C H A P I T R E 2 4
Sur le moment, j'hésitai à me relever pour aller ouvrir la porte. Enfin, celle-ci n'était pas verrouillée – il aurait suffi à la personne de tourner la poignée pour se retrouver dans ma chambre. Mais elle n'en fit rien. Je n'osai bouger, par appréhension, peur peut-être – je devinai qui était derrière, et cela signifiait tellement de choses.
Au bout de quelques secondes, je me décidai à quitter les draps pour aller ouvrir. Et à ce moment-là, je l'eus devant moi.
Pas du tout Louis.
Camille. Avec à manger dans sa main droite, et une cuillère dans la gauche.
« Qu'est-ce que tu fais là ? Je m'étonnai.
- Je vous ai vus, Louis et toi. Je peux entrer ? »
Je lui donnai mon accord mais de toute façon, elle l'avait déjà fait. Automatiquement, elle alla s'installer en tailleur sur le lit. Je constatai alors qu'elle était déjà en pyjama. Je l'avais connue quasiment par cœur, après tout.
« Ça ne me dit pas pourquoi tu es là.
- Si, c'est pour ça. Pour genre, avoir les détails et tout ça. Avec vous, j'avoue que je ne comprends pas tout. Toute à l'heure encore il était avec son fiancé, et quand il est parti, on vous a revus longtemps après, à danser un slow devant tout le monde. Si t'es pas genre, meilleur ami gay cliché avec moi, je sais pas ce que tu es.
- Ok, je rigolai. Tu as eu où cette glace ?
- Je l'ai piquée dans les cuisines. T'en veux ? »
Je déclinai en secouant la tête, puis je vins rejoindre Camille sur le lit. Comme elle, je m'assis en tailleur, et elle continua alors à consommer sa glace, me regardant concentrée. Elle soupira.
« Je rigole Harry, j'apporte de la légèreté, là. Je sais que tu n'es pas mon meilleur ami gay, c'est même carrément limite ces trucs-là.
- Ouais, c'est clair. Et puis, être amis avec ses ex...T'es pas amoureux de moi, je suis pas amoureuse de toi, alors c'est possible. Par contre, être ami avec Louis, non, ça, pas possible. »
J'haussai les épaules, ne pouvant refouler mon petit sourire. Camille avait raison, je ne voyais aucune objection au fait de s'entendre amicalement – de lui parler de ma vie, et elle de la sienne. Entre nous, il n'y avait aucune jalousie et apparemment, aucune rancœur. J'avais énormément sous-estimée cette femme.
« Et à la base, si je suis venue là, c'est pas vraiment pour faire ma commère... J'ai beaucoup parlé avec Jeff, ce soir. Il avait bu, il m'a parlé de toi, de ces dernières années qui ont été super compliquées pour toi. Je n'avais pas conscience de tout ça. Je suis désolée.
- C'est moi qui je le suis, je la corrigeai. Tu n'y es pour rien. J'ai été le con – avec toi, avec Louis.
- Ça n'a plus d'importance. Tu n'es plus cet homme. Je voulais juste venir là pour m'assurer que tu allais bien, de passer autant de temps avec lui... Et si tu avais envie de parler, tout ça. »
Oui, je l'avais définitivement sous-estimée. Alors, je lui offris un sourire et piquai sa cuillère.
« Je t'en parlerai, un jour, je lui promis. Tu sauras tout, dans les moindres détails. »
Elle se contenta de sourire, et malgré tout, resta.
Alors, cette nuit-là, nous discutâmes de tout et de rien - si ce n'est de mon histoire avec Louis. J'allai tout raconter à Camille, c'était évident, mais pas tout de suite. Le moment n'était pas venu. A ce moment-là, les blagues, rires et anecdotes banales étaient plus d'actualité.
Nous nous étions trompés depuis le début, c'était évident. Mon cœur appartenait à Louis, celui de Camille à quelqu'un d'autre – et nous étions fait pour être ces amis qui en pleine nuit, mangeant de la glace et parlent de potins.
Cela fut long. Un si bon moment, que nous ne prêtâmes pas attention aux heures défilantes. Si longtemps, que cette nuit-là, nous trouvâmes le sommeil, dos l'un à l'autre, mais dans le même lit.
Jusqu'à être brutalement réveillés par Jeff au petit matin.
« Debout là-dedans – oh. Oh bordel, je suis en quelle année-là ? »
Je me redressai immédiatement, et effectivement, remarquai Camille à mes côtés.
« C'est dégueulasse ce qu'il se passe là, nota Jeff. Il y en a même par terre – sérieusement, les gars ?
