C H A P I T R E 2
Mes yeux s'ouvrirent avant que je ne me redresse rapidement pour ensuite m'étirer. Je soupirai et regardai rapidement la pièce. C'était une chambre d'hôtel basique, chic, le genre que je fréquentais tout le temps. Inutile de mentir : j'aimais le luxe.
Camille était à mes côtés, son corps nu recouvert par la longue couverture. Ses cheveux blonds partaient un peu dans toutes les directions, et elle dormait paisiblement, comme si c'était elle qui avait absorbé ma fatigue. Je devais m'en aller pour la prochaine ville – Amsterdam – afin de continuer la tournée, mais elle ne devait pas me suivre. Étant mannequin, elle avait aussi une carrière, et elle travaillait en partie à Paris. Alors, ce jour-là, elle ne devait pas m'accompagner mais rester dans la ville lumière.
Je me levai, sans faire de bruit afin de ne pas la réveiller, et disparu dans la salle de bain. Ce fut rapide, une douche banale, puis j'enfilai quelques vêtements que je jugeais simples mais qui étaient pourtant bien chers, et, après avoir mis mon sac sur l'épaule et laissé un petit mot à ma petite-amie, je quittai la chambre ainsi que l'hôtel.
« Camille n'est pas là ? Me demanda Jeff, adossé contre la voiture, une cigarette au bord des lèvres.
- Elle dort, avais-je répondu en ouvrant la portière. J'ai laissé un mot. »
Jeff jeta son mégot sur le trottoir avant de l'écraser avec le bout de sa chaussure.
« Je me souviens d'une époque où il était hors de question de quitter la chambre d'hôtel sans avoir eu ton bisou, dit-il en ouvrant la portière de son côté.
- Ouais, je commençai à entrer dans la voiture, cette époque est révolue. »
Il roula des yeux avant de s'installer dans le véhicule.
▬
J'avais toujours aimé l'idée de voyager, même si ma passion restait la musique – dans la branche du chant. En devenant connu, j'avais réussi à allier les deux. Je n'avais jamais réellement le temps de bien visiter les villes dans lesquelles je me rendais pour les concerts, mais j'en voyais au moins quelques aspects et c'était magique.
Amsterdam. J'adorais Amsterdam. Je trouvais franchement que cette ville possédait un charme unique, une architecture remarquable et une mentalité encourageante.
Cette ville abritait également beaucoup de mes souvenirs. Mais j'avais appris – ou plutôt, j'essayais d'apprendre – à ne pas m'enfermer dans ceux-ci.
« On garde la même setlist, avais-je indiqué à mes musiciens.
- On installe la scène B ? »
Je me tournai vers un homme m'étant inconnu, possédant un accent assez marqué. Je devinai qu'il travaillait pour l'arène. On ne voyait jamais ces personnes-là, mais elles étaient importantes. Un artiste n'est rien sans les personnes qui installent sa scène et son décor.
« Oui, répondis-je. Et le couloir pour que je traverse entre les deux. Il ne faut pas qu'il soit trop étroit mais pas non plus trop large. Les fans aiment bien pouvoir me toucher, je ne veux pas leur enlever ça. »
L'homme acquiesça et partit vers d'autres, sûrement pour les avertir de l'organisation. En effet, il était l'heure d'installer tout, car les portes ouvraient au public dans seulement quelques heures.
« Tu as prévu ton costume de ce soir ? Me demanda Mitch, mon guitariste.
- Oui.
- Les gens vont parler ? »
J'haussai les épaules, un sourire en coin.
« Beaucoup. »
Il est vrai que mes tenues sortaient parfois de l'ordinaire, mais elles me plaisaient, réellement, alors à mes yeux c'était le principal. Mes fans semblaient aimer aussi, et l'avis des autres... Je ne le prenais plus en compte. Il y avait juste l'avis d'une autre personne qui comptait. À chaque fois que j'enfilais quelque chose, je pensais "est-ce que ça lui plairait ?" puis, ensuite, je me rappelais qu'il m'était impossible d'avoir une réponse. Ça faisait mal.
Je commençai à quitter la grande scène sur laquelle j'allais donner un show exceptionnel quelques heures plus tard, désirant retourner quelques instants dans ma loge avant de commencer les dernières répétitions. Juste avant de descendre les quelques marches menant aux coulisses, je m'arrêtai net, surpris par le bruit.
