C H A P I T R E 10


C'en était ridicule, honnêtement. J'en avais conscience, même sur le moment, moi qui était perdu et déboussolé, je m'en rendais compte.

J'étais là, en train de déambuler dans les grands couloirs interminables de l'arène d'Anvers. Enfin, déambuler... Non, ce n'est pas le terme le plus adapté à ce que je faisais à ce moment la. Le meilleur mot c'est "éviter". Parce que c'est clairement ce que je faisais ; j'évitai Camille.

Et oui, malgré tout, j'avais conscience que cela n'avait aucun sens et que le simple fait d'avoir envie de l'éviter et de le faire délibérément signifiait beaucoup sur notre relation. Mais il y a un autre terme qui correspond bien à ce que je faisais ce jour-là, et c'est "se voiler la face".

Je m'assis finalement sur un flight caisse. Je soupirai avant de me passer les mains sur le visage, puis dans mes cheveux.

« Harry ? Oh, t'es là ! On te cherche depuis dix minutes. »

Je ne pris même pas la peine de me tourner vers la provenance de la voix de Jeff, soit derrière moi. Je restai sans bouger, sans réagir.

« Harry ? Reprit-il, la voix plus posée et inquiète. Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Comme précédemment, je restai sans bouger. Jeff s'installa à côté de moi sur l'espace restant sur le grand flight caisse. Il resta ainsi sans parler quelques instants, probablement pour me laisser du temps. C'est comme s'il savait exactement que j'avais besoin de ça. Un peu de silence, parce que c'était beaucoup trop bruyant dans mon esprit.

Quelques personnes passèrent devant nous pendant ces petites minutes. Une fois le couloir où nous étions calme, c'est moi qui prit la parole.

« Pourquoi tu me cherchais ? Demandai-je.

- C'était Camille. Elle a proposé de faire un ping-pong, ça a emballé Clare et Adam, et on te cherchait. »

J'acquiescai lentement, mon regard rivé sur le sol.

« Mais je vois bien que tu n'as pas envie de jouer, ajouta Jeff.

- Non, effectivement.

- Mais tu ne vas pas pouvoir éviter Camille éternellement. »

Je me pinçai simplement les lèvres. Sur le coup je n'avais pas envie de nier, je n'en avais pas la force. Mentir et être crédible n'était juste pas dans mes capacités du moment. J'étais épuisé, dans tellement de sens du terme, que je n'avais pas envie de me fatiguer davantage.

« Tu n'as pas à me dire ce qu'il s'est passé, ce qu'il se passe, ce que tu as envie qu'il se passe, tu n'as pas à le faire, reprit Jeff. Mais Harry, ne reste pas seul. Ne t'enferme pas là-dedans. Tu n'es pas fais pour ça.

- Tu ne sais pas ce pour quoi je suis fais ou pas, Jeff. Tu ne le sais pas parce que moi-même je ne le sais pas. »

Mon agent et avant tout ami soupira avant d'hocher doucement la tête.

« Comme tu penses, répondit-il. Mais je pense te connaître suffisamment.

- Tu es un ami génial, Jeff. Mais crois moi quand je te dis que ces derniers jours, je ne me reconnais pas moi-même. Alors tu serais dans l'impossibilité de le faire à ma place. »

Tout ce que j'avais fait, dit, pensé, envisagé en l'espace de quelques jours... C'était de la folie, c'était mal, et ça ne me ressemblait juste pas. Ou peut-être qu'au contraire c'était moi, et je découvrais cet aspect de ma personnalité uniquement maintenant. Quoi qu'il en soit, c'était dur, tellement dur. Je n'avais aucune idée de comment gérer ce que je ressentais.

« Tu peux me parler de tout Harry.

- Il n'y a rien à dire Jeff. »

Il y avait des centaines et des centaines de mots à dire, et Jeff le savait pertinemment. Mais un véritable ami ne force pas les siens à parler. Et Jeff était - est - un véritable ami.

« Mais si d'ici demain, ou la semaine prochaine, ou l'année qui suit, il y a quelque chose à dire, je serai là, insista t-il. Je le serai vraiment. »

Je me contentai d'hocher très lentement la tête, pour lui montrer en silence que j'enregistrais ses mots. Jeff posa sa main sur mon dos, signe gentil de réconfort, mais ce n'était pas suffisant.

« Et si tu as quelque chose à dire à Camille... Comme pourquoi tu l'évites, fais-le. »

C'est à ce moment-là que je me sentis agressé. Pas littéralement, bien-sûr, mais le bordel de ma vie ces derniers jours était presque percé à jour par Jeff, je le sentais, me sentais menacé.

Je me levai et secouai la tête. Et de la manière la plus fausse mais bien jouée possible, je dis :

« Tout va bien. »

Personne, non personne me connaissant un minimum n'aurait cru ça. Et Jeff me connaissait parfaitement bien. Il haussa un sourcil en me regardant.

« Tu me penses assez stupide pour te croire un tant soit peu ?