- C'est de la glace, soufflai-je. Cam, réveille-toi.
- On est de retour aux surnoms entre nous ? Je vais m'évanouir. »
La jeune blonde se redressa à son tour et rigola. Je la rejoignis, même si ce réveil était pour le moins atypique. Et que c'est vrai que si on m'avait parlé d'un tel début de journée il y a ne serait-ce que quelques mois, je n'en aurais pas cru un mot.
« On a discuté, j'expliquai à Jeff. Comme des amis, en mangeant de la glace et en rigolant.
- Des amis ? S'étonna Jeff. Vous deux, des amis ? Les ex ne sont pas amis, Harry.
- Si, corrigea Camille. Ceux qui n'y arrivent pas même après quarante ans, c'est juste Louis et Harry. Les gens normaux, ils y arrivent.
- Ouais, il haussa les épaules, t'as raison. »
Je roulai des yeux, plus amusé qu'autre chose. Dans la pièce régnait de la bonne humeur. Avec des gens que je connaissais depuis des années, je m'amusai, dès les premières minutes de ma journée. J'avais sûrement atteint une des meilleures périodes de ma vie.
« Quelqu'un m'a appelé ? Demanda Louis en arrivant, mangeant des tomates cerises, puis il nous vit. Oh, ça, c'est particulier.
- Sérieusement ? S'étonna Camille. Tu manges des tomates au petit-déjeuner ?
- Au moins moi je ne traîne pas avec une substance cheloue sur mon pyjama. C'est très obscène.
- C'est de la glace, Louis, je précisai. On a parlé toute la nuit, de mecs et de vernis. »
Jeff et Louis échangèrent un regard avec de rigoler. Malgré les années, la complicité entre les deux ne s'était pas non plus détériorée. Nous étions une petite famille, malgré tout. Cela n'avait pas tant changé.
Je me levai finalement, et Camille en fit de même, râlant au passage sur le sucre accumulé sur son joli pyjama. Nous avions réellement dû rester éveillés tard, pour nous endormir d'un coup de la sorte.
Des pas se firent entendre dans le couloir, et rapidement, Sarah entra dans la chambre.
« Qu'est-ce que vous faîtes, le petit-déjeuner est servi – oh. Oh mon dieu. Oh, je vais accoucher prématurément de choc.
- Quoi ? J'ai entendu accoucher ? Accourut Mitch – oh. C'est une sorte de scène érotique ici ?
- Mais ça va vous n'êtes pas trop dramatiques dans votre genre ? Je rigolai. Camille et moi sommes... eh bien, amis, je crois. Nous avons passés la nuit à rigoler et à discuter. Ça vous va comme explications ?
- Ouais, moi je vais m'en contenter et préférer cette version, s'amusa Louis. Maintenant, ça ne vous dit pas qu'on aille, genre, petit-déjeuner ? Je meurs de faim.
- Pour manger des tomates à 9h du matin tu m'étonnes... » Nota Camille.
Finalement, nous quittâmes tous ma chambre, rejoignant le couloir en direction de la salle de réception pour prendre un petit-déjeuner, en famille.
▬
Trois jours.
Tous attablés ensemble, les invités de Sarah et Mitch se faisaient de moins en moins nombreux. En effet, la cérémonie la plus importante étant passée, la plupart des personnes étaient retournées à leur vie, à leurs activités, à leurs professions. Il est vrai que dans notre petit groupe, nous avions la chance d'exercer des métiers très libres à ce niveau-là. Prendre une semaine pour passer un mariage super entre amis était tout à fait possible.
Et alors, me tenant assis à côté de Louis, avec notre vieil ami commun Jeff qui rigolait avec les jeunes mariés Mitch et Sarah, et Camille étant là, parfaitement à sa place... Je me sentis absolument en paix avec tout ce qu'il m'était arrivé. Si cela signifiait avoir traversé tous ces obstacles pour finalement atterrir là, avec eux, alors je n'avais aucun regrets.
C'est ça la vie, après tout. Traverser des centaines d'obstacles, parfois extérieurs, et parfois que nous nous mettons nous-mêmes sous les pieds, pour terminer quelque part de joli, avec les gens qui ont tracés notre histoire. Toutes les personnes les plus importantes de ma vie n'étaient pas là à ce moment-là, évidemment ; mais cela avait une importance immense. J'étais bien.
« Vous vous êtes remis ensemble ? Me demanda Jeff plus tard dans la matinée, alors que nous étions tous les deux devant le manoir.