Une musique passait dans les enceintes, assez fort. C'était probablement une erreur de l'équipe des régisseurs, ou alors simplement les installateurs qui avaient envie de travailler en musique, quoi qu'il arrive ce n'était pas un problème pour moi. La chanson n'était pas mauvaise. Je ne la connaissais pas. Seulement, la voix, si, et il ne me fallut que trois secondes pour la reconnaître. Mon être entier se crispa.
Should be laughing, but there's something wrong
And it hits you when the lights go on
Shit, maybe I miss you
Je n'ai pas bougé, je suis resté absolument immobile. Cependant, je fermai les yeux, laissant cette mélodie atteindre mon intérieur, laissant ces paroles que je découvrais me bouleverser. Cette voix que je connaissais tant, cette personne que j'avais tant aimé, et la première fois depuis deux ans et demi que je me retrouvais à écouter sa voix.
Ces paroles... Ces paroles qui, je le savais, m'étaient destinées. Comme la moitié de mes chansons étaient à son intention. Ces paroles... Alors, je lui manquais ?
Now I'm asking my friends how I should say I'm sorry
They say "Lad, give it time, there's no need to worry"
And we can't even be on the phone now
And I can't even be with you alone now
Oh, how shit changes
We were in love
Now, we're strangers
When I feel it coming up I just throw it all away
Get another two shots, 'cause it doesn't matter anyway
La musique s'arrêta brutalement, me faisant alors comprendre que c'était sûrement une erreur de la régie. D'un coup, la bulle autour de moi se perça, mes yeux se rouvrant aussitôt. Je me tourna vers mes musiciens, toujours au milieu de la scène, Jeff présent à leurs côtés. J'ancrai mes yeux dans les siens, ma bouche étant restée entrouverte.
Il me regardait, sans piper mot. Mes musiciens n'avaient aucune idée de ce secret que je cachais au monde entier et à une bonne partie de mon entourage – surtout professionnel – mais Jeff, lui, le savait. C'est pourquoi il avait compris mon ressenti en entendant cette musique surgir.
Cependant, j'ignorai le poids de son regard et me tournai à nouveau avant de dévaler les petites marches et de disparaître en coulisses. Comme d'habitude, je fuyais la situation, j'ignorais le tsunami d'émotions qui venait de retourner mon être. Je ne pouvais pas y penser, pas maintenant, plus maintenant.
▬
J'étais simplement assis sur le petit canapé dans ma loge, bougeant ma jambe de haut en bas, signe de stress, de réflexion, ou d'un mélange des deux. Mon téléphone était entre mes mains, et je le fixais. Depuis combien de temps, je n'en avais aucune idée – j'étais juste perdu, absolument noyé dans mes songes.
Cette chanson, ce son qui laissait présager que je lui manquais... Non, qui le prouvait sans aucun doute. Sans mentir, cette pensée m'obsèdait souvent, me demandant sérieusement si je lui manquais, si mon souvenir traversait sa tête comme le sien m'hantait. Mais pour tourner la page j'avais appris à ne plus m'intéresser à ses activités et son actualité, car sinon passer à autre chose m'aurait tout simplement été impossible.
Alors, cette chanson, elle sortait de nul part pour moi. Je l'avais entendu pour la première fois ce jour-là, un mercredi en début d'apès-midi, dans cette charmante ville d'Amsterdam, préparant mon concert du soir-même. Quelques secondes d'écoute, quelques paroles entendues, et ma tête était retournée.
À vrai dire, elle l'était souvent. Il y avait juste des moments où c'était pire que d'autres. À ce moment précis, assis dans ma loge, c'était pire que d'habitude. Fixant mon téléphone et son écran noir, mordillant ma lèvre inférieure, soupirant, plein d'hésitation, je menais un combat avec moi-même.
Peser le pour et le contre. Ma mère m'avait toujours appris à faire ça. Mais j'en étais incapable – je n'arrivais pas réellement à me concentrer afin d'établir une liste et de faire un choix. Je lui manquais, j'en avais une preuve évidente, même si elle m'était parvenue par pur hasard. Devais-je l'ignorer ? Peut-être, peut-être pas.
« Non, je soupirai avant d'amener mon dos au dossier du canapé. Ça ne sert à rien. Il faut que j'arrête. »
Après avoir sorti ces quelques mots annonçant une décision longuement réfléchie même si pas vraiment certaine, je commençai à poser mon téléphone sur la table basse en face de moi, décidé à aller passer un peu de temps avec mes musiciens, sans me prendre la tête davantage. Mais avant que je ne puisse poser l'appareil sur le meuble, l'écran s'alluma, m'annonçant un message.
