Oh mon coeur... »

Comme je ne l'étais pas réellement avec elle, Camille pensait que je n'étais pas quelqu'un d'affectueux, alors elle adorait lorsque je disais ou faisais quelque chose de mignon.

« Bon, je vais y aller, lui dis-je.

- D'accord. Passe le bonjour à tout le monde !

- Je le ferai. À demain. »

Je raccrochai, pris une veste ainsi que mes lunettes de soleil, et quittai la chambre. J'allai jusqu'à l'ascenceur, puis arrivai dans le hall, où tout le monde était déjà réuni.

« On a failli t'attendre, dit Jeff.

- Excusez-moi, j'étais au téléphone avec Camille. Elle vous passe à tous le bonjour.

- C'est gentil de sa part », dit Louis.

Je le regardai quelques secondes. Je pouvais voir dans ses yeux seulement qu'il ne la portait pas dans son coeur. Je ne jugeais pas réellement, je me souviens d'à quel point j'avais pu détester apprendre qu'il s'était mit en couple avec cette fille, Danielle. Pourtant, nous étions sensés être content du bonheur de l'autre. Ce n'était pas le cas.

J'haussai les épaules.

« Oui, c'est vrai que c'est gentil, ajoutai-je.

- Bon, on y va ? Proposa Helene. Je sais pas vous mais moi je suis jamais venu à Amsterdam avant... J'ai envie de voir le maximum de choses ! »

Quelques instants après, nous étions installés dans la grande et longue voiture noire qui nous emmenait dans le centre-ville de la ville. Nous discutions simplement tous, tranquillement, et j'aimais l'ambiance, même si la présence de Louis, assis en face de moi, me perturbait toujours autant.

Je ne pouvais pas m'empêcher de le regarder ; peut-être était-ce parce que je n'étais plus habitué à l'avoir près de moi, ou peut-être était-ce simplement parce qu'il méritait d'être admiré à longueur de temps, ou un mélange des deux. En tout cas, malgré tous mes efforts, mes yeux finissaient rivés sur lui. Et la journée ne faisait que commencer.














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J'ai conscience que je fais quelques erreurs, notamment dans la conjugaison, car je ne suis vraiment pas habituée à employer le passé (en l'occurrence, le passé simple), et en plus il y a les fautes d'inattention. Alors je voudrais savoir si quelqu'un voudrait bien devenir correcteur/correctrice ? (De cette oeuvre et peut-être des prochaines). Évidemment, je préciserais dans les préfaces et ma description de profil que je ne fais pas cela seule ! Dites-moi si intéressé/e (en message privé).

En espérant que vous aimez toujours autant l'histoire... ❤

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