- Pas vraiment, répondis-je. On fait compter les trois derniers jours ici. Je soupirai. Je sais ce que tu vas dire. Qu'on déconne, à recommencer, entre guillemets. »
Face au manque de réponse je tournai la tête vers mon ami, qui faisait face au soleil. Un petit sourire habillait ses lèvres.
« Non, dit-il. Je ne te dirai pas ça. »
Il tourna la tête vers moi.
« Vous êtes faits pour être ensemble, je crois.
- Attends - mais, tout ce que tu m'as dit...
- Tout ce que j'ai dit était la vérité. Vous n'étiez pas faits pour être ensemble à l'époque. Pas prêts à vous assumer, pas prêts à vous aimer correctement. La pression et plein de choses ne vous ont pas épargnées non plus. Mais j'ai toujours su que vous reviendrez toujours l'un vers l'autre - et qu'un jour, ça serait la bonne fois. Je vous ai vu grandir. Je l'ai toujours su, même si ça ne me regardait pas vraiment. »
Sa voix était extrêmement calme, douce et rassurante. Je n'avais jamais douté de l'amitié de Jeff, il était précieux. Je ressentis beaucoup d'émotions, ému et heureux.
« Tu penses que cette fois, c'est la bonne ? » Demandai-je.
Il tourna la tête vers moi, abordant ce petit sourire fier et apaisant.
« Je crois que vous avez encore des choses respectives à régler. Et quand ça sera vraiment la bonne, vous le saurez au fond de vos tripes. »
Je souris alors, hochant doucement la tête.
Le soir venu, tournant dans mon lit, je me questionnai. Ma vie semblait prendre un sens génial, inattendu et pourtant si savoureux - mais la peur continuait à me ronger.
Et si encore une fois, cela ne fonctionne pas ?
Et si les ex n'étaient pas fait pour s'aimer à nouveau ?
Tout n'est qu'une question de point de vue, j'en avais bien conscience. Et malgré ces interrogations évidentes et dérangeantes, quelque chose me revenait à chaque seconde :
Tu es fait pour être avec lui.
Peu importe l'avis des autres, peu importe à quel point ils ne pourront jamais comprendre - tu es fait pour être avec cette personne. Et c'est totalement déraisonnable, c'est fou, cela paraît idiot aux yeux d'autrui - mais là, il n'y a aucune importance.
Écouter son coeur. Quand il crie quelque chose, il a raison. Faire ses propres erreurs. Aimer comme un fou. Se ramasser. Se relever. Perdre des choses, des gens. Apprendre de ses conneries. Se sentir vivant. Vivre.
Je tournai la tête en entendant la porte de ma chambre s'ouvrir. Cette fois-ci, je n'y trouvai pas Camille mais bel et bien Louis.
« Qu'est-ce que tu fais là ? Je demandai en me redressant.
- Je me suis trompé de chambre. Non, je déconne. J'avais juste... envie de dormir avec toi, Harry. »
J'acquiesçai et le laissai venir s'installer près de moi, puis un silence prit place sur la pièce. Nous étions dans le noir, tous deux allongés sur le dos, fixant le plafond. J'hésitai, mais je fus le premier à prendre la parole.
« Tu n'es pas triste ? Je demandai à Louis alors que nous marchions côte à côte, en silence.
- Pour Luke, tu veux dire ?
- Oui. Tu as perdu ton fiancé. Un ami.
- Je l'aime, c'est sûr, comme mon ami. Et je ne doute pas que j'ai pu avoir des sentiments amoureux pour lui à un point de ma vie... J'avais comme, besoin de quelqu'un à qui me raccrocher. Il haussa les épaules. J'ai fait les mêmes conneries que toi. Et je les ai réparées aussi. On ne répètera pas l'histoire, j'ai appris de celle-ci. »
Même si Louis ne pouvait pas me voir, j'hochai la tête, très doucement. C'était la plus belle partie de tout ça. Nous ne répétions pas nos erreurs.
« Je suis content qu'il soit parti, j'avouai au bon d'un temps de calme complet. Je sais que ça me fait sûrement sonner comme un connard... Mais je suis content.
- Et je suis content d'être resté. »
Dans le noir, n'osant à peine répondre aux phrases de l'un et l'autre, nous ressemblions à deux adolescents issus de vieilles années, à des personnes timides. C'était amusant, d'être dans un tel contexte alors qu'il n'y avait personne au monde que je connaissais mieux que lui.
Je tournai la tête vers lui, que je pus apercevoir très légèrement grâce à la lumière lunaire. Juste lui. La commissure de sa mâchoire, le début de repousse de barbe qu'il avait, ses traits fins et son petit nez presque retroussé. Je savais qu'il était resté pour moi et pourtant, il m'échappait totalement.