Je regardai, juste par précaution, car même si je n'étais pas réellement actif sur les réseaux sociaux – au plus grand désespoir de mes fans – je consultais beaucoup mes messages et appels, simplement pour mes proches, comme par exemple ma mère, ou Camille. Et je ne voulais pas les laisser sans nouvelles de moi.
Mais ce n'était pas elles, aucune des deux. Face au nom affiché, mes sourcils se froncèrent, car je pensais réellement mal voir, me tromper, délirer, voire même rêver. Cependant, ce n'était pas le cas. C'était ce nom de contact, celui que je n'avais pas vu affiché sur mon téléphone depuis tellement de temps. Ce nom de contact que je n'avais d'abord pas eu le courage de changer, puis la lâcheté d'effacer, et ensuite de consulter. Son nom. Et en dessous, un message. Quelques mots.
Chaque fois que je reviens à amsterdaml jee me souviens la premiè fois quon est venui à deuux
Je mis quelques instants à lire le message, assez orginal ; et hésitai encore plus à répondre. Je le fis.
Moi : Tu as bu ?
La réponse arriva étonnement rapidement.
Peut être peut être pad
Je me passai la main sur le visage, soupirant. Je n'avais pas envie de rentrer dans ce petit jeu, mais je n'avais pas envie non plus de ne rien faire et de simplement ignorer. L'inquiétude grandissait en moi bien rapidement lorsqu'il était sujet de sa personne – alcoolisée, pour le coup.
Moi : Tu es où ?
Alors, dans ces moments-là, je ne réfléchissais pas vraiment, ou alors je faisais en sorte de ne pas le faire.
Loungebar , bouelvard
D'un bond, je quittai le canapé en envoyant un dernier message, puis bien vite, et discrètement, je m'éclipsai de ma loge et de la salle de concert, m'enfonçant alors dans les rues hollandaises à sa recherche.
Moi : J'arrive, Louis.
▬
Mon coeur battait fort, suffisament pour que je le sente comme un poids, lourd, raisonnant dans mes oreilles. Je marchai simplement dans les rues d'Amsterdam, ma capuche sur les cheveux, des lunettes de soleil sur les yeux et les mains dans mes poches de jean. Habituellement, je ne jouais pas à la célébrité camouflée, mais je ne voulais pas réellement que mon action présente s'ébruite.
J'avançai dans plusieurs rues, traversa quelques routes, et grâce à mon allure plutôt pressée, j'arrivai assez rapidement devant l'adresse que Louis m'avait communiqué. J'entrai dans le bar sans réfléchir, même si je sentais pertinnement les battements de mon coeur et cette pression évidente.
J'allai jusqu'au bar, enleva les lunettes de sur mon nez mais garda la capuche, et je jeta un coup d'oeil. Je remarqua Louis assez rapidement, il était accoudé au bar, échangeant probablement quelques mots avec le barman. Je m'approchai doucement, adoptant une attitude méfiante. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps, et c'était justifié. Être dans la même pièce que lui me rappelait à quel point j'avais pu l'aimer, à quel point notre histoire avait été la plus belle même si elle avait été un secret mondial. Alors, oui, je craignais le fait d'être présentement dans la même pièce que lui.
« Harry ! S'exclama-t-il en me voyant avant de lever les bras en l'air, la tête toujours posée sur le bar. Tu es.. venu ! »
Il n'avait pas changé. En vérité, c'est cela qui me frappa le plus. Il était... juste, le même. Ses cheveux chatains étaient juste un peu plus courts – récemments coupés – mais ils étaient toujours coiffés dans cette espèce de mèche. Ses traits étaient les mêmes, la fatigue se lisant constamment sur son visage. Les mêmes yeux bleus, un peu plus pétillants que d'habitude, l'alcool aidant sûrement.
Il était bien amoché. Sur le coup, je me détestai de ne pas être capable de ravaler mon petit sourire.
« Oui, avais-je répondu en levant les yeux au ciel. Je suis venu.
- Merci, intervint le barman. Il est là depuis un moment, et ce n'est que le début de l'après-midi alors la fermeture est dans bien longtemps, c'est mieux s'il part maintenant.