- Ça va, j'insistai en maintenant le contact visuel. Ce rythme, la tournée... Ça commence à être dur à gérer. Ça me rend un peu nostalgique d'une vie plus calme et posée. Mais ça va. »

La pire excuse du monde, qui ne fonctionna pas auprès de Jeff. Il resta un moment à me regarder, absolument incrédule, avant de soupirer et d'hocher doucement la tête. Il savait pertinemment que je n'allais rien lui dire, et insister n'était pas une solution envisageable.

Il se leva à son tour et me regarda fixement.

« Quand tu voudras en parler, je serai là.

- Il n'y a rien à dire », je répètai avant de partir.

Cette nuit avec Louis n'allait être partagée avec personne. C'était un moment à nous, et même si ça me faisait me sentir mal, ça me faisait aussi me sentir bien. Et le fait de le dire à personne était parce que je n'avais pas envie que ça se sache, parce que j'étais mal à l'idée de le dire, mais aussi et tout simplement parce que ces heures nous appartenaient. Le dire à personne du tout faisait qu'on était les seuls à les posséder.

Et ces quelques heures... Je m'y accrochais, profondément amoureux de la personne avec qui je les avais passées.



J'entrai dans la voiture, qui démarra à peine ma porte fermée. Sans que j'ai réellement le temps d'attacher ma ceinture, Camille était contre moi ; et plus précisément sa bouche contre la mienne, sa poitrine collée contre mon torse, sa main en contact avec mon entrejambe par dessus mon jean.

Je l'embrassai en retour une petite seconde, peut-être moins, avant de saisir ses épaules et de la reculer.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Son visage afficha une petite moue avant de disparaître dans mon cou pour l'embrasser. C'était mon point faible mais... pas là. Non, pas là.

« Camille, j'insistai, qu'est-ce que tu fais ?

- J'ai tellement envie... Tu étais tellement sexy dans ton costume ce soir en plus...

- Et tu crois qu'essayer de m'exciter dans la voiture qui nous emmène à l'hôtel des décent ? »

Je pris ses épaules encore une fois, un peu plus fermement mais pas trop non plus, pour la reculer et la laisser.

« Tu aimes ça d'habitude, répondit-elle les sourcils foncés.

- Camille, je... »

Je soupirai avant de passer ma main dans mes cheveux. Mon regard était désormais porté sur le paysage visible par la fenêtre de mon côté du véhicule.

Je ne savais absolument pas quoi répondre à la blonde à mes côtés. Elle voyait bien que quelque chose n'allait pas chez moi. À ce moment-là, rien n'allait à vrai dire.

« Harry, je ne te fais plus envie ? »

Je fermai les yeux quelques secondes. Comme si ça allait me faire disparaître ou me sortir de toute cette situation. Si seulement.

Au moment où j'allais ouvrir la bouche pour lui répondre que si, que j'étais juste fatigué par la tournée, mon téléphone sonna. Pas un appel, juste une notification d'un message. Je sortais alors l'appareil de ma poche en écoutant un soupir de la blonde à mes côtés.

« Attends - c'est peut-être important, j'expliquai. Je regarde juste rapidement. »

Après tout, c'était moi qui me renfermait sur moi-même et qui m'éloignait de Camille. Je n'avais pas à la blâmer, tout ce qu'il s'est passé est purement de ma faute et je le reconnais encore aujourd'hui. Elle n'a rien fait de mal, jamais. Je n'étais juste pas amoureux d'elle.

Je déverrouillai mon téléphone et cliquais sur le message, sans trop faire attention. Puis une fois les lignes lues, avec le nom de l'expéditeur, je me figeais.

     Louis : C'était une merveilleuse nuit .


Et quelques secondes après ma lecture, un autre message arriva.

     Louis : Je ne sais pas pourquoi je t'envoie ça et je ne sais même pas si c'est poli de le faire . Je voulais juste que tu saches que j'ai eu le même ressenti que toi .

Et pour finir...

     Louis : Bonne continuation Harry .

Ainsi, c'était terminé. Comme si c'était possible que j'ai une bonne continuation sans lui.

Frustré, dévasté, perturbé et bloqué devant les messages de Louis, je finis par ranger le téléphone et me tourner vers Camille, pour l'embrasser avec fougue.

Nous arrivâmes à l'hôtel au bout d'une dizaine de minutes de voiture, à s'embrasser comme des adolescents. Une fois la porte fermée, je fermai la porte et commençais à déshabiller Camille qui me faisait la même chose.

« J'adore quand tu es comme ça, rit-elle niaisement.

- Chut, pas de discussion. »

Je la laissa me déshabiller, jusqu'à ce que je sois totalement nu, comme elle. Une fois le lit rejoint, la température montée, des baisers échangés sur le corps de chacun - plus du mien, je l'avoue, je n'avais jamais été fan des préliminaires hétérosexuels, étant bisexuel avec une préférence pour les hommes - nous couchions ensemble.

D'abord, elle était sur moi, et bien-sûr, c'était bon. Mais rapidement, je récupérai les rennes.

« Mets toi sur tes mains et tes genoux. »

La jeune blonde s'exécuta, pleine d'envie et de désir, et on reprit notre activité, malgré tout chaude et agréable.

J'avais les yeux fermés. Ainsi, dans ma tête, ce n'était pas elle que je possédai.

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