D'un geste sûr, il mit sa main sur la mienne. Et d'un geste tendre, je posai ma main sur sa joue pour ensuite me redresser légèrement et venir l'embrasser - un simple dépôt de mes lèvres sur les siennes, de trois petites secondes. Ensuite, je me reculai, et mes yeux rencontrèrent les siens.
« Bonne nuit, Louis, murmurai-je.
- Bonne nuit Harry. »
Et cette nuit-là, c'est tout ce que nous avons fait. Dormir.
Deux jours.
Au réveil, je pris peur de ne pas trouver Louis à mes côtés, mais il revint vite, apparemment parti courir.
À partir de cette journée-là, une toute nouvelle bulle se créa. Rien que Louis et moi.
« Lève-toi, rigola-t-il. On a plein de choses à faire, c'est beaucoup trop beau comme endroit pour rester au lit.
- Je viens de me réveiller, je grognai.On doit aller se promener. Viens. Allez ! »
Pour me sortir du lit, Louis vint me tirer le bras et m'extirper des draps. Je râlai, puis il se colla à moi, me serrant comme si j'avais besoin d'être recollé. Et peut-être qu'au fond, c'est tout ce qui m'avait manqué depuis trois ans. Un si fort câlin de sa part.
Je serrai l'étreinte, fermant les yeux. A partir de ce moment-là, les moments et les balades à deux devinrent nos seules préoccupations. Cette journée, entière, fut passée à courir, à rigoler, à découvrir des coins de terres, d'herbes et d'eaux. C'était comme si nous n'étions que deux humains sur terre, des gens normaux, lambdas - qui ne s'étaient jamais fait acclamer par aucune foule.
L'espace d'un instant, j'eus l'impression d'être à nouveau cet adolescent de 16 ans pas encore connu, tombant amoureux d'un joli garçon de deux ans son aîné, et ne s'en détachant jamais. Car c'était lui. C'était lui, pour la vie. C'était Louis.
Sans le côté niais, et parfait de la chose. Rien n'est parfait, rien n'est lisse. Mais certaines choses sont plus évidentes que d'autres. Certaines personnes, sont plus évidentes que d'autres.
Cette journée, nous avons dansés, rigolés, et nous nous sommes embrassés comme des jeunes fous l'un de l'autre. Dans nos têtes il n'y avait que l'un et l'autre - rien d'autre. Le passé n'avait aucune importance, le futur non plus. Seul le présent.
Le soir, il vint dans ma chambre, comme automatiquement. Et fermant délicatement la porte derrière nous, il vint s'asseoir sur le lit, comme un jeune garçon timide. Nous étions dans le noir mais il tendit le bras pour attraper un stylo feutre et noter deux mots sur le mien : retrouvons-nous.
Je retrouvais là le Louis dont j'étais tombé amoureux. Et celui que je n'avais jamais réellement laissé partir de mon esprit.
Puis, levant les yeux vers moi, il m'approcha pour m'embrasser.
« Je veux me souvenir de cette nuit toute ma vie, souffla-t-il contre mes lèvres. Comme si c'était la dernière, d'accord ? »
Je détestai cette idée de dernière nuit, par peur que ça le soit réellement. Mais j'hochai la tête, car moi-même je voulus ressentir cela.
« Ok », murmurai-je en retour.
Délicatement, je le renversai, me retrouvant alors au-dessus de lui. Ce qu'il était beau, dans la pénombre quasi totale, seulement éclairé par l'extérieur naturel - je pouvais seulement apercevoir les points les plus lumineux de son visage. A cette vue, mon coeur fut comblé.
J'embrassai sa bouche, son menton, puis son cou, d'une manière extrêmement délicate. C'était comme si sa peau était de cristal ; oui, vraiment comme si nous nous découvrions pour la première fois. Il exprimait un désir évident par de petits gémissements, et je souriai, tellement ; quel bonheur. Quelle plénitude.
Je plongeai mes yeux dans les siens. Je m'y noyai.
« Fais-moi l'amour », dit-il.
Lentement, j'hochai la tête. Et cette fois, pour la première depuis longtemps, trop longtemps, je le fis.
J'enlevai délicatement ses vêtements, embrassai chaque parcelle de sa peau, la redécouvrant. Son corps entier avait l'odeur de soleil, à force de passer ses journées à l'extérieur dans ce bel endroit. Et j'adorai.
Louis renversa sa tête en arrière, sous mes baisers, mes caresses et tout le côté agréable de l'acte - dans nos mouvements et dans la chaleur de ceux-ci, l'écriteau sur mon bras se mit à déteindre sur la peau de Louis. Retrouvons-nous était sur nos deux corps.
Je laissai nos gémissements communs posséder la pièce, tandis que Louis me renversa afin d'être sur moi, prenant le contrôle du moment en étant malgré tout toujours sons mon joug. Ainsi, je pouvais voir son corps en intégralité - balader mes mains et les laisser redécouvrir.
Ce moment sembla durer une éternité. Et même comme cela, ce n'était pas suffisant. Nos corps nus se rencontrèrent, s'entrechoquèrent et s'aimèrent, longuement. Et dans ce moment d'acte physique pur, je ne pensai à rien d'autre qu'à lui.
Un jour.
▬
« C'est où, ton coin d'eau ? Demandai-je. Ça fait une heure qu'on marche dans les herbes hautes, et je commence à regretter de m'être mis en short.
- C'est pour ça qu'on s'est réveillés tôt, rigola Louis. On a plein de choses à voir aujourd'hui.
- On n'a pas fait le tour des environs ?
- Si, mais fais comme si tu redécouvrais tout pour le dernier jour. »
Je rigolai et continuai à avancer, là où les herbes étaient plus hautes et les fleurs encore présentes malgré l'automne approchant. Le temps était doux - tout dans le cadre était reposant.
J'avais l'impression que si j'espérais suffisamment fort, que si je priais des forces suprêmes, nous allions rester éternellement ici, dans cette bulle de bonheur, entre vrais amis. Mais je me contentai du côté éphémère de la chose. Clairement, cela apportait un charme.
J'hochai la tête finalement, je m'arrêtai près du petit point d'eau. Attrapant quelques pierres, je me mis à faire des ricochets, tandis que Louis se posa à terre. Pendant plusieurs minutes, nous fûmes juste bercés par le bruit des rebonds. De matin comme ça, c'était magnifique.
Je souris légèrement à Louis. Cela me paraissait fou, d'une certaine manière, d'être ici. Louis m'indiqua de venir m'asseoir à côté de lui sur l'herbe encore humidifiée à cause de la rosée du matin ; ce que je fis.
« C'est beau ici, tu ne trouves pas ? »
Nous fixions le même point, cette magnifique nature. Je pense en avoir déjà suffisamment parlé, inutile de m'étaler davantage - mais pour faire simple, pour visualiser, il suffit d'imaginer le plus beau paysage possible, imaginaire et d'un coup, droit devant ses yeux. Nous avions voyagé à travers le monde, mais jamais vécu un tel moment.
Puis, je tournai la tête afin de regarder Louis.
« Oui, je confirmai. C'est magnifique.
- J'aimerais qu'on reste pour toujours, m'avoua-t-il. Loin du monde extérieur et des problèmes à régler. Ça serait... plus simple.
- Moi aussi. »
Malheureusement, la simple définition du temps est qu'il est d'une continuité indéfinie. Ce n'est qu'un milieu où se déroule des évènements, une succession ; qu'on ne peut pas arrêter. Jamais.
Alors d'un jour, nous arrivâmes à zéro.
Et de ce jour zéro, arriva le moment de rendre la propriété, de tous récupérer nos véhicules, et de partir.
Tous autour de nos véhicules garés, nous nous prîmes dans les bras. Ce n'était pas des adieux, évidemment - mais, quitter ce cocon était émouvant. La brise flottant dans l'air était si agréable que dans ce vent doux, je pouvais presque entendre une mélodie :
Tell me do you,
Tell me do you still remember feeling young ?
Je me retrouvai face à Louis, près de sa voiture. Il était prêt à entrer dedans, il suffisait juste qu'on se salue. Nous nous regardâmes, quelques instants. Ma gorge tremblait ; ses yeux suintaient.
« On se retrouvera, pas vrai ? » Demanda-t-il.
Sa voix n'était pas stabilisée ; il montra, sans aucune honte, son émotion et sa peur. Mais malgré le fait que moi aussi j'étais ému, plus que tout, j'étais sûr.
And strong enough,
To get it wrong,
In front of all these people ?
« On se retrouvera, parlai-je. J'en suis sûr. Peu importe avec qui on est, ou à quel moment de notre vie...
- Ouais. On règle nos dernières choses, et la vie nous fera nous retrouver. Parce que c'est comme ça entre toi et moi. »
J'acquiesçai et tendrement, le pris dans mes bras. Dans mon esprit, ce moment ne s'arrêta jamais.
Le voyant s'éloigner dans sa voiture, je regardai mon bras ; l'écriture était quasiment totalement effacée. Mais cela ne changeait rien au principe. Un petit sourire étira mes lèvres.
Fearless
Nous nous retrouverons.
Fearless
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