C H A P I T R E 2 0
Elles le firent. Je m'en sortis.
Mais ce fut un long chemin, pas simple pour moi. J'ai fait le choix de m'ouvrir dans ce récit alors vous avez le droit de savoir quelle terrible descente aux enfers cela fut pour moi, même si je passerai les détails de certains éléments.
Je toussai alors que mon œsophage me fit mal. Assis au dessus de la cuvette des toilettes, le visage presque fourré dans l'endroit et mon dos douloureusement courbé, je vomis.
Ma sœur était à mes côtés, et je ne la regardai pas mais devinai sans aucun doute, même si à ce moment-là, je ne pensai pas réellement à la brune à mes côtés mais plutôt à tous mes problèmes et à cet infâme sensation qu'est de vomir. Je devins égoïste pendant un court temps, je ne pensai qu'à moi, oui. Mais pas par méchanceté ni nombrilisme ; simplement car penser à autre chose, ou ne serait-ce que penser à quelque chose d'un tant soit peu beau et positif, me demandai beaucoup trop de force – dont je manquai.
Pourtant, je n'en voulus pas à Louis ; à aucun moment. Bien-sûr, à la base, nous nous séparâmes à cause d'un adultère et il est évident qu'à ce moment-là, je lui en voulus. Mais c'était loin de déjà quatre ans et demi, au moment où je crachai le contenu – autant dire peu – de mon estomac dans ces toilettes. Alors je n'étais plus en colère vis à vis de ça – cela restait amer et non oublié, la confiance n'était plus là non plus, mais je n'avais aucune haine envers Louis. Que de l'amour et un peu de colère... Tellement d'amour... Ces deux sentiments étant si rapprochés finalement.
« Doucement... Doucement Harry, veilla Gemma en me caressant le dos. Tu as fini ? »
J'hochai mollement la tête et la relevai. Aussitôt, mon aînée me donna un mouchoir en papier pour m'essuyer la bouche.
J'avais – j'ai – une sœur en or. Cette période de descente aux enfers pour moi, aussi triste soit-elle, nous a beaucoup rapprochés. Car normalement elle était censée rester chez ma mère que quelques jours, mais depuis le moment où j'avais craqué devant elle, elle décida de prolonger et de veiller sur moi. Cela faisait déjà deux semaines qu'elle était auprès de moi. Et des semaines que j'étais inactif à 100% sur tous les résaux sociaux, que j'étais absent de tous les magasines. Comme c'était assez habituel pour moi d'être loin de cette image publique et technologique, mes fans ne s'inquiétèrent pas. Et heureusement. Je ne me sentai pas assez important pour l'inquiétude de quelqu'un – cette histoire de sexe plein d'amour mais sans communication m'avait totalement détruit mentalement, oui.
« Ça va mieux ? Continua doucement Gemma.
- Ouais... Ouais. »
Je toussai encore un peu. Je possédai un goût très répugnant dans la bouche alors je me levai doucement et me rincai la bouche grâce à de l'eau fraîche.
« Il faut que tu manges encore un peu, continua Gemma. Je sais que tu n'en as pas envie car tu as peur de vomir... mais mieux vaut vomir quelque chose que rien du tout.
- Je n'ai pas faim... rétorquai-je faiblement.
- Tu te persuades que tu n'as pas faim Haz. Mais ton corps a besoin de force... un tout petit peu au moins. Je vais demander à Maman de te faire du bon riz avec une sauce légère... d'accord ? »
Ma mère et ma soeur, ces deux femmes si fortes et incroyables que sur le coup, je ne me sentis pas capable de les mériter.
« D'accord », je cèdai mollement à Gemma.
Cette dernière m'offrit un sourire et acquiesça, ravi. Son sourire et les étoiles dans ses yeux m'ont déprimés mais également donnés la force, sur le long terme.
Je la suivis jusqu'au rez-de-chaussée, présent physiquement mais totalement ailleurs mentalement. C'était un brouillon plus que total dans mon esprit. Un sac de noeuds de milliers de fils différents.
Tandis que je m'efforçai à manger quelques bouchées de riz pour contenter mon estomac, je pensai. À Louis, évidemment. Mais en vérité j'étais à mille lieux de m'imaginer comment lui vivait tout ça - éléments qu'il m'a raconté plus tard, bien plus tard.
« Putain, grogna t-il en s'essuyant le coin de la bouche. Je déteste vomir.
- On sait Louis... Souffla Daisy, adossée contre le mur de la salle de bain.