- Harryyy est venu me sauver... »
J'ignorai Louis et les gestes étranges qu'il faisait. Il ressemblait un peu à un enfant en bas âge pressé de rentrer dans sa maison.
« Pas de problème », dis-je à l'intention de l'employé.
Un petit soupir quitta mes lèvres. Je ne savais pas réellement comment m'y prendre – j'avais tout juste du mal à réaliser que j'étais dans cet endroit, avec Louis, pour aider ce dernier à ne pas faire un coma éthylique en place publique. Alors que la veille je disais à ma mère qu'il fallait qu'elle accepte qu'elle n'allait plus le revoir, et qu'elle m'avait répondu que je devais en faire autant.
« Allez, annonçai-je en faisant un signe de tête vers la porte de sortie. Je vais te ramener à ton hôtel. Lequel d'ailleurs ?
- Hôôôtel...
- Oui ? Hôtel quoi ? »
Je m'accroupis devant lui, espérant qu'il allait me dire le nom de l'endroit où il séjournait. Mais il se contenta de faire ressortir sa lèvre inférieure, adoptant une expression encore plus enfantine que précedemment, et tout en maintenant le contact visuel, passa ses bras sur mes épaules et rejoignit ses mains derrière mon cou. Mon corps se raidit, absolument pas prêt à un tel contact de sa part. Je ne le repoussai pas – je sais qu'il ne voulait rien tenter et qu'il n'était plus question de cela entre nous. C'était juste... Louis. Louis et beaucoup d'alcool dans le sang.
« Louis, je soupirai, gardant mes mains le long de mon corps. Dis-moi où est-ce que je te ramène.
- Avec toi. »
Ses mots étaient sortis instantanément, mais comme un soupir, un murmur assez flou. J'avais entendu, mais c'était si bas que je préfèrais m'en assurer. Je lui demandai de répèter, mais la réponse fut la même.
« Avec toi. »
Cette fois, ce fut à mon tour de chuchoter, bien bas.
« Ça, ce n'est pas possible. J'ai un concert ce soir.
- Oui ! Concert ! Cria-t-il en levant les bras. On va à un concert ! Concert de qui ? »
Un rire quitta mes lèvres, jusqu'à faire ressortir mes fossettes. Je me levai, et adressai un regard au barman, qui secouait la tête de gauche à droite, désespéré par l'état du garçon devant moi mais aussi amusé.
« Mon concert. Je chante à Amsterdam ce soir.
- Oh ! »
La bouche de Louis resta ouverte en 'o' quelques secondes, même si plus aucun son ne sortait.
« Tu n'es pas en répétition.
- En effet, répondis-je. Je suis un peu occupé là... Mais si tu veux bien me dire où est ton hôtel, je t'y dépose, je peux aller tranquillement répèter une dernière fois, et on n'en parle plus. »
Il pencha la tête sur le côté, et dit :
« Pourquoi tu es venu ? »
Je fronçai les sourcils.
« Parce que tu me l'as demandé.
- Non... C'est toi.
- Ton cerveau marche bien vite pour quelqu'un d'ivre. Quelque chose me dit que tu n'es pas si bourré que ça. »
Louis haussa les épaules et concentra sa vision sur son verre – enfin, un des verre étalé sur le bar – vide. Je passai ma main dans mes cheveux avant de reprendre la parole.
« Je suis venu parce que j'ai deviné que tu étais seul, et vu que ça paraît évident que tu n'es pas en état de rentrer seul... J'ai juste fais ce que tu aurais fais pour moi. Juste, l'espace d'un instant, j'ai tout mis de côté. Je ne veux pas penser à ce qu'on était, à ce qu'on s'était promis d'être et de rester... Je veux juste aider Louis Tomlinson à ne pas finir en garde à vue pour état d'ivresse sur voie publique. »
Il ne répondit d'abord pas. Cela dura quelques secondes, et à mon sens, c'était plutôt long.
« Non. »
J'haussai un sourcil.
« Non ?
- Non, répèta-t-il. Tu ne sais pas... Si je l'aurais fais pour toi. Tu es là, mais tu ne sais pas si dans la situation inverse j'aurais fais de même. »
Je ne comprenais pas vraiment où il venait en venir, alors mon visage aborda une expression assez confuse. J'adressai un regard au barman qui haussa doucement les épaules et fit quelques pas pour s'éloigner de la conversation.
« Tu serais venu, avais-je finalement rétorqué. Nous n'en sommes pas au point de ne pas supporter de voir l'autre.
- Si, on est exactement à ce point-là. C'est pour ça que je ne sais pas si je serais venu... Je suis pas habitué à te voir et à rester... Loin. Je dois prendre tellement de distance par rapport à toi depuis deux ans que je ne sais plus quoi faire quand t'es pas loin, quand t'es dans la même pièce. Je ne sais pas... »
Ses mots sonnaient sérieux, et je ne remettais pas sa sincérité en doute – l'alcool déliant les langues – mais son discours perdait un peu de crédibilité vu qu'il bafouillait les mots, en oubliait quelques-uns et sentait vraiment l'alcool fort. Mais je comprenais ce qu'il disait, ce qu'il voulait dire et où il voulait en venir. C'était le principal, je suppose.
« Allez, j'avais détourné le sujet. Quel hôtel ? Facilite-nous la vie.
- Je veux venir avec toi.
- Quel hôtel ?
- Je suis venu ici seul. Je suis arrivé ce matin... J'ai pas d'hôtel réservé, j'ai personne pour venir me chercher...
- Tomlinson, je pense que tu as les moyens de réserver une chambre d'hôtel à la dernière minute. »
Mes derniers mots étaient sortis avec un brun de joie, j'avais pouffé en même temps, apportant une touche humoristique à la conversation. Je ne me sentais pas gêné ou tendu, même si j'avais cru que cela serait le cas en me retrouvant face à lui. Mais en réalité, cela allait. Et dans un sens, j'étais reconnaissant qu'il soit dans un tel état, car il n'était pas si déstabilisant qu'il avait l'habitude de l'être.
« Je veux venir avec toi. »
Et ses propos à lui étaient sortis différemment que les précédents ; bien plus durement, mais surtout, sincèrement. Il avait tourné son regard afin de planter ses yeux dans les miens, et même s'il n'avait dit ces cinq mots qu'une seule fois, j'eus l'impression durant des dizaines de secondes qu'il les répètait encore et encore.
Je fronçai les sourcils. Il semblait réellement décidé à venir avec moi. Mais...
« Ce n'est pas raisonnable, Louis.
- Je veux -
- Venir avec moi, je sais. Mais quel est le but à ça ? Ce n'est pas une bonne idée, tu le sais. Tu n'es pas raisonnable, tu n'es même pas en état de penser proprement.
- Je sais que je veux venir avec toi.
- Dans le genre enfant capricieux, tu es motivé aujourd'hui.
- Harry -
- Louis -
- Emmène-moi avec toi. »
Je lâchai un nouveau soupir, et ouvrit la bouche, de nouveau prêt à riposter et lui répèter que ce n'était pas une chose à faire et que j'allais le conduire à l'hôtel le plus proche où il aurait pu décuver sans regretter, une fois sobre, de m'avoir suivi, mais il me devança.
« Je ne veux pas être seul ici... Depuis que je viens à Amsterdam sans toi, je ne fais que penser à toi. Je ne veux pas de ça, pas aujourd'hui... Emmène-moi avec toi, je resterai dans la loge je dérangerai personne je ferai pas de bruit. Je te le promets, Harry ! Juste... Pas être seul. »
Je soupirai très franchement, puis passa ma main dans mes cheveux plusieurs fois, et allai même jusqu'à me mordre la même à de nombreuses reprises, vraiment mitigé. Oh dieu que c'était mal.
« Ça serait mal », signalai-je.
Même si nous en avions tous deux conscience – même si Louis n'était pas dans un état de conscience totale – je préfèrais le souligner à haute voix. Peut-être était-ce un moyen de me rassurer pour après, de me dire que j'avais essayé de lutter.
« Allez viens. »
La seconde suivante, Louis avait sauté de son siège afin de me rejoindre. Un doux rire m'échappa en le voyant lutter avec son équilibre, mais finalement, avec un minimum de concentration, il pouvait tout de même marcher. (Il n'était pas si ivre que cela).
La situation était assez incroyable – dans le sens premier du terme – mais elle était réelle, c'était en train de se passer, Louis et moi en route pour la salle où je donnais un concert le soir-même. Cela faisait tellement... passé.
Pourtant, c'était le présent. Et le pire, c'était de sentir en refusant catégoriquement de l'admettre que le bien-être que j'éprouvais à l'avoir à mes côtés n'avait pas changé.
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