- Oui, ajouta Phoebe. Personne n'aime ça. »
Daisy et Phoebe sont deux des soeurs de Louis, des jumelles qui ont 13 ans de moins que lui. Comme le reste de la famille, elles sont adorables - ont vécues beaucoup trop de choses alors qu'elles n'étaient que des petites. Tandis que Gemma veillait sur moi, elles ainsi que les autres frère et soeurs veillaient sur mon Louis.
« Moi, continua la jumelle en P, je pense que tu ne mérites pas d'être si triste.
- Merci Phoebe, j'y aurais jamais pensé, souffla t-il.
- Non mais je veux dire... je pense que tu devrais trouver quelque chose pour ne plus être triste comme ça, jusqu'à vomir et tout ça. Parce que tu es une personne en or même si tu es un grand frère cruel.
- Il n'y a que lui. Il n'y a qu'Harry qui peut me permettre de ne plus être triste comme ça.
- Oui, je crois avoir compris... reprit l'autre, donc Daisy. Mais dans un premier lieu pourquoi vous vous êtes séparés ?
- C'est des histoires trop compliquées...
- Compliqué de quoi ? Je suis avec Tom depuis plus de trois ans, il m'est passé dessus, je sais ce que c'est le sexe et l'amour !
- Daisy ! » couinèrent Louis et Phoebe, en choeur.
Les deux firent une imitation de dégoût tandis que l'amoureuse roula des yeux. C'est sûr qu'à 17 ans, les jumelles restaient les petites soeurs de Louis mais plus les toutes petites, mignonnes et innocentes. Tout comme Louis et moi, nous avions quittés ce stade d'innocence des années auparavant.
« Tu devrais lui dire que tu l'aimes, statua Phoebe. Lui dire que tu es totalement amoureux et que tu veux rester avec lui, définitivement cette fois.
- Il ne m'aime pas en retour...
- Et comment tu peux savoir ça ?
- Il ne me l'a pas dit. J'ai essayé de lui tendre des perches, il ne les a jamais saisie. Quand j'ai arrêté pour son bien et le mien, il m'a laissé partir en soutenant mon regard. Le sexe entre nous, on adorait, on y était attachés. Mais s'il voulait plus, en deux ans, il aurait eu le temps de me le dire. Pas de juste initier l'acte sexuel.
- Oh trop de détails », simula Daisy cette fois.
Cela fit rire l'espace d'un instant son aîné. Qui l'instant d'après, fut pris de toux dû à son oesophage irrité.
« Est-ce que l'une de vous peut m'apporter un verre d'eau ? » Souffla t-il.
Phoebe s'exécuta et Daisy vint se poser près de son frère, ses bras autour de lui et sa tête sur ton épaule.
« Je pense que vous avez été deux idiots amoureux qui ne l'ont jamais dit l'un à l'autre par peur de se perdre même si c'était brouillon, murmura t-elle. Je pense que qui est fait pour se retrouver se retrouvera. Mais vu ton état actuel, soigne toi Lou. Si vous devez vous retrouver et vous aimer, bien, vous le ferez. Si non, tu passeras au dessus de lui, avec du temps mais tu y arriveras. Ne te mets pas la pression. Qui doit se retrouver, se retrouvera. »
Louis se contenta d'hocher mollement la tête. Mon pauvre amour.
▬
Passer au dessus de Louis. L'oublier. Penser à autre chose, passer à autre chose. Voilà bien quelque chose que je pensai impossible. Ou alors que partiellement réalisable. Vivre toute sa vie en aimant une personne au fond de son coeur, c'est possible non ? Et j'y pensai. Je réalisai que j'allais sûrement terminer comme ça. Tragique.
Heureusement, cela ne fut pas mon cas. Mais, hey, je ne vais pas spoiler ma propre histoire d'amour.
Tout juste rentré à Londres après le petit séjour chez ma mère, je tentai de retrouver un train de vie normale. Ma carrière fut évidemment impactée par mon état de santé complexe. Personne ne le sut, étant donné que j'étais connu comme discret.
Quand ça va mal on a tous besoin de quelque chose pour nous sortir de là. Je ne peux pas vous raconter absolument tout le processus, ma propre mémoire a fait un tri stratégique pour éviter que je porte cela toute ma vie. J'ai consulté, j'ai parlé, beaucoup, beaucoup parlé. J'ai fini par faire appel à une nutritionniste - sous l'autorité de Gemma, je reconnais - ma courbe de poids devenant étrange et mon régime alimentaire bancal car quasi inexistant.
D'un côté, je voulais m'en sortir, sincèrement. Est-ce qu'oublier Louis n'était pas la solution après tout ? Je croyais à un amour non réciproque, donc cela semblait évident que l'oublier était nécessaire. D'un autre côté, j'avais stupidement envie de m'accrocher. "Mais pourquoi ?", m'avait demandé ma grande soeur, "ce serait souffrir sans raison". Et elle avait raison. Pensant que Louis ne m'aimait pas en retour, elle avait raison. Mais au fond de moi quelque chose me criait de m'accrocher. Qu'on se recroiserait, peut-être... Je devais laisser le temps faire son oeuvre. Le temps. Toujours, le temps.
« Harry ? »
Je me redressai dans mon lit, pas réveillé, le téléphone fraîchement décroché dans ma paume molle.
« Oui ? Je demandai en me raclant la gorge.
- Hey ! C'est moi, Mitch. »
Il eut raison de se présenter car même si je possédai son numéro, je n'avais aucunement regardé, par réveil trop soudain.
« Désolé de te réveiller si tôt... enfin il est 9 heures et tu es habituellement réveillé ! Bon, je suis sur Londres et toi aussi, alors c'est un peu tard mais on pourrait peut-êre déjeuner quelque part ? »
Je n'étais pas sûr de réussir à paraître très bien, parce que je ne l'étais pas du tout. Mais je me disais que Mitch, ce n'était pas Jeff ; que c'est un ami, un vrai, et un bon, mais qu'il n'avait pas ce flair de folie et une indiscrétion sans faille.
« Ce midi ?
- Oui, confirma t-il. Je connais un bon petit restaurant italien, on pourrait y aller. »
Je pouffai brièvement, devinant que le fameux petit restaurant italien était celui dans lequel je l'avais vu pour la première fois, pour ensuite le sortir des cuisines et l'embaucher.
« Ça va peut-être être tendu, soufflai-je.
- Oh, mec, si t'as une heure, juste une heure, je prends », insista t-il.
Je me retins de soupirer à nouveau. En y réfléchissant, je refusai de sortir par envie de m'isoler, ce qui n'avait rien de bien. S'en sortir de la sorte est impossible. Mitch et moi ne nous étions pas vus depuis quelques semaines, et j'étais ravi de changer cela. Je devais me changer les idées, avancer. Ainsi, malgré un moral bien bas, j'acceptai la proposition.
Je me montrai, à midi tapante, après une nuit assez mouvementée pour moi - pas par Louis, mais par les pleurs - et je me souviens avoir été, pendant le repas entier, celui qui souriait le moins de nous deux. Et pourtant... Mitch n'est pas connu pour son sourire, du tout.
« On s'est rencontrés ici. On a signé mon contrat sur cette table, rappela t-il, comme nostalgique.
- C'est vrai, rigolai-je brièvement. C'est là que tout a commencé.
- Ouais... C'est là. »
Il soupira et je le regardai, devinant quelque chose d'inhabituel.
« En vérité, je t'ai invité pour t'annoncer quelque chose », ajouta t-il.
Je me contentai de lui faire un signe de tête pour l'encourager à parler.
« Sarah, tu sais... »
Oui, Mitch et Sarah, même deux ans après, c'était tout beau, tout bien, et ils n'avaient pas les problèmes des grosses célébrités - sans me vanter, parce que pour le coup j'aurais préféré être à la place de mes musiciens - alors leur couple allait parfaitement bien et cela faisait déjà trois ans.
« Sarah, quoi ? Je demandai.
- Elle est enceinte. »
Je crois que cela faisait des jours que je n'avais pas éprouvé autre émotion que la tristesse, avec du vide en moi. Mais là, clairement, ce fut de l'étonnement sincère et une joie agréable - bien que courte - qui me traversa.
« Elle est... Vraiment ? Je m'assurai.
- Vraiment, répondit Mitch et il sourit.
- C'est... Wow bravo mec, félicitations ! »
Je me sentis fier, au fond. Tous deux ne se seraient probablement jamais rencontrés sans moi, qui les avait engagés pour que l'on devienne CHASM (Clare, Harry, Adam, Sarah et Mitch). Les musiciens sont une vraie partie importante d'un artiste, pas qu'en tournée. CHASM est devenu un mot totalement normal dans mon vocabulaire et ces quatre personnes des amis pour la vie.
« Oui, c'est génial. Enfin... Ça c'était la première bonne nouvelle, reprit mon bassiste. Tu sais on essaie depuis trois mois à vrai dire, et là elle est tombée enceinte et ça fait un mois, alors c'est super et... Je l'ai demandée en mariage, avant tout ça. On a gardé le secret, ne te sens pas offensé de l'apprendre que maintenant, tu fais partie des premiers qui l'apprennent à vrai dire, parce que... On te doit tout, en fait »
Pas tout, juste leur relation, mais j'appréciai le compliment et acquiescai en souriant un peu.
« Je suis très heureux pour vous, je répondis ensuite. Vraiment, c'est une bonne nouvelle.
- Merci.
- Et donc la cérémonie aura lieu quand ?
- En septembre prochain, le 7. On voulait que ce soit toujours l'été, et c'est dans 5 mois alors... Ça laisse le temps aux invités parce qu'on va envoyer les faire part, et puis ça nous laisse du temps aussi, sachant que Sarah aura un petit ventre dans sa robe. »
Je l'écoutai avec attention me parler du mariage avec la femme qu'il aimait. Mitch était quelqu'un de génial, Sarah aussi, et même s'ils étaient foncièrement différents, leur couple était juste parfait. Je crois plus que les opposés s'attirent, plutôt que les gens similaires s'assemblent. Enfin, chacun sa vision.
« Je serai là, je promis à Mitch.
- J'y compte bien, rit-il. Mais, en plus, j'ai un truc à te demander. »
D'un signe de tête, je l'encourageai à me poser sa question.
« On aimerait que tu te charges de la musique du mariage.
- Oh. Oh ! Je m'étonnai, sourcils haussés. Je viendrais en tant que musicien de mariage et pas en tant qu'invité ? »
Mitch secoua la tête.
« Non, bien-sûr que tu serais là en tant qu'invité et pas en tant qu'employé dans le mariage. Juste, on aimerait que tu chantes une chanson pendant la première danse. Ca serait super beau, et surtout symbolique.
- Juste une chanson alors ?
- Oui, juste une chanson. Le reste du temps, tu seras mon témoin de toute façon. »
J'exprimai à nouveau mon choc avec ma bouche ouverte. Un sourire tira mes lèvres et cela fit du bien, de ressentir cette joie et ce sentiment de flatterie intense. L'espace d'un instant, d'un dessert pendant un repas sympathique, j'oubliai que mon cœur était brisé.
« Et encore un truc... rit-il doucement. Wow, j'ai l'impression de t'exploiter, je suis désolé.
- Non, ne t'en fais pas, ce n'est pas comme ça. Dis-moi. »
À ce stade là mon dessert était déjà bien délaissé. Mon appétit avait rétréci, et face à tant de - bonnes - nouvelles, s'était enfui de nouveau. Alors une de plus ou de moins.
« Sarah est enceinte, de peu évidemment... mais je crois qu'on a vu que toi ça va pas fort. »
Je me braquai, légèrement. Juste un petit signe physique, inconscient, une mimique faciale ou un voutement d'épaules.
« On n'a pas à en parler, reprit-il aussitôt. On n'a pas à le faire. Mais je voulais te proposer quelque chose auquel Sarah a pensé. Comme je vais pas mal bosser même si pas tout le temps les prochaines semaines, on s'est dit que tu pourrais l'aider avec les trucs du genre sa robe, les fleurs... Tes goûts sont les bienvenus, et ça ferait peut-être du bien, plaisir. Si tu as envie, bien-sûr. »
Sur le coup je ne sus absolument pas comment réagir à cette proposition, menée par la pitié ? L'amitié ? L'ennui ? Ou une sincère envie ?
Je décidai de ne pas laisser les idées noires me dominer. C'était assez. Délicatement, peu confortablement, je me redressai sur mon siège. Avant même de parler, Mitch me devança :
« Tu peux réfléchir. On commence les préparatifs les plus basiques la semaine prochaine. Tu as le temps de te poser, de savoir si t'as envie de faire ça ou pas. C'est pas l'aventure de ta vie, juste... si ça te tente ça peut être sympa. C'est tout.
- Merci. J'y réfléchirai. »
Je ne mentis pas. La suite du déjeuner se déroula tranquillement, le sujet de conversation étant tout autre. Une fois séparés et de retour chez moi, je pensai à cette proposition.
Aider mon amie. Mes amis. Et me changer les idées. Me changer les idées avec quelque chose de sympathique, et donc oublier ma détresse actuelle. La réponse sembla évidente.
Au bout de quatre jours, j'appelai Sarah pour lui annoncer la nouvelle. J'allais l'aider. Elle fut ravie, impatiente. Et j'étais ravi également, qu'elle puisse désirer que je sois à ses côtés, que je puisse donner mon avis, pour un élément si important dans une vie.
J'allais m'en charger, donner des conseils, me plonger dans le projet. Pour mes amis, j'allais le faire. Et oh, je ne pensai pas un seul instant que Louis figurait sur la liste des invités à la cérémonie